Chapitre 14 : Kana
Ce ne fut pas les hurlements de la guitare électrique qui réveillèrent Kana ce matin là, ni même le rire tonitruant de Gadjeel ou encore les cris d'Erza. Non, ce qui la tira de son sommeil si confortable ce fut un mouvement dans son dos.
Elle ouvrit d'abord un oeil, puis deux, mais n'osa se retourner. Mille et uns scénarios plus étranges les uns que les autres défilèrent en un instant dans son esprit, et elle ne s'arrêta que parce que son regard tomba sur un kimono étalé à terre qui n'était pas le sien pour une très bonne raison : elle n'avait jamais porté ce genre de vêtements.
Cependant, elle connaissait très bien cet habit, et elle se retourna sans crainte. Un homme lui tournait le dos profondément endormi. Il avait un tatouage rouge entre les omoplates, qu'elle caressa distraitement du bout des doigts, hésitant à se lever, le réveiller ou tout simplement se rendormir.
Finalement elle se redressa, envoyant valser les couvertures. Nue, elle se mit à chercher des vêtements avant de se rendre compte qu'elle n'était pas dans sa chambre mais dans le sous sol de la maison. Renonçant à l'idée de ré enfiler son jean et sa tunique de la veille, jetés à l'autre bout du lit, elle attrapa le kimono et s'en vêtit. Il ne lui en voudrait pas, elle faisait ça à chaque fois.
Kana finit par contourner le lit pour s'accroupir devant le jeune homme qui n'avait pas bronché, toujours profondément assoupi. Ses longs cheveux noirs, complètement emmêlés, cachaient son visage. Elle les dégagea en soupirant. Combien de fois déjà avait elle contemplé ce spectacle ?
Pensive, la jeune dramaturge finit par se relever, laissant Bacchus dormir, et quitta la pièce non sans laisser un mot à celui qui était censé être son garde du corps, ce qui impliquait normalement de ne jamais la laisser sans surveillance.
La jeune femme faillit marcher sur une bouteille de saké en arrivant dans le hall d'entrée, mais l'esquiva au dernier moment d'un bond agile. Elle se stoppa un moment pour contempler le spectacle qui s'offrait à elle. Près de la baie vitré, Erza et Mirajane se désespéraient de l'imprudence avec laquelle tout avait été construit dans le bâtiment. Aucune vitre résistante ou encore masquant l'intérieur de la maison. Les portes n'étaient fermées que par des serrures lambda. Aucune pièce sûre en cas de tirs. Les deux femmes n'avaient à vrai dire jamais vu ça de toute leur longue carrière : on aurait pu croire que ce n'était qu'une maison comme les autres, et pourtant l'endroit faisait office de QG à quelques uns des artistes les plus en vogue du moment ! Quelle imprudence, quand même...
Lucy était presque harcelée par Levy sur son livre. Les deux écrivaines s'échangeaient des dédicaces, il s'avérait qu'elles étaient toutes deux fans l'une de l'autre. Assis dans le canapé, Gadjeel avait mine de rien un oeil sur la jeune femme aux cheveux bleus. Il était absorbé dans une conversation téléphonique avec un certain Métalicana.
Ils étaient tous tellement plongés dans leurs activités respectives que Kana passa devant eux sans qu'ils la remarquent. Elle grimpa au premier étage et, entendant du bruit, alla jeter un oeil dans la salle de répétition des garçons. Jellal, penché sur une feuille, un stylo dans la bouche, venait de frapper Natsu pour le ramener à ce qu'ils étaient en train de faire. Luxus, distrait, composait une mélodie qu'il jouait avant d'écrire les notes sur sa partition d'un air absent. Grey semblait expliquer quelque chose à Juvia, en adoration devant le pianiste qui caressait doucement les touches de son instrument. Encore une fois la dramaturge quitta la pièce sans qu'ils ne la voient. Elle s'en amusa.
De justesse, elle évita de se ramasser lamentablement dans les marches en atteignant le second étage. Vraiment, ces escaliers allaient finir par en tuer un ! Kana fit un crochet par la salle de bain pour se laver, puis se dirigea vers sa chambre.
Une grimace vint tordre son visage quand elle constata le désordre y régnant. Des feuilles étaient étalées par terre, des dossiers de comédiens, des DVD, un paquet de cartes à jouer... Le kimono de son amant vint rapidement rejoindre cet amoncellement de bordel. La jeune femme enfila rapidement un jean bleu et un pull blanc avant de nouer sa crinière brune en une queue de cheval pour finalement se mettre à faire un peu de rangement.
Les DVD retrouvèrent leur place près du téléviseur, les stylos furent jetés dans une trousse qui lui passa sous la main et elle tria soigneusement les feuilles avant de les ranger dans un trieur dans lequel elle conservait tous ses brouillons d'idées. Elle s'assit en tailleur pour examiner les dossiers de comédiens qu'elle avait repéré lors de l'audition organisée il y avait de cela trois jours. Tout en parcourant des yeux les feuilles remplies de diverses notes, elle tâtonna pour se saisir d'une bouteille déposée là quelques jours plus tôt.
Elle ne tarda pas à en recracher le contenu, qui forma une splendide tâche sur la moquette violet pâle.
- Mais qu'est ce qu'il fout là, lui ? marmonna t-elle, le regard vissé sur la photo accompagnant les notes.
Bon sang, ce qu'elle devait être bourrée ce jour là ! Sous ses yeux se trouvaient les photos de Midnight, Sorano, Lyon, Cobra, Ren, Kinana, Hibiki et Eve, des acteurs dont la réputation n'était plus à faire, et surtout des gens qu'elle connaissait extrêmement bien. Ça alors ! Pourtant elle ne se souvenait pas les avoir croisés à l'audition, mais à l'évidence, au vu de ses notes, ils étaient présents.
Posant brusquement les papiers, Kana se précipita à son bureau et ouvrit un tiroir. Elle fouilla dedans quelques instants pour en ressortir une pochette dorée marquée de l'inscription "Courtisanes -version finale-". Elle l'ouvrit et en ressortit une liasse de papier impressionnante, qu'elle feuilleta.
Enfin, la jeune femme parut tomber sur ce qui l'intéressait et attrapa un stylo pour inscrire deux trois annotations sur le scénario de sa pièce à partir des dossiers de ses amis. Un sourire ravi éclaira son visage. Ses personnages collaient parfaitement au caractères des acteurs, à croire qu'elle avait inconsciemment écrit en pensant à eux. Ça lui faisait plaisir de voir qu'ils revenaient au théâtre, qui était la discipline qui les avaient catapultés au grand écran. C'était sur scène qu'elle les avait connus, à l'époque elle jouait parfois sous les directives de Lyon, ils formaient à neuf seulement une troupe extraordinaire. On s'arrachait leurs pièces. Puis quelques uns s'étaient tournés vers le cinéma, Lyon était devenu réalisateur, Cobra, Kinana, Midnight et Ren avaient décidé d'aller devant la caméra tandis que Sorano et Eve passaient derrière. Hibiki, plus effacé, avait décidé d'aider sur le plan technique, et n'utilisait plus ses talents de jeu. Il avait pourtant sur scène une grande présence. Puis, elle, elle s'était mise à écrire. Normalement, c'était Lyon qui s'occupait de ça, mais elle l'avait souvent aidé, et elle avait pris le relais. Cependant, depuis que leur groupe s'était dissout, elle n'avait plus jamais eu de troupe fixe.
Alors que la jeune femme rêvassait, Jellal, paniqué, entra dans la pièce. Elle sursauta, puis avisant la mine angoissé du garçon, se leva, pressentant que quelque chose n'allait pas. Tous les autres ne tardèrent pas à débouler dans la pièce.
- Qu'est ce qui se passe ? interrogea la brune, inquiète.
Pour toute réponse, Mirajane se contenta d'allumer le poste de télévision.
- Nous sommes en attente de nouvelles de la prise d'otage se déroulant dans la salle de projection de l'avant première de "Take a boat", le film de Lyon Vastia. Les forces de l'ordre n'ont pas réussi à entrer dans le bâtiment, nous ne savons rien de ce qui se passe à l'intérieur. Environ deux cent personnes sont bloquées dans la salle. Il semblerait que les agresseurs soient deux, et armés.
- Minerva et Sting sont là bas... Avec Lyon et Meldy... marmonna Grey.
- Cobra, Kinana et Midnight aussi, je crois, trembla Kana.
Un silence de mort tomba dans la pièce. Sans un mot, ils s'assirent, le regard vissé à l'écran. De longues heures d'angoisse commençaient.
NDA : Comment ça je suis en retard ?
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