Chapitre 29 : Inquiétude
Un bruit de pas précipités fit sursauter Grey, qui fixa avec méfiance la porte de la cellule, avant de reporter son attention sur Juvia. Malgré ses chaînes, il avait réussi à rapprocher leurs lits pour prévenir le moindre des besoins de la jeune femme, qui n'allait pas bien depuis une quinzaine de jours. Fiévreuse, elle respirait avec difficulté, suant sous les couvertures, et son état commençait vraiment à inquiéter le pianiste. Il ne savait pas ce qui l'avait rendue ainsi, peut être les courants d'airs qui passaient sous la porte, ou leur manque évident de soins, de nourriture ou d'hygiène.
L'agitation du dehors interpella aussi Juvia, qui ouvrit avec difficulté les yeux, le questionnant du regard. Le coeur de Grey se serra en la voyant ainsi, si faible, alors que depuis le début elle avait été son soutient psychologique, inébranlable et sûre d'elle. A présent, elle aussi semblait s'être résignée, et ses yeux bleus avaient perdu de leur éclat, mais peut être était ce à cause de la fièvre.
- Il se passe quelque chose Grey-sama ? demanda t-elle, soucieuse.
Il essaya de paraître rassurant, avec un sourire tendre, et ne lui dit pas qu'il n'en savait à vrai dire rien, préférant secouer la tête en signe de dénégation, et juger du revers de la main la température de sa partenaire :
- Non, ne t'en fait pas. Ils paraissent juste un peu excités depuis ce matin. Qui sait, peut être que Minerva a encore étranglé quelqu'un ? tenta t-il de plaisanter avec une moue blagueuse.
Sa tentative de diversion parut marcher, parce que Juvia ne semblait pas d'humeur à ressasser des pensées noires et attrapa au vol la perche :
- Quelle idée aussi de nous mettre des chaînes comme ça, sourit la jeune femme en levant faiblement son propre poignet, où cliquetaient des bracelets de métal qui firent intérieurement hurler Grey.
Mais il ne dit rien, se contentant de doucement lui caresser les cheveux, geste normalement totalement inhabituel de sa part. Il ne savait pas pourquoi ce genre d'attitudes, qui le gênaient d'ordinaire terriblement, paraissaient spontanées ici. Peut être était ce l'ambiance un peu stressante, le décor légèrement glauque ou juste leur situation désespérée et incertaine, qui faisaient monter chez lui ce genre d'instinct. Il se demandait souvent si ce sentiment d'angoisse profond qui le saisissait la nuit, lorsqu'il se réveillait en sueur, guettant le moindre souci du côté de la respiration de Juvia ou un mouvement de la porte blindée qui les enfermaient, était le même que celui qui traversait une bête traquée par un chasseur et attendant le coup de grâce tout en se refusant à le voir venir.
La mort, depuis le début de leur seconde captivité, il y pensait souvent. Il fallait dire que tout était réuni pour l'y faire penser. Leur cellule n'était pas une pièce respirant la joie de vivre. Les murs, les dalles et même le plafond avaient été recouverts d'un beige fade, les deux lits anciens affublés de matelas à ressorts et de sommiers en fer permettaient à peine le repos tant on avait l'impression de dormir sur une grille, et comme seule fantaisie un vieux poste radio à l'antenne cassée se réveillait parfois dans un coin pour cracher une musique au hasard sur laquelle il restait bloqué une bonne heure. La salle de bain n'était pas franchement mieux, à vrai dire, mais au moins il y en avait une. De la taille d'un placard, où on pouvait à peine entrer dans la cabine de douche sans se prendre le lavabo dans les côtes, certes. Sans oublier que leur geôlier ou geôlière se devait de les menotter au préalable à la barre de sécurité censée de base empêcher les chutes. Et puis, l'entretien sanitaire n'était pas au top, et il se demandait même parfois si prendre une douche ne lui apportait pas plus de crasse que de rester normal.
Mais déjà ils pouvaient se laver, il fallait voir le côté positif.
Ils avaient aussi changé de geôlier, les nouveaux, puisqu'il y en avait deux, étaient tout aussi étranges que Jackal. Celui qu'ils voyaient le plus souvent, Tempester, un gars plutôt baraqué aux cheveux blonds (encore) et au teint mat, était le plus supportable. Avare de paroles, il faisait ce qu'il avait à faire et rien de plus, les laissant tranquilles la plupart du temps. Apparemment, selon leur deuxième garde, Seila, il exerçait la fonction de tueur à gages au sein de leur organisation. Seila parlait beaucoup. Elle avait toujours une histoire à raconter, et ils devaient l'écouter jusqu'au bout sous peine d'être privés de boisson et de nourriture. Mais des fois, elle était aussi d'humeur généreuse. Par exemple, l'avant veille, quand elle avait vu que Juvia était tombée malade, elle avait apporté double ration d'eau pour la jeune femme.
Grey soupira. Apparemment, les pas devant la porte qui s'étaient à présent éloignés n'appartenaient pas à un de leur geôliers. Il frissonna rien qu'à l'idée que ce puisse être ce fameux Mald Gheel qui les avait si durement blessés la dernière fois. Heureusement, pas un mouvement du côté de leur porte. Il reporta son regard sur Juvia.
Il ne pouvait pas s'empêcher de la regarder, jour et nuit. Parfois il prenait même sur son temps de sommeil pour surveiller sa fièvre, vérifier que tout allait bien. Il avait une crainte affreuse d'un jour se réveiller et de voir qu'elle avait cessé de respirer. Une peur irrationnelle de la voir mourir.
Il savait, pourtant, que ce n'était qu'une fièvre trop persistante. Pas grand chose, elle ne s'en tirerait sans pas trop de mal comme on guérit d'un rhume. Mais c'était plus fort que lui, quand il la voyait incapable de marcher, limite trop fatiguée pour lui parler, il ne pouvait s'empêcher de craindre le pire. Après tout, on lui avait toujours appris à se méfier des plus petits symptômes, qui pouvaient cacher des choses bien plus graves. Mais il devait bien avouer que ça tournait un peu ridiculement en paranoïa.
D'ailleurs, Juvia s'était rendormie, écrasée de fatigue. Il vérifia une énième fois sa température d'une main inquiète, avant de se décider à lui aussi faire un somme. De toute manière, il ne voyait pas ce qu'il pouvait bien faire d'autre d'utile.
En regardant le profil de son garde du corps, les yeux fermés, transpirante, rouge et la poitrine se soulevant bien plus vite que la normale, il agrippa le drap en fermant les yeux, pour ne plus voir ça.
Il était temps qu'ils sortent, d'une manière ou d'une autre.
NDA : Eeeet un petit point de vue de notre exhibitionniste préféré ! Ca faisait longtemps n'est ce pas ? :3 La situation n'est pas désespérée, mais ça pourrait être mieux... On observera d'ailleurs le rapprochement ;) Pauvre Grey, il va finir fou avec tout ce stress !
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