Chapitre 8
NDA : Je crois qu'ils parlent anglais au Canada, mais pour des raisons évidentes, tous les dialogues sont en français (Alexandre parle moyennement bien l'anglais, et Mélina couramment).
-Et bien, vous me semblez tous les deux aptes au travail. Alexandre tu vas t'occuper du petit bar où on sert des cafés et quelques boissons alcoolisées. Je t'ai mis quelques fiches pour que tu connaisses les différentes recettes. Mélina, vu que tu es celle qui parle le mieux anglais, je te laisse faire le service. Si vous avez un souci, n'hésitez pas à m'appeler, ou à demander de l'aide à vos collègues. Pour le moment, tu te contentes d'installer le reste des tables. Parfois des personnes bourrées viennent ici. Nous n'avons jamais eu de problèmes. Vous les servez tant qu'ils se contiennent un minimum. D'habitude tout ce passe bien. Mais si sa dégénère, je compte sur toi Alex'. Tu es le seul garçon de l'équipe, alors n'hésite pas à les jeter dehors par la peau des fesses. Bien, au boulot.
Je me dirigeais derrière le petit bar, et commençais à prendre mes repères. La mère de Lina nous avait parlée d'un café, mais il s'agissait plus d'un bar, où l'on buvait, ou bien l'endroit où l'on venait avant d'aller en boite par exemple. N'empêche qu'a première vue, tout avait l'air totalement normal. Mais je ne pouvais m'empêcher de tout surveiller avec des coups d'yeux discrets. Je devais sûrement développer une sorte de paranoïa après les évènements qui avaient provoqués notre venue ici. De mon petit bar, j'avais une vue sur tout le café, et sur les clients qui allaient rentrer.
Toutes les employées, oui, parce que j'étais le seul garçon, avaient des formes développées, le visage recouvert de maquillage, et n'hésitaient pas à draguer certains clients pour rapporter plus. D'elles, je n'en avais, pour ainsi dire, rien à faire. Ce qui m'irritait au plus haut point, c'était qu'on avait classé Mélina dans la même catégorie. Je n'avais qu'une envie : broyer les doigts des clients qui posaient leurs salles pattes sur elle de manière indécente. Je ne ressentais aucun sentiment amoureux pour elle, sûrement pas, mais j'étais censé la protéger, c'était pourquoi j'avais été entraîné dans cette galère d'ailleurs. Et j'étais comme un imbécile derrière mon bar. Cet endroit semblait néanmoins très populaire, et il était rempli en permanence. Une seule serveuse sortait du lot : elle n'était jamais maquillée, ou très peu, et semblait très timide. Je me demandais bien ce qu'elle faisait là.
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Cela faisait désormais presque une semaine que nous étions ici. Depuis deux jours, j'avais remarqué que les serveuses se conduisaient différemment avec d'autres clients. Lesquels dégageaient comme une aura différente de celle des autres. Seulement, sans que je n'aie le temps de plus inspecté, j'étais appelé par un client ou par une autre employée. Et ces clients disparaissaient comme par magie. Je ne recevais jamais de commande d'eux. Nous étions aujourd'hui samedi, et c'était, selon toutes les autres, le jour avec le plus de clients. Ce soir, j'avais bien l'intention de retrouver un de ces fameux clients, et de ne pas le lâcher d'une semelle. Tout cela sentait la véritable magie, celle qui faisait de moi un métamorphe, et je détestais ça. En parlant de magie, Lina avait toujours un sortilège sur elle, qui la faisait changer d'apparence : on aurait maintenant dit que nous étions frères jumeaux.
Je passais le seuil, déterminé, et rentrais sur mon lieu de travail accompagné par Mélina. J'allais me changer, et prenait ma place au bar. Les clients arrivèrent les uns les après autres, et bientôt la nuit tomba. Elles ne s'étaient pas trompées. C'était plein à craquer ce soir. Du fait que j'avais déjà manqué une dizaine de client du type « bizarre » car à plusieurs reprises, j'avais du mettre dehors des personnes trop insistantes envers nos serveuses. Je prenais un malin plaisir à mettre dehors ceux qui s'acharnaient avec ma protégée. Deux personnes entrèrent, et je me crispais. Ces deux là semblaient parfaitement rentrer dans ma catégorie « bizarres » et je ne comptais pas les quitter d'une semelle. Un homme suivit par une femme. Ils étaient guidés à travers la salle par une des serveuses. Alors que je les suivais discrètement du regard, je vis l'homme chuchoter à la femme, avant de se diriger vers le bar, autrement dit, moi. La fille et la serveuse continuèrent leur chemin. Je tentais de garder mon calme, alors qu'il s'appuyait contre le bar, c'est-à-dire à, allez quoi, un mètre peut-être de moi ? Ce n'était pas bon. Pas bon du tout. Cet homme, ou bien cette chose, dégageait une aura qui me provoquait des frissons. Pire que dans l'avion. C'était terrifiant, et pourtant, seul moi semblais m'en rendre compte. Ses cheveux blond semblent êtres tachetés de...sang. Et personne ne semblait s'en rendre compte. Il souleva un instant ses lunettes de soleil, en tournant son regard vers moi, en souriant légèrement, dévoilant ses dents blanches.
D'accord, d'accord. Ne pas paniquer. Contrôler ses émotions et ne pas se transformer en animal.
Mais quelqu'un pouvait-il m'expliquer pourquoi est-ce qu'il avait des yeux rouges, et des canines plus longues que la normale ? Danger, danger ! S'était comme une alarme qui se déclenchait en moi. Cette...Chose respirait le danger.
-Vous désirez ? Demandais-je avec un ton glacial, la seule manière que j'avais trouvé pour masquer mon étonnement.
Il me fit un véritable sourire, le même sourire que devait faire Jack the Ripper à ses victimes avant de les découpées.
NB : Jack the Ripper, c'est Jack l'éventreur en anglaispour ceux qui ne savent pas. Je trouve ça sonne beaucoup mieux en anglais.
-Intéressant. Lâcha-t-il simplement, avant de remettre ses lunettes devant ses yeux, et de me poser une pièce sur le comptoir.
-Mais...Vous n'avez pas encore commandé.
-Ne t'en fais pas pour ça, j'ai obtenu bien plus que je le voulais. J'espère te recroiser bientôt...Jeune proie. Dit-il si bas, que seul moi pouvais l'entendre, avant de passer sa langue sur ses lèvres.
Il me tourna le dos, tandis que je lâchais le verre vide que j'essuyais. Il chuta, et se brisa au sol. Les sons devinrent lointain, et j'eu l'impression que la lumière se tamisait. Des images et des sons s'affichèrent dans mon cerveau.
De la chaleur et des flammes ; un incendie. Un incendie qui ravage mon manoir. Ce bâtiment qui brûlait appartenait à ma famille, j'en étais certains. Je ne savais pourquoi, mais j'en étais persuadé. Une femme, ma tante me pousse en dehors de la maison, se sacrifiant à ma place. Tout le bâtiment s'écroule. Seule la moitié de son corps dépasse des décombres, le reste, la partie inférieure, est recouverte, écrasée par les décombres du bâtiment. Elle relève doucement son visage égratigné vers moi.
-Alexandre...Murmure-t-elle seulement en tendant son bras vers moi.
Puis une ombre humaine passe devant la lune. Le visage de ma tante se fige de terreur. L'ombre atterrit au sol, et son visage se fait éclairé par la lueur de la lune. Et il est là. L'homme qui m'a abordé est là. Qu'est-ce qu'il fiche ici ? Ma tante semble soudainement se réveiller.
-Alexandre ! Cours ! Dépêche-toi ! Pars ! Me crie-t-elle d'un air désespéré, tandis que l'homme approche doucement, comme un prédateur se rapproche doucement de sa proie, quand il est sûr qu'elle est bloquée. Et d'un coup, en un clin d'œil, il est à côté de ma tante, et la tient par les cheveux, la tirant vers le haut.
-Alexandre...Lâche-t-elle alors qu'un fin filet de sang s'écoule du coin de sa bouche.
-Silence ! La coupe l'homme en criant, me faisant sursauter.
Il tire encore plus sur ses cheveux, et je vois bien qu'elle souffre car son corps blessé est toujours enseveli et qu'ainsi, il déplace son corps.
-Espèce d'incapable ! Tu as faillis le laisser mourir ! S'écrie-t-il encore.
-Pa...Pardonnez-moi...par pitié...Lâche doucement ma tante, visiblement à bout de force, la douleur la ravageant.
-De la pitié ? Combiens de fois faudra-t-il que je te le répète ? Sa vie vaux mille fois la tienne. C'était la dernière fois que je te le répète.
-Alexandre cours ! S'écrit-elle une dernière fois, en rassemblant ses forces restantes.
Je suis comme réveillé d'une torpeur, et sans réfléchir, je fais ce qu'elle me dit. Je m'élance. Un cri de douleur déchire la nuit, et c'est comme un déclic : Mes os s'allongent, des poils poussent sur ma peau, et je tombe à quatre pattes. Et je cours vers la forêt. Je cours sans me retourner, tandis que ce cri ne cesse de résonner en moi...
-Alexandre, ça va ? Me demande Mélina.
Je reviens au monde réel. Ma première réaction et de regarder frénétiquement autour de moi. Il n'est plus là. Je bouge d'un pas, et marche sur quelque chose. Du verre brisé.
-Alexandre ?
-Hein ? Euh, pardon, ma main à glissée. Tout va bien. Dis-je en me penchant pour ramasser les bouts de verre.
Dans ma précipitation, je me coupe une des jointures du doigt, faisant couler mon sang. Et au bout de quelques secondes, elle se referme toute seule, comme toutes mes blessures le font toujours. Personne ne m'avait entendu casser un verre, et le bar continuait de tourner tranquillement.
-Alexandre ? Tu es sûr que ça va ? Insista Mélina.
-Oui, c'est bon.
-Mais...
-Puisque je te dis que c'est bon ! Retourne travailler ! Dis-je, presque en lui criant dessus.
Elle me fixa un instant, avant de repartir travailler. Quand tout ça se termina enfin, on prit le dernier bus pour rentrer à la maison, dans le silence. J'étais, notez l'ironie, légèrement énervé. En réalité, je détestais ne pas comprendre ce qu'il se passait autour de moi. Hors là, je ne comprenais rien. Pourquoi est-ce que cet homme me connaissait ? Est-ce que c'était lui qui avait déclenché cette réminiscence, ou bien était-ce une coïncidence ? Et je n'avais pas réussi, encore une fois, à découvrir ce que devenais ces fameux clients. En résumé, j'étais de très, très mauvaise humeur. Durant les quelques minutes de marche que nous avions, le silence était très pesant. Et en arrivant à la maison, la première chose que je fis, c'est d'aller m'enfermer dans ma chambre. Je me retins de pousser un petit cri de surprise en la voyant dans ma chambre.
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