Marion
J'aimerai commencer mon histoire avec une sombre nuit d'hiver, mais nous sommes en début d'été et il est à peine dix-huit heures.
Marion, sort de la gare et s'engage sur l'avenue. Ses cheveux, bruns à rendre jaloux un corbeau, s'échappent de son chignon, pourtant si parfait le matin-même.
J'aimerai vous dire que l'on entend les claquements de ses talons sur le bitume, mais les chaussures de Marion sont silencieuses.
Elle longe une série de pavillons dans lesquels elle ne pourra jamais habiter. Elle habite bien une maison, mais plus petite, moins jolie.
J'aimerai vous dire qu'elle est seule, qu'elle a peur, qu'elle marche le plus vite possible, mais Marion prend son temps, elle sait qu'elle ne craint rien, il y a beaucoup de passage ici.
Elle arrive enfin devant chez elle.
J'aimerai vous dire qu'un homme effrayant sort de l'ombre pour commettre quelques malheurs, mais Marion peut traverser son petit jardin sans inquiétude, seul le chien d'à côté est là pour l'observer.
Ce n'est pas une histoire d'horreur.
Une fois à l'intérieur, elle hurle à travers la maison qu'elle est enfin rentrée.
J'aimerai vous dire qu'une colonie d'enfants accompagnée d'un mari prévenant viennent l'accueillir, mais vous l'aurez compris, rien de tout cela n'arrive. Le mari de Marion est en déplacement, et son fils est sûrement enfermé dans sa chambre, en train d'écouter de la musique.
Elle se dirige vers la cuisine.
Je ne vais pas vous dire qu'elle se met à préparer un bon petit plat. Vous vous doutez que, fatiguée, Marion préfère se contenter des restes qui trainent dans son frigo.
Elle appelle son fils. Pas de réponse. Elle n'est pas d'humeur à patienter sagement que le garnement décide de lui répondre. Elle monte les escalier, pestant contre son travail, contre l'absence de son mari, contre son fils, contre son propre laxisme, contre les travaux à faire dans cette maison, contre le chien des voisins, contre la vie qu'elle mène et qui ne lui plait pas.
Marion ouvre la porte de la chambre. Personne. Et pourtant la musique hurle dans la pièce.
Elle voit de la lumière provenant de la salle de bain. Marion lève les yeux au ciel : son fils passe son temps à fixer son reflet, cherchant pourquoi il n'attire pas les filles, enfin, une fille en particulier.
Je ne vais pas vous dire qu'elle toque, ne voulant pas blesser la pudeur de son fils. Non, elle n'a pas que ça à faire et elle ouvre la porte en grand.
Ce que Marion découvre est, cette fois, digne d'un film d'horreur. Elle étouffe un cri, éclate en sanglot. Plantée là, elle ne fait pas un geste. Elle reste figée.
Sur le sol de la salle de bain, la lettre d'adieu est rendue illisible par les tâches de sang.
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