Chapitre 7 : Le chagrin des myosotis
"Vous dites que le père d'Arsène Lupin a été assassiné ? Mais comment ça se fait ?"
Prenant une légère inspiration, Madame Bélanger expliqua :
"Cela est arrivé, il y a longtemps. Monsieur Théophile était sorti dans la fin d'après-midi en expliquant qu'il avait un rendez-vous urgent. Quand la nuit est tombée, il n'était toujours pas revenu. Alors, on a prévenu la police et là... On l'a trouvé sur les falaises d'Etretat, la tête fracassée... C'était épouvantable !"
"Et qui l'a assassiné ?"
"On l'ignore... Mais tout ce que je sais, c'est que lorsqu'on a du l'annoncer à Arsène, il s'est effondré !"
"Pas étonnant : à cet âge-là, personne n'est prêt à encaisser la mort prématurée d'un parent. Mais lui avez vous dit que son père a été tué ?"
"Oui, mais lorsqu'il était en état de comprendre. Et c'est à partir de ce moment là qu'il a commencé son activité peu légale !"
"Si j'ai bien compris, tout ça était motivé par cette histoire ?"
"En quelque sorte. Mais j'ai bien peur qu'il n'ait pris plaisir dans ce genre d'activités !"
"Un peu trop à mon goût ! Ce saligaud est allé se servir chez moi !"
"Jim, arrête de te plaindre !"
"Silence, grand dadais !"
"Bon, fermez la tous les deux ! On a des choses plus importantes à trouver !" s'énerva John.
Madame Bélanger poursuivit.
"Le temps a passé et Monsieur Arsène a gagné sa réputation de roi des cambrioleurs. Mais depuis plusieurs mois, je sens que quelque chose ne va pas : Monsieur Arsène ne se comporte pas de la même manière et je suis persuadée qu'il n'a pas le choix. Je vous en prie, il faut que vous l'aidiez !"
"Je veux bien, mais où est-ce qu'on peut le trouver ?"
"Je n'en sais rien, mais ce que je peux vous dire, c'est qu'il se rend très régulièrement sur la tombe de son père. Vous saurez si il est passé ou pas !"
"Comment ça ?"
"Il laisse toujours un bouquet de myosotis sur la tombe : c'était les fleurs préférés de Monsieur Théophile !"
Après avoir remercié la domestique, nos enquêteurs amateurs prirent le chemin du cimetière. Dans la voiture, John demanda :
"Est-ce que ça vous dit quelque chose, ce fameux C ?"
"De mémoire, non. Mais Lupin doit sans doute le savoir, lui !"
Au même instant, le téléphone de Ciaran se mit à sonner.
"Allô ?"
"**Ciaran, c'est Mary. J'ai fait quelques petites recherches au sujet des hommes qui ont emmené Lupin. Tu peux mettre le haut-parleur ?**"
"Attends une minute... Les gars ! C'est Mary au téléphone, elle a du nouveau pour nous !"
"On l'écoute !"
Peu après, la voix de Mary se fit entendre.
"**Bonjour tout le monde, Lestrade et moi avons mené notre petite enquête et on croit avoir deviné qui a fait évacuer Lupin !**"
Sur l'écran, apparut une photo en gros plan d'un cou tatoué d'une croix.
"**Ceci, mademoiselle et messieurs, est le symbole d'appartenance des membres de la confrérie des Anges Déchus, un mouvement classé comme terroriste par plusieurs pays européens à cause de ses idées extrémistes et ses actions meurtrières.**"
"Mais que vient faire Lupin dans cette histoire ?" demanda Zachary.
"Je ne sais pas, mais à mon avis, eux le connaissent bien."
"Et... Est-ce qu'il y aurait un lien entre eux ?"
"**Aucune idée, mais je continue de creuser. Je vous rappelle **"
Et la conversation s'arrêta là.
"Bien, maintenant, on en sait un peu plus. Mais le point à éclaircir est le lien entre toutes les variantes de l'équation !"
"Mets ça dans un coin de ta tête, Jim : on est arrivés au cimetière !"
Le petit groupe descendit du véhicule et entra dans le cimetière. L'endroit semblait paisible et offrait à ceux qui y reposaient une vue apaisante sur la mer.
"Bien, maintenant cherchons la tombe de Lupin père. Celui qui la trouve le fait savoir !" déclara Sebastian.
"Pas question de hurler dans un cimetière !" les prévint Serena.
"Pourquoi ? T'as peur de réveiller les morts ?" ironisa Jim.
"Non, mais moi au moins, je les respecte !" lui répondit la jeune femme.
"Bon, dans ce cas, c'est parti !"
Tous se mirent à la recherche de la tombe de Théophile Lupin, espérant trouver un bouquet de myosotis fraîchement déposés. Alors qu'elle arpentait une allée, Serena se trouva devant une belle tombe de granit rose, sur laquelle elle put lire :
Théophile Lupin 1962-1999. Que le Seigneur lui ouvre ses bras aimants. A notre père et époux tant aimé.
Au-dessus des inscrptions, elle vit la photo d'un homme brun qui affichait un sourire malicieux. Elle commençait à comprendre d'où Arsène tenait cet air espiègle... La jeune femme esquissa un sourire ému : comme cela a du être déchirant pour un petit garçon d'apprendre qu'il ne reverrait plus jamais son père...
Un détail attira son attention : près d'une statuette d'ange, elle vit un bouquet de fleurs qui trônait sagement dans un vase. Et ces fleurs... c'étaient des myosotis ! A ce moment là, Serena comprit que le cambrioleur français était passé voir son père. Mais quand avait-il déposé le bouquet ?
Elle eut la réponse quand elle entendit une voix familière :
"Il aimait les myosotis. Un jour, il m'a dit que c'était grâce à cela qu'il a pu adresser la parole à ma mère, le jour où il l'a rencontré !"
Se retournant, elle vit Arsène qui se tenait derrière elle, vêtu d'un imperméable noir. Ce dernier n'arborait pas son sourire arrogant habituel : il semblait même... un peu triste.
"Un bel hommage. Je vois que vous étiez proches !"
"Tout fils vous dirait que son père était son modèle. Mais à mes yeux, il était bien plus que ça : mon père était mon héros..."
"Un peu plus et vous citiez du Victor Hugo !"
Le cambrioleur fut amusé.
"Je vois que vous connaissez les classiques de la langue française, Mademoiselle Huxley. Ce qui ne m'étonne pas de vous, à vrai dire..."
"C'est à dire ?" demanda la jeune femme.
Arsène s'avança près d'elle.
"Ce que je veux dire, c'est qu'il ne m'a fallu que très peu de temps pour voir à quel point vous êtes une jeune femme brillante, charmante..."
"Vos flatteries ne vous mèneront nulle part, Arsène. Mais ne tournons pas autour du pot, voulez-vous ?"
"Vous avez raison... Qu'êtes vous venue faire ici ?"
"Chercher des réponses. Mon frère m'a dit que tout ça ne vous ressemblait pas de voler des documents aussi confidentiels. Même le cambriolage des bijoux de la Couronne n'est pas dans votre intérêt... Alors, et si vous m'en disiez plus ?"
Le Français semblait embêté.
"J'aimerais bien, mais j'ai bien que la moindre information ne vous précipite, ainsi que vos amis, dans une situation périlleuse !"
"Au point où nous en sommes tous, vous ne pensez pas que ça vous ferait du bien de vous confier à quelqu'un ?"
Vaincu, le cambrioleur demanda :
"Que voulez-vous savoir ?"
"Dites moi en plus sur les Anges Déchus."
"Comment..."
"Votre évasion de l'Angleterre n'a pas échappé à Moriarty et il s'est empressé de tout me dire à ce sujet... Ce que je voudrais savoir, c'est ce que le roi des cambrioleurs fabrique avec une organisation classée terroriste !"
"Quand j'étais plus jeune, j'ai été approché par l'homme qui les dirige : il se fait appeler Cagliostro. Il m'a dit qu'il avait connu mon père et qu'il voulait m'aider à découvrir la vérité sur son meurtre. Alors, évidemment, j'ai dit que je pouvais faire deux ou trois choses... et il ne s'est pas privé de me demander bien des services : c'est comme ça que ma carrière a décollé. Et puis un jour, ça ne lui suffisait plus de voir son petit protégé voler de ses propres ailes. Alors, il a exigé des vols de plus en plus précis, avec des cibles de plus en plus dangereuses..."
"Et là, vous vous dites qu'il y a quelque chose qui cloche ?"
"En effet, c'est là que j'ai découvert la véritable nature de Cagliostro et de son organisation : je ne suis pas sûr que vous ayez conscience des quantités de sang qu'ils ont sur les mains. En tous les cas, j'ai voulu prendre mes distances. Mais, évidemment, on ne se défait pas des griffes de Cagliostro aussi facilement..."
"Si je comprends bien, ça l'énerve et il décide de vous faire pression en s'en prenant à votre mère..."
"Je ne veux pas savoir comment vous avez eu cette information..."
"Je prends ça pour un oui... Ecoutez Arsène : je sais qu'entre Sherlock, Jim et vous, ça n'est pas parti du bon pied. Mais maintenant que j'en sais plus, laissez-moi vous aider !"
"Pourquoi ?"
"Parce que... Moi aussi, je ferais n'importe quoi pour sauver les gens que j'aime. Et que dans la situation où vous êtes, vous allez avoir besoin d'aide !"
Touché, Arsène prit doucement les mains de Serena dans les siennes et y déposa un chaste baiser.
"Ma chère, ne doutez plus de ma reconnaissance envers vous !"
Surprise, la jeune femme leva la tête et croisa le regard bleu du cambrioleur. Les deux jeunes gens restèrent ainsi un petit moment jusqu'à ce que...
"Ôtez vos sales pattes de Serena, Lupin !"
"Oh, oh ! On dirait qu'on dérange, Sherly !"
Les deux se retounèrent vers un Sherlock très mécontent, un Jim goguenard, un Sebastian surpris, un John désespéré, un Ciaran bouche bée et un Zachary éberlué. Un peu honteux, ils se lâchèrent les mains.
"Bon, maintenant, on a trouvé Lupin !" déclara le jeune Moriarty.
"En même temps, il était quelque peu... occupé !" ricana Zachary.
"Tu as l'imagination débordante, mon cher !" lui répondit Arsène.
"Peu importe : qu'est-ce que vous faites là ?" demanda le détective d'un ton inquisiteur - pour ne pas dire jaloux.
"Ecoutez, on réglera ça plus tard ! Arsène vient de me dire des choses très intéressantes sur les Anges Déchus : on sait qui est le chef de cette bande, il se fait appeler Cagliostro, autrement dit le fameux "C" ! Maintenant, on n'a plus de temps à perdre : quelqu'un a besoin de notre aide ! Alors, en route !" ordonna la profiler.
"Vous avez entendu la demoiselle ? On est partis !" ordonna Sebastian qui suivit Serena et Arsène.
"Quand il faut y aller, faut y aller !" déclara John.
Les autres, qui avaient du mal à tout comprendre, ne se posèrent pas de questions et talonnèrent le reste du groupe.
Ils quittèrent le cimetière et s'avançaient dans les ruelles quand des hommes leur barrèrent la route. Sherlock reconnut le tatouage sur leur cou :
"Pourquoi votre présence ne me surprend pas ?"
"Evitez de faire le malin, Monsieur Holmes. Vous n'êtes pas dans la meilleure posture qui soit."
"De toute façon, nous étions amenés à nous croiser, alors..."
L'un des hommes s'approcha de Ciaran et le prit par le col.
"Mais dis moi, il me semblait t'avoir dit de ne pas laisser tes copains nous suivre. Qu'est-ce que tu n'as pas compris, la dernière fois ?"
Le jeune Moriarty lui répondit froidement.
"Que je pourrais t'éclater si tu ne te planquais pas derrière tes molosses, abruti !"
Enervé, l'autre approcha son visage, menaçant.
"Ah ouais ? Je voudrais bien voir ça..."
"Mais ils suffit de demander !"
Et à la stupeur, Ciaran planta ses dents dans la joue de son agresseur, faisant hurler ce dernier de douleur.
"Sans mauvais jeu de mots, Jim, ton frère a les crocs !" lui dit Zachary.
"Bien joué, Cy !" l'encouragea le criminel consultant.
L'homme parvint à se défaire de la morsure, la joue en sang et un petit bout de chair en moins... que Ciaran recracha aussitôt.
"Eûrk ! Dégueulasse !"
"Salopard ! Tu vas voir..."
"Il suffit !" ordonna une voix.
Tous se retournèrent vers un homme plutôt grand, au regard gris et à la musculature imposante. Vu comment les autres se tinrent, il devait être haut placé dans la hiérarchie des Anges Déchus.
"Emmenez-les en un seul morceau : le patron veut les voir !"
Quelques minutes plus tard, notre petit groupe fut jeté au fond d'un camion et emmené vers une destination inconnue. Tous savaient qu'ils allaient connaître sous peu les vraies intentions de Cagliostro, mais ils étaient loin de se douter de l'ampleur de ce que préparait en secret le maître des Anges Déchus...
Et voilà pour ce nouveau chapitre !
J'espère qu'il vous plaira autant que les précédents !
Je vous remercie encore pour vos encouragements et prenez soin de vous !
A la prochaine ! 😘🥰😍💖💙
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