Chapitre 38


Je me précipitais vers la fenêtre, le cœur battant à tout rompre. Comment cela avait-il pu se passer aussi vite ? Le vent glacial et violent m'obligea à fermer les yeux une seconde, avant que je ne puisse les ouvrir à nouveau. Je cru apercevoir au loin une silhouette et automatiquement, ma vue mua pour celle d'un aigle. Il ne me fallut qu'une seconde pour reconnaitre un homme portant quelqu'un. Et ce quelqu'un n'était autre que Mélina. Je me reculais de quelques pas, prenant de l'élan, avant de m'élancer en courant.

-Alexandre ! Cria mon oncle derrière moi, à l'instant même ou je me jetais dans le vide.

Le reste de son cri fut coupé quand le vent me fouetta le visage. Dans ma chute, deux ailes poussèrent dans mon dos, et je remontais en piqué vers le ciel. J'allais devoir aller vite, très vite. 

Et puis soudainement, ce fut comme si quelque chose se brisait, comme si quelque chose tombait en miette en moi. Je sentis mes ailes commencer à se rétracter, alors que j'étais encore bien haut dans le ciel. Je me précipitais vers le sol, alors de des bourrasques de vent soudaines venaient perturber mon atterrissage en urgence. Qu'est-ce qui m'arrivait ?! J'atterrissais en catastrophe au sol, et roulais plusieurs fois à terre. Je tentais à nouveau de faire quelque chose, de me transformer, de contrôler les éléments, n'importe quoi que j'avais l'habitude de faire quand Mélina était en danger. Je la sentais, cette énergie, prête à se déverser. Mais rien n'y faisait. C'était comme si elle s'était bloquée. Je me redressais, et regardais au niveau de la fenêtre brisée. Plus personne. Pan et mon oncle devaient déjà être partis chercher du renfort. Et je m'étais élancé sans réfléchir. Je me retournais à nouveau, pour voir le ravisseur de Mélina s'éloigner. Que devais-je faire ? Je n'avais plus aucun pouvoir, je n'arrivais même pas à me transformer en animal ! Le plus sûr serait d'attendre les renforts...Mais d'ici là, ce ravisseur aurait disparu, et Mélina avec lui ! Et même si je le rattrapais, que pourrais-je faire ? Je ne savais même pas me battre, alors que lui était sûrement armé. Ma mère m'avait dit que ma vie passait avant la sienne, mais comment pourrais-je encore me montrer devant son père et ma famille si elle disparaissait, et mourrait sûrement, parce que je n'avais su la défendre ? Je ne pourrais pas. Alors je m'élançais, les poursuivants. Je devais au moins faire quelque chose.

Je courais sans m'arrêter, désespéré. Rien, je ne pouvais rien faire, alors que je voyais Mélina m'échapper de plus en plus...alors que la distance entre nous deux se creusait. Quelque chose qui m'avait toujours semblé impossible était en train de se produire. J'avais toujours cru que, malgré la contrainte évidente qu'il représentait, ce contrat faisait de moi le plus fort. Qu'il faisait de moi une personne impossible à abattre. Je m'étais obstiné à croire, que malgré mes nombreuses lacunes en combat et en contrôle de moi-même, je resterai invaincu. Que les pouvoirs que me procurait mon contrat les combleraient sans souci, et que je pourrais me satisfaire de mon niveau actuel. Foutue estime de soi ! Pour moi, je n'avais pas besoin d'apprendre à me contrôler. Après tout, il me suffisait d'ordonner, et de me laisser totalement envahir par cette force, ce pouvoir infini. C'est ce que j'avais toujours cru. Et le retour à la réalité était brutal.

Donc j'étais là, ne réussissant ni à me métamorphoser en animal, et encore moins à contrôler les éléments, alors que Mélina était désormais loin devant. Je n'arrivais pas à déclencher mon pouvoir. Les ailes restaient repliées, m'empêchant de prendre mon envol. Tout m'échappait.

J'arrivais enfin au niveau d'un chemin s'enfonçant dans la forêt, alors que lui, en était déjà presque sortit. Mes jambes et mes poumons me brûlaient atrocement. Je ne pouvais pas courir plus vite ! J'étais déjà essoufflé, et je peinais à le suivre. Je me rendis compte que je pleurai, lorsqu'une saveur salée vint se perdre au coin de ma bouche. Étaient-ce des larmes de tristesse ? Peut-être. Mais c'était surtout des larmes de colère, de rage. Comment durant tout ce temps avais-je pu agir de la sorte ? Pourquoi m'étais-je si longtemps cru au dessus de tous ? Maintenant que j'y pensais, on m'en avait fait la remarque, avec des sous entendus. Mes habitudes à braver des interdits, mon comportement irresponsable...C'était le mixe de tout ça, qui m'avait conduit dans cette situation. Je me détestais, je me maudissais moi-même d'avoir autant refusé d'admettre que j'avais autant besoin d'entraînement que les autres, si ce n'était plus.

La lune éclaira alors soudainement ma route à travers les feuilles, donnant à ce chemin, qui m'avait pourtant semblé si sombre, une couleur argentée. Comme si le nuage qui la cachait avait disparu. Je ne su pourquoi, mais j'eu l'impression qu'on me donnait un second souffle, et j'accélérais.

J'atteignis enfin le bout de cette forêt, et me rendis compte de là où nous étions. En vérité, nous nous trouvions juste à côté de là où j'avais pris mon premier cour de voltige. Ce qui voulait dire que nous n'étions plus très loin du bord de l'île. Nous en étions même proches, puisque l'horizon s'étalait déjà devant moi, seule une tâche venait troubler ce tableau. Le ravisseur, et Mélina dans ses bras. J'accélérais le rythme, à ma grande surprise. Au loin, je vis une ombre s'approcher en battant des ailes. Un dragon. J'accélérais encore ! Le ravisseur se rapprochait de plus en plus du vide...mais je me rapprochais de lui aussi ! Alors je me poussais à fond, même si mon corps me criait de m'arrêter.

Il sauta dans le vide, et son dragon le réceptionna, avant de piquer vers le ciel. Il volait à grande vitesse, l'air semblant s'ouvrir pour lui. Des centaines de flèches volèrent brusquement, et allèrent droit dans sa direction. Je me retournais, tout en continuant de courir, pour voir plusieurs archer postés là, ainsi que mon oncle, Pan et le roi arriver en courant, presque en dehors de la forêt. Ils étaient tous fort et sereins, comme si la victoire leur appartenait déjà. Et je compris pourquoi. Ils avaient confiance en moi. Ils étaient tous persuadés que j'allais leur ramener leur princesse. Je recentrais mon attention sur le ravisseur, ressourcé, comme si l'on m'avait donné une nouvelle énergie. Il avait déjà prit une belle avance, mais des vents contraires semblaient le ralentir. J'ordonnais au vent de le déstabilisé, sur ce cela allait marcher, cette fois. Cela fonctionna bel et bien, puisque je le vis perde le contrôle quelques secondes. Et alors un espoir monta en moi.

Je n'étais plus qu'à quelques mètres du bord. Je ne savais pas si j'allais réussir à me transformer. Je ne savais pas si j'allais réussir à sauver Mélina. Mais je le voulais. Je voulais devenir encore plus fort ! Plus mature, et apprendre de mes erreurs. Mériter cette confiance que tous avaient envers moi...En fait, tout ce que je voulais, c'était prouver à tous que j'étais de leurs côté, en protégeant leur princesse.

Dans le dernier mètre de terre, je pris une grande impulsion pour sauter. J'eu l'impression que tout l'air présent se rassemblait sous mes pieds, avant que je ne décolle, d'un bond de géant.


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