Je t'ai écrit une lettre. Que je ne t'ai pas lu.

Quand j'étais petite, je faisais la même chose mais pour mon grand frère. J'écrivais, puis je cachais les lettres. Je les cachais tellement bien, que je ne sais plus où je les ai mises.

Enfin, cette histoire, tu la connais.

Encore une année dans la même classe. Ça va faire six ans.

Encore une année où on fait le chemin entre le lycée et chez nous ensemble.

Encore une année où c'est à toi que je vais tout confier.

Encore une année. C'est pas demain la veille que tu te débarrasseras de moi !

Je vais, encore une fois, m'accrocher à toi.

Petit à petit, je fais connaissance avec les autres de la classe. Et je plaisante même avec certains !

Je fais des progrès, hein ?

Toi aussi. Tu t'es trouvée d'autres amies. Elles sont gentilles, moi aussi je les apprécie, mais...

Mais j'ai peur. Toujours cette même peur, ce même manque de confiance, cette culpabilité.

Tu vas rencontrer des personnes cent fois plus sympathiques que moi, cent fois moins chiantes.

Tu me diras, ce n'est pas compliqué, en même temps.

Et si je n'étais qu'un poids ? Qu'une personne qui t'ennuie avec ses histoires.

Moi, je ne peux rien faire sans toi.

T'es mon fil, le fil qui me permet de ne pas me prendre de murs.

Celui qui referme la porte sur mes doutes.

Non, franchement, sans toi, je me sentirai seule.

J'ai d'autres amis, mais toi, c'est toi.

S'il te plaît, ne me laisse pas.

Je te promets que je vais arrêter de t'embêter avec mes histoires, avec mes délires bizarres.

Mais t'es comme une soeur.

Une confidente, une amie.

En huit ans d'amitié, une seule dispute. Et ce jour là, j'ai même pas été foutue de rester fâchée plus d'une heure. Moi qui suis si rancunière.

Et à chaque fois que quelqu'un t'embête, je montre les dents.

Je suis un cas irrécupérable.

Heureusement que t'es là. Heureusement, sinon je crois que je serai encore plus désespérante que je ne le suis déjà. Et plus désespérée aussi.

Heureusement que t'es là. Je ne pourrai rien faire sans toi.

Toujours à l'écoute, toujours à rire de mes bêtises, toujours là.

Je ne pourrai vraiment rien faire sans toi.