[Note de l'auteur : Sans doute le chapitre le plus compliqué à écrire haha ! Je voulais pas le bâcler ni changer mon idée de base donc je m'y suis donnée à fond ! Un grand merci à ma bêta lectrice qui m'a aidé et conseillé. Si tu passes par là, merci infiniment !]

"Répète un peu pour voir ?"

-... Sérieusement ? Je te l'ai déjà répété 5 fois ! Husk ! Focus ! Je vais pas te répéter cette histoire 50 fois non plus.

-Donc ce que t'essayes de me dire... C'est que Rochester t'a invité chez lui, offert du champagne et demandé de chanter pour sa femme alors que vous ne vous conaissez même pas ? Tu bluffes.

-C'est ta mère qui bluffe, répondis-je. J'ai un plan pour tuer Rochester, ni vu ni connu je t'embrouille mais j'ai besoin de toi.

-Je croyais que tu voulais pas le faire ? demanda le barman d'un ton méfiant. T'es une véritable girouette, ma parole. Ou peut-être que... T'as les chocottes parce que tu sais qu'Alastor va pas te laisser tranquille après la gifle. T'essaye de te racheter pour pas crever.

-... Husk, dis-je en perdant patience. Je t'ai raconté 5 putain de fois que Rochester a des informations qui pourraient me nuir. Alastor ou pas Alastor, il doit crever et j'ai besoin de toi. Rochester en sait trop ! Il pourrait même remonter jusqu'à toi.

-Ugh... Pourquoi je sens que je vais le regretter. T'es sûre que c'est un bon plan, au moins ? Pas un putain de plan en carton.

-Husk. J'ai toujours des bons plans ! La preuve, je suis toujours en vie. Avec des séquelles mais en vie. Retrouve moi au manoir Rochester dans une heure. La fête commence à 20h00... Sois là à 19h00.

Je raccrochai puis réfléchis un court instant. Pour être honnête, je n'ai pas de plan et il est trop tard pour en trouver un. Je vais donc devoir improviser. C'est ce que je sais faire de mieux.

"Ha... Cette soirée risque d'être intéressante."

Je tournai la tête vers le miroir et souris lorsque la porte s'ouvrit, laissant entrer madame Rochester. Elle parut hésitante.

"V-Veuillez m'excuser mademoiselle, n/f. J'étais juste venue voir si tout allait bien ? Avez-vous besoin de quoi que ce soit ?"

-Non, dis-je en esquissant un léger sourire. Je viens d'appeler mon agent à l'instant. Il ne va pas tarder. De plus, il devrait m'apporter une magnifique robe pour l'occasion.

-Oh ! Votre agent. Très bien, dit-elle. J'ai hâte de le rencontrer. Encore une fois merci infiniment d'avoir accepté de chanter pour moi ce soir. Cela me va droit au cœur. Je vous admire beaucoup.

-Inutile de me remercier, ça me fait plaisir. Merci à vous d'avoir bien voulu me prêter votre chambre d'amis ainsi que vos produits de beauté pour me préparer.

-Il n'y a absolument aucun souci. Votre hôtel est loin d'ici. C'est le moins que je puisse faire. Enfin ! Je ne vous dérange pas plus. L'orchestre va arriver bientôt. Je vais les accueillir.

Une fois cela dit, elle quitta la pièce. Mon sourire s'estompa peu à peu jusqu'à disparaître. J'espère que la perte de son époux ne sera pas trop dure.

Lorsque la pendule sonna 19h10, Husk se présenta au manoir des Rochester, valise en main. Il fut salué par le majordome et vint toquer à la chambre d'amis.

"Mr Brown !"

M'exclamai-je en tendant les bras vers lui, sourire aux lèvres.

Le barman paru agacé face à mes paroles et ferma la porte avant de me donner ma valise. Je l'ouvris et sélectionnai ma robe pour la soirée avant de finalement porter mon choix sur une belle robe rouge sang.

"J'y crois pas... Putain... Heureusement que Rochester fréquente pas mon bar. Je sens que je vais regretter de te suivre."

Soupira Husk en se laissant tomber sur le lit.

-Pourrais-tu être un tantinet plus pessimiste, Husk ? demandai-je d'un ton ironique avant de me déshabiller derrière le paravent pour enfiler ma robe.

-Si jamais ton plan foire, je dirai que je te connais pas. Oui oui je vais faire ça !

Ma robe enfilée, je passai au maquillage. Rouge à lèvres, fard à joue, mascara. Il n'y avait là que des produits de qualité et de grandes marques. Lorsque je terminai, je me levai et me penchai vers le miroir avant de demander à Husk de me rejoindre. Il hésita avant de finalement se joindre à moi.

Je posai une main sur son épaule et collai ma tête contre la sienne avant de dire : "Regarde nous..."

-On dirait une belle bande de bras cassés.

-Je te promets que ça va marcher. Il le faut.

Husk se redressa et bailla avant de répliquer : "Je vais le regretter."

-Allez ! Hit the road Husk ! dis-je de vive voix avant de donner un coup de hanche au barman.

Il fronça les sourcils et tourna la tête vers moi puis dit d'un ton froid : "Ne fais plus jamais ça."

-Awww... On est sensible ? Oh et j'oubliais. Sexy le costume.

En effet, pour l'occasion Husk avait revêtu un très joli costume noir et un noeud papillon bleu marine. Plus un pour l'effort !

Lorsque l'heure de la fête arriva, je vins attendre patiemment dans le salon, éventail en main tandis que Husk était assis à mes côtés. Je devais l'avouer, j'étais fière, très fière. Après tout, ce n'est pas tous les jours qu'on chante pour la femme d'un riche homme d'affaires.

"Tu vas pas saluer les invités"

-Non, répondis-je. Je suis censée arriver plus tard. Je suis la surprise de la soirée.

Je saisis ma coupe de champagne offerte par le majordome pour patienter et bus quelques gorgées avant de la reposer. Husk fit de même et nous restâmes là à attendre durant plusieurs minutes sans un mot.

"Bordel de merde... Je m'ennuie. Je vais me dégourdir les jambes."

Pesta le barman avant de croiser les bras, agacé par l'attente.

Alors qu'il s'apprêtait à se lever, le majordome des Rochester arriva dans la pièce et nous demanda de le suivre jusqu'à la salle de réception où avait lieu la fête. Je souris à Husk et me levai avant de suivre le majordome en compagnie de mon "agent".

La pièce était d'une beauté inégalée. Elle brillait de mille feux. Je fus émerveillée par une telle beauté. Les invités discutaient et riaient, champagne en main. Personne ne semblait s'ennuyer. Au centre de la salle se trouvait une scène improvisée, un micro et un orchestre qui jouait un air familier.

Lorsqu'elle me vit arriver, Rochester écarta les bras et s'exclama : "La voici ! La célèbre chanteuse, Y/n N/f !"

La pièce fut soudain plongée dans le silence et tous se tournèrent vers moi. Je dois dire qu'entre ma "promotion" à la radio , mon comportement à l'hôtel et deux trois petites choses que j'ai dû faire... Je n'ai pas fait très bonne impression ces derniers jours. Cependant, tous se mirent à applaudir contre toute attente.

Avant d'être escortée sur scène pour chanter, je tournai la tête vers Husk et murmurai : "Je ne vois pas Arthur Rochester... Trouve le."

"Compte sur moi."

Je souris avant de prendre place sur scène. Avant de chanter, il me fallait trouver quoi. Je parcourrai mon répertoire puis tournai la tête vers l'orchestre.

"Funnel of love de Wanda Jackson."

Tous acquiescèrent et se mirent à jouer l'air demandé. Je pris une grande inspiration, posai mes mains sur le micro, fermai les yeux et finalement chantai.

"Here I go, Falling down, down, down, My mind is a blank, My head is spinning around and around As I go deep into the funnel of love."

Seul demeurait mon corps. Mon esprit, lui, était absent. Je regardais autour de moi mais rien. Aucune trace de Rochester. Pourquoi diable n'est-il pas présent à l'anniversaire de sa femme ? Quel genre de mari rate l'anniversaire de sa femme ?

"It's such a crazy, crazy feeling,I get weak in the knees,My poor old head is a reelin',As I go deep into the funnel of love."

Montre toi, Arthur... Où diable es-tu passé ?

"I tried and I tried, to run and hide, I even tried to run away, You just can't run from the funnel of love,It's gonna get you someday."

Paniquée, je vis Husk au loin et mon regard s'illumina. Il fit un signe discret et bougea légèrement la tête. Husk a trouvé Rochester ! Enfin ! Bien joué, vieille branche !

J'écartai les bras et continuai ma chanson. Tous furent émerveillés par ma prestation et je pus lire l'admiration sur le visage de Rosetta.

"Here I go, falling down, down, down, My mind is a blank, My head is spinning around and around, As I go deep into the funnel of love,Deep into the funnel of love,Deep into the funnel of love."

Je finis ma chanson et enchainai avec une deuxième, une troisième et une quatrième. Ma prestation terminée, tous se mirent à applaudir. Je m'inclinai légèrement et quittai la scène. Tandis que je marchais pour quitter la salle de réception, de nombreuses personnes se tournèrent vers moi pour me complimenter ou me demander de chanter pour eux durant de futures réceptions.

"Mademoiselle, Y/n !"

Rosetta attrapa ma main et la serra de plus en plus vite avant de me remercier plusieurs fois : "Merci encore ! Vous avez été formidable ! Je ne sais comment vous remercier ! Vous avez été fabuleuse ! Merci infiniment !"

-Merci... J'aimerais me reposer un peu si cela ne vous dérange pas... Je suis épuisée.

-Oh oui ! dit-elle en écarquillant les yeux. Allez vous reposer dans la chambre d'amis. Vous viendrez pour le gâteau !

-J'ai hâte.

Je souris poliment avant de rejoindre Husk en dehors de la pièce. Mon sourire s'estompa et je n'avais désormais plus qu'une idée en tête. Tuer Rochester. Une bonne fois pour toute.

-Tu vas avoir besoin de ça, dit-il avant de me tendre un coupe-papier.

Je baissai la tête vers la lame et la saisis entre mes doigts avant de l'observer attentivement. Suite à cela, je levai ma robe pour ranger l'arme contre ma cuisse à l'aide de mon porte-jarretelles.

-Rochester est dans son bureau, m'imforma Husk avant de me montrer le chemin.

Je le suivis sans éveiller de soupçons tout en regardant autour de moi, le cœur battant. La voie était libre, tous étaient à la fête. Lorsque nous fûmes enfin arrivés, j'ordonnai à Husk de garder la porte et de ne laisser personne entrer avant mon signal.

Je fermai les yeux pour tenter de me calmer et pris une grande inspiration. Je remontai légèrement le corset de ma robe et dis d'un ton hésitant avant de toquer :

"Mr Rochester ?"

"Oui ?"

La porte s'ouvrit sur Rochester. Il fut surpris en me voyant mais finit par sourire, cigar en bouche.

"Oh ! C'est vous, mademoiselle Y/n ! Entrez donc, que puis-je pour vous ?"

Je cogitais dans ma petite tête de campagnarde. Je ne savais quelle carte jouer face à Rochester. Pourquoi pas la carte de la séduction pour changer ?

-Je dois avouer être surprise de ne pas vous avoir vu à la fête de votre femme...Tout va bien ?

Demandai-je en feignant l'inquiétude avant d'entrer, de fermer la porte et de m'adosser à celle-ci.

-Eh bien, répondit l'homme. Inutile de s'inquiéter, mademoiselle N/f. Je suis un tantinet épuisé et je ne souhaitais pas gâcher la fête de mon épouse. Après tout c'est sa soirée. Elle doit en profiter autant que possible.

-C'est très charmant de votre part, Mr Rochester. Toutefois...

Je baissai la tête et fis mine d'être triste avant de continuer : "Eh bien... J'aurais aimé vous voir lors de ma prestation...Il ne manquait plus que vous... Ce fut fâcheux. J'aurais adoré... Vous voir parmi les invités..."

Surpris par mes paroles, il croisa les bras et rétorqua tout sourire : "Je suis navré, mademoiselle... Peut-être pourrais-je me rattraper ? "

-Eh bien...

Que voilà une réponse inattendue de la part de Rochester. Il veut se rattraper ? Eh bien... Qui suis-je pour l'empêcher de le faire ?

Je regardais autour de moi, pensive lorsque mon regard se posa sur le bureau et la chaise de Rochester. Hésitante, je me dirigeai d'un pas lent vers la chaise avant de m'asseoir. Je posai mes jambes sur le bureau avant de déclarer d'une voix qui se voulait suave et sensuelle : " Eh bien... J'ai une idée. Oh... Deux pour être honnête."

Rochester arqua un sourcil à l'entente de mes paroles, attendant ma réponse.

"Puis-je avoir une cigarette ?"

-Oh ! Rien que ça ? Bien-sûr ! Hahaha ! Elles se trouvent dans le premier tiroir de mon bureau.

J'ouvris le tiroir avant de saisir une cigarette Malboro et une boîte d'allumettes. Je plaçai la cigarette entre mes lèvres et lançai la boîte à Rochester puis m'informai : "Pourriez-vous m'allumer ?"

J'esquissai un sourire charmeur avant d'enlever mes jambes du bureau et de m'accouder à celui-ci pour poser ma tête sur ma main et me pencher. Le rival d'Alastor attrapa la boîte puis se dirigea vers moi. Je pus voir une lueur ardente se refléter dans ses yeux.

"Comment diable pourrais-je refuser cela à une aussi belle femme ?"

Il ouvrit la boîte, prit une allumette puis l'alluma contre la surface de son bureau. Quant à moi, je baissai lentement ma main vers ma robe pour la lever un peu et attraper le coupe-papier. J'y étais presque ! Plus que quelques secondes et je pourrai enfoncer la lame dans le cou de Rochester... Allez...

Une fois ma cigarette allumée, il secoua l'allumette plusieurs pour l'éteindre avant de demander : "Quelle était la deuxième chose à laquelle vous pensiez ? J'avoue avoir ma petite idée."

Je tirai sur ma cigarette avant de plonger mon regard dans celui de Rochester et de répondre : "Eh bien... Pourriez-vous... Mourir pour moi ?"

Pris de court, Rochester ne put réagir à temps et se retrouva avec une lame qui lui transperça la gorge. Il se mit à saigner de plus en plus et posa une main tremblante sur la blessure tout en écarquillant les yeux.

Enfin... Ce petit jeu commençait à m'agacer au plus haut point. L'homme recula tandis que sa main empruntait une teinte rougeâtre à cause du sang. Il tentait d'hurler mais impossible. Il perdit soudain l'équilibre et tenta de s'appuyer contre un meuble mais en vain. Il en vint même à essayer d'ouvrir la porte mais impossible car Husk gardait les lieux.

Il se tourna vers moi, aux portes de la mort et demanda dans un dernier soupir : "P-Pourquoi...?"

Je saisis la cigarette entre mes doigts, soufflai la fumée avant de répondre en souriant, jambes croisées : "Parce que vous en savez trop mais aussi pour voir l'expression d'Alastor quand il découvrira qu'il m'a fallu moins de 20 minutes pour vous tuer alors que lui a échoué."

Enfin, il s'effondra au sol. J'écrasai ma cigarette contre le bureau pour l'éteindre puis la jetai par la fenêtre avant de me positionner face au cadavre.

Soudain, je réalisai la gravité de la situation et celle de mes actes. Je descendis aussitôt de mon petit nuage.. Je reculai, dos au mur, tandis que la panique s'emparait de mon esprit à une vitesse hallucinante. Mes mains se mirent à trembler et mon cœur battait à tout rompre. Oh non, non, non ! Que faire ? Que faire ? Que faire ? Réfléchis, Y/n ! Réfléchis ! Tu trembles et tu as du sang sur toi. Si tu sors, tu es morte. Il faut trouver une solution et vite ! Si quelqu'un rentre tu es fichue. Tu pourrais plaider la self défense mais dans le meilleur des cas tu finirais à l'hospice...Oh.

Soudain, mes yeux s'écarquillèrent et j'eus une idée. Elle me frappa comme la plus belle des évidences. Toutefois, c'était risqué mais... Que serait la vie sans risque ?

Je pris une grande inspiration et tentai de me calmer avant de baisser la tête vers le coupe papier. Une fois cela fait, je le levai lentement devant moi et vins enfoncer la lame dans ma cuisse. Le sang gicla et je fus soudain prise d'une douleur des plus intenses. Ni une ni deux, j'attrapai le rideau de la pièce entre mes dents pour ne pas hurler.

Bon sang... Ce que j'ai mal ! Putain de putain de putain de putain ! J'ai si mal...

Après quelques secondes qui semblaient durer une éternité, je lâchai le rideau. Il fallait continuer mon plan et vite. Ce n'était que le début... Je pourrais m'effondrer plus tard.

Blessée à la cuisse, je m'avançais vers la porte en boitant puis toquai trois coups. Husk adossé à la porte, l'ouvrit et s'enquit, dos à moi :

"Alors ?"

-H...Husk... T-T... Tu.. Bordel... Tu pourrais... S'il te plaît... Rochester...

Le barman se tourna vivement vers moi et recula, paniqué en voyant l'arme plantée dans ma jambe. Il faillit hurler mais se retint pour ne pas attirer l'attention. A la place, il se pencha vers moi et murmura : "Qu'est-ce qui s'est passé ?! Je pensais que c'était Rochester qui devait crever ! Merde, Y/n !"

-H...Husk, dis-je tandis que je pâlissais à vue d'œil. R...Rochester... Rochester vite... Va la chercher.

Le barman fronça les sourcils et rétorqua d'un ton froid : "Sérieux ?! Attends ! C'est ça ton plan ? Te planter une lame dans la cuisse et appeler la femme de Rochester ?"

Entre Husk qui refusait de m'obéir et l'arme plantée dans ma cuisse, je ne savais où donner de la tête. Je devais avouer être prête à m'évanouir d'une minute à l'autre. Si Husk refuse de bouger son fessier, tout cela n'aura servi à rien.

J'usai de mes dernières forces pour saisir Husk par le col et le tirer vers moi. Suite à cela, je pris la parole d'un ton glaçant : "J'espère que ta mère n'a pas prévu d'être grand-mère."

Husk, confus, arqua un sourcil avant de finalement comprendre. Il paniqua, déglutit et dit d'une voix tremblante : "J-Je vais l'appeler..."

-Merci mais avant...

Je tirai de nouveau Husk vers moi et lui fis part de la suite du plan. Il l'écouta attentivement puis s'exécuta et ferma la porte. Quant à moi, il me fallut quelques secondes pour me mettre en place. On verra si je suis meilleure chanteuse qu'actrice.

Je vins me positionner derrière le bureau pour me cacher et attendre. Après plusieurs minutes, la porte s'ouvrit de nouveau et cette fois ce fut Mme Rochester qui fit son apparition. Elle était souriante, champagne en main, ne se doutant de rien.

"Vous vouliez me voir, mon cher ?"

Soudain, en voyant la scène qui se dessinait face à elle, Rosetta fit tomber sa coupe qui se brisa en mille éclats. Son corps se figea et sur son visage pouvaient se lire l'horreur et l'effroi. Elle tremblait, le teint livide et je pus deviner à son expression qu'elle allait hurler d'une minute à l'autre.

"ARTHUR !?"

Elle se jeta sur le corps de son mari qu'elle prit dans ses bras alors qu'il se vidait de son sang.

-A-Arthur ! Mon dieu ! Que s'est-il passé !? Q-qui diable vous a fait cela ?! Arthur ?! Arthur ! De grâce répondez ! Je vous en prie ! Ne me quittez pas, je vous en supplie !

Tandis qu'elle s'apitoyait sur son sort et serrait son mari contre elle, Rosetta ne vit pas Husk entrer et se diriger vers elle. Il affichait un air triste et désolé à la fois. La brune ne le remarqua que quelques secondes plus tard quand il posa une main sur son épaule.

Elle vit la présence de Husk comme une lueur d'espoir. Toutefois... Les choses étaient loin de se passer comme prévu pour Rosetta...

-Mon dieu, merci ! hurla Mme Rochester, serrant le corps de son époux. Vous êtes l'agent de mademoiselle Y/n !? De grâce ! Il-Il faut appeler une ambulance ! I-Il va mourir ! Je vous supplie...

-Je suis désolé, murmura-t-il.

-Q-Quoi...?

Dit-elle confuse avant que Husk ne l'empoigne brusquement pour la faire lâcher.

Elle ne lâcha pas une seconde et hurla, les larmes aux yeux : "N-Non ! Que faites-vous ? Je ne veux pas le quitter ! Appelez de l'aide, je vous en prie ! I-Il va mourir ! Lâchez-moi ! I-Il a besoin de moi ! Il va mourir !"

Elle s'accrocha au cadavre de son mari comme à la vie mais Husk redoubla d'effort et la fit lâcher prise. Elle hurla de plus belle et tendit les mains vers son époux.

"Que faites-vous ?! Lâchez- moi ! Il va mourir ! Au secours ! ARTHUR ! Lâchez-moi !"

-Bordel... Ne rendez pas les choses plus difficiles qu'elles ne le sont déjà.

Il soupira puis hésita avant de poser sa main sur la bouche de Rochester. Elle écarquilla les yeux face à ce geste inattendu et se débattit en tentant de mordre Husk mais impossible car il était trop fort. J'en profitai enfin pour sortir de ma cachette.

Je me dressais là, fière, devant Rosetta. En me voyant, la femme de Rochester écarquilla les yeux de plus belle et réalisa aussitôt qu'il s'agissait d'un piège. Je me dirigeai vers le cadavre de son mari en titubant pour m'agenouiller près de celui-ci. Puis pour exécuter la suite de mon plan, je décidai de me faire passer pour la pauvre petite victime.

J'offris à Rosetta mon plus beau sourire puis me mis à hurler. Des larmes factices se mirent à ruisseler le long de mes joues rosées, laissant de longues traînées noires de mascara.

"VOUS L'AVEZ TUÉ !"

En me voyant hurler, Rosetta cessa tout mouvement. Elle se figea. Son expression passa de la tristesse et la colère à la confusion et la surprise. Elle se rendit compte qu'elle était tombée tout droit dans mon piège.

-Q...que... Quoi, balbutia Rochester. J-Je... Mais non... C...Je...

-AU SECOURS ! hurlai-je de toutes mes forces. Je vous en prie ! Que quelqu'un nous vienne en aide ! Il se vide de son sang ! AU MEURTRE !

Malgré l'orchestre et la distance, les invités purent m'entendre. Je criais bien plus fort que Rosetta et mes cordes vocales étaient assez puissantes, sans parler de tous ces entraînements et ces années passées à chanter.

Les invités, alertés par mes cris, vinrent se joindre à nous. En voyant Husk tenant Rosetta, le cadavre de Rochester et moi à ses côtés, le résultat était vite vu.

-Elle... Elle... Cette hystérique a assassiné son mari devant mes yeux ! Elle a tenté de me tuer moi aussi ! criai-je en pleurant.

-Qu-Quoi ?! s'exclama Rosetta. Mais enfin ! C'est elle la meurtrière ! Vous vous fourvoyez ! C'est elle qui a tué mon époux ! C'est un piège ! Elle m'a tendu un piège ! C'est elle !

Hurla Rosetta à son tour tandis que Husk la maintenait en place.

De nombreux murmurent s'élevèrent tandis que tous regardaient la scène avec effroi. Quant à moi, je me levai lentement et marchai vers Husk et Rosetta avant de finalement tomber à genoux. En me voyant, de nombreux invités vinrent m'aider à me relever.

-... Si je mens, dis-je. Pourquoi diable ai-je une lame plantée dans la cuisse ? S-Serais-je assez folle pour l'enfoncer dans ma cuisse? C'est cela que vous insinuez ? C'est ainsi que vous me traitez alors que j'ai chanté pour vous !? Regardez vous... Vous êtes recouverte de sang... Vous avez le sang de votre époux sur vos mains !

Rosetta demeura muette face à ces fausses accusations. Elle ne savait que dire face à cela. Elle semblait anéantie et je devinai aussitôt qu'elle avait abandonné.

-Q-Quoi... murmura-t-elle. J... Je n'ai rien fait... De grâce...

-N-Nous... Nous avons un témoin, n'est-ce pas, Mr Brown ?! V-Vous qui m'avez sauvé la vie ! Dites leur !

Hurlai-je en tentant de lever la main vers Husk.

Husk regardait autour de lui. Je voyais qu'il hésitait. Il ne savait que dire. Toutefois, il fallait qu'il parle. Ma réussite dépendait de lui. C'était l'élément clé de mon plan.

-Je... débuta le barman en soupirant. J'ai tout vu et si je n'avais pas été là au bon moment mademoiselle Y/n serait morte. Alors que je voulais entrer dans la pièce, j'ai vu Mr Rochester mort au sol. Madame Rochester s'est jetée sur Y/n et lui a asséné un coup de couteau. Dieu soit loué... Elle a mal visé et a touché sa cuisse... Y/n s'est effondrée et Madame Rochester s'apprêtait à en finir mais j'ai été là pour l'arrêter... Je n'imagine pas tout ce qu'à dû ressentir mademoiselle N/f.

Bien que je n'étais pas madame Rochester, j'aurais juré voir son monde s'effondrer. Son époux est mort baignant dans son sang tandis qu'elle passe pour responsable. La pauvre n'avait plus les mots, elle ne pouvait même plus parler ou se défendre. Elle semblait perdue, confuse, déboussolée, détruite. Avait-elle une preuve pour se sauver ? Non. Allait-elle recevoir la peine de mort. Non. Elle va finir en hôpital psychiatrique. A l'hospice car elle passera pour une hystérique qui a tué son mari alors qu'il faisait des avances à une autre femme, en l'occurence moi.

Je souris légèrement et voulus me lever mais titubai avant de finalement m'évanouir à cause de la douleur.

"Oh non..."

Lorsque j'ouvris les yeux, je fus éblouie par la lumière du jour. J'en conclu donc que nous étions le lendemain. En regardant autour de moi, je ne vis pas de meubles luxueux, de chandeliers hors de prix ou de fauteuils en velours. Je ne suis plus chez les Rochester. Je suis à l'hôpital.

Mon cœur se mit à battre de plus en plus fort . Je suis à l'hôpital, oui mais depuis combien de temps ? Je dois savoir qui a gagné et qui sera envoyé à l'hospice. Je tentai de me lever mais fus rappelée à la réalité par ma blessure. La douleur persistait et à la place de la lame se trouvait maintenant un bandage taché de sang.

Alors que je m'apprêtais à redoubler d'effort pour me redresser, la porte s'ouvrit. Je tournai la tête vers celle-ci et souris en voyant Husk. Il tenait un journal entre ses mains et me le lança. Je l'attrapai et lus la première page.

"Rosetta Rochester arrêtée pour le meurtre sanglant de son mari. Hier, entre 21h00 et 22H00 a eu lieu le meurtre de Arthur C. Rochester, fondateur de Rochester and Co. Selon plusieurs sources, sa femme Rosetta Rochester née Wilson aurait été victime d'adultère. En effet, en voyant son époux faire des avances à la célèbre chanteuse, Y/n N/f , elle l'a assassiné avec une arme avant de blesser la chanteuse à la jambe dans un excès de colère. Plusieurs témoins dont l'agent de la chanteuse ont témoigné. Son sort est maintenant entre les mains de la justice. Un docteur doit encore attester de son état mental. Affaire à suivre."

Mon regard s'illumina tandis que je parcourais les gros titres. J'étais prise d'un sentiment de joie et d'euphorie en même temps. J'étais heureuse et fière à la fois. Je ne pus m'empêcher de serrer le journal contre moi avant de rire.

"Hahaha ! J'ai réussi ! J'ai réussi, j'ai réussi ! Bye bye Rochester ! De toute façon, je ne l'aimais pas et sa femme aussi d'ailleurs. Il n'y a pas assez de place pour deux beautés en Louisiane. Tout s'est passé comme prévu !"

-Non, fit Husk d'un ton froid avant de m'arracher le journal. Tout ne s'est pas passé comme prévu.

Je tournai la tête vers lui, devenant aussitôt sérieuse. Où diable veut-il en venir ? Tout s'est passé comme prévu. Je suis en vie, Rochester est mort et sa femme sera internée.

-T'étais vraiment obligée de te planter une putain d'arme dans la jambe pour que ton plan fonctionne ? Tu réfléchis un peu avant d'agir ? Tu penses que la vie c'est un jeu ?

Tandis que le barman parlait, le temps sembla s'arrêter. Toute mon attention était portée sur Husk et j'étais incapable de détourner le regard. J'étais confuse face à de telles paroles.

-Tu t'es plantée un putain de coupe papier dans la cuisse sans réfléchir comme si c'était un jeu. Je suis sûr qu'il y avait plein d'autres solutions qui impliquaient pas que tu te blesses. Tu l'as fait comme si ta vie n'avait aucune putain d'importance. C'est quoi la prochaine étape ? Un couteau dans le ventre ? Dans le torse ? Tu sacrifies ta propre vie pour réussir un plan ?

Mes yeux s'écarquillèrent tandis que les paroles de Husk résonnaient dans mon esprit. En effet, je n'avais pas réfléchi avant de planter ce coupe papier dans ma cuisse mais c'était pour moi le seul moyen de paraître convaincante. Parmi les personnes présentes, seule Rosetta n'était pas blessée.... C'était forcément elle la meurtrière.

Lorsque le barman termina, je levai la tête vers lui, déboussolée et demandai doucement : "Husk... Tu t'inquiètes pour moi ?" Mon ton n'avait rien de moqueur ou de sarcastique. J'étais juste surprise et curieuse à la fois.

Il soupira, leva les yeux au ciel et rétorqua d'un ton sec : "Non mais je veux juste que tu comprennes que ta vie est importante et que c'est pas un jouet ! Je préfère te le dire avant que ce soit trop tard."

Il me rendit le journal puis quitta la chambre d'hôpital sans un mot. Je scrutais la porte puis baissai la tête vers le journal.

"Pff"

Je posai le journal sur la table de chevet avant de m'allonger et de fixer le plafond d'un blanc immaculé.

"Je me connais, dans quelques jours je serai en train de sauter comme un cabri."