Repas de famille.
Ah ! Les grands repas de famille ! Que de souvenirs, que d'émotions ! C'est un mélange de bonne humeur, de discussions qui se croisent, se rencontrent, d'opinions, d'histoires plus ou moins drôles, de rire, d'engueulades, de larmes parfois, de plats et de couverts qui s'entassent sur la table, de la chaleur du poêle mêlé à la fraîcheur de la fenêtre laissée ouverte pour les fumeurs... C'est, quand la table est malheureusement trop étroite pour accueillir les tantes, oncles, grands-parents, parents, enfants, allant du cousin le plus éloigné à sa propre sœur... A ce moment-là, on fait alors deux services : les enfants en premier, puis les adultes pourront manger.
Quand on est l'un des enfants, ce n'est que rire et plaisanteries autour de la table. On raconte des petites anecdotes de la journée, et c'est à celui qui a la plus drôle à dire. On s'occupe des plus petits pour certains, et écoute les plus vieux pour les autres. On mange relativement vite pour laisser la place aux adultes, et pour aller regarder un film aussi. C'est royal d'être un enfant : on se fait servir, tout en discutant avec les autres.
Arrivé à un certain âge, on rejoint la table des adultes... Ici, on est plus nombreux, plus serré autour de la longue table. Se rencontrent discussions politiques, philosophiques, sans oublier l'économie, les nouvelles du bureau, les dernières bêtises des enfants, les débats littéraires ou musicaux, les vérités qui font mal, celles qui plaisent à en faire pleurer, les compliments sur le dessert. On trinque plusieurs fois pendant le repas en l'honneur de tout ce qui peut réchauffer le cœur : les vacances, un anniversaire, une promotion, ou plus simplement la famille qui a été si difficile à réunir complètement... On mange plus lentement chez les adultes aussi : verrines en entrée, suivies par un plat souvent gigantesque qu'on s'efforce avec plaisir à finir, la salade pour "digérer", l'énorme plateau de fromages, et puis n'oublions pas les trois dessert chacun préparés avec amour par respectivement la grand-mère, la tante et puis la boulangerie du coin !
Comme c'est agréable les repas de famille... On a, l'espace d'une soirée l'impression de ne vivre que dans le bonheur. Que, quoi qu'il arrive, rien ne pourra plus nous atteindre, qu'il n'y a qu'amour et rire autour de nous. Le repas de famille parfait, c'est celui qui passe trop vite, celui où on ne reste pas à l'écart des conversations, celui qui n'est pas étouffant, celui où les plats sont aromatisés à la joie, parfumés de rire, et ayant le goût de l'immortalité.
Il y a toujours cet oncle qui branchera son téléphone portable à l'enceinte pour "mettre un peu d'ambiance quand même, on ne va pas manger sans musique" ! Et puis, dans la soirée, il y aura cette chanson que toute la famille connaît qui passera. Alors, l'une se mettra à chanter timidement, presque en murmurant. Elle sera rejointe pas la personne assise à sa droite, et puis par celle à sa gauche. L'un ira chercher un bel appareil photo pour ne jamais oublier ce combo de sourires, pendant qu'un autre filmera la scène, en chantant par dessus la caméra. Finalement, tout le monde hurlera le refrain, s'imaginant être sur scène, riant de cette tablée aux voix monstrueusement fausses. L'une se lèvera peut-être pour imiter une rock star devant une foule de fans. Les malheureux qui ne se souviendront pas des paroles se mettront alors à rire, se rendant compte à quel point la bêtise peut rendre heureux.
A la fin de la chanson, chacun parlera de sa jeunesse, de ses idoles durant l'adolescence, faisant ricaner ceux qui n'en sont pas encore tout à fait sortis. Le doyen de la table se lèvera sûrement pour chanter d'une voix cassée Edith Piaf, ou même Claude François. On sourira béatement, souhaitant qu'il n'y ait que des repas de ce genre pour l'éternité.
Sentant le dessert approcher, on échangera des dates disponibles pour tous se retrouver le plus vite possible. Aucune ne conviendra à tout le monde, mais chacun y croira.
Les femmes se lèveront pour discuter entre elles dans un coin de la pièce, et les hommes profiteront d'être enfin tranquilles pour parler sport. Les enfant arriveront à ce moment-là : l'un se sera battu avec son cousin, un autre sera fatigué et voudra aller se coucher, l'un aura simplement senti le dessert et espérera pouvoir manger une nouvelle part de tarte, et les autres seront toujours aussi excités à cause de l'ambiance régnant.
On ira coucher les plus jeune et faire promettre aux autres de ne pas faire trop de bruit. Bien sûr, avant cela, il faudra négocier pendant de longues minutes...
Après le dessert, on comptera le nombre de tasses à café qu'il faudra préparer, et on sortira des tisanes pour ceux qui "ne fermeront pas l'œil de la nuit" s'ils prennent trop de caféine.
On discutera encore un petit temps, tout en débarrassant la table, puis chacun ira se coucher. Et là, peloté sous sa couette, tout le monde sourira en pensant à ce repas, tout en se demandant si c'est bien réel, si tout le monde est heureux de se voir.
Et une ou deux personnes de cette famille s'endormiront la tête pleine de doutes et de questions, voulant savoir s'ils font vraiment partie de la famille, s'ils sont vraiment considérés comme des membres à part entière, et si ces réunions familiales, sources d'un immense bonheur, pourront continuer jusqu'à la fin de leur vie au moins...
Puis, quelques semaines plus tard, on regardera les photos du repas, et on se souviendra des rires et de la chaleur avant tout le reste.
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