Chapitre 91


- SOIGNER SON CORPS ET SON COEUR -



— ᴋᴏʀᴇᴀ - ʙᴜsᴀɴ : ᴅᴀʏ 20

🌙 06:10 ɢᴍᴛ
☀️ 14:10 ᴋsᴛ


[🐿]


Je récupère mon bol dans la cuisine et me dirige vers le canapé pour déguster mes ramens devant le dernier épisode de Vikings. Yoon n'aime pas trop cette série, trop violente et barbare pour lui, alors je profite de mes moments en solitaire pour continuer mon visionnage.

Je lance la diffusion et commence à manger quand on toque soudainement à la porte. Sur le coup, je suis un peu surpris, n'attendant personne et n'ayant pas de colis en commande. C'est peut-être la voisine qui a encore reçu mon courrier par erreur dans sa boîte aux lettres...

D'un pas mollasson, je me lève et marche en direction de l'entrée de mon appartement, peu réjouis de devoir mettre en pause mon repas. Lorsque que j'ouvre, je tombe des nues. Je m'attendais à toutes sortes de visites, passant du concierge à la dirigeante de la copropriété, mais à aucun moment je n'aurais imaginé que cela puisse être mon petit-ami, le regard dans le vide et la gueule en sang.

Je reste sans voix devant l'image qui se tient devant moi. Yoongi est pâle, muet et surtout, il semble sans vie.

« Chaton ? »

Il me passe devant sans un regard et entre dans l'appartement. Encore sous le choc, je ne sais quoi dire ou faire, et l'observe se déchausser machinalement. Je referme la porte puis le suis des yeux alors qu'il se dirige vers le canapé de manière mécanique, tel un robot programmé pour.

Les informations montent petit à petit à mon cerveau, et dans un déclic soudain, je passe de l'étonnement à la colère. Il n'y a pas cinquante explications possibles : le repas chez ses parents ne s'est pas tout à fait bien déroulé. À en juger par son état, c'est carrément un fiasco. Même si je m'attendais à ce que ça parte en vrille, j'espérais secrètement qu'ils n'en viennent pas aux mains.

Sans réfléchir, je me lance à ses trousses, le rattrapant avant qu'il ne s'installe sur le canapé, et c'est en le tirant par le bras que je l'emmène directement dans la salle de bain. Il me suit sans la moindre implication, toujours complètement ailleurs. Dans la pièce, je fais en sorte qu'il s'assoie sur les toilettes avant d'aller chercher dans les tiroirs de quoi le soigner.

Alors que je trifouille, en quête de désinfectant et de compresses, il ne prononce toujours pas un mot. Je jette de petits coups d'œil vers lui pour capter le moindre changement dans son comportement, mais à part trembler légèrement et être déconnecté, je ne distingue rien de nouveau.

Un flacon d'alcool dilué et un sachet de dix compresses en main, je m'installe entre ses jambes et commence par nettoyer le bas de son visage avec un tissu d'eau froide pour y voir plus clair. Ce n'est pas très beau à regarder, le sang s'échappe principalement de son nez, et s'il n'est pas cassé, il aura de la chance. Sa lèvre inférieure est fendue sur le côté droit et commence à gonfler. Il ne l'a pas loupé.

Connard de militaire.

Avec toute la délicatesse que je possède, je viens tapoter fébrilement les zones ouvertes de son visage, à l'aide d'une gaze imprégnée du liquide jaunâtre contenu dans la fiole. Il ne bronche pas et me laisse faire. J'en profite alors pour détailler ses traits, qui sont tirés au possible. J'hésite à prendre la parole, à dire quelques mots, mais quoi ? Que dois-je dire ? Quels mots utiliser ?

Je préfère rester muet, tout comme lui, et attendre qu'il ne décide de lui-même à m'en parler.

Une fois la séance de désinfection finie, je jette les bouts de coton utilisés à la poubelle et lui demande de retirer sa chemise pour que je puisse voir s'il n'a pas des griffures sur le torse. Sans surprise, Yoongi ne réagit pas et reste statique.

Un soufflement m'échappe, plus pour évacuer le mélange de stress et de nervosité que je ressens que par agacement, et je repars me positionner à genou entre ses cuisses. Mes mains agrippent le premier bouton de son haut pour le défaire et font de même avec les tous les suivants. Ce n'est que lorsque j'arrive en bas, et que je fais tomber le vêtement sur ses bras, que j'aperçois les marques.

Presque invisibles pour le moment, elles seront beaucoup plus nettes dans quelques minutes. Des traces de doigts au niveau de son cou, encerclant ce dernier de part et d'autre.

« J'hallucine... Il a été jusque-là ?! m'emporté-je. J'vais le tuer ! »

Je me relève instantanément et pars en direction de la porte d'entrée. J'ai deux trois choses à lui expliquer au monsieur Min, comme le fait qu'on ne frappe pas son enfant et que l'homosexualité n'est pas une tare. Je me sens bouillir de l'intérieur, à deux doigts de tout casser sur mon passage.

De nature, je suis plutôt calme. Mais touchez à une personne qui m'est chère, ou bravez les limites du raisonnable, et j'vous laisse pantelant sur le carreau. Lorsque la colère prend le dessus, je suis ingérable.

« J'vais vraiment lui faire bouffer un mur ! »

J'enfile à la va-vite mes chaussures puis cherche mon téléphone des yeux. Celui-ci repose sagement sur l'accoudoir du canapé, endroit où je l'ai laissé avant de me lever. Je le prends et récupère également mes clefs de voiture, quand une main me tire le bras et me fait me retourner.

« Hobi, me laisse pas... »

Pour la première fois depuis que Yoongi est rentré, nos regards se croisent, et je peux distinguer que ça ne va pas du tout. Ses yeux sont larmoyants, et sans que je ne puisse faire quoi que ce soit, il s'effondre en pleurs dans mes bras.

Durant un instant, je reste immobile, ne sachant comment réagir. C'est la première fois que je le vois pleurer de la sorte. Autant, quand on s'engueulait par le passé, ça nous arrivait de nous mettre dans des états pas possibles, autant, je ne l'avais jamais vu si fragile.

Il tremble dans mon étreinte que je resserre à chacun de ses sanglots, la tête enfouie dans mon cou. Son être entier est secoué, psychologiquement et physiquement. De mon côté, je n'en mène pas large non plus. Ça me détruit de le voir ainsi, et de savoir que cela n'est dû qu'à ses parents me donne de sérieuses envies de meurtres. Cependant, il a besoin de moi, et ce serait faire une connerie que de le laisser là, seul, pour aller en coller une à son géniteur, au risque de me retrouver moi aussi avec la gueule explosée.

J'essaie de me calmer un peu, et lorsque ses sanglots se font plus rares, mes mains descendent le long de son dos pour venir se poser à l'arrière de ses cuisses. Il effectue un léger saut, et ses jambes, que je soutiens toujours, viennent se croiser à l'arrière de mon bassin. Je nous guide jusqu'au canapé, où je m'installe alors qu'il reste lové contre moi, la tête toujours cachée entre ma nuque et mon épaule. Mes mains, qui n'ont plus à supporter son poids, partent se nicher dans son dos pour y effectuer de douces caresses, effleurant sa peau opaline tandis que j'embrasse sa tempe tendrement.

On reste dans cette position, juste collé l'un à l'autre, sans prononcer le moindre mot. Ma colère se dissipe petit à petit, alors que la peine, elle, fait son entrée. Au fond, je savais que ce moment arriverait un jour. Pas forcément parce que lui et moi serions en couple, car à l'époque nous étions juste ami et il était avec un autre, mais parce que de ce qu'il nous racontait sur ses parents, je me doutais bien que jamais son paternel n'accepterait, ou du moins tolèrerait son orientation.

De ce côté-là, je suis plus chanceux. Bizarrement, c'est mon père qui n'a aucun problème avec le fait que j'aime les mecs. Il a accueilli la nouvelle avec un grand sourire et m'a glissé un « je suis fier de toi, mon fils » au creux de l'oreille lorsque j'ai fait mon coming-out. Pour ma mère, c'est un peu plus compliqué. Elle n'a aucun problème avec mes préférences, ce qui l'inquiète, c'est le regard que peut porter la société sur ma personne. Elle a peur pour moi, que je sois victime d'injustice à cause de cela. Mais personnellement, je m'en fous.

Je serais heureux sous les critiques à défaut de me mentir à moi-même sous l'approbation du reste du monde.

Yoongi se calme au fur et à mesure du temps. Son corps n'est plus secoué par les spasmes et sa respiration retrouve un rythme normal. Son silence, je le comprends. Mais j'ai besoin de savoir, de savoir comment ils en sont arrivés là et ce qu'ils se sont dit. Il n'y a qu'en connaissant les causes de son état que je pourrais faire en sorte qu'il aille mieux. Alors, après un silence de plusieurs minutes, je me lance :

« Chaton, commencé-je dans un murmure. Qu'est-ce qu'il s'est passé ? »

Il avale sa salive et renifle avant de se tourner pour être assis sur mes cuisses, de biais. Je peux enfin apercevoir son visage, bouffie par le chagrin et rouge de tristesse. Ses yeux sont petits et gonflés, son nez ne saigne plus mais je distingue encore le sang qui coagule à l'entrée de ses narines et sur sa lèvre. Il déglutit une nouvelle fois en regardant ses mains, avant de se laisser basculer sur le côté et de revenir positionner sa tête sur mon épaule. Le silence nous enveloppe encore une fois, mais je reste patient, sachant qu'il finira par me répondre.

« Je... Je lui en ai mis une, il m'a rendu le coup. »

Pardon ? C'est lui qui a frappé en premier ? Je digère l'information, m'étant attendu à tout sauf une déclaration de guerre de son propre chef.

« Chat, vu tes marques t'en as pas pris qu'une... Et puis, pourquoi tu as ouvert les hostilités ? »

Il se redresse et souffle, avant de continuer :

« Il t'a insulté. Autant qu'il s'attaque à moi, j'ai l'habitude, mais à toi il n'a pas le droit. »

Ma main gauche continue ses douces caresses dans son dos, l'intimant de poursuivre. Je l'observe, le scrute sans la moindre discrétion à la recherche de tous signaux précurseurs d'une nouvelle crise de larmes.

« Il m'a dit... qu'un homme ne se prenait pas une bite dans le cul. Il a dit que tu étais une tarlouze de danseur, que j'étais un déchet et une honte parce que je m'envoyais en l'air avec un pédé.

- Quel langage soutenu. Je vois que l'on prêche toujours les bonnes manières à l'armée, craché-je.

- J'me suis levé et j'ai pété un plomb. Je lui ai envoyé une baffe qu'il m'a rendue, puis après c'est parti avec les poings. Il a plus de force que moi, alors j'ai couru autour de la table pour éviter le pire. »

Il fait une pause et reprend sa respiration. Je sens que ça lui pèse même s'il sait que ce n'est pas de sa faute.

« Puis il est revenu à ma hauteur, je lui ai renversé la marmite dessus et c'est là qu'il m'a étranglé...»

Une nouvelle larme dégringole le long de sa joue alors qu'il baisse la tête. Je me redresse instantanément et viens le serrer un peu contre moi, avant d'enchaîner.

« Chaton... Tu savais qu'il n'accepterait jamais, c'est pas une nouveauté que ton père est homophobe. C'est juste que... Qu'aujourd'hui tu en as la preuve. Il te l'a montré. Toutes ces années, il ne faisait que faire l'autruche, comme s'il ne t'entendait pas. Mais aujourd'hui, tu as été clair et net sur le sujet et, malheureusement, ses pensées vis à vis de ça sont sorties.

- Il m'a dit que je ne pouvais pas être son fils, Hobi... »

Je souffle sous les mots de son père, qui préfère perdre un enfant que de le garder tel qu'il est. Du bout de mon nez, et pour lui montrer que je suis toujours là et que je l'écoute, je viens effleurer la peau de cou, avant d'y laisser un bisou.

« Et ta mère dans tout ça ?

- Comme d'hab, elle n'a rien fait. Enfin si, elle a fini par bouger avant que j'me fasse tuer. J'me sens orphelin... Je ne veux plus les voir mais d'un autre côté j'ai l'impression d'être abandonné... »

Ses mots me blessent. Ils montrent à quel point il est touché et démuni face aux comportements de ses géniteurs. Lui qui donne tant d'importance à la famille, il se retrouve dans une qui ne veut pas de lui. Mais ce qui me fait encore plus mal, c'est de savoir que je ne peux rien faire pour tout arranger. À part l'écouter, l'épauler, le soutenir, l'aimer et lui montrer que je suis là, je ne peux pas grand chose pour l'aider à aller mieux.

« T'es pas orphelin, Yoon... Et de toute façon, tu ne seras jamais seul. Déjà, t'as le meilleur ami du monde, qui n'est pas près de te lâcher. T'as aussi un homme-lapin pour qui tu comptes vraiment beaucoup, et puis j'suis là moi, je ne t'abandonnerai jamais... Et si tu ne veux plus les voir, je ne te forcerais pas. Si tu veux leur reparler un jour, je te soutiendrais. Je ne te laisserai pas, Yoongi. »

Je le pense. Ça fait beaucoup trop d'années qu'ils se connaissent avec Nam pour qu'il ne le jette sur le bord de la route aussi facilement. Leur amitié est beaucoup trop forte pour se briser comme du verre. Concernant Jungkook, je crois qu'ils ont eu un coup de foudre amical ces deux-là. Si à la base, le brunet est mon petit protégé, il est indéniable qu'il s'est énormément attaché à mes compères de fac. Et sans se mentir, Yoongi aussi tient énormément à lui, plus qu'il ne le laisse paraître. Je ne parle même pas de Joonie...

Quant à moi, je l'aime. J'ai mis du temps à m'en rendre compte, à cerner mes sentiments. Je ne saurais même pas dire depuis combien de temps il me plaît. Est-ce quand nous nous sommes rapprochés ? Est-ce quand il a quitté Max ? Avant ? Après ? Je ne sais pas.

Au fond, je pense que cela fait bien plus longtemps. Peut-être même depuis le début, mais par respect pour le trio que nous formions à l'époque, j'avais enterré mes sentiments. Quatre années à l'aimer sans vraiment m'en rendre compte, puis j'ai déconné. Alors maintenant qu'on est officiellement ensemble, et que je peux enfin le présenter comme mon mec, je ne suis pas près de le laisser tomber.

« Promets-le-moi, me tire-t-il de mes pensées.

- Hein ?

- Promet-le, Hobi. »

Je me recule pour observer son visage. J'y lis de la tristesse mais aussi un part d'insécurité. J'agrippe ses joues pour l'empêcher de tourner la tête, voulant garder le contact visuel entre nous.

« Chaton, je ne vais pas te quitter. Ni aujourd'hui, ni demain, ni dans six mois. Je t'aime. Je t'aime plus que tout et je te promets de rester, malgré les difficultés de la vie, le regard des gens ou la pensée de tes parents. Je te le promets.

- Prouve-le moi.

- Chaton... »

Il se lève, quittant mon étreinte quelques secondes avant de se réinstaller directement à califourchon sur moi, fixant son regard dans le mien. Je me presse contre le dossier du canapé alors que sa tête se rapproche de la mienne, s'arrêtant à quelques centimètres avant la collision.

« Prouve-le-moi, bébé, me souffle-t-il, sa bouche à une infime distance de la mienne. »

Que je lui prouve...

Sans attendre plus longtemps, je m'empare de ses lèvres et l'embarque dans une série de baisers plus langoureux les uns que les autres. Mes mains partent se tenir à ses hanches, tandis que sa droite se fraye un chemin dans mes cheveux et que sa gauche se serre sur mon épaule.

Nos lippes se chassent, s'attachent, se perdent, pour se retrouver l'instant d'après sans réellement penser au sort qu'elles se font subir. La sienne recommence à saigner sous la pression qui s'exerce dessus, ajoutant un peu de sang à la danse. Son bassin commence à bouger contre moi, et dans un coup plus assuré et violent que les précédents, la friction entre nos entrejambes me provoque un frisson qui me traverse subitement. Je n'arrive pas à retenir un grognement, qui s'échappe involontairement ma gorge alors que je mets fin au baiser.

Face à moi, Yoongi récupère son souffle, la bouche entrouverte et la lèvre inférieure rougie par le sang qui s'en échappe. Absorbé par ce liquide, je viens enlever une gouttelette qui perle au niveau de sa plaie du bout de mon pouce, comme si c'était là sa destinée : se retrouver effacée de sa peau, comme si elle n'avait jamais existé.

Mes yeux partent à la recherche des siens, voilés par un mélange de tristesse et de désir, mais surtout d'attente. Lentement, je le dévêts de sa chemise encore ouverte que je dépose soigneusement sur le canapé. Il me laisse faire, me dévisage, sans effectuer le moindre geste. Son regard me sonde, me perce, m'électrifie sur place. Je ne sais pas quoi faire. Je ne sais pas si je dois continuer ou m'arrêter là. Quand sa main vient s'appuyer dans mon cou et que son pouce me cajole la joue, je ferme les yeux. Je sens sa bouche déposer un chaste bisou sur mon nez, puis un second, suivi d'un troisième, avant de venir se réemparer de son homologue.

L'atmosphère se fait plus chaude, plus électrique autour de nous, et je crois qu'à cet instant, plus rien n'a d'importance mis à part lui. Je sens son souffle chaud s'abattre sur mon visage, à chaque fois qu'il revient prendre d'assaut mes lèvres quémandeuses des siennes. Une petite plainte m'échappe lorsqu'au lieu de la caresser, ses dents mordent ma lippe inférieure, la tirant alors qu'il éloigne son visage du mien le regard plein de malice.

Une expression que je ne connais que trop bien, mais surtout, une expression à laquelle je ne résiste pas, et il le sait. Si je peux affirmer connaître la moindre de ses faiblesses, il en est de même pour lui. Il me connaît sur le bout des doigts, pouvant ainsi jouer avec mes humeurs et mes envies. C'est à la fois plaisant et dangereux. On laisse l'autre avoir le pouvoir sur nos ressentis, nos demandes et nos actions.

Je me lève d'un coup, le soutenant sous les fesses, et nous amène dans la chambre sans même jeter un coup d'œil au trajet que je connais par cœur. Il raffermit sa prise autour de mes épaules pour ne pas chavirer en arrière et ricane à deux centimètres de mon oreille. J'aurais fait la même chose à sa place.

Du bout du pied, je pousse la porte de ma chambre puis le dépose en travers du lit avant de venir le surplomber. Mes lèvres cajolent à nouveau les siennes, plus durement qu'avant, tandis que ma langue part chercher son amie, et voilà qu'elles se mettent à se tourner autour sans jamais se lasser. Il écarte un peu plus les jambes et je profite de cette ouverture pour me glisser plus aisément sur sa personne, commençant machinalement à onduler légèrement mon bassin contre le sien.

Ses mains, jusqu'ici perdues dans la masse de mes cheveux, descendent le long de mon dos pour se faufiler sous mon t-shirt, à la recherche du contact de ma peau. Nous nous enlaçons, sans jamais nous décrocher, sans jamais rompre notre baiser. Au bout d'un moment, ses dextres remontent jusqu'à mes omoplates pour embarquer avec elles mon haut. Abandonnant ses lèvres, je me relève sur les genoux pour l'aider à me débarrasser du tissu qui finit balancé au sol. Mais je ne perds pas une seconde de plus et ma bouche part à la conquête de son cou, où je laisse ma langue parcourir le moindre centimètre de sa peau, si sensible à cet endroit. Son corps frémit sous mon contact et ses ongles se plantent dans la chair de mon dos. Il va me rendre dingue...

J'aime quand il me griffe, quand sa poigne se resserre sur mes hanches et mes fesses, ou quand ses doigts s'emmêlent dans mes cheveux en tirant dessus, comme à présent. Je suis si friand de ces gestes que je ne peux m'empêcher de continuer à maltraiter la peau tendue de sa gorge en la marquant. Mes dents mordillent la fine épaisseur de ses clavicules, laissant derrière elles leurs empreintes, remontent ensuite le long de sa jugulaire pour venir harponner son lobe, ainsi de suite. Un va-et-vient constant entre ces deux zones, juste pour décupler son désir.

Pris dans le feu de l'action, doucement contrôlé par la folie qui se diffuse dans mes veines, mon bassin ondule davantage contre le sien, lui soutirant à chaque mouvement des gémissements de plus en plus audibles. Ma descente continue le long de son buste, mon but étant de couvrir chacune de ses cellules du bout de mes lèvres.

Lorsque j'arrive à la hauteur de ses pectoraux, je tiens mon équilibre d'une main sur le matelas tandis que l'autre part légèrement pincer un de ses tétons, ma bouche se chargeant du second. Comme dans son cou, je mordille, lèche et embrasse cette zone si sensible de son corps. C'est un peu de la torture, j'admets, même moi j'en deviendrais fou. Mais c'est aussi comme ça que je l'aime : frêle et complètement soumis à mes gestes.

« T'attends que je meure de vieillesse ou tu comptes passer à la vitesse supérieure un jour ? me lâche-t-il soudainement. »

Je ne peux m'empêcher de rire à sa remarque. Oui d'habitude ça va plus vite, je ne prends pas des heures à faire les préliminaires, mais aujourd'hui c'est différent. Je pense qu'il en a besoin, avec ce qu'il vient de se passer. Je n'ai pas envie qu'il prenne ça comme une partie de jambes en l'air pour se défouler, ou tomber dans l'oubli le temps d'atteindre l'orgasme. Ce ne serait en aucun cas bénéfique pour lui, et personnellement, je ne pense pas réussir à prendre mon pied de cette manière.

« T'aimes pas quand je prends mon temps ? dis-je sournoisement.

- Si, mais y a une différence entre prendre son temps et faire une marche arrière. »

Amusé, je délaisse ses tétons et reprend mon aventure vers son bas-ventre, non sans ajouter quelques marques supplémentaires sur son abdomen et ses hanches. Des marques affectives, d'amour, de tendresse, à l'opposé de celles témoignant de violence. Je dépose un genou à terre alors que mes doigts s'affairent déjà à déboutonner son jean, pressés de lui retirer et embarquant par la même occasion son boxer.

Ses vêtements s'échouent sur le parquet et je l'entends souffler de bonheur sous la libération de son sexe. Je l'admire quelques instants, complètement nu et allongé sur mon lit. Mes yeux retracent chacune de ses courbes, suivant les lignes principales de ses muscles, visibles sous sa peau claire.

« Arrête de te croire au musée, et accélère...

- Ce que tu peux être pressé ! »

Son impatience me montre bien qu'il n'est pas dans le même état d'esprit que d'habitude. Normalement, c'est lui qui demande de la lenteur et de la douceur. Il raffole des caresses et des chastes baisers sur sa peau. Il aime se sentir choyé, désiré. C'est un peu notre manière de faire la différence entre cette année de mensonges et notre couple. On n'a pas vraiment changé le fond de nos rapports, mais plus la forme, la manière dont on s'y prend.

On fait toujours ça sur les meubles, dans chaque pièce de nos apparts, dans des positions parfois saugrenues et avec la participation de certains sex-toys. On reste nous, mais le nous en couple s'agrémente d'amour et de tendresse. Aujourd'hui, il n'y aura pas de levrette sur le canapé, il n'y aura pas de jouets, il n'y aura pas de brutalité. Parce que c'est comme ça, je l'ai décidé ainsi. Je veux sentir chacun de ses frémissements, voir son corps se crisper sous l'envie, entendre sa voix se perdre sous le plaisir. Il y aura juste nous.

Je me glisse à nouveau sur lui et viens cueillir ses lèvres chastement avant de parler.

« Sois patient. Si tu râles encore une fois, je reprends tout depuis le début.

- Si tu ne passes pas la troisième, c'est moi qui vais finir par te prendre.

- Ce que tu peux m'agacer par moment !

- Ouais, mais tu m'aimes, alors tu te tais et tu subis. »

Ah, ça pour l'aimer, je l'aime. Et ce depuis un bon bout de temps. Mais loin de moi l'idée de bâcler le travail, alors, même s'il m'assigne de prétendues menaces, je prends mon temps. Puis vu le contexte, il ne fera rien et attendra patiemment que j'arrive à la partie qu'il souhaite. Je lui décroche un sourire, capture à nouveau sa bouche puis pars m'occuper de son pénis. Ma main droite l'empoigne, démarrant de lents va-et-vient le long de sa verge. J'embrasse tendrement son aine, endroit supplémentaire dans la liste de ses zones sensibles, avant de partir bisouter sa cuisse. Chaque parcelle de son épiderme à droit à son lot d'affection, et au fond je sais qu'il aime ça. Alors, je ne m'en prive pas, et attise son désir au maximum.

Décidant de mettre fin aux tortures que je le lui fais subir depuis le début, je pars embrasser son gland sans arrêter mes gestes sur son membre. Après quelques baisers supplémentaires sur cette zone, c'est ma langue qui en recouvre l'étendue de ma salive puis mes lèvres qui l'encerclent. Je descends doucement, pas trop bas, effectuant une infime pression dessus. Une de ses mains m'agrippe les cheveux, principalement pour éviter que mes mèches ne me tombent devant les yeux, mais aussi pour essayer de gérer la cadence. Je me fais violence pour ne pas accélérer de suite, voulant garder cette tendresse que j'essaie d'instaurer depuis le départ. Mais même pour moi, cela est difficile, je commence à me sentir à l'étroit dans mon short. J'augmente donc la vitesse de mes mouvements, le prenant plus en bouche dans un rythme un peu plus effréné.

« Enfin... souffle-t-il de satisfaction. »

Je le sens bouger un peu, surement pour se surélever et pouvoir me voir. De mon côté, je ne lève pas le visage, car croiser son regard ne me ferais qu'arrêter la fellation sur le champ. Déjà que l'entendre gémir me fait tourner la tête, si en plus je me perds dans ses orbes sombres, voilées par l'envie, c'est la fin de la partie pour moi.

« Hmm... Hobi, plus vite... »

À sa demande je stoppe tout mouvement et me relève, sous son air mécontent.

« Où tu vas ?

- Chercher du lub' dans la salle de bain.

- Dépêche-toi ! me presse-t-il

- Impatient ! réponds-je en trottinant. »

J'ai beau le traiter d'impatient, je ne suis pas bien mieux. Je récupère à la va-vite le tube encore emballé, que j'ouvre en retournant de la chambre. Lui s'est réinstallé sur le lit, dans le bon sens, la tête sur les oreillers. Jetant le tube à ses côtés, je reprends place entre ses cuisses, lui volant un nouveau baiser au passage, alors qu'il m'observe me lubrifier les doigts en se tenant sur les coudes. Je pars ensuite humidifier son anus en effectuant de petits cercles autour de celui-ci avec mon majeur. Une de ses mains vient se maintenir sur ma nuque quand je pousse doucement mon doigt en lui. Cette fois-ci, je le regarde. À la fois pour admirer son visage, mais aussi pour m'assurer qu'il ne ressent aucune douleur. Ça serait la cerise sur le gâteau si je lui faisais mal.

Ses traits sont un peu tirés, mais rien de bien alarmant, alors je continue à le pénétrer en ajoutant mon index. Mes mouvements, lents et régulier, réussissent à lui soutirer de plus en plus de soupirs qui se veulent discrets, mais qui sont pourtant bien audibles dans la pièce. Je m'applique du mieux que je peux dans sa préparation, n'hésitant pas à écarter doucement mes doigts pour le détendre en profondeur. Lorsque je l'estime prêt, je me retire de lui et quitte le lit pour finir de me déshabiller.

Soulagé de ne plus être compressé dans mon boxer, je regrimpe sur le matelas et me place à nouveau entre ses jambes que j'écarte légèrement. De sa main droite, il récupère le tube de lubrifiant qui attendait sur les draps et vient me branler, une fois le liquide au creux de sa main. Je relâche d'un coup toute la pression que je me forçais d'oublier jusqu'à présent, m'accordant quelques secondes à ne penser qu'à moi.

« Bébé... souffle-t-il.

- Hum ?

- Maintenant. »

Sa main vient placer mon membre devant son entrée, et c'est avec un léger coup de bassin commun que je m'insère en lui, nos faibles gémissement sonnant en parfaite harmonie. En venant l'embrasser pour une énième fois, je le force à se rallonger et mes mains se positionnent de part et d'autre de sa tête tandis que je prends totale possession de son corps. Mes premiers coups de reins se font lents et tendres, aimants et amoureux. Ses doigts explorent mon torse, effleurent chaque contour de mes muscles, de mes tétons, puis parcourent mon dos pour finalement s'agripper à mes omoplates.

Je dévie ma bouche sur le côté, reprenant mon souffle pour mieux m'attaquer à son cou, déjà bien marqué quelques minutes plus tôt. La cadence s'accélère, et si Yoongi était encore un tantinet crispé durant les préliminaires, je sens son corps se détendre, jusqu'à s'abandonner totalement sous le mien.

Je ne m'arrête pas, ni dans le rythme maintenant soutenu de mes allers-retours en lui, ni dans mon intention de le couvrir d'amour. Sans relâche, mes lèvres jouent avec son épiderme en faisant bien attention de ne pas appuyer là où il est blessé et il se retrouve alors parsemé de doux baisers. Je me concentre sur les endroits où sa peau est intacte et douce, opaline à souhait, et surtout là où je le connais sensible.

« Chat... Tu veux changer ? lui murmuré-je.

- Mhh... Oui... Passe sur le dos. »

Je m'extirpe de lui et me positionne comme il me l'a demandé. Il ne perd pas de temps et vient m'enjamber en réinsérant mon pénis en lui tandis que ses mains prennent appuis sur ma poitrine. Il commence doucement à me chevaucher et je laisse gérer la cadence, appréciant simplement le moment. Mes mains prennent place sur ses hanches, l'accompagnant dans ses ondulations avant de le pousser à aller plus vite. Je rouvre les yeux, que j'ai fermé pour me concentrer sur les sensations que je ressentais, et tombe sur les siens encore clos. Je délaisse un côté de son bassin pour venir enserrer son pénis de mes doigts, et commence à le masturber pour décupler son orgasme, qui ne va pas tarder.

« Putain... »

L'entendre gémir ainsi m'encourage à le pousser dans ses derniers retranchements. Alors, diminuant progressivement les va-et-vient sur son membre jusqu'à les suspendre complètement, je laisse mon pouce caresser le bout de son gland, le titillant suffisamment pour le faire trembler de tout son corps. Sa bouche s'ouvre dans un silence, incapable de sortir le moindre sont. Ses balancements se font plus fébriles, ses mouvements plus désordonnés, il peine à garder son rythme et sa concentration. En prenant appuis sur mes talons, je reprends la main et recommence à bouger en lui tout en repartant cajoler son sexe.

Ses plaintes se font de plus en plus fortes et rapprochées, m'intimant de continuer sur ce chemin sans ménagement. Je perds aussi doucement le contrôle, sentant mon corps se réchauffer à l'approche de la jouissance.

« Ho- Hobi... Je- j'vais pas tarder...

- Moi non plus... »

Je l'encercle au niveau des hanches et nous fais basculer sur le côté pour revenir en missionnaire. Ses mains s'accrochent désespérément à mes épaules, me griffant par endroits de ses ongles de guitariste, tandis que ses jambes se nouent dans le bas de mon dos. Je continue, plus vite, plus fort, plus profondément, ne souhaitant maintenant plus que l'amener à son apogée. Mes coups se font plus précis, toujours plus insistants, et c'est suite à un, bien plus violent que les autres, que son corps se tend avant d'être secoué par des spasmes.

Il se déverse sur son torse tandis que je poursuis mes mouvements afin de prolonger son orgasme et atteindre le mien. Alors que ses tremblements ne se calment toujours pas, à cause de cette surstimulation que je lui impose, c'est à mon tour jouir, quelques minutes plus tard. J'éjacule en lui en une dernière série de coups de bassin, les bras tendus et la tête baissée. À bout de force, transpirant et fatigué, je me dépose sur son corps après m'être délicatement retiré. On reprend calmement notre respiration, dans le silence absolu qui nous fait du bien à tous les deux. Ses mains n'ont pas quitté mon dos, les miennes caressent ses cheveux humides de sueur.

Ce n'est qu'au bout d'un petit moment, après avoir refait le plein de douceur, que je relève la tête pour l'observer et déposer un dernier bisou au coin de sa bouche. Les yeux grands ouverts, il semble admirer le plafond, fixant un point bien précis que je ne m'amuserai pas à trouver. En cet instant, il y a quelque chose de beaucoup plus important, des mots que j'aimerais lui faire parvenir pour le rassurer une dernière fois.

« Je t'aime, chaton. Je ne te quitterai pas, sois-en sûr. »

Quelques secondes défilent et ses pupilles n'ont pas dévié de ce point invisible qu'il s'obstine à fixer. Cependant, sa bouche s'est ouverte et au lieu de me répondre, ses lèvres se mettent à trembler légèrement. Je n'ai pas le temps d'amorcer le moindre mouvement, ou de prononcer ne serait-ce qu'un mot, qu'il refond en larmes entre mes bras. 


╰▸ ᴰᵃʳᵏˢᵗᵉˡʸᵃ ⁱˢ ᵗʸᵖⁱⁿᵍ... ⌨


Bonchour à touch, comment allez-fous ? Moi cha fa un peu mieux, che fous afoue que ch'était pas la choie pendant le chapitre d'afant... Mon paufre Yoongi d'amour... Mais auchourd'hui, tout fa bien ! Grâche à Hocheok. Heureuchement qu'il est là pour chon chéri... Ah le Chope...

Che chapitre était chi doux... Ch'aimerais bien qu'on félichite Lady Darkchlyt pour chon tout premier lemon ! Elle ch'est franchement pas mal débrouillée, perchonnellement, che me chuis chentis auchi chaud qu'un petit feu brûlant 😊

Bref, che fous fait pleins de bichous et fous dit à bientôt les amis ! Prenez soin de fous !

Gueuh 🤓

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