Chapitre 9 - Gabriel

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— Tu peux t'allonger ici, Gabriel. Ça va bien se passer, je vais juste prélever un peu de sang et te faire un test.

Voilà que je me retrouve sur un fauteuil incliné, bras posé sur l'accoudoir, projecteur de chez le dentiste au-dessus de ma tête, serrant le poing, une sangle enroulée autour du muscle. Je déglutis. Ce n'est clairement pas le meilleur moment, ni le pire de ma vie, mais je déteste les aiguilles. Ce truc fait bien dix centimètres et ça me terrifie. En plus, être quasiment nu devant un inconnu, ce n'est pas ce qui m'enchante le plus.

Le Doc me sourit des yeux derrière ses lunettes rondes. Il sort de sa blouse blanche une tablette et tapote de ses gants en latex dessus avant de réajuster son masque chirurgical sur le nez.

Vient le moment de la piqûre. Je tremble, ma respiration s'accélère. Je crois que je fais une crise d'angoisse. Je sais, c'est nul, c'est juste une aiguille, rien de plus, même un coup de katana me fait moins peur. Aïe !

— Vous auriez pu prévenir !

— Je t'ai prévenu, Gabriel mais toi, tu ne m'as pas écouté.

Il m'énerve déjà.

— Hé, qu'est-ce que vous m'injectez ? Ça à voir avec le papier que j'ai signé ?

— Très bien, on va passer au test, suis-moi, répond-il sans prêter attention à ma question.

Avant de passer sur le fauteuil, j'ai reçu un document qui rejetait toute faute de Seeds si quoique ce soit arrivait. Je me suis méfié, bien sûr, mais j'étais bien obligé de signer si je voulais continuer l'aventure. Et je l'ai vu injecter un liquide. Il n'a pas prélevé mon sang, j'en suis sûr.

Il appose un pansement dans l'intérieur du bras, sort un bonbon de sa poche et me le tend. Je le regarde et le jette à la poubelle en le suivant.

Pour qui est-ce qu'il me prend ? Un gamin ?

— Tiens-toi bien droit, au milieu de la plateforme.

Il n'y a rien de plus, seulement cette plaque vissée au sol, hexagonale et grise. Je m'exécute avec appréhension, n'ayant aucun indice sur ce qui m'attend. Mes membres commencent à s'engourdir et je sens le liquide injecté plus tôt vagabonder dans mon corps. C'est désagréable et j'ai une irrépressible envie de me gratter, comme si ça pouvait le retirer.

Le Doc colle plusieurs électrodes sur mon torse nu et recule contre le mur, sa tablette en main.

— Je t'ai injecté une substance dont je me sers pour fabriquer les bijoux de pouvoirs, ceux que l'on remet aux candidats réussissant les dernières épreuves.

— Quoi ? Ça veut dire que j'ai... Des pouvoirs ? murmuré-je pour moi-même.

— Pas vraiment. Du moins, tu ne peux rien en faire pour le moment. Le but est avant tout de vérifier que ton corps réagisse bien.

— Pourquoi m'avoir fait signer ce papier ? Il y a des risques qu'il réagisse mal ?

— Oui, comme toute expérience scientifique, il y a des risques, conclut-il d'un sourire tout aussi agaçant que celui de Chang.

Ma peau devient brûlante et la chaleur qui se répand dans mon corps m'étouffe au point d'avoir mal et de me plier.

— Tu as mal ? demande le Doc tout en tapotant sur la tablette.

— Ma peau est en feu !

— C'est normal, ça ne va pas durer longtemps.

J'ai un doute là-dessus mais je ne peux rien faire d'autre que grimacer et grogner de douleur, un genou sur la plateforme, une main contre ma poitrine. Les minutes semblent interminables et j'ai l'impression que mon corps va exploser ou fondre.

— C'est bientôt terminer, essaye de résister encore un peu.

Les dents serrées, les yeux fermés, je tente de me concentrer sur des pensées, des souvenirs positifs pour passer outre le mal-être physique. Mon esprit se perd finalement dans le vide après quelques expirations. La chaleur redescend et c'est comme si je pouvais contrôler le feu qui brûle dans mon corps... Avant de totalement disparaître.

— C'est terminé, tu peux partir, concède le Doc en m'aidant à me relever.

Je souffle un coup et essuie la transpiration de mon visage. J'ai survécu mais la sensation était horrible. C'est comme si on me brûlait vivant. Le Doc ouvre une armoire derrière lui et en sort un caleçon noir qu'il me tend.

— Tiens, ce sera quand même mieux de continuer les épreuves avec ça.

En baissant les yeux, je me rends compte que mon sous-vêtement à complètement cramé alors je me dépêche de me rhabiller, complètement gêné. Je sors de la pièce sans un mot et rejoins Dylan pour que Sora puisse y aller.

— Bon sang, tu t'es transformé en poulet rôti ou quoi ? se moque-t-il en s'asseyant à côté de moi.

— On va dire ça. Il t'injecte la substance des pouvoirs et apparemment, c'est tombé sur le feu ou quelque chose comme ça pour moi, dis-je en croisant les bras, dérouté par cette expérience.

— Sérieux ? J'espère qu'il me donnera un chouette pouvoir aussi.

***

— Bien. Nous arrivons sur la phase décisive du recrutement de cette année. Pour ce petit tournoi, l'équipe 9 affrontera l'équipe 6 pendant que l'équipe 7 affrontera l'équipe 4, annonce Chang, posté devant nous. Les deux équipes gagnantes se feront face pour un ultime duel afin de décider qui remportera les pouvoirs et une place auprès des agents spéciaux de Seeds. Tous les coups sont permis hormis les blessures mortelles, donc restez corrects. Si un participant tape le sol, il déclare forfait. Une équipe est déclarée gagnante lorsqu'au moins deux des candidats sont encore en jeu.

Le vent est glacial, aujourd'hui, irritant mes mains et mon visage. Quelques gouttes commencent à tomber sur le sable et le ciel couvert donne un aspect apocalyptique au terrain de duel sur lequel nous sommes. Dans les rangs, Raphaël me fixe avec affront, un sourire en coin. J'ai hâte de l'affronter si j'en ai l'occasion.

Les sbires de Chang ne sont pas loin, tout comme Valentin et Mélodie, qui était absente jusque-là. Elle semble malade, reniflant et se mouchant régulièrement. Son coéquipier ouvre un parapluie pour les abriter et tout ce petit monde se met en retrait pour nous laisser place.

— Le terrain est divisé en plusieurs parties par des lignes blanches. Si vous sortez de votre délimitation, vous serez également éliminés, ajoute le directeur avec un grand sourire. À mon top, combattez.

Nous nous répartissons sur le terrain, face à face avec l'équipe 4, composée de Léon, Yasmine et Akoma. Les armes sont proscrites, bien entendu, et il va falloir user de toutes nos techniques de combat pour venir à bout de nos adversaires.

— Je m'occupe de Léon. Ça me fait toujours mal de combattre une fille, lance le rouquin en se mettant en garde.

— Pourquoi ? Tu as peur de perdre ? rétorque aussitôt Sora. Enfin, je combattrai Yasmine, dans ce cas.

Dylan ne répond rien et moi, je réprime un rire. Leur taquinerie m'amuse mais il est vrai que, parfois, Dylan peut être un peu... Arriéré sur certaines pensées.

Au bout du terrain, Akoma me fait un signe du menton puis attache ses longues tresses noires en chignon, comme un signe que je serai son adversaire.

— Combattez ! annonce Chang.

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