Chapitre 90


- TU REPRENDRAIS BIEN UN PEU D'HÉMOGLOBINE AVEC TES ORMEAUX ? -



— ᴋᴏʀᴇᴀ - ʙᴜsᴀɴ : ᴅᴀʏ 20

🌙 04:11 ɢᴍᴛ
☀️ 12:11 ᴋsᴛ


[🐱]


J'ai pas envie.

J'avais déjà pas envie ce matin en me levant, ni même après avoir pris ma douche, ni même après m'être habillé, ni même après mon troisième café, et j'ai toujours pas envie.

J'ai longuement réfléchi à une issue de secours, une excuse, un mensonge pour ne pas avoir à aller déjeuner chez mes parents ce midi, mais il y a toujours cette voix qui me répète : " arrête d'être lâche, Yoongi."

Ma fierté revendique mes droits, ceux d'être heureux, ceux d'aimer et d'être aimé, peu importe la personne, tandis que ma peur tente de l'en dissuader, me pousse à faire demi-tour, planter ma bagnole au beau milieu d'une rue et m'enfuir à toute jambes.

Par chance, j'ai toujours été quelqu'un de plus orgueilleux que trouillard, voilà pourquoi je suis toujours là, au volant de ma voiture, en direction de chez mes vieux et avec l'ultime conviction que cette fois-ci, je serais capable de leur faire voir la vérité en face.

Ce n'est qu'une trentaine de minutes plus tard que je me retrouve devant la porte de l'appartement, avec une boule au ventre et le désir d'en finir au plus vite. Mon poing se lève doucement, je toque trois fois, précisément.

Je n'ai que le temps d'inspirer un bon coup avant que la poignée ne s'abaisse et que ma génitrice se donne la peine de m'ouvrir. Elle m'accueille avec un sourire surfait, la bouche peinte d'une couleur aussi sobre que voyante.

« Yoongi, entre ! Nous t'attendions, le repas est prêt.

- Il est en retard, j'entends mon père au loin. »

Super, ça commence bien.

Toujours sur le pallier, mon regard croise celui de ma mère qui me toise d'un air gêné. Elle finit par s'écarter pour me laisser passer, me murmurant une nouvelle fois d'entrer.

Je ne me fais pas prier. Plus vite entré, plus vite sorti. Je me déchausse à la va-vite et me sépare de ma veste sur le porte-manteau avant de partir en direction de la salle-à-manger, là où la table est déjà dressée et mon père déjà installé.

« Bonjour, papa.

- Bonjour, Yoongi. Nous avions dit midi et demi, me réprimande-t-il.

- Il y a eu de la circulation, je ne contrôle pas le trafic. »

Il ne répond rien, m'invite simplement à m'assoir pendant que ma mère se charge de ramener les plats préparés. Je marque un temps d'hésitation, pensant en premier lieu à lui donner un coup de main, mais le regard sévère de mon concepteur m'en décourage aussitôt et je prend donc place en face de lui. Comme d'habitude, c'est maman qui fout tout et le vieux qui n'en branle pas une. Qu'est-ce que je hais cette mentalité moyenâgeuse et patriarcale. C'est pas parce que t'es père de famille et militaire que tu vaux mieux que ta femme et que ça te dispense d'aider à la maison.

« Je t'ai fais ton plat préféré, du porridge aux ormeaux, annonce fièrement la marâtre en déposant la marmite sur un le dessous de plat central.

- Ah... »

Le regard posé sur les coquillages, j'avale ma salive difficilement.

Ouais, c'était mon préféré... quand j'avais six ans. Aujourd'hui, je déteste ça, et ce n'est pas faute de le lui avoir répété cent fois. Je digère mal tout ce qui est crustacé et mollusques, elle devrait pourtant le savoir. Soupirant discrètement, je décide de ne rien montrer. Elle a l'air contente d'avoir fait ça pour moi, je ne vais pas me montrer négatif alors qu'elle a fait l'effort de cuisiner.

« C'est gentil, merci. »

Elle me sourit du coin des lèvres et s'assoit enfin avec nous. Après nous être tous servis, on commence à manger dans un silence peu agréable. Cela ne m'aide pas trop à me concentrer sur autre chose que le goût iodé des ormeaux. Si je ne vomis pas d'ici la fin du repas, ce sera un exploit. Déjà que j'avais de base l'estomac tout retourné...

« Alors Yoongi, que racontes-tu de beau ? interroge ma mère.

- Pas grand chose. J'attend la reprise de la fac.

- Tu vois Namjoon, un petit peu ?

- Souvent, même. Il a eu un petit coup au moral récemment alors j'essaye d'être là.

- Oh, c'est bien, c'est bien, commente-t-elle doucement. C'est un gentil garçon. »

Je ne peux qu'être d'accord. Quand je pense qu'il est même en train de m'attendre dans le quartier à l'heure qu'il est...

« Et sinon...Tu vois d'autres personnes en ce moment ? »

À cette question, j'abandonne ma cuillère sur la nappe et lève les yeux vers elle. Son regard est plein d'appréhension et je vois bien celui inquisiteur de mon père. Pas besoin d'avoir fait un master en communication pour réussir à mettre des sous-titres à cette demande.

Le maître de maison attend patiemment ma réponse. Le silence qui vient de se créer est tout sauf bienfaiteur et je sens tout à coup un poids immense peser sur mes épaules.

Finalement, je n'aurais pas eu à attendre longtemps pour en venir au principal sujet.

« Oui, je vois quelqu'un. »

J'opte pour l'honnêteté. Après tout, c'est bien pour ça que je suis venu. Mon choix concernant la tournure de ma phrase n'a rien d'anodin. De quoi leur annoncer la couleur sans passer par quatre chemin.

Je vois le visage surpris de ma mère, je peux lire sur ses traits un certain espoir, alors que sur ceux de mon père je n'y vois que méfiance.

« Une jolie jeune fille ? hasarde-t-elle innocemment. »

Mes boyaux se tordent violemment et je n'ai soudain plus du tout envie de discuter avec eux. Non, je ne sors pas avec une jolie jeune fille et j'aurais aimé que le problème ne vienne que du fait que son physique ne soit pas spécialement harmonieux. Mais le soucis n'était pas visuel. Ou du moins, il ne concernait pas un simple critère de beauté. Le soucis était que la personne avec qui j'étais n'avait pas une paire de sein mais une paire de couilles. Et je savais déjà comment mes parents allaient accueillir l'information.

« Ce n'est pas une fille, lâché-je de but en blanc. »

Les couverts de mon père frappent soudainement la table et je le vois inspirer fortement, comme pour garder son calme.

« Qu'est-ce que c'est que ces conneries ?

- Je suis en couple avec un mec. »

Son regard se fait aussi noir que du charbon et il se lève brusquement, faisant racler sa chaise sur le sol, pendant que ma mère se pince les lèvres sans rien dire.

« Je te demande pardon ? aboie-t-il.

- Je sors avec Hoseok, complété-je, sans me laisser démonter.

- Cette tarlouze qui fait de la danse ?! »

Abasourdi, je le dévisage, la bouche ouverte, l'écho de ses paroles résonnant vicieusement dans mes oreilles jusqu'à ce que je ne réalise pleinement ses mots et agisse au quart de tour.

« Qu'est-ce que t'as dit ? »

À mon tour je me lève et lui fais face, la colère commençant doucement à bouillir dans mes veines.

« Répète ce que tu as dit ?

- Il est hors de question que tu sortes avec ça, m'ignore-t-il royalement. Je ne t'ai pas élevé comme ça ! Je te l'ai déjà dit, Min Yoongi, ça, c'est pas être un homme.

- Ah ouais ? C'est quoi dans ce cas "un homme" ? haussé-je le ton. Un pauvre con qui néglige sa femme et son gosse, qui n'a que son taf en tête et qui a des idées terriblement arrêtées ?

- Un homme qui se respecte travaille pour pouvoir nourrir sa famille, se fait une place digne de ce nom dans la société et se présente au bras d'une femme qui pourra assurer sa descendance. Un homme ne se prend pas de bite dans le cul !

- Nan mais j'hallucine. T'es vraiment une pauvre merde, craché-je.

- Et toi tu n'es qu'un déchet qui s'envoit en l'air avec un pédé. Tu es une honte ! »

Un rire nerveux m'échappe, et sans réfléchir je me lance sur lui avec la ferme intention de lui foutre une droite. Le coup par tout seul, et dans un claquement sec qui résonne dans la pièce, ma main s'écrase sur sa joue. Sa tête dévie légèrement sur le côté et son corps titube un peu sous le choc. Je distingue du coin de l'œil ma mère se lever et porter à sa bouche ses mains sous le coup de la surprise.

Même moi je n'en reviens pas. Mon père, lui, reprend vite ses esprits. Et sans que je ne puisse l'anticiper, il me rend mon geste bien plus violement. Putain de militaire.

« Tu oses me frapper ?! Sale petit con ! hurle-t-il. »

Ma main frotte désespérément ma joue, qui suite au coup me fait énormément mal. Mais je n'en ai strictement rien à foutre. Il m'a bafoué et insulté durant de longues années, s'opposant clairement à mon orientation. Je peux l'encaisser, sans problème, mais qu'il s'en prenne à Hoseok, ça je n'accepte pas.

« Tu oses traiter mon mec de pédé, alors ouais ! réponds-je sur le même ton. »

Sans demander mon reste, je retourne le confronter et le pousse sans ménagement. Avec la chance qu'il a, cet enfoiré arrive à se retenir à la table. Ma mère est dans tous ces états mais comme d'habitude, elle ne dit rien, ne fait rien. Elle s'est reculée jusque dans l'entrée de la cuisine, pour être sûre que sa personne soit à l'abris. Elle a toujours privilégié sa sécurité à la mienne.

Je lui envoie un regard noir, rempli d'amertume. Elle peut toujours se réfugier sous des excuses comme quoi ce n'est jamais elle qui lève le ton ou la main, mais en même temps, elle n'a jamais rien fait pour l'en empêcher. Mon attention est soudainement détournée vers mon géniteur, qui après avoir accusé le coup, se redresse.

« Je vois que tu n'as toujours pas retenu la leçon. J'espère que cette fois-ci tu comprendras, me menace-t-il. »

Il est à nouveau face à moi, et je sais qu'il a la ferme intention de mettre ses menaces à exécution. Ce serait mentir que de dire que je n'ai pas peur, mais il est hors de question que je ne me défile.

Sous les cris effrayés de la maîtresse des lieux, qui nous prouve qu'elle est encore présente et qu'elle assiste à la scène, j'y retourne et lui envoie cette fois-ci mon poing au visage. Il arrive à esquiver le choc, ou du moins à dévier mon point d'arrivée. Mes phalanges s'écrasent sur son oreille au lieu de sa tempe et sa main vient tenir fermement mon poignet.

Pas de chance pour moi, je me prends le sien en plein dans la machoire.

Je vacille en arrière, sonné par la force qu'il contient malgré son âge. Je porte instantanément ma main à mon visage, à la recherche de sang, mais je n'ai pas le temps de vérifier la présence ou non de liquide rougeâtre. Sa silhouette s'élance de nouveau vers moi et pour sauver ma peau, je me mets à courir autour de la table.

« Je n'ai pas le temps pour des gamineries, Yoongi. Je vais te remettre les idées en place et on en restera là, me dit-il de l'autre côté du meuble.

- Parce que tu crois que me frapper va changer quelque chose ? J'aime les mecs, tu auras beau me battre cent fois, je ne serais jamais attiré pas les femmes ! »

À mes mots, son visage se crispe, son regard devient sombre.

« Tu ne peux pas être mon fils !

- Tu n'imagines pas à quel point je rêverais de ne pas l'être, réponds-je du tac-au-tac. »

Ni une ni deux, je le vois reprendre sa course pour m'en coller une autre. Je m'arme avec la première chose qui me passe sous la main et lui envoie à la figure.

« Mon repas... s'exprime ma mère, choquée, alors que son mari se retrouve avec l'intégralité de la marmite de porridge aux ormeaux sur ses vêtements. »

C'est à cet instant que je me rends compte de mon comportement, et du peu de reconnaissance que j'ai envers le plat qu'elle s'est donnée du mal à réaliser. Mon père a profité de ce moment d'égarement pour venir m'attraper par le col de ma chemise et me plaquer au mur du fond.

Je me retrouve sans appuis pour me défendre, et ses mains viennent me serrer au niveau du cou. J'essaie de lui faire lâcher prise avec un coup de pied, mais sans succès. Mon coeur frappe contre les parois de ma cage thoracique, mes tympans se mettent à siffler et ma respiration devient chaotique. Je sens ma tête me tourner, j'ai tout à coup peur d'y passer. Désespérément, je le supplie du regard, incapable de prononcer un mot. Mais le sien est lugubre, presque hanté. J'ai réellement l'impression qu'il veut en finir.

« Arrête ! Tu vas le tuer ! entends-je ma mère hurler depuis la cuisine. »

Soudainement, je sens sa poigne s'alléger. Ses mains s'éloignent et je tombe au sol, haletant et toussant à m'en brûler les poumons. Mon arcade me lance, je peux sentir un liquide chaud couler le long de ma joue. Mais également, mon nez et ma lèvre me font maintenant souffrir. Je peux aisément sentir un goût âcre et ferreux se déposer sur ma langue. Ça me colle la nausée et je ne peux m'empêcher de cracher l'excédent de sang présent dans ma bouche.

Mes oreilles bourdonnent, ma vue est légèrement brouillée, je n'entends plus vraiment ce qu'il se passe et discerne à peine la silhouette de mon père disparaître dans le salon. Ce n'est qu'à cet instant que ma mère se décide à venir me voir, se précipitant vers moi.

«Yoongi... Pourquoi as-tu fait ça ? demande-t-elle. »

Cela sonne autant comme un reproche qu'une préoccupation. Il n'y a pas de doute possible, pour elle, peu importe que je sois celui qui ait le plus morflé, je suis l'unique fautif.

Cette observation me serre le coeur et je crois bien que c'est encore plus douloureux que la rouste que je viens de me prendre. Mon bras la repousse violemment et je me lève sans demander mon reste, ignorant sa question qui me débecte au plus haut point.

J'aurais aimé qu'elle me défende. Qu'elle me défende vraiment, et pas uniquement aux moments où je risque de me faire tuer. Parce que oui, peut-être que s'il m'a lâché c'est parce qu'elle s'est vite fait interposée, mais c'est tout de même dingue qu'il faille en arriver là pour qu'elle se décide à agir. Je suis même prêt à parier que pas une fois, elle ne le sermonnera pour ce qu'il m'a fait, lorsque que je serais parti. C'est toujours la même chose de toute manière. Mon père est le roi de la famille, personne ne doit s'opposer à lui. Personne ne peut être défendu devant lui.

Poussant une plainte douloureuse, je me dirige vers l'entrée et attrape ma veste à la volée. Je n'ai aucun intérêt à rester, j'ai juste envie de déguerpir.

« Mais Yoongi, où vas-tu ? s'affole ma génitrice, sur mes pas.

- Loin d'ici.

- Mais tu saignes ! Laisse-moi au moins te soigner. »

Mes pieds s'arrêtent, tandis que ma main s'immobilise sur la poignée de la porte. Mes lèvres fendillées s'étirent dans un sourire amer, et c'est sans me retourner que je lui assène :

« T'occupes pas de moi. Fais comme tu as toujours fait, va prendre soin de ton cher mari. »

J'ouvre la porte et la laisse claquer derrière moi. Au pas de course, je dévale les escaliers, pressé de m'échapper au plus vite de cet endroit infernal. Mes côtes me font mal, ma gorge est en feu. Mais je m'en balance complètement. Plus la distance entre mes parents et moi se creuse, plus la rage se réempare de moi. Les paroles de mon père tournent en boucle dans mon crâne sans que je ne puisse rien y faire. J'ai envie de hurler, de frapper dans un mur, d'envoyer valser tout ce qui se trouve sur mon passage.

Je le hais.

Au pied de l'immeuble, je suis à peine surpris d'y croiser Nam. Celui-ci pousse un cri en voyant mon état, mais je trace ma route sans m'en soucier.

« Yoon, putain, mais qu'est-ce que... »

Il me suit, tente de me rattraper tandis que je continue d'avancer d'un pas franc et déterminé.

« Attend mais où tu vas ?

- À ma bagnole. J'me casse.

- Non mais tu vas pas conduire dans cet état !

- Parce que tu vas l'faire à ma place toi, peut-être ? craché-je. »

Sa main attrape soudainement mon poignet et me force à m'arrêter. Mes yeux tombent sur son visage mort d'inquiétude et je sens comme une pointe de culpabilité à cause de la façon dont je lui ai parlé.

« Je vais nous appeler un taxi, annonce-t-il. Je t'emmène chez Hobi. "

Chez Hobi... Non !

« Certainement pas !

- T'as pas le choix. »

Hors de question. Je peux pas, je veux pas. Je veux pas me présenter à lui comme ça. Pour lui dire quoi ? Pour faire quoi ? Ça ne servirait à rien ! Ça va juste empirer les choses.

Tout à coup, je sens la panique grimper en moi. Mon coeur s'emballe et ma respiration s'accélère. Je ne veux pas !

« Je veux pas le voir, Namjoon ! Me force pas à aller chez lui, le supplie-je. Je veux pas le voir ! Pas comme ça, pas dans-

- Yoonie, calme-toi. Je donnerai ton adresse, ok ? »

Il attrape doucement mes épaules et me dit ça droit dans les yeux. Pour le coup, je n'essaie même pas de savoir s'il me ment où non, je me raccroche naïvement à ses mots pour me rassurer. Mon rythme cardiaque se régule doucement, je hoche la tête et cède. Il ne perd pas de temps à sortir son téléphone pour nous commander un taxi, prévu dans les dix prochaines minutes.

Le temps d'attente passe incroyablement lentement. Je ne tiens pas en place, piétine le sol sans relâche, comme un lion en cage. Nerveusement, je me bouffe les ongles jusqu'à m'en abîmer le bout des doigts, sous le regard attentif de mon meilleur ami. Je sais qu'il aimerait faire quelque chose pour moi. Je sais aussi qu'il me connaît suffisamment pour respecter mon espace vital et mon besoin de solitude. Alors il garde une certaine distance et s'empêche de me toucher ou de m'adresser la parole. La seule chose qu'il se permet de faire est de me tendre un mouchoir, que je garde au creux de ma paume sans même l'utiliser.

Je dois certainement faire peur, avec ma gueule tout droit sortie d'un film d'horreur, mais rien à foutre, c'est bien le cadet de mes soucis.

Notre voiture finit par arriver et je monte à l'arrière sans prêter attention à Nam qui se penche vers la vitre ouverte pour indiquer mon adresse au conducteur, avant de me rejoindre à l'intérieur.

L'ambiance est extrêmement tendue dans le véhicule. Personne ne parle et moi, je m'en contente parfaitement, observant distraitement le paysage qui défile devant nous. J'ai l'impression d'avoir le cerveau en bouillie. J'arrive pas à réaliser ce qui vient de se passer. Mais plus les souvenirs récents me reviennent et plus je me sens vriller. Je recommence à broyer du noir. Mon poing se serre sur ma jambe. Je me retiens de l'envoyer dans le siège d'en face.

« Eh voilà, messieurs. »

La voix du chauffeur me tire de mes pensées nébuleuses et je m'extirpe de l'auto sans dire au revoir. Et c'est là que je me rend compte que nous ne sommes pas du tout en bas de chez moi.

« Tu te fous de ma gueule, Nam ?!

- Tu dois parler à Hoseok. Je peux pas te laisser comme ça, Yoonie. Alors fais-moi plaisir et va le voir. Crois-moi, ça te fera plus de bien que de te retrouver tout seul dans ton appart. »

Il me tire à nouveau par le bras pour me traîner jusqu'à la porte de l'immeuble de mon mec et tape le code avant de me pousser dans le hall. Je n'ai même plus la force de me débattre ou de râler, alors je me laisser faire comme une poupée désarticulée.

« Je vais pas te prendre la tête avec ça maintenant, je ne vais pas te demander ce qu'il s'est passé. Mais quand tu le sentiras, tu sais que je serais là. »

Les lèvres pincées, je le regarde et acquiesce en silence. Je me sens tellement déconnecté. Sa main se repose brièvement sur mon épaule pour la serrer amicalement, comme s'il voulait me transmettre un peu de force à travers ce geste, puis il quitte la résidence et je reste là, comme un con, à ne pas savoir quoi faire de moi.

Comme un robot, je m'avance vers l'ascenseur et appuie sur le bouton du cinquième étage. Les portes mécaniques se referment, je lève la tête vers le miroir et manque de m'effondrer en voyant les dégats sur mon visage. Quelle horreur... Il m'a vraiment défiguré. Pourquoi être allé aussi loin ? Jusqu'où encore aurait-il été s'il n'avait pas été interrompu ? À quel point est-il dégoûté par ma personne pour me foutre dans un état aussi minable ? À quel point suis-je réellement minable...?

Je n'aurais jamais dû leur dire. Je le savais que ce serait une belle connerie. Je savais qu'ils ne m'accepteraient pas. Si j'avais continué à fermer ma gueule, alors peut-être que j'aurais encore des parents. Peut-être que j'aurais encore un père, aussi tyrannique qu'il soit, et une mère, aussi lâche et inutile qu'elle puisse être.

" Tu ne peux pas être mon fils."

" Je ne t'ai pas élevé comme ça ! "

Si je n'avais rien dit, peut-être que je ne me sentirais pas comme un vieil animal abandonné.

" Un homme ne se prend pas de bite dans le cul ! "

" Tu n'es qu'un déchet qui s'envoit en l'air avec un pédé."

Si je me l'étais bouclé comme je l'avais toujours fait, peut-être que je ne me sentirais pas comme un moins que rien.

Comme un poids aux yeux de ma mère.

" Tu es une honte."

Comme une abomination aux yeux de mon père.



╰▸ ᴰᵃʳᵏˢᵗᵉˡʸᵃ ⁱˢ ᵗʸᵖⁱⁿᵍ... ⌨


Holà les morpions ! J'ai un message pour vous de la part de Beauniface, il est arrivé ce matin par harpie voyageuse.

" Bonjour bandes de clowns ahaHaahaHAHahaHa. Alors, vous avez aimé ma blague ? Décidemment, y'en aura toujours pour se faire avoir à chaque fois. Alala qu'est-ce que je m'aime. Bon sinon ici sur Terre, tout se passe bien. Je me refais un petit stock de farces juste pour vous. J'suis mignon, nan ? Allez, à bientôt les nez rouges ! "

Ahaha... Nan mais lui alors... J'arrive toujours pas à savoir s'il me fait rire ou me désespère. Bon j'avoue que pour le coup, sa blague était machiavélique à souhait. Je ne peux qu'applaudir.

Bref, ça va vous sinon ? Le chap vous à pas trop rendu nerveux ? Vous inquiétez pas t'façon, le père de Yoongi se retrouvera dans l'une des cellules se trouvant sous ma juridiction. J'vais bien le fumer ce p'tit b&#"(*§d !

Darkstëlya

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