- Hey ! Idiote, debout !

Elle grimaça devant l'amabilité de l'invective. Un peu de politesse ou de compassion ne tuait personne, que diable ! Enfin, avec Acnologia... Elle avait l'habitude, disons. Un grognement franchit ses lèvres quand une claque ma foi pas vraiment tendre vint lui rougir la joue. Anna ouvrit les yeux, dardant des pupilles noires sur son compagnon de toujours qui semblait, malgré la situation, prendre pas mal de plaisir à la réveiller.

- Hé, calme toi, je suis consciente. Je laisse passer parce que t'as les médocs, mais la prochaine fois je te la rends ta baffe, crétin, le prévint elle en se redressant, avec difficulté.

Son bras lui faisait sacrément mal, mais rien d'étonnant après tout. Se prendre une balle n'était pas reconnu pour apporter un bien être incomparable. Elle observa avec satisfaction que, pendant son évanouissement momentané, Acnologia n'avait pas passé tout son temps à la frapper puisque la blessure était nettoyée, solidement bandée, et surtout ne saignait plus. Son partenaire restait un crétin fini, mais remontait au moins dans son estime. Elle échangea un regard avec lui, et il comprit qu'elle avait encore besoin de quelques instants avant de reprendre totalement conscience.

Acnologia s'adossa contre le mur de pierre à ses côtés, ou plutôt s'y laissa violemment tomber puisque le bruit sourd de son corps butant contre le sol parvint à faire grimacer la blonde.

- Merde, j'avais oublié à quel point le carrelage était dur, râla t-il en se massant le dos alors qu'elle se foutait de lui très ouvertement.

Quelques secondes de silence passèrent, durant lesquelles ils vérifièrent tous deux, par réflexe, l'état de leurs armes respectives. Ils avaient une sorte de sixième sens affuté par leurs années sur le champ de bataille, et ce dernier commençait à s'alarmer. La confrontation était proche, ils le sentaient jusqu'au plus profond de leurs corps. Restait à savoir, confrontation avec qui ? Gienma ? Ils l'espéraient bien, mais aucune possibilité n'était à exclure, et si ils ne tombaient pas directement sur leur proie, les choses allaient sacrément se compliquer. La blessure d'Anna réduisait grandement leur force, leur endurance, en d'autres termes tout simplement leurs chances de s'en sortir dans un combat face à plus de deux personnes.

Surtout que Sabertooth, avec ses grands couloirs aseptisés et ses multiples salles ordinaires meublée simplement, n'offrait pas les avantages d'un terrain extérieur moins lisse. Ils se battaient avec des armes à feu, la rapidité et la précision comptaient plus que tout. Nulle part où se cacher, ici, si tout ça finissait en fusillade. Mais ils allaient devoir faire avec, après tout c'était leur seule piste, hors de question de l'abandonner. Et ils avaient signé un contrat avec les forces de l'ordre, aussi. Capturer Gienma était une nécessité, ils n'avaient même pas le loisir de se poser des questions, ou de faire trop de suppositions.

Un but à atteindre, et c'était tout.

- T'avais pas l'air bien tout à l'heure. Tu rêvais à quoi ? demanda finalement Acnologia, se tournant vers elle, pour ne plus ressasser de pensées inutiles.

Il se reçut une tape sur l'avant bras et un air exaspéré, mais vite suivit d'un sourire amusé qu'Anna ne réussit pas à cacher. Il était bête, mais drôle parfois.

- Evidemment que j'étais pas bien, je te rappelle que je me suis prit une balle ! Rêver... C'était pas des rêves, plus... Tu sais, de vieux souvenirs, répondit elle finalement.

Il haussa les épaules. Comme réponse plus évasive, on ne pouvait pas faire mieux. Mais il comprenait ce sentiment, un peu. Anna prit une grande inspiration, puis se releva, avec quelques  difficultés, mais elle tint debout. Vacillante au départ, elle tâcha de retrouver son équilibre et entama quelques échauffements rapides pour réveiller ses muscles. Elle allait avoir besoin de toutes ses capacités, physiques et mentales. La blonde fit craquer ses doigts, sa nuque, et joua un peu avec son revolver. Elle fit comprendre en un regard à Acnologia qu'elle était prête, et il se leva à son tour. La pause était finie, il fallait reprendre le boulot.

- Hey, je me disais, tu te souviens cette idée qu'on avait de vendre nos services contre de l'argent ? demanda Anna, alors qu'ils marchaient dans le couloir, le doigt sur la gâchette mais en apparence plutôt décontractés.

- Devenir mercenaires après l'armée, ouais ? ricana Acnologia en secouant la tête, amusé.

- On est d'accord, plus jamais on accepte un contrat avec qui que ce soit vu comment ça tourne, fit la jeune femme en retour, hochant la tête d'un air entendu.

Un high-five et un pacte oral plus tard, ils finirent par entendre du bruit. Les premiers signes de présence depuis qu'ils avaient quitté le reste du groupe. Mais il fallait dire que Gienma avait bien calculé son coup, puisque le sous-sol de Sabertooth était un vrai labyrinthe. Ils auraient tout donné pour posséder un plan. En plus, vu la surface visible du bâtiment, si celle cachée -ou du moins inaccessible aux employés classiques qui ne paraissaient pas au courant que leur entreprise abritait un criminel- était identique à celle visible, ça promettait d'être fun !

Encore une fois, ils atterrirent à un embranchement entre deux couloirs. Encore des couloirs. Toujours des couloirs. Ca devenait lassant, l'architecte qui avait construit ce truc était sûrement en panne d'inspiration, ou sacrément bourré. Plutôt bourré, vu la décoration. Le bruit se faisait plus distinct, tout en restant ténu. Une sorte de bourdonnement sourd, très peu audible, mais pourtant présent.

Quelques salles, encore, paraissaient se présenter en enfilade devant eux. Anna fut la première à s'apercevoir que la plus proche, contrairement à toutes celles croisées auparavant -et il y en avait eu !-, n'offrait aucun point de vue sur ce qu'il y avait à l'intérieur. Un panneau "Local Technique" indiquait l'utilité du lieu. Acnologia haussa les épaules et décida d'aller y jeter un oeil. Ils tournaient en rond depuis un bon bout de temps, alors autant s'occuper.

L'arme au poing, ils pénétrèrent dans la salle. Tout ce qu'il y avait de plus normal, plusieurs écrans de vidéosurveillance dans un coin, une chaise et une tasse de café vide. Pas de quoi s'alarmer, donc, mais quelque chose accrocha l'oeil de l'homme aux cheveux bleus, dans le coin. Posé près des écrans, un paquet de cigarettes, et un briquet. 

En tout point similaire à celui qu'il portait en ce moment même dans le doublure de sa veste, et donc gravé d'armoiries bien particulières. Il tapota l'épaule d'Anna pour le lui faire remarquer.

- Les emblèmes de Tartaros ? C'est quoi ce bordel ? chuchota t-elle, les sourcils froncés.

Un mouvement sur les écrans attira leurs regards, et ils se penchèrent pour mieux voir. C'était le groupe de Mirajane, aux prises avec une femme impressionnante de souplesse, aux cheveux verts et à la force démesurée étant donné qu'elle tenait tête à Mira, Sting et Rogue en même temps, bien que le blond soit partit voler dans une porte, ce qui fit grimacer ses employeurs.

Anna et Acnologia commençaient doucement à comprendre qu'ils avaient atterri dans le repaire du groupe mafieux qu'ils cherchaient depuis un mois, sans même le vouloir et en cherchant autre chose. C'était à la fois une chance inespérée et un coup du sort, puisqu'ils n'avaient pas préparé une telle expédition.

- Tu crois que Gienma est mêlé à Tartaros ? interrogea finalement la blonde en décrochant le regard des écrans.

Mais son partenaire n'eut pas le loisir de lui répondre, puisqu'ils furent interrompus par le son très caractéristique de la sécurité d'une arme qu'on ôte.

- Si il en fait partie ? Il est plus ou moins à la tête de notre organisation, mais ne vous en faites pas, plus pour très longtemps. Mald Gheel, enchanté. Retournez-vous, j'aime voir la surprise et la peur sur le visage des idiots qui se croient assez forts pour venir m'affronter sans même prendre la peine d'être discrets, retentit un voix amusée derrière eux.

Ils obéirent, tendus, en utilisant l'ombre et l'ampleur de leurs vêtements pour cacher le fait qu'ils étaient aussi en possession d'armes. L'inconnu avait des yeux perturbants, profonds, et brillants d'une lueur dangereuse. De longs cheveux noirs lui tombaient sur les épaules. Il tenait un revolver gros calibre dans chaque main, et n'était certainement pas effrayé à l'idée de s'en servir, comme en témoignait son petit sourire en coin.

Anna croisa le regard d'Acnologia avec un rictus désabusé.

Et voila, ils étaient encore dans une situation impossible.

NDA : Retour au présent, je ne sais pas si il est plus joyeux :3 Ahah, les pauvres ils tombent toujours sur des trucs pas possibles XD Désolée pour l'absence, j'étais en convalescence la semaine dernière et j'étais tellement crevée que j'ai peiné à me concentrer, donc j'ai préféré ne rien poster parce que ce que j'écrivais ne me plaisait pas, mais me revoici avec ce qui se rapproche de la confrontation finale ;)