Année 1993

Chloé se faisait une véritable joie à l'idée de ces vacances d'été.

A presque 17 ans, elle avait bien quelques velléités d'indépendance, mais se présentait là une occasion rare de se retrouver pendant un mois entier avec sa mère adorée qui, tout le reste de l'année, était accaparée par son métier de chef d'entreprise.

Pour une fois que sa « mamounette » acceptait de décrocher de sa sacro-sainte société de transports plus de trois ou quatre jours d'affilée !

Et puis Chloé adorait la maison de Royan.

Son père la tenait en héritage de ses propres parents et à la mort de celui-ci, lorsque Chloé n'avait que deux ans, sa mère décida sans l'ombre d'une hésitation de garder cette magnifique villa située sur la corniche surplombant la jolie plage de Pontaillac.

Chloé ne gardait de ce père disparu trop tôt qu'une très fugace image, une sorte d'impression, ne parvenant pas à se souvenir de son visage.

Mais à chaque fois qu'elle revenait dans la maison, un étrange sentiment l'envahissait, comme si elle ressentait la présence de cet homme que sa mère paraissait avoir tant aimé.

Bien sûr il y aurait aussi, pendant ce mois d'août, le compagnon de sa mère, Jacques, qu'elle n'appréciait pas plus que cela. Mais elle s'en accommoderait, d'autant plus que sa grande amie Léa, qui passait le mois de juillet à l'Ile d'Oléron, les rejoindrait le surlendemain de leur arrivée, le jour de l'anniversaire de Chloé, et resterait pour la fin des vacances à la villa.

Léa avait un peu plus de 18 ans et viendrait avec sa voiture, synonyme d'autonomie et de liberté pour les deux filles...

Chloé pensait à tout cela en préparant fébrilement ses affaires. Surtout ne rien oublier.

Ils partiraient le lendemain matin de très bonne heure dans la superbe Mercedes de Jacques.

A 5 heures précises avait-il dit fermement, afin d'être à Royan pour le déjeuner.