- On va où ? soupira pour la énième fois Erza, la joue appuyée contre la vitre, regardant les voitures défiler, ennuyée.

- C'est une surprise, rétorqua Anna, les mains sur le volant et les yeux rivés sur la route.

- J'ai plus quinze ans je vous signale, j'ai passé l'âge des surprises, râla la rousse, agacée par le mutisme des deux idiots qui l'avaient tirée du sommeil pour la traîner dans une voiture à trois heures du matin.

A la rigueur, qu'ils la réveillent, y'avait pas de problème. Mais qu'ils la kidnappent, c'était autre chose ! En plus, elle avait même pas pris de petit déjeuner, et elle crevait de faim. Anna et Acnologia avaient intérêt à ce que ce soit important, ou en rapport avec l'affaire enlèvement, parce que sinon, gradés militaires ou pas, elle allait leur foutre son poing dans la gueule !

Devant, les concernés ne prêtaient pas attention au regard meurtrier d'Erza qui leur était adressé. Il aurait pourtant fait fuir un chien enragé.

Anna chantonnait un air dans une langue rugueuse étrange et Acnologia tapotait en rythme sur ses cuisses, tous deux un grand sourire sadique aux lèvres, lançant de temps à autre un regard satisfait à la rousse, en ébullition, qui menaçait de les étrangler d'un instant à l'autre.

Les lampadaires allumés défilaient, leur lumière aveuglant parfois Erza. La jeune femme riva sur ses aînés des yeux noirs, et serra dans sa main droite la poignée de portière pour s'empêcher de leur coller une droite. La jeune femme se força à respirer, sans penser au potentiel double meurtre qu'elle risquait de commettre dans peu de temps.

La patience, ça avait jamais été son point fort. Elle ne savait pas attendre. Elle voulait tout savoir, tout faire. Et surtout, elle détestait être laissée dans l'ignorance. Alors savoir qu'Anna et Acnologia jouaient avec elle, sur la corde sensible, ne faisait que la rendre plus impatiente encore. Et plus agacée, aussi.

Elle pianota lourdement sur le plastique de la portière tout en crispant son autre main sur sa ceinture de sécurité pour s'empêcher de la crisper sur le cou d'Acnologia et de pianoter sur le joli visage d'Anna.

Puis elle se dit qu'elle avait peut être des pensées trop violentes, avant de décider qu'elle s'en foutait parce que son envie de meurtre était trop forte. Il fallait préciser, quand même, qu'elle n'avait pas eu beaucoup de repos ces derniers jours, que Jellal l'inquiétait avec ses cauchemars incessants, que la super ambiance de merde du Manoir commençait à peine à s'améliorer après un mois de déprime pure et qu'ils n'avaient toujours pas de nouvelles des otages ou de Tartaros. Elle aurait donc apprécié qu'on la ménage un tant soit peu, ne serait ce que pour lui éviter la crise de nerfs qu'elle se sentait à deux doigts de faire.

Mais elle ne tint pas bien longtemps dans ce pseudo-calme d'apparence, et finit par exploser sans grande surprise :

- Bon, vous allez me dire où vous me conduisez bordel de merde ?! 

Un magnifique hurlement, témoin d'une belle puissance vocale (en toute modestie), retentit dans le petit habitacle. Acnologia eut la délicatesse de grimacer en portant une main à ses oreilles, mais Anna continua à conduire en sifflotant, totalement indifférente. Du reste, ni l'un ni l'autre ne daignèrent répondre, se contentant d'échanger un regard amusé accompagné d'un sourire amusé.

Erza n'aimait pas qu'on la laisse dans l'ignorance, certes. Elle n'avait aucune patience, d'accord. Mais si quelque chose la mettait hors d'elle, c'était bien qu'on se foute de sa gueule.

Ni une ni deux, la ceinture de sécurité vola, et une jeune femme au dangereux sourire passa sa tête entre le siège passager et le siège conducteur. Elle posa durement ses mains sur les côtés des dossiers et tourna lentement sa tête vers les deux crétins qui lui servaient de supérieurs.

- Bon, vous allez me le dire, sinon... menaça t-elle avec un sourire doucereux.

- Sinon... ? interrogea innocemment Acnologia, avec un brin de provocation dans la voix sous le regard sceptique de sa compagne, qui lâche un soupir en reposant ses mains sur le volant. 

Le déclic de la sécurité d'une arme automatique se fit entendre, en même temps que le petit rire d'Erza. Le canon du revolver de la rousse passa entre les sièges.

Acnologia haussa les épaules et ouvrit sa cape avant de lancer, railleur :

- Si tu veux jouer à ça, je gagne large sur les armes à feu, ricana t-il, amusé, se foutant totalement d'être menacé.

En effet, comme toujours, une impressionnante collection d'armes en tous genres, du poignard à l'inévitable grenade, s'étalait sur les pans intérieurs de son sempiternel long manteau. Cela arracha un énième soupir à Anna qui, écartant à son tour sa jolie robe blanche fendue, exhiba elle aussi un impressionnant revolver toutefois assez petit pour être facilement caché.

- Non mais si on est tous armés, aussi... bougonna Erza discrètement.

Les deux tarés de service n'entendirent pas la remarque, toutefois, et la blonde lança à son partenaire sur le ton de l'évidence :

- Question quantité tu gagnes, mais question qualité ?

- Bah, c'est toi qui lui a appris à tirer, rétorqua Acnologia avec un joli sourire prétentieux qui lui creusait des fossettes au niveau de la joue droite.

- Et ? Justement, elle a de grandes chances de te défoncer, s'amusa Anna, à son tour habitée par le démon de l'égo.

La joute verbale continua, pour des questions aussi ridicules les unes que les autres, et pris parfois des tournures dangereuses, notamment lorsqu'Anna lâcha le volant pour prouver à Acnologia que son revolver était de meilleure facture que les siens.

- Euh, juste, je suis armée hein... rappela Erza en leur agitant son flingue sous le nez, un peu dépassée et franchement confortée dans sa théorie selon laquelle les deux individus l'ayant partiellement élevée étaient carrément fous.

- Et ? Moi aussi, j'en fais pas tout un plat, râla Acnologia en se tournant brusquement vers elle.

- Tout ne tourne pas autour de toi jeune fille, se rajouta Anna, sourcils froncés, en arrêtant brusquement le véhicule.

- Non, mais rapport aux menaces tout ça... soupira Erza, songeant sérieusement à se reconvertir en agricultrice pour partir planter des salades à Doralmia.

Ses plans d'avenir volèrent en éclats quand le pyromane de service lui annonça, un sourcil en l'air comme si le fait qu'elle vienne de les menacer de mort n'avait rien d'extraordinaire :

- Ah, ça ! Bah, on est arrivés alors bon... Ca annule un peu ta question quoi... 

Erza n'entendit pas la suite et ne chercha pas à l'entendre : elle se précipita dehors pour observer l'endroit.

- Euh... L'aéroport ? s'arrêta t-elle, un peu perdue.

Les deux autres portières de la voiture claquèrent et les deux anciens militaires apparurent à ses côtés.

- On vient chercher quelqu'un, lui dit la blonde.

- Enfin, plusieurs "quelqu'un", rectifia son acolyte.

- Et vous comptez passer la sécurité avec toutes les armes blanches que vous portez sur vous ? s'écria la rousse, décidemment ébahie devant tant de connerie et d'insensibilité.

Mais Anna et Acnologia la regardèrent avec un tel air consterné que ce fut elle qui se sentit bientôt idiote. La jeune femme lui apprit, sur le ton de l'évidence :

- Bien sûr que non, on les attends sur le parking, on est pas cons non plus.

- Toi par contre... ricana l'homme aux cheveux bleus avec une expression moqueuse.

Erza ouvrit la bouche pour répondre, mais se tut et se contenta de lui envoyer un coup de poing dans le bras. Elle s'apprêtait finalement à lui envoyer une réplique bien sentie quand elle fut coupée par une voix plutôt familière, ou du moins pas inconnue :

- Bah ça alors ! Si c'est pas Scarlet ! 

Elle se retourna immédiatement pour se retrouver face à Cobra, ou plutôt son torse parce qu'il était grand. Elle leva donc la tête, bouche bée, pour croiser l'oeil moqueur quoique réjoui du jeune acteur.

Ne tardèrent pas à arriver derrière Kinana -qui lui sauta dans les bras en pleurant-, un Lyon avec une tête à faire peur mais tout de même d'humeur joyeuse, Meldy totalement surexcitée, Midnight à moitié endormi -comme d'habitude- et Sorano tentant de le réveiller par tous les moyens existants.

- On a comme qui dirait entendu que t'avais besoin d'aide... On va te le réveiller le Jellal, c'est moi qui te le dit ! ricana Cobra avec un clin d'oeil.

Erza ne chercha pas trop à comprendre ce qui arrivait, elle jeta juste un regard chargé d'émotion à Anna et Acnologia et murmura doucement, sentant même une larme poindre :

- Merci... 

Un peu en arrière, les organisateurs de toute cette joyeuse réunion se regardaient en souriant, visiblement satisfaits d'eux mêmes. Acnologia alla jusqu'à passer un bras autour de la taille de sa partenaire, qui, surprise par ce brusque élan d'affection, ne fit toutefois pas de commentaires. Elle interrogea, en revanche :

- Hey, tu penses qu'elle nous aurait tiré dessus dans la voiture ?

- Ouais, si on l'avait trop fait attendre, répondit l'homme aux tatouages avec un petit sourire en coin.

Anna soupira en posant la tête contre son épaule, fermant les yeux un bref instant :

- Parfois je me demande si on a pas eu une mauvaise influence sur eux Acno... 

NDA : Je... Je suis pas morte ? Vraiment ? XD Et non et me revoiciiii ! (me tuez pas s'il vous plaît ça serait gentil) Les causes de ce mois et demi d'absence ? Tout d'abord mes exams -et oui on aime les révisions- puis un balaise de syndrome de la page blanche -ça m'arrive pas souvent mais quand ça arrive c'est violent XD- 

Bref. Je suis super heureuse de vous retrouver vous pouvez pas savoir X) Et petit scoop : on a atteint les 1000 vues sur ce tome et presque les 10000 sur l'autre, c'est dingue ! Vous êtes incroyables ! Et pour parler du chapitre... Alors, heureux ? XD