Chapitre 12 : Donne moi la force

- Et sinon ça va, c'est pas trop dur d'être un gros connard à plein temps ? claqua la voix de Minerva, coupante comme du verre.

L'homme se retourna de la table où il s'affairait, et la fixa de ses petits yeux noirs et cruels, sans une once de compassion. Son visage s'étira en un sourire de façade, fictif, et on pouvait presque apercevoir son expression méprisante derrière.

- Voyons, quelles sont ces manières ? Est-ce ainsi que je t'ai élevée ? susurra t-il, se délectant de la peur qu'il percevait très bien dans les prunelles de la jeune femme, malgré son air bravache.

Pour toute réponse, elle cracha au sol avec un masque de haine pure scotché au visage. Elle sentait toutes les fibres de son corps vibrer d'une colère profonde et terrifiante, telle qu'elle n'en avait que rarement ressentie. Toute son âme était aspirée dans ce tourbillon effrayant d'animosité dévastateur, mais si libérateur. L'hostilité qu'elle entretenait à l'encontre de cet être abject était plus forte que tout, et elle perdait le contrôle d'elle même, incapable de penser rationnellement. Ne comptait que la douleur ressentie, et celle qu'elle voulait infliger.

Pourtant, cette souffrance morale à la limite du supportable qui l'avait submergée à l'instant où la voix avait retentit, où ce visage tant détesté s'était révélé à la lueur des spots, elle ne pouvait s'empêcher de l'accueillir avec une certaine impression de justice.

Parce qu'on ne haïssait jamais quelqu'un autant que soi-même.

Si ses poignets et ses jambes n'avaient pas été retenus contre le mur par des chaines et des bracelets de cuir, nul doute qu'elle l'aurait frappé le plus fort qu'elle le pouvait. Il aurait sans doute paré ses coups, mais qu'est ce que ça l'aurait soulagée ! Comme percevant ses pensées meurtrières, son geôlier se rapprocha pour serrer plus forts les liens autour de ses membres.

Le cuir et l'acier entaillaient sa chair, mais elle se contenta de grimacer. Dans les minutes, les heures voire les jours qui allaient suivre, elle allait avoir le droit à bien pire, elle en était persuadée, alors ce n'était pas le moment ni l'endroit de jouer les petites natures. De toute manière, elle se le jurait, Tartaros n'obtiendrait rien d'elle, et le fait que ce soit cet homme qui soit chargé de la faire parler ne faisait que renforcer sa détermination.

Tout ce qu'elle espérait, c'était que Grey et Juvia ne soient pas en train de subir le même sort qu'elle. Elle souhaitait avoir le droit à un traitement de faveur, pour une fois. Après tout, son nom ne lui donnait il pas un statut privilégié ?

Orlando... Comme elle le haïssait, ce nom ! Autant que son porteur originel, c'était pour dire. Une fois de plus, elle jeta à l'homme qui s'affairait autour d'une table en chantonnant un regard assassin. De dos, il ne le perçu toutefois pas.

Un bref instant, elle se perdit dans ses pensées, peut être dans l'espoir d'y trouver un quelconque réconfort pouvant l'aider à tenir le coup. Sa détermination était forte, elle le savait, mais la haine, aussi forte soit elle, pouvait parfois traîtreusement l'abandonner. Cela risquait de ne pas être un carburant de taille.

Elle pensa à ses jours heureux à l'Agence avec tous ces idiots, leurs conneries et réussites, leurs caractères tellement attachants. Elle se remémora ses études aux côtés de Yukino, leurs fous rires et leurs joies, leur anxiété lors des examens, leur euphorie quand elles avaient signé leur premier contrat ensemble. Elle se souvint de la première fois qu'elle avait rencontré leurs gardes du corps. De la première impression que lui avait laissé Sting.

" J'avais pas totalement tord en fait... C'est vrai qu'il est con. "  songea t-elle avec un semblant de sourire.

Puis, tirée de ses pensées avec l'amère constatation qu'elle ne les reverrait peut être jamais, si les choses étaient laissées dans l'état, elle laissa son regard errer sur la pièce.

Bien moins confortable que sa première cellule, c'était certain. Oh, les murs de pierre étaient semblables, et la configuration globale aussi à peu de choses près, mais il n'y avait pas de lucarne et l'ameublement... différait quand même beaucoup.

Décidément, elle ne pouvait s'empêcher de remarquer que plus le temps passait plus son environnement baissait en qualité. Elle passait quand même des baldaquins du manoir aux lits durs et peu confortables de son ancienne cellule, pour arriver enchaînée sur un mur. L'hospitalité de Tartaros laissait franchement à désirer.

En parlant de murs, d'ailleurs, il n'y avait presque que ça dans la pièce. A part la pauvre table couverte de papiers qu'elle ne pouvait lire, et sur laquelle se penchait depuis une éternité l'homme, il n'y avait pas grand chose. Des chaînes, évidemment, mais c'était tout.

Encore un petit effort de déco, deux trois armes peut être, et on se croyait dans une salle de torture moyenâgeuse. Vraiment, même ça il l'avaient loupé quoi. Quitte à enfermer des otages de manière très sympathique, autant y aller à fond et essayer de les faire flipper.

Parce que là, si elle avait peur, c'était parce qu'elle savait ce qui allait lui arriver. Et si elle le savait, c'était parce qu'elle connaissait son geôlier. Elle le connaissait même un peu trop bien pour sa santé mentale.

Ce dernier, d'ailleurs, se retourna enfin. Toujours avec cet insupportable air d'indifférence scotché au visage. A croire qu'il ne ressentait rien. Enfin, cela n'aurait sans doute même pas étonné Minerva. Après tout, elle s'en fichait bien.

Elle le haïssait si fort que rien n'avait d'importance, car tout humain était en mesure de ressentir la douleur. Forte de cette certitude, elle comptait bien endurer tout ce qu'il lui ferait subir sans ciller, dans l'espoir de le lui rendre un jour au centuple.

Face à lui, elle avait les mains liées, au sens propre et figuré, mais cela ne signifiait pas qu'elle était impuissante, loin de là. Les informations qu'elle détenait étaient sans aucun doute la raison de sa présence ici, et elle n'était pas prête de les lâcher. Certainement pas.

Après leur tentative d'évasion malheureusement compromise par cet homme un peu trop vigilant et prodigieusement agaçant nommé Mald Gheel, de ce qu'elle avait compris le chef de l'organisation, Tartaros avait décidé de lui faire cracher de force ce qu'elle savait. Enfin, le chef l'avait ordonné.

Par la force des choses, l'homme qui avait fait qu'on la place ici face à cette personne tant haïe. 

- Enfin, Minerva. Tu ne salue même pas ton père ?

Gienma attrapa le fouet, toujours sans montrer la moindre émotion.

Elle invoqua le nom de Sting.

Un premier coup vola.

NDA : Cela faisait longtemps qu'on n'avait pas croisé Minerva. La situation est des plus mauvaises, décidemment. Quand Sting va apprendre ça... Comment se sortir d'ici ?


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