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L'équipe 6 entame le parcours d'obstacles avec prudence, et communique pour avancer ensemble, ce qui ne se faisait pas jusqu'à présent. Malgré leurs uniformes, leur corps athlétique est clairement voyant et la rousse se permet même d'enlever sa veste, qu'elle attache autour de sa taille, révélant des biceps aussi imposants que les miens.

Leur progression est fluide et le passage des murs, des fossés et du filet se fait sans encombre, avec une rapidité qui m'inquiète ; ils semblent bien plus doués que les autres et je sens qu'ils vont nous faire concurrence.

Les gobelins des précédents passages, toujours en vie, attachés autour des caisses, sont libérés dans un hurlement de furie. Fonçant sur leurs cibles, armes brandies, l'équipe 6 se tient tout de même prête, armée et confiante. Chacun des candidats se charge d'isoler un monstre tout en restant près les uns des autres pour assurer une aide si besoin.

La brune fait preuve d'une agilité lui permettant d'esquiver facilement les coups, se permettant même quelques démonstrations de force avec ses roulades et ses sauts. Les autres utilisent des techniques d'arts martiaux me rappelant les entraînements militaires. Cela peut paraître évident au vu de la condition requise pour accéder à Seeds, mais aucune équipe n'a pu y avoir recours à cause d'une lenteur évidente. Ces candidats-là connaissent leurs mouvements par cœur et manient avec facilité leurs armes.

Malgré tout, un moment d'inattention envers un cri de gobelin leur coûte une blessure à la jambe pour le type aux cheveux bouclés. Cette « erreur » perturbe le groupe, qui ne sait plus où donner de la tête. Les gobelins en profitent et attrapent les filles avant de les projeter violemment dans le sable, comme pour la première équipe. Les monstres n'ont définitivement pas l'air programmés pour tuer, ce qui est plutôt rassurant pour la suite.

Les candidates se relèvent aussitôt pour porter secours à leur camarade mais reviennent rapidement au sol, renversées par une lame mise en travers de leur chemin, balayant leurs jambes sans ménagement. Je grimace en sachant pertinemment la douleur ressentie en ayant le menton percuté contre le sol et la poitrine résonnant à cause du choc.

La peur mêlée à la détermination se lit sur leur visage et la fatigue fait trembler leur corps. Un des gobelins s'approche du troisième candidat, dubitatif quant à son sort, tenant sa jambe ensanglantée, un genou à terre.

— Raphaël ! cri la rousse avec désespoir.

Elle se redresse et fonce sur la créature, lame prête à la découper. Le mouvement est exécuté avec précision et rapidité, tranchant le gobelin en deux, faisant apparaître du sang vert et des boyaux. Elle se dépêche de retirer le liquide agrippé à ses vêtements, qui semble poisseux, et relève Raphaël, boitant.

Les deux reviennent chercher la brune, en proie à une autre attaque de gobelin, lame contre lame.

— Je ne vais pas tenir longtemps. Vite, Anna ! lance-t-elle d'une voix cristalline.

La concernée bondit sur le gobelin et l'étrangle de son poignard coincé contre son cou. Les deux individus tombent en arrière, permettant à la brune de se dégager et de planté sa lame dans le torse de la créature. Le dernier monstre recule, hésitant probablement à rebrousser chemin et à abandonner sa mission.

— Tu vas bien, Emma ? demande Anna à sa camarade d'arme.

La concernée hoche la tête d'un air déterminé et le trio fait face à leur dernier adversaire. Dans les rangs des derniers postulants, on commence à établir des pronostics, pariant presque sur des vies.

La tension sur le champ de bataille est accompagnée d'un affrontement de regards entre ses protagonistes. Anna porte à bout de bras leur camarade blessé tandis qu'Emma se met en position de combat, un air déterminé plaqué sur le visage. Elle se décide à attaquer la première, sautant vers sa cible dans un rugissement guerrier. Les enchaînements de lames produisent un son aiguë digne d'un duel à l'épée.

— Il est à moi. Reste avec Raph' pour le protéger, lance-t-elle entre ses dents à l'intention de la rousse.

Emma se baisse pour esquiver le poignard et en profite pour planter le ventre du gobelin avant de balayer de son arme le reste de son corps avec violence. Le monstre ne comprend pas ce qui se passe et tente de se défendre, en vain. Il tombe à genoux, vaincu, du sang verdâtre s'échappant de ses nombreuses blessures.

Il s'écroule dans un soulèvement de sable aveuglant. Le champ de bataille est calme et seul le souffle d'Emma se fait entendre, à présent. Ils ont gagné l'épreuve. Et après, c'est à nous de crever l'écran. Je déglutis, subjugué par leur puissance de groupe, comme s'ils se connaissaient depuis toujours. Je jette un œil à Dylan, toujours à mes côtés, lui aussi surpris par la prestation qui vient de se dérouler devant nos yeux.

— Bien. L'équipe 6 remporte cette épreuve. J'espère que les équipes suivantes en feront tout autant. Prenez-en de la graine, indique Chang d'un ton condescendant.

Valentin part aider les candidats exténués, blessés, tandis que les larbins de Chang se chargent d'apporter d'autres caisses venant du camion. L'odeur de sang et de sable me donne envie d'éternuer alors je passe mon temps à renifler, pour le plus grand bonheur de mes camarades à mesure que nous approchons du parcours d'obstacles.

Sora me lance un sourire entendu tandis que Dylan tapote nerveusement son le manche de son poignard retenu à la ceinture. Le signal de Chang retentit et nous partons à l'assaut de cette première épreuve. Revoir Sora me rappelle cette fameuse nuit et ce n'est pas des plus agréables. En escaladant le mur, en courant dans le fossé, en sautant sur les plateformes tout en essayant de garder mon équilibre... Peu importe ce que je fais, ces pensées me hantent et me déconcentre, ressassant des douleurs enfuies pendant le service militaire.

Finalement, c'est une mauvaise idée qu'elle soit là.

Au milieu de la poutre, je trébuche et tombe la tête la première dans le sable. Ma joue en prend un coup, tout comme le plat de mes mains qui me lancent violemment. Je crache les grains qui se sont infiltrés dans ma bouche et me redresse, conscient qu'il n'y a pas un instant à perdre.

Devant moi, Dylan et Sora s'arrêtent, me regardant avec inquiétude. D'un hochement de tête, je leur assure que je vais bien et nous continuons le parcours à l'unissons. Mes genoux me font mal mais l'adrénaline se déclenche, minimisant rapidement la douleur.

Il est l'heure d'affronter les monstres. Le cœur battant la chamade, presque essoufflé, je sors mon poignard et observe les caisses s'ouvrir en déglutissant. Les gobelins déguerpissent de leur prison pour nous assaillir sans ménagement. Les coups de lames s'enchaînent et nous faisons preuve d'un maximum d'esquives comme l'équipe précédente.

Mon adversaire me force à reculer brusquement, poussant avec son arme, et je me retrouve vite à devoir baisser ma garde. La lame froide pénètre dans mon bras et la douleur me fait lâcher un grognement. Lorsqu'elle est retirée, le sang s'échappe de la plaie, peignant ma veste d'uniforme ainsi que le sable de rouge. Je me ressaisis aussitôt, bloquant un nouvel assaut tout en essayant d'ignorer la douleur.

La peur me gagne à mesure de l'affrontement et j'ai l'impression de perdre mes moyens. Tout mon corps tremble, tous mes sens sont en alerte, ma respiration devient saccadée et une sueur froide me parcourt le dos. Cette fois, ce n'est pas comme l'année dernière. Il n'y a plus aucune fascination, aucune curiosité. Simplement de la peur et une envie de détruire tous les monstres.

Dans un grognement de rage, je reprends l'avantage en poussant le gobelin violemment de ma lame. J'enchaîne ensuite en lui enfonçant mon coude entre les côtes avant de lui balayer les jambes. Ma vitesse d'exécution ne lui permet pas de riposter et il termine au sol.

Sora et Dylan s'empressent de faire de même et les trois gobelins sont maîtriser. Nous prenons un instant pour reprendre notre souffle puis je me redresse pour inspecter mon bras blessé. Le sang recouvre entièrement ma peau mais commence déjà à sécher, ce qui n'est pas terrible niveau bactéries.

— Tu viens, Sora ? demande le rouquin.

— J'arrive, je refais mon lacet. Partez devant.

Dylan à mes côtés, nous commençons à marcher vers Chang, qui annonce la fin de l'épreuve.

— Attention ! nous crie Sora toujours derrière.

En jetant un œil, je vois qu'il s'agit d'un gobelin encore conscient, son arme brandit vers nous. Nous nous baissons par réflexe en voyant un poignard arriver dans notre direction. Il se plante dans le crâne du monstre in extremis, le figeant sur place. Cette fois, il est bien mort. Lorsqu'il s'écroule, le visage fatigué de Sora nous apparaît et la frayeur se dissipe.

— Sacré lancé, fait remarquer Dylan en souriant.

— De rien, lance-t-elle en s'approchant de nous.

Nous arrivons près de Chang, dont le regard est satisfait, comme s'il s'attendait à ce que l'on gagne. Valentin se précipite dans ma direction pour attraper mon bras, qu'il entoure de ses mains, pendant que le terrain est dégagé pour l'équipe suivante. Je ressens aussitôt la magie pénétrer ma peau et la blessure se refermer, le sang s'arrêter de couler, comme si le temps avait été rembobiné. Je ressens également sa puissance jusque dans mes organes, comme une sorte de pression, légère mais bien présente.

— Voilà, ça devrait aller maintenant. Félicitations, me sourit Valentin en s'éloignant.

Il retourne à son poste et l'épreuve se termine après le passage de la dixième équipe.