N06-Saber
Contrairement à Rey, Finn se réveilla dès l'aube, à l'heure où le soleil était encore ensevelit par les dunes dansantes. La quiétude qui l'avait saisi en émergent doucement était une exquise sensation. Il en soupira d'aise. Jamais le bonheur ne s'était prononcé avec une telle force dans sa vie. Stormtrooper, les récompenses étaient discernées qu'aux plus méritants. Une montée en grade, des rations spéciales, le droit d'utiliser certaines armes ou technologies de pointe, l'accès à des sites privés, et même à des services plus... intimes. Sa traîtrise lui en avait fait obtenir aucune.
Les heures s'écoulèrent lentement durant lesquels, son regard veilla sur l'endormie. La jeune femme n'était tombée de sommeil qu'après avoir longuement discuté. La langue déliée, les sujets avaient surtout tourné autour de la luxuriante Takodana. Il avait perçu la chaleur dans son regard en évoquant la planète, une précieuse qui à ses yeux, n'était ressortie que plus belle encore. D'une certaine façon, elle était à l'origine de son ravissement de ce matin. Pour la première fois, il se sentait proche de la jeune femme.
Accablé d'une envie pressante, Finn sortit sans un bruit de l'abri incliné leur servant de demeure. Arrivés la veille au soir, l'ancien Stormtrooper avait été surpris de constater que Rey habitait un quadripode AT-AT effondré. Elle avait très bien su s'arranger de l'immense engin de guerre en maintenant en premier lieu l'état d'isolation. Tandis que ce dernier les protégeait de la fournaise du désert le jour, il l'emmagasinait et la conservait pour la redistribuer la nuit, où un froid glacial régnait. En soit, une oasis au milieu de ce paysage hostile.
Si tôt soulagé, le jeune homme fit marche arrière, et rentra par la trappe dans le ventre de la bête. L'extérieur était bien trop crevant. Agissant toujours précautionneusement pour ne pas réveiller la jeune femme, il examina l'intérieur en limitant ses déplacements. Soudain, un objet accroché à l'angle d'une barre de métal attisa son intérêt. C'était un casque de pilote de X-wing à la peinture certes écaillée par le temps, mais qui pouvait toujours servir. Il s'en vêtit avec un certain attrait avant de l'enlever et de le remettre à sa place. Il continua ses recherches aux découvertes exotiques, et tomba ainsi sur une petite chose orange qui provoqua son amusement, et ressemblait à une poupée d'enfant.
Finn sursauta de frayeur. Le bruit le fit immédiatement réagir, et il ouvrit la bouche en catastrophe. Le casque était tombé de son perchoir.
- Qu'est-ce que tu fais ? demanda une voix désapprobatrice.
Redressée dans son hamac, Rey lui lançait un regard furieux.
- Désolé, je me suis permis de toucher.
La curiosité d'un enfant. Quelque peu gêné, Finn pinça des lèvres. Il remit à sa place les affaires ne lui appartenant pas, et ramassa le casque de pilote et de s'assurer qu'il ne tomberait pas cette fois.
- Je l'ai fabriqué quand je devais avoir dix ans.
Le jeune homme se retourna, surpris. Son amie s'était levée et tenait à présent entre ses doigts la poupée. Il fut rassuré de voir qu'elle se sentait mieux, suffisamment du moins pour se tenir debout.
- Je me souviens avoir trouvé ce tissu dans un conteneur de l'Alliance, continua-t-elle de se souvenir avec un vague sourire. Et le reste des débris dans le champ d'épaves...
- Et ça ? voulut savoir Finn. Qu'est-ce que c'est ?
Il pointa l'un des murs de la demeure marqués d'un même symbole un nombre incalculable de fois.
- Ma victoire, déclara-t-elle. Chaque jour passé sur cette planète en grave une nouvelle.
L'ancien Stormtrooper fronça des sourcils, s'attelant à faire une approximation.
- Ça fait beaucoup, abandonna-t-il très vite.
- Je ne compte plus depuis longtemps.
La pilleuse d'épave s'occupa à faire le plein de sa sacoche de survie, y accrochant solidement deux bouteilles d'eau pour prévenir de l'éventualité où le précieux liquide s'évaporait. Elle prépara également sa boîte à outils, dont certains dataient d'une trentaine d'années, et présentaient d'ostensibles usures. Néanmoins, ils avaient fait leurs preuves et c'était un miracle qu'ils ne soit tout simplement pas bons pour la casse.
- Tu vas quelque part ? s'étonna Finn.
- On a du travail, lui rappela-t-elle. Prépare-toi.
- Par cette chaleur !? récrimina le jeune homme.
- Tu as entendu Unkar. Si on veut pouvoir obtenir de quoi boire et manger à l'avenir, il va falloir qu'on lui ramène ce qu'il veut. Alors crois-moi, ce n'est pas la chaleur qui va nous arrêter.
- Sans rien avoir avalé ?
Rey s'arrêta promptement dans ses dispositions, avant de lui faire face, profondément agacée.
- Je crois que tu n'as pas bien compris une chose, Finn. Ici, on vit au jour le jour. Si tu veux te remplir la panse, tu travailles. Si tu attends de recevoir quelque chose, tu travailles. Pas l'inverse.
- Et qu'est-ce que je suis censé faire ? riposta-t-il les paumes ouvertes en signe de consternation. Je te resignale que je n'ai pas reçu la même formation que toi, moi.
La jeune femme l'examina un court instant, une vague impression de déjà vu qui le rendit mal à l'aise.
- Ne t'en fais pas, tu sauras te rendre utile, affirma-t-elle avant de retourner à ses affaires.
La pilleuse d'épaves attacha sa sacoche de survie à sa taille, glissa sa boîte à outils dans son sac de transports à filets avant de le mettre sur son épaule, refusant aimablement que le jeune homme le porte ; elle le croyait déjà capable de faire une gourde à ce stade. Elle cacha ensuite ses cheveux et une bonne partie de son visage dans une pièce de tissu épais faisant voile.
- Tu ferait mieux de te couvrir, le réprimanda-t-elle en le en voyant attendre sagement qu'elle termine de se préparer. Ta peau ne doit pas être adaptée aux radiations et au UV extrêmes.
En réponse, il prit un air tout à fait serein.
- La première fois que je suis venu ici, je peux t'assurer que j'ai traversé la moitié de ce désert quasiment nu.
Rey roula des yeux.
- Comme tu veux, mais prends au moins ça.
Et elle lui lança ce qui semblait être des lunettes. Finn mit qu'un temps à reconnaître des vieilles lentilles des clones de l'Empire.
- Sérieux ? s'indigna-t-il les sourcils levés.
- Tu me les rendras, bien sûr.
Nonchalant, il les accepta et ils sortirent. La pilleuse scruta les environs, remarquant quelques changements.
- Heureusement que les sbires d'Unkar ont pris que mon Speeder. Bien qu'à l'évidence, son ordre de ne pas dérober mes biens, lui, soit enterré. Il faudra que je pense à remettre des pièges en place...
Sur sa réflexion, Rey dégagea un morceau de plaque munie d'une corde du sable, et la tendit à Finn interrogatif.
- À quoi ça va nous servir ?
- Tu verras bien.
Exposés au soleil brûlant de Jakku, les deux corps progressèrent à un rythme mûrement choisi par la guide, afin de préserver un maximum leurs forces. Au bout d'une heure de marche qui parut interminable, leur supplice commun prit fin lorsqu'ils gagnèrent le champ d'épaves. À l'intérieur des titans échoués, ils avaient au moins le bénéfice d'être à l'ombre, à l'abri des rayons solaires.
Abandonnant une partie de leur équipement qu'ils cachèrent à l'entrée du vaisseau, entre les câbles du sous-sol, Finn se contenta de suivre Rey qui savait précisément quoi faire.
Où aller, quoi chercher, l'accompagner dans son travail donna à l'ancien Stormtrooper une nouvelle image des pillards qui subsistaient des déchets de la Grande Guerre Civile, celle-ci qui précéda la chute de l'Empire et la naissance du Premier Ordre. Le savoir de chercheurs et extracteurs qu'ils avaient dû modeler durant des années. C'était d'autant plus impressionnant venant de Rey chez qui, en plus de son jeune âge, cela semblait inné.
La pilleuse d'épaves lui confia finalement son sac de transport à filets où ils rangeaient leurs trouvailles, ce qui lui permit d'avoir une meilleure mobilité et donc un gain de temps et d'énergie. Leur rendement s'en vit augmenté et au bout de quelques heures, ils atteignirent les limites du contenant, au risque qu'il se déchire et qu'ils doivent tout porter à bras nus.
- Finn ! l'appela Rey qui tenait sa dernière découverte. Viens voir !
Laissant son fardeau à ses pieds, le jeune homme se hissa à l'aide de la corde solidement accrochée à une nacelle de l'étage supérieur. La joie et l'impatience qu'il avait décelée dans sa voix l'intriguaient. Avaient-ils gagné le gros lot ? Il la retrouva devant une cloison en duracier qu'elle peinait à ouvrir avec un marteau à burin.
- J'a... rrive... pas... à... L'OUVRIR !
Elle frappa son outil de déni contre la cloison.
- Attends, laisse-moi faire.
Mais malgré ses efforts, l'ancien Stormtrooper arriva au même résultat. À quoi lui servaient tous ses muscles sculptés par des années d'entraînement militaire ? À priori, à rien.
- Elle est coincée, confirma-t-il rageur.
Rey ne voulait pas abandonner. Il n'en était pas question. Elle réfléchit à une solution, tandis que Finn réalisait la même action en vain, gaspillant inutilement son énergie. Elle dut finir par avoir une idée, car ses yeux flamboyèrent d'une lueur d'espoir.
Hésitante, la jeune femme porta la main à une doublure de son vêtement. Son cœur battait si fort qu'elle ressentait clairement ses palpitations. Ils l'alarmaient que sa pensée était dangereuse, qu'elle pourrait subir le même châtiment que la première fois pour y avoir touché, l'avoir simplement regardé.
La pilleuse d'épaves dégagea l'objet. Elle le contempla un long moment, d'un silence religieux, et l'effleura d'un touché tendu et toutefois résolu, avant d'appuyer de sa paume sur la matrice d'activation.
Un long faisceau bleu scinda brusquement l'air en deux, faisant s'écrier Finn.
- P*TAIN REY ! C'est quoi ça !?
- Ça ? Un sabre laser.
Le jeune homme fixa la lame incandescente avec quoi, son utilisatrice ne fit qu'étincelles avec la cloison.
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