Chapitre 8


Les jours se suivirent en se ressemblant : le beau temps du mois d'août, de belles vacances, mais cette idylle déplacée et à peine voilée qui gâchait un peu tout.


Un samedi après-midi, les filles voulurent aller faire du shopping à Royan. Léa avait notamment envie de s'acheter un beau maillot de bain.

- Très peu pour moi les magasins bondés, par cette chaleur, dit Jacques. Je n'ai pas envie de poireauter des heures pendant que vous essayez des chiffons à n'en plus finir, je connais la musique.

Chloé et Léa n'insistèrent pas : à vrai dire, l'idée d'avoir un homme trépignant d'impatience derrière elles dans les magasins ne les enchantait guère. Elles seraient aussi bien toutes seules, en prenant tout leur temps.


- Si tu ne souhaites pas aller en ville, Jacques, peut-être pourrions-nous aller faire un tour où nous avions dit, tu sais, à Meschers-sur-Gironde, voir les habitations troglodytiques. Depuis le temps qu'on doit y aller, ce serait l'occasion, ce n'est pas loin du tout... Et puis il y a aussi cette église particulière, à Talmont, dit Claire.

- Ah oui tiens, bonne idée, Meschers. Je vais regarder la carte et on y va. Je préfère ça à la cohue des magasins.

Ils partirent ainsi chacun de leur côté, les filles dans la voiture de Léa, Claire et Jacques dans la Mercedes climatisée.


Chloé et Léa rentrèrent vers 19 heures, les bras chargés de sacs.

La Mercedes n'était pas là.

Elles ne s'inquiétèrent pas : ils avaient dû prendre leur temps et, après les grottes de Meschers, pousser jusqu'à Talmont.


A 20 heures 30, toujours pas de Mercedes en vue.

- Tiens, ce n'est pas habituel, dit Chloé. D'habitude, dès que mamounette a un peu de retard, elle téléphone pour que je ne m'inquiète pas.

- Elle n'avait peut-être pas de téléphone sous la main, dit Léa.

- Oui...


Elles n'eurent pas à s'interroger plus longtemps, le téléphone sonna.

Chloé décrocha. Elle dit juste « allo » puis « oui, c'est bien moi » et il y eut un long moment pendant lequel, de toute évidence, on lui expliquait quelque chose.

Léa, qui d'abord l'interrogeait du regard, la vit blêmir au fur et à mesure que l'interlocuteur parlait.

Chloé finit par demander d'une voix blanche « Mais, où est-elle ? » puis elle écouta de nouveau et demanda cette fois « Et lui ? ».

Il y eut un grand moment encore. Enfin elle dit d'une petite voix « Je vous remercie, au revoir » et raccrocha.


Elle tourna un regard hébété vers Léa et dit :

- Mamounette est blessée, elle est à l'hôpital de Royan, et je crois que Jacques...

- Quoi ? Mais qui était-ce ? Que s'est-il passé ? Ils ont eu un accident de voiture ?

- Non, le gendarme vient de me dire qu'ils se promenaient sur les falaises de Meschers, qu'apparemment ils ont voulu faire une photo et se sont approchés trop près du bord. Ca s'est écroulé, mamounette est blessée et Jacques... il est tombé en bas. Le gendarme m'a dit qu'il ne savait rien de plus sur son état. Sa voix sonnait faux, je crois qu'il mentait.


Léa pâlit à son tour.


Elle se ressaisit aussitôt et souffla :

- Viens, prenons la bagnole, on file à l'hôpital !

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