Léonie et Fred.

Léonie attend son copain. Comme d'habitude, il a du retard. Elle souffle. Mais qu'il fait froid ! Un demi-heure de retard au mois de janvier ! C'est vraiment agaçant !

Il se met à neiger. Léonie a promis de ne pas partir, mais là, c'est trop. Elle rentre chez.

Demain, elle lui dira qu'elle veut rompre.

Est-elle amoureuse ? Oh, oui ! Mais il se fiche d'elle, ça se voit. Elle préfère souffrir d'un seul coup, au lieu d'agoniser lentement.

La jeune fille s'éloigne du banc où elle était assise. Une mèche rousse s'échappe de son bonnet et ses yeux marrons brillent de colère et de peine.

Elle est frustrée.

Et surtout vexée.

"Il m'avait dit qu'il serait à l'heure ! Il a juré de ne pas me faire attendre ! Pourquoi est-il en retard alors que c'est lui qui m'a demandé de venir ?"

Tout se remue, se croise, se balance, se bascule, se brûle dans son esprit. Tout n'est que conflit, tout n'est que débat.

"Il me trompe. J'en suis sûre."

Mais pourquoi rester avec elle, s'il ne l'aime pas ?

"Pourquoi moi ? Pourquoi est-il sorti avec moi si je ne l'intéresse pas plus que ça ?"

Elle le hait.

Enfin, non. Elle l'aime.

Mais c'est à son ego qu'il s'en est pris.

Léonie sourit. Elle veut sa vengeance.

Et Léonie sait très bien comment s'y prendre.

♦♦♦

Fred se lève et regarde l'heure. Il est déjà en retard.

"Merde ! Elle va me tuer !"

Il se jette sur ses chaussures et les enfile en quelques secondes. Il ne prend même pas la peine de mettre son manteau.

L'air lui brûle les lèvres, lui caresse la nuque, lui pique les joues, emprisonne ses pauvres doigts. Fred frissonne.

"Brrr... Mais qu'il fait froid ! La pauvre, je m'en veux de l'avoir fait attendre !"

Il faut le comprendre. Ça fait deux semaine qu'il se démène jours et nuits pour organiser l'anniversaire idéal de sa petite amie. Résultat, il est crevé et stressé : tout doit être parfait !

Mais bon, dans tout ça, il faut bien qu'il se repose.

Il fonce comme si sa vie en dépendait. Mais le banc a déjà été abandonné par Léonie.

Fred se passe une main sur le visage.

Ce rendez-vous devait être réussi, et il a tout gâché. Il faut qu'il la rattrape avant qu'elle n'arrive chez elle.

"Mais pourquoi ça m'arrive à moi ? Pourquoi ai-je été désigné pour tout préparer seul ? Pourquoi est-elle partie ? Je devais faire diversion pendant que les autres s'occupaient des derniers détails. Et je voulais en profiter pour lui dire combien elle est belle. Mais elle doit être fâchée. Elle ne veux sans doute plus me parler. Mais pourquoi moi ?"

Il faut qu'il la rattrape, il le faut. Fred se faufile entre les passants à toute allure, manquant plusieurs fois de renverser quelqu'un, et même de glisser.

Soudain il l'aperçoit. A quelques mètres de chez elle. Il hurle son prénom, sans s'arrêter.

♦♦♦

- Léonie ! LÉONIE !

Elle se retourne, et le voit arriver, tout essoufflé. Lui aussi a pleuré. Mais pourquoi ?

Sans doute parce qu'il va la quitter.

- Fred ? Encore en retard. Mais cette fois, je ne l'accepte plus.

- Léonie ?

- Je voulais me venger. Mais, pour la première fois, tu arrives trop tôt.

- Léonie...

- Toutes ces fois où j'ai attendu ! Où je T'AI attendu ! Tu me trompes, c'est ça ? Tu n'es qu'un connard !

- Léonie, s'il te plait...

- Je te hais, Fred ! Tu ne m'aimes pas, j'en suis sûre ! Et tu vas le regretter !

- Léonie, tais-toi...

- Tu me fais souffrir chaque jour depuis deux semaines ! Ça ne peut plus durer !

- Léonie, je dois te dire...

- Je ne veux plus te revoir !

- Léonie !

Il a crié. Des gens se sont retournés, intrigués.

- Léonie, je t'aime. Ne sois pas en colère, je ne t'ai jamais trompée.

- Menteur !

Elle se réfugie chez elle en claquant la porte.

Fred entend un cri de surprise. Il sourit.

"Il n'y a pas d'espoir, elle est en colère, même si elle a découvert sa surprise."

Par la fenêtre, il la voit embrasser en riant ses amis. Il fait demi-tour, et, lentement, rentre chez lui.

Mais quelqu'un a glissé quelques mots dans l'oreille de Léonie. Celle-ci ressort dans la rue précipitamment.

- Fred !

C'est à son tour de l'interpeler.

Il se retourne.

- Fred ! Je suis désolée !

Il ne répond rien. Elle a peur. Peur que, pour une fois, ce soit elle qui réagisse trop tard.

Mais doucement, il la prend dans ses bras.

- De toute manière, on te pardonne toujours tout, plaisante-t-il.

Elle rit. Elle comprend tout maintenant.

Elle n'a même plus besoin de se venger.

Il soupire de soulagement. Il peut respirer.

Il ne sera plus en retard.

"J'aurai te faire confiance..."

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