Partie 84
NDA: Le prénom "Javier" étant d'origine hispanique se prononce "Ravière", idem pour le prénom "Andres" la prononciation est "Andrésse".
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-"Je dois reconnaître que je suis plus qu'impressionné." s'exprima finalement l'homme au chapeau.
Les quatre étudiantes en étaient maintenant certaines: c'était lui le chef. Il avait ordonné aux quatre autres voitures de le suivre de près alors qu'elles venaient à peine d'arriver à sa hauteur.
Si elles paraissaient pétrifiées au début, quand elles s'étaient approchées, le courage et la détermination de Taïna avaient déteint sur les trois autres et c'étaient quatre jeunes femmes confiantes qui s'étaient pointées devant l'homme.
-"Et en quoi êtes-vous impressionné?" demanda Taïna sans une once d'hésitation ce qui fit sourire en coin l'inconnu.
Evidemment l'homme avait pris le volant et tandis que Shanley, Alexa et Nina s'étaient installées à l'arrière, l'Haïtienne n'avait pas hésité une minute à monter côté passager.
-"Vous savez pertinemment que l'on a buté tous les petits soldats de ce bon vieux Silvio tout ça pour prendre les princesses Morales et Cabrera. Vous ne savez absolument pas pourquoi on vous veut. Vous ne savez pas si elles sont vivantes. Caro et Silvio ont dû vous interdire de sortir de leur petit château mais vous n'avez pas hésité en faisant tourner en rond le FBI. Tout ça pour vos deux amies, je me trompe?"
-"Non, sauf sur un point." gloussa Taïna.
-"Ah oui? Lequel?"
-"Si vous les considérez vraiment comme des princesses vous êtes vraiment dans le faux. En fait vous avez même tellement tort que j'en ai mal au ventre de me retenir d'exploser de rire. Dites-moi qu'elles sont un parfait mélange de Wonder Woman et Harley Quinn et je vous dirais que là pour le coup vous êtes dans le vrai de la vérité vraie mais des princesses? Huh huh, mauvaise pioche. Bande de noobs."
L'homme se contenta de rigoler d'un rire franc qui fit sourire de fierté Taïna. Pendant ce temps ses trois amies observaient l'échange d'un air médusé. Il n'y avait bien que Taïna pour rire avec son ravisseur. Ou peut être Ilaria et Hailey.
-"Un bras, trois épaules, deux rotules et deux tibias." déclara finalement l'homme en se garant sur un terrain vague dégagé.
-"Et vous osez les appeler "princesses"? Sérieusement?" pouffa Taïna en descendant de la voiture tandis que les trois autres restèrent interdites.
-"Euh... Vous parlez de quoi?" osa finalement Alexa.
-"Du prix qu'ils ont payé avant d'emmener nos Cubaines. Duh." répondit Taïna.
-"Elles sont irrécupérables." souffla Nina en secouant la tête tandis que Shanley se frappa le front et Alexa se pinça l'arrête du nez.
-"Et maintenant quoi? Nan attendez je pense pouvoir deviner. Vous aller nous assommer pour nous emmener dans votre cachette top secrète hein?" demanda Taïna en mettant ses mains dans ses poches tandis que les étudiantes se trouvaient encerclées par les hommes des voitures.
-"Oui et non." lui répondit l'homme au chapeau "Premièrement je vais me présenter, nous sommes un minimum civilisé non? Ensuite nous n'allons pas vous assommer, nous allons vous endormir avec une petite injection de tranquillisant."
-"Je ne pense pas que descendre des hommes faisant leur travail soit une preuve de civisme." déclara Shanley en arquant un sourcil.
-"Mais nous sommes aux USA. Me suis-je trompé sur le fonctionnement de ce pays?" ricana l'homme en écartant les bras tout en arborant un sourire fier tandis que les hommes autour rigolèrent.
-"Juste comme ça, c'est ce que vous leur avez fait? Une dose de tranquillisant?" s'inquiéta Alexa tandis que ses amies la regardèrent en coin en comprenant où elle voulait en venir.
-"Oui. Nous n'avons pas vraiment eu le choix." répondit l'homme en détaillant du regard l'inquiétude des quatre jeunes femmes.
-"Elles se sont réveillées?" demanda Nina.
-"Non pas encore. En même temps les gars ont mis la dose de peur qu'elles se réveillent avant qu'elles soient sécurisées."
A l'entente de la réponse les quatre étudiantes blêmirent. Le souvenir de l'anesthésie d'Helia pour l'opération de ses dents de sagesse leur revint en tête. La petite Cubaine se trouve totalement intolérante à un composé que l'on retrouve dans la plupart des produits anesthésiants. A son réveil elle délire et panique. Le médecin avait même précisé qu'il pourrait y avoir des effets bien plus graves en fonction du produit et/ou de la quantité.
-"Donc. Je vais me présenter. Je me nomme Javier." commença l'homme en se mettant face aux quatre jeunes femmes et en retirant son chapeau.
Taïna l'observa, le détailla du regard, l'analysant des pieds à la tête avant de sourire en croisant le regard vairon de leur "ravisseur".
-"Et moi qui pensais que le sang et la famille étaient importants." osa l'Haïtienne en défiant l'homme qui haussa les sourcils avec un sourire en coin. Cette réaction confirma totalement les suppositions de Taïna car elle l'avait bien trop vu sur le visage de sa meilleure amie et aussi sur le visage de Carolina. "Dites-moi si je me trompe monsieur Ortega."
-"Perspicace mademoiselle. Je répondrais à votre dernière question plus tard mais pour récompenser votre esprit vif je vais répondre à votre précédente question. Si je les appelle "princesses" ce n'est pas dans le sens "petites saintes de Disney". J'entends par ce surnom les désigner comme les héritières de leurs parents et j'ai pu entrapercevoir le fait qu'elles sont également les dignes héritières de leurs familles."
A peine la phrase de Javier finie que les étudiantes sentirent l'aiguille s'enfoncer dans leur bras sans aucun ménagement. Il ne leur fallut pas longtemps avant de perdre connaissance.
Au moment où elles revinrent à elles, elles furent perdues un moment tout en se sentant légèrement nauséeuses. Quand elles prirent conscience de leur environnement, et surtout quand elles reconnurent la voix paniquée de Selena, elles se redressèrent.
-"Helz, s'il te plaît, concentre toi sur ma voix. Babe écoute moi. Respire. Il faut que tu m'écoute. Helz!"
La vision qui s'offrit à elles leur retourna le ventre. Comme elles, Helia et Selena étaient enchaînées au sol, séparées de sorte à ce qu'elles ne puissent pas se toucher. Si Selena était assise et semblait aller bien malgré un méchant bleu à la mâchoire et à l'œil ce n'était pas le cas de sa copine. Helia était à terre, les yeux fermés, la joue écorchée, pleine de sueur, le souffle saccadé et se trouvait assez agitée.
-"C'est l'effet de l'anesthésiant ou sa phobie?" demanda Taïna d'une voix rauque, faisant sursauter Selena qui tourna ses yeux emplis de larmes vers elle.
-"Anesthésie pour le moment. Je pense qu'elle délire."
-"Comment son oncle a pu lui faire ça? D'après Carolina s'est familial." pesta Alexa.
-"Non. Carolina nous a parlé de son frère Elio et de sa sœur Mariana. On ne sait même pas combien d'autres frères elle a. On sait juste qu'elles ne sont que deux sœurs." rectifia Shanley.
-"Attendez. Son oncle?" questionna Selena.
-"L'homme au chapeau.Tu l'as vu?" demanda Nina tandis que la Cubaine répondit "non" de la tête. "Il s'appelle Javier. Javier Ortega. On a pu parler aux parents d'Helia. Apparemment sur la lettre qu'ils ont reçues il y a la signature de membres des familles Ortega et Delgado."
-"Je vois." murmura Selena avant de reporter son attention sur sa copine "Ils vous ont eu comment?"
-"On s'est rendu. Sur la lettre ils menaçaient d'envoyer des bouts de vous si on ne venait pas." répondit Nina.
-"Vous n'auriez pas dû! c'est insensé!"
-"On le sait que c'est insensé mais à notre place vous auriez fait pareil." rétorqua Shanley, faisant grimacer la Cubaine qui ne pouvait qu'acquiescer.
-"De plus nous sommes comme des sœurs non? On s'est promis d'être là les unes pour les autres. On n'abandonne pas la famille." ajouta Nina.
Selena observa ses quatre amies un moment, les larmes aux yeux. Malgré leur situation son cœur sembla se réchauffer d'une douceur pleine d'amour. Oui elle voulait les étriper mais en même temps elle leur était tellement reconnaissante d'être là. Elle avait entendu des hommes parler, et de ce fait, savait très bien que cette histoire de morceaux de corps coupés était réelle. D'après le plan c'était une phalange par jour de retard. Quand ils s'étaient aperçus qu'elle les entendait, ils l'avaient vite rendormie, l'empêchant d'entendre leur fameux plan.
-"Et puis, notre BRU SQUAD arrive. Elles vont trouver un moyen. On peut leur faire confiance." termina Taïna.
-"Merci." murmura finalement la Cubaine. En toute honnêteté, depuis son réveil elle avait perdu espoir de sortir vivante. Quand elle avait repris conscience et vu ses amies, elle s'était sentie anéantie et impuissante mais finalement, grâce à elles, elle reprit confiance. En effet, la BRU SQUAD n'allait pas les abandonner car comme l'a si bien dit Nina "on n'abandonne pas la famille". Il fallait tenir encore un peu. Elles allaient débarquer et tout péter. Finalement, quand Selena se tourna à nouveau vers sa copine, elle se permit un léger sourire.
Il fallut un moment à la footballeuse pour réveiller sa copine. Impossible de dire combien de temps par contre. Elles n'avaient pas conscience de l'heure et du temps dans ce hangar qui procurait une sensation de déjà-vu au couple de Cubaines.
Les étudiantes étaient toutes inquiètes pour Helia. Même qu'elle se trouvait assise, sa respiration restait saccadée et on pouvait voir sans difficulté sa sueur couler de son front à son cou tandis qu'elle s'efforçait de rester consciente. De plus la plaie de sa joue ne semblait pas en bon état. Si elle ne la désinfectait pas rapidement une infection serait assurée.
-"On dirait que tout le monde est réveillé." déclara un homme en entrant dans la "pièce".
Il était accompagné de Javier tandis que d'autres hommes, sans armes, prenaient place dans le fond.
-"Pardonnez mon ami. Il oublie régulièrement ses bonnes manières." plaisanta Javier "Vu l'heure il aurait dû commencer en vous disant bonjour donc je vais le faire pour lui. Bonjour mesdemoiselles, bien dormi?"
-"Qu'elles sont la date et l'heure?" demanda Selena en dévisageant les deux hommes comme le reste des étudiantes. Taïna ricana dans son coin en voyant l'homme encore inconnu froncer les sourcils et plisser ses yeux ambre. Elle l'analysa un moment tandis que l'homme et Selena se jaugeaient. Aucun des deux ne voulait baisser les yeux le premier. La jeune Haïtienne se retint de rire en voyant les deux arborer les mêmes tics au niveau de la bouche et d'un œil.
-"Ne lui en voulez pas. C'est de famille d'oublier ses bonnes manières." intervint finalement Taïna, faisant rire Javier qui l'applaudit tandis que l'inconnu et Selena se tournèrent vers elle avec une expression quasiment identique.
-"Je m'appelle Andres." se présenta finalement l'inconnu en portant toute son attention sur Selena "Delgado. Je suis bien ton oncle. Le frère aîné de ta mère. Pour ta question, vous avez simplement dormi toute la fin de journée et la nuit. Le jour se lève à peine."
-"Ok." répondit Selena "Sinon vous pourriez, s'il vous plaît, aider Helia?"
-"Je vais bien Selly." répondit la plus jeune mais personne n'était dupe. Sa voix était faible, un simple murmure, sa respiration ne s'était pas arrangée et sa pâleur n'était pas rassurante.
-"On t'a administré de quoi contrer les effets négatifs de l'anesthésiant. Ça devrait agir."
-"Donc vous saviez!" s'exclama Alexa en se relevant et le fusillant du regard. Son geste brusque la fit vaciller, la forçant à fermer les yeux un moment pour retrouver ses esprits et son équilibre. Evidemment, en plus de la dose d'anesthésiant qui leur fut administrée, sans réel respect des indications d'utilisation, elles n'avaient rien mangé et rien bu depuis des heures.
-"C'est ma nièce. Evidemment que je sais. Nos hommes n'ont pas eu le choix pour la maîtriser."
-"Vous ne les auriez pas enlevé vous n'auriez pas eu à faire ça." continua Alexa tandis que Nina essayait d'attirer son attention pour la calmer. Javier semblait peut-être détendu mais ça ne l'empêchait absolument pas d'être un criminel. L'arme qui dépassait de sa ceinture n'en était qu'une piqûre de rappel.
-"Tu sais, on nous a demandé de te fournir en vie. En vie ne veut pas dire en un seul morceau. Je te conseille de garder ça en tête." prévint Andres en s'approchant de la Mexicaine.
-"Essayez pour voir." gronda Nina en le fusillant du regard.
-"On vous a demandé de la fournir en vie?" intervint la faible voix d'Helia "Donc vous êtes les hommes de main? Pour qui? Alexa et Nina? Vu nos liens de sang je suppose que vous nous voulez. Pourquoi? Et Taïna et Shanley?"
-"Ta mère doit être fière de toi." rigola Javier en s'approchant d'Helia qui luttait pour tenir assise. Il s'accroupit face à elle et lui releva la tête du bout de l'index, faisant s'agiter Selena qui tira sur ses chaînes pour essayer de se libérer. "Tu ressembles tellement à mes deux sœurs tant physiquement que mentalement. Une beauté Cubaine, vive d'esprit et posant trop de questions."
Helia ne répondit pas. Elle essayait de garder sa contenance mais c'était une vraie lutte intérieure qu'elle menait. Elle avait le tournis, son cœur ne trouvait pas son rythme, elle avait excessivement chaud et sa respiration ne se calmait pas.
-"Ne bouge pas princesse." murmura Javier en positionnement l'une de ses mains sur la joue intacte d'Helia tandis qu'il plaça l'autre dans son dos.
La jeune handballeuse se raidit avant de sursauter. Quand Javier retira ses mains d'elle, elle le dévisagea. Il venait de lui dégrafer son soutien-gorge mais, comme le confirmait l'absence de réaction de Selena, il avait fait ça dans le seul but de la soulager un peu. Sentant son torse plus libre, Helia ferma les yeux en savourant le moment tandis que Javier se releva et retourna se placer à côté d'Andres qui lui tapota l'épaule.
-"Tu vas bien mon cœur?" s'enquit Selena.
-"Oui. Et toi?"
-"Un peu mieux maintenant que tu es réveillée."
-"Simple question. Vous avez hésité avant de foncer tête baissée?" demanda Javier en se tournant vers les quatre autres étudiantes.
-"Pff. Nan. Bon. Mon plan c'était de vous casser la gueule du coup j'imagine que pour ça je vais devoir attendre mais sinon le reste du plan a pas mal fonctionné." répondit Taïna, faisant rire les deux hommes.
-"Ce sont nos amies. Elles sont comme des sœurs pour nous. Si vous pensiez que nous allions les laisser seules dans ce merdier vous aviez tout faux." répondit également Shanley.
-"Vos sœurs hein?" plaisanta Andres.
-"Ouais ça doit être une notion compliquée pour vous. Après tout vous avez kidnappé vos propres nièces, les faisant souffrir, faisant souffrir vos sœurs et votre famille au passage." cracha amèrement Alexa tandis que Nina écarquilla les yeux et la supplia de se taire.
-"Je t'ai déjà mis en garde." gronda Andres en s'approchant dangereusement de la petite Mexicaine. "Tu ne sais rien du pourquoi du comment alors..."
-" Nous sommes toutes ouïes." l'interrompit Selena, provoquant un lourd silence.
-"Vous connaissez la vie de vos parents à Cuba et dans quelles circonstances ils sont partis?" demanda finalement Javier en abandonnant pour la première fois son air taquin et joueur.
-"Oui." répondirent les deux Cubaines.
-"Vous pensez?" rigola amèrement Andres.
-"Ils nous ont menti au début mais on a fait des recherches et on ne leur a pas laissé le choix. Ils ont fini par tout nous dire." répondit Helia.
Avec l'aide de leurs quatre amies, le couple restitua l'histoire qui leur fut donnée par leurs parents. Leurs deux oncles écoutèrent tranquillement, stoïques, sans les interrompre une seule fois. Ils finirent par admettre qu'ils étaient surpris de voir qu'elles détenaient la bonne version des faits. Ils ajoutèrent quelques détails et éclaircirent certaines zones d'ombre.
-"Nous sommes trois frères et deux sœurs. Du côté d'Andres ils sont quatre frères et une sœur. C'est pour ça que Gabriela était vraiment traitée comme la princesse sacrée du royaume Delgado."
-"Et Danilo?" demanda Helia, sa voix toujours aussi faible.
-"Il a été retrouvé. Il était encore entre la vie et la mort mais il a fini par s'en sortir. Il n'en reste pas moins infirme." répondit amèrement Andres.
-"Et Sebastian, vos frères et leurs compagnes?" demanda Taïna.
-"En vie. Bien amochés mais en vie. Ce n'était pas gagné pour Sebastian mais après plusieurs mois de comas il s'en est sorti. Il a mis des années avant de pouvoir vivre normalement. Il est même devenu papa. Pour Elio, il ne peut pas se déplacer sans sa canne. Les nerfs de l'une de ses jambes sont foutus. Du côté de Celio il a perdu un bras. Une artère a été touchée et Luisana a essayé de lui faire un garrot qui lui a sauvé la vie mais lui a donc coûté son bras." répondit Javier.
-"Et comment vont Luisana, Amanda et Juliana?" questionna Shanley, n'oubliant pas les trois femmes qui au final avaient sauvé les parents des Cubaines.
-"Elles vont bien. Leurs corps portent des marques indélébiles de cette nuit-là mais elles vont bien. Apparemment elles ne parlent pas non plus de tout ce qui s'est passé. Ce sont des très jolies femmes, elles étaient face à des animaux donc on se doute de comment elles ont fini cette nuit là."
-"Nos mères aussi sont marquées. Elles ont des cicatrices plein leur dos." intervint Selena sans oublier de relever le "apparemment" de son oncle, tout comme sa copine qui lui lança un regard en coin en arquant un sourcil.
Les deux hommes la dévisagèrent. De toute évidence ils n'étaient pas au courant de ce détail ce que ne manqua pas, à nouveau, le couple de Cubaines.
-"Vous semblez en colère en parlant de tout ça." fit remarquer innocemment Helia.
-"Evidemment! Ils ont visé nos familles!" s'énerva Javier.
-"Mais vous faites exactement la même chose là maintenant!" s'énerva à son tour Helia. Elle avait horreur de l'hypocrisie et le comportement des deux hommes commençait sérieusement à l'agacer. En temps normal, avec ce genre d'individu, elle n'était pas du tout patiente mais au vu de son état c'était encore plus compliqué pour elle de garder son calme. Comme pour la rappeler à l'ordre, elle ressentit un léger vertige qui la força à se calmer du mieux possible.
-"Vous savez l'enfer que ça a été pour nous après?" intervint Andres, retenant Javier par le bras. "Nos frères étaient à l'hôpital, nos sœurs avaient fui vers un pays qui déteste le notre, nos pères étaient dévastés comme jamais et nos empires menaçaient de s'effondrer. Vos parents ont fuit grâce à nous, nos familles leur ont permis de partir. Ils devaient simplement en échange nous rendre des services mais..."
-"Mais ils ne l'ont pas fait car ils ne voulaient pas mettre en danger leur famille, ici, en trempant dans des affaires louches. Vous avez conscience de combien c'est difficile de vivre dans ce pays en étant un étranger? Un étranger venant d'Amérique du sud en plus? Réussir ici quand on vient d'Amérique latine c'est un miracle. Les autres sont toujours sur votre dos à chercher la moindre erreur pour tout vous faire perdre et les autorités se feront même un malin plaisir de vous passer les menottes et de vous afficher en tête des journaux au moindre putain de faux pas." s'énerva Alexa.
-"De plus nos parents vous aident." déclara Selena. "Mais ça vous le sauriez si vous étiez encore en contact avec vos familles. De toute évidence vous n'êtes pas au courant de beaucoup de choses. Par exemple je parie que vous ne savez pas que nous, Helia, mon frère et moi, avons été à Cuba. L'homme à la béquille et le gars avec un bras en moins Helz! Tu te souviens?"
Helia dévisagea sa copine en essayant de réfléchir, ce qui n'était pas vraiment facile vu son état. Elle se concentra un moment en fermant les yeux avant de les écarquiller et dévisager Selena.
-"L'enlèvement de quand nous étions petites! Ils font partis des hommes qui sont venus nous chercher. Mais... Attends. Pourquoi nos parents pensent qu'ils sont morts?"
-"Peut-être parce que c'est ce que l'on veut leur faire croire." déclara Taïna "Un gars boiteux et un mec avec un seul bras ça marque. Vous étiez peut-être vraiment minies quand vous êtes allé à Cuba mais vous auriez un souvenir d'eux comme celui qui vient de revenir lors de votre enlèvement où, pour le coup, vous étiez vraiment, vraiment petites. De plus si c'était la guerre à Cuba entre les clans et vos familles, passer des mois à l'hôpital ça revient à signer son arrêt de mort."
-"Vous êtes jaloux et en colère car vos familles les ont envoyés ici, après nos parents." affirma Helia en fixant les deux hommes.
-"Mais pourquoi ils ne se sont pas manifestés? Pourquoi ne pas avoir dit à vos parents qu'ils étaient là, à Miami et surtout en vie?" demanda Alexa.
-"Pour la raison que tu as donné tout à l'heure." répondit Shanley. "Le grand-père d'Abi a très vite donné de l'argent à leurs parents pour les aider dans leurs études. Vu les blessures de chacun, ils n'ont pas dû quitter Cuba dans les jours qui ont suivi mais plutôt dans les mois voir peut-être l'année. Quand ils sont arrivés, les parents des filles s'en sortaient plutôt bien et l'état de Sebastian était incertain sans compter que Celio et Elio devaient ne pas vouloir être vu affaiblis."
-"Donc ils sont restés en retrait et ont observé de loin pour ne pas mêler nos parents à leurs activités." murmura Helia. "C'est pour ça que nos parents ont toujours été soutenus et respectés par la 'mafia' Cubaine sans rien devoir payer en retour si ce n'est que mettre à l'abri des familles fuyant le pays ou en faisant accélérer le traitement de certains documents administratifs."
-"Sérieusement?" râla Taïna "On s'est fait kidnapper à cause d'une chamaillerie de frères et sœurs? Putain vous avez quoi? Plus de quarante ans non? Grandissez!"
-"On voulait se venger! On voulait détruire tous ceux qui s'en sont pris à nos familles mais nos pères n'ont rien fait! Ils ont renégocié les alliances, apaisé les tensions... Le sang est sacré! Un crime de sang appelle un autre crime de sang!" ragea Javier.
-"Pas au XXIème siècle!" pesta Selena "Si on tue quelqu'un car une des personnes de sa famille a tué un membre de la notre ça va forcer leur famille à répondre et on devra répondre à nouveau et ainsi de suite! A la fin tout le monde meurt."
-"C'était la règle!" lui cracha Andres.
-"Une règle stupide." contra Helia.
-"Stupide? Ah oui? Et tu penses que ton petit papa et ma sœur font quoi en ce moment? S'ils nous trouvent nous allons mourir pour avoir touché leur bébé."
-"Non. Car vous resté leurs frères." répondit Selena.
-"Par contre pour vos amis je parierais pas dessus." marmonna Taïna en observant les hommes restés en retrait.
-"Mais s'ils posent leurs armes et se rendent ils sortiront d'ici vivants. Peut-être." précisa Selena.
-"La moitié ne sont pas nos hommes donc s'en foutent. Mais bien essayé." rétorqua Javier.
-"De toute manière pour vos familles nous sommes morts. C'est de nous que parlaient vos parents quand ils ont dit que des attentats contre nos clans avaient pris la vie de leurs frères. S'il est vrai que nos cousins sont vraiment morts dans ces attaques ce n'est pas notre cas.On aurait dû y être. Nos frères aînés étaient partis négocier ailleurs et du coup on avait convaincu les patriarches de nous faire confiance. Lors de la rencontre on était un peu en retard car trop occupés avec une demoiselle. Manque de pot on est arrivé juste avant l'explosion, on a été à peine touché. On aurait pu s'en sortir auprès des patriarches si cette chienne ne s'était pas plaint à sa famille qui par la suite a eu l'audace de demander des comptes aux patriarches. Quoi qu'il en soit, nos pères nous ont désavoué après ça. On voulait simplement se racheter en leur ramenant la tête des enfoirés qui ont fait ça mais ça n'a provoqué que leur colère en disant que la situation devenait compliquée et explosive à cause de nous. Ils ont fini par nous renier et aux yeux de nos familles nous étions morts. On est resté dans les affaires familiales mais de loin. Evidemment nous restions respectés pour nos noms mais nous n'avions pas le droit de parler au nom de nos familles. Le soir de ces attaques nous n'étions même pas là. Quand nous l'avons appris vos parents étaient déjà partis et les autres à l'hôpital." expliqua Andres.
-"Dur." commenta Taïna alors que Shanley se frappa le front. Elle avait une envie irrépressible d'étrangler l'Haïtienne pour qu'elle la ferme. A ce rythme là, Taïna allait finir par dire la phrase de trop et ça risquait de mal finir pour elle.
Personne n'eut le temps de répondre, malgré les airs plus qu'énerver des deux hommes, car très vite le rire hystérique d'Helia raisonna dans la pièce. Elle rigolait à pleins poumons, en se tenant le ventre et en basculant en arrière. Selena l'observait inquiète en se disant que sa copine avait craqué, que c'était fini, tandis que Nina, Alexa et Shanley l'observaient, soucieuses. Seule Taïna se mit à bouder en voulant savoir ce qui était si drôle. Elle aussi elle voulait rire. Quelle injustice.
-"Vous êtes tellement mal." réussit à articuler Helia entre deux fous rire. "Vous êtes dans la merde de chez merde. Non vraiment. Vous êtes foutus. Du coup ils vont pas vous faire la peau. Nan nan nan. Vous allez douiller."
-"Tu ressembles bien à ton père." plaisanta Javier "Quand je l'ai chopé à nettoyer les amygdales de ma sœur je l'ai éclaté. A la fin il s'est simplement relevé, mort de rire, en me disant que s'il devait endurer ça tous les jours pour être avec ta mère ça ne le dérangeait pas. Il était sérieux. Chaque fois que je le tabassais, il rigolait et recommençait. Au final le patriarche a décrété qu'il était assez bien pour sa fille à condition qu'il ne couche pas avec. On sait tous que cette demi-portion a bien promis dans le vent."
-"Au final toute l'île savait qu'il avait retourné ta sœur depuis un bon moment." se moqua Andres avant de se prendre un coup de la part de Javier.
-"Tout comme je retourne ta nièce presque tous les soirs." commenta Selena ce qui stoppa net le fou rire d'Helia.
La plus jeune dévisagea sa copine et se sentit trahie. Elle aurait eu les mains libres elle l'aurait même remis en place elle-même. Et étrangler. Certainement. Du moins un peu mais pas trop quand même.
-"Pardon?" demanda Javier tandis qu'Andres faisait de son mieux pour ne pas rigoler.
-"Si tu es sourd tu devrais t'approcher, que je te le répète." le provoqua un peu plus Selena.
L'homme ne perdit pas une seconde pour sortir de sa poche un couteau et s'approcha dangereusement de la Cubaine. Quand son visage se trouva à quelques centimètres de Selena, personne n'eut le temps de comprendre ce qui se passait. Elle l'avait attrapé avec ses chaînes et avait réussi à l'immobiliser tout en l'étouffant avec ses entraves. Les hommes autour firent tous un pas en avant en se saisissant de leurs armes mais Andres les stoppa d'un geste de la main.
-"Détache Helia." déclara finalement, en espagnol et d'un ton sec, Selena.
Voyant que son oncle ne bougeait pas elle resserra un peu plus sa prise sur le cou de Javier qui commençait à devenir violet.
-"Tu sais qu'elle ne va pas hésiter à vraiment le tuer huh?" demanda Taïna.
Finalement, en soufflant, Andres demanda des clés à l'un des hommes et alla détacher Helia.
-"Elle ne va pas s'enfuir, elle va juste rester avec moi et elle bougera seulement si besoin même si vu son état elle ne risque pas de faire grand-chose. Je ne sais pas ce que vous lui avez donné pour contrer les effets de l'anesthésie mais clairement ça ne marche pas. On va rester toutes les six calmes et on va coopérer mais vous laissez Helia tranquille d'accord?"
Andres hocha la tête et Selena relâcha enfin l'homme qui s'éloigna rapidement en toussant et se tenant le cou. Son ami l'aida à se relever en lui donnant son chapeau. Finalement Helia glissa vers Selena et se réfugia dans ses bras.
-"Pardon pour ce que j'ai dit. C'était pour l'énerver et le forcer à venir. En temps normal jamais je n'aurais dit une horreur pareil mon cœur. Pardonne-moi."
-"C'est ok. Sur le moment je voulais t'étriper mais maintenant je comprends. Merci."
-"Tu penses que j'aurais le temps de m'expliquer auprès de Taïna et Alexa avant qu'elles se mettent après moi?"
-"Nan. T'es foutu."
-"Merci de ton soutien mon cœur."
-"Mais de rien."
Selena berça doucement sa copine qui nicha sa tête dans le creux de son cou. Elle sentit une vive douleur dans la paume de sa main et remarqua que durant l'affrontement Javier lui avait entaillé la main avec son couteau. Elle vérifia qu'elle pouvait bien bouger tous ses doigts, signe qu'aucun nerf n'était touché, et en conclut que ce n'était que superficiel. De leur côté, bluffées sans être vraiment surprises, les quatre autres étudiantes observèrent le couple. Elles étaient plutôt fières de voir que ces trois années de travail sur leurs phobies furent utiles: aucune des deux ne semblait paniquer. Certes, leurs phobies étaient toujours là et devaient rajouter du stresse à la situation mais, contrairement à leur première année à la BRU, elles ne perdirent pas connaissance à cause de leurs peurs.
Durant ce temps les deux hommes quittèrent les lieux sans rien ajouter. Les étudiantes restèrent, ce qui semblait être des heures, dans la semi-pénombre de l'entrepôt. Avec le calme, elles purent entendre des bruits d'eau, d'oiseaux et autres ce qui permit aux quatre natives de Miami de conclure qu'elles devaient se trouver dans une zone marécageuse, peut être les Everglades. Cette information leur permettait de se situer mais n'était pas des plus utiles quand on sait que les Everglades font plus de 15 000 Km² de plus vu la faune que l'on y trouve, s'échapper à pied n'était pas une option envisageable.
Quand elles entendirent des voix parlant espagnol s'approcher, elles sentirent que l'ambiance avait changé. Pour commencer elles reconnurent directement les voix de Javier et Andres et perçurent qu'ils discutaient avec des gens à l'accent mexicain. Il ne fallait pas être devin pour savoir que c'était le moment. Ils avaient bien dit et sous-entendu que Nina et Alexa étaient là selon la volonté de quelqu'un d'autre. L'accent mexicain ne pouvait pas être une coïncidence. Comme pour confirmer leurs doutes, les hommes de main qui rentrèrent étaient tous armés et se positionnèrent aux quatre coins de l'entrepôt.
-"Taïna et Alexa vous devez nous promettre de la fermer." murmura Nina en se tournant vers les deux concernées.
Si Alexa avala difficilement sa salive avant de hocher la tête, Taïna de son côté la dévisagea avant de soupirer et hocher la tête en croisant les regards d'Helia et Shanley.
-"Vous êtes bien calmes." intervint Javier, toujours muni de son air taquin.
Aucune des étudiantes ne releva ce qui sembla perturber les deux Cubains et leurs trois acolytes. Andres fit signe à l'un des hommes armés et d'un coup la pièce fut éclairée par divers néons ce qui aveugla momentanément les étudiantes.
-"Incroyable. Vous n'aviez pas mentis."
-"Bien sur que non. Avec Andres on vous avait promis les héritières de Phoenix et Dallas. Vous avez respecté votre part en nous donnant les moyens de les récupérer et de récupérer les deux héritières de Miami alors nous avons respecté la nôtre."
-"Vous en avez deux de plus."
-"Croyez-nous. C'est préférable d'avoir leurs meilleures amies avec nous plutôt que dehors à tout faire pour les libérer. Javier ne me croyait pas quand je lui disais qu'elles seraient prêtes à tout pour nos deux princesses. De plus elles intéressent quelqu'un."
-"J'admets m'être trompé."
-"Vous comptez vous présenter un jour ou on doit jouer aux devinettes messieurs les tatoués?" intervint Taïna, faisant souffler d'exaspération les cinq autres.
-"Et pourquoi on se présenterait?" ricanna l'un des hommes.
-"Pour pouvoir mettre un nom sur votre cadavre." répondit sans réfléchir l'Haïtienne.
Les hommes se contentèrent de rigoler avant de reprendre leur discussion, ignorant totalement leurs otages qui en profitèrent pour les analyser.
-"C'est mauvais." chuchota Nina tandis que le visage d'Alexa ne montrait que de la pure panique.
-"Pourquoi?" demanda Selena.
-"Ce sont les hauts placés de trois gangs si on en croit leurs tatouages." répondit sa coéquipière.
La nouvelle ne surpris pas les natives de Miami. Les tatouages qui recouvraient la quasi-totalité de leurs corps ne laissaient aucun doute possible. L'indice le plus flagrant restant les tatouages de leurs visages. Plus un membre de gang est haut placé dans la hiérarchie plus il a des tatouages importants sur le visage.
-"Lesquels?" tenta Helia en ne lâchant pas des yeux leurs ravisseurs.
-"A la base ce sont trois gangs distincts et se trouvent dans trois États différents. Depuis quelques années maintenant ils se sont alliés tous les trois et occupent, ensemble, les trois États tout en partageant le kidnapping et l'extorsion comme activité commune. Evidemment le gang originaire de l'Etat est celui qui est le plus important dans ce dernier et sinon, mis à part leur activité en commun, ils sont chacun spécialisé dans d'autres activités. Pour commencer il y a "Los Vendedores" qui vient d'Arizona et se trouve un peu présent en Californie. Leurs symboles sont le nombre 22 et un crâne noir recouvrant une main en or. Ils sont spécialisés dans le trafic d'armes et le transport de migrants. Ensuite il y a "La Muerte Roja" venant du Nouveau-Mexique. Leurs symboles sont le nombre 31 et un crâne rouge inspiré du folklore mexicain. Ils sont spécialisés dans le meurtre et le trafic de drogues. Vous avez peut-être entendu parler de la drogue qu'ils ont mis au point et que l'on surnomme simplement "La Roja". Les derniers sont "Los Condenados" et viennent du Texas. Leurs symboles sont le nombre 3 et un crâne de bœuf recouvrant des flammes. Ils viennent du Texas et sont spécialisés dans le proxénétisme et le trafic d'humains. Ces trois gangs ont des rituels d'initiation pour les nouvelles recrues: pour la mort rouge il faut tuer une cible et se recouvrir de son sang. Pour les vendeurs, il faut réussir un transport de migrants et pour les condamnés il faut réussir à survivre pendant 3 jours dans le désert." expliqua Nina.
-"Tu as bien appris ta leçon." rigola l'un des hommes en s'approchant de la footballeuse "Mais je vais faire en sorte qu'à l'avenir tu respectes nos noms et ne les traduis pas."
Suite à son intervention il fit signe à l'un de ses hommes de détacher la jeune femme. Les autres étudiantes réagirent directement et essayèrent de se libérer de leurs chaînes en protestant tandis qu'Helia essaya de se mettre debout.
L'homme, qui avait le visage entièrement recouvert d'un tatouage de crâne rouge, souleva Nina par les cheveux avant de la propulser au sol au centre de la pièce et fit signe à deux hommes de s'occuper d'elle. Les minutes qui suivirent ne furent que cris, hurlement de douleur et bruits d'os brisés et de chaînes.
-"Je vais vous buter vous m'entendez?! Vous allez tous crever, je vais faire de votre vie un putain d'enfer bande de chiens! Je vais pas laisser passer ça! Vous allez le regretter!" hurla Alexa en se tenant debout et en tirant de toutes ses forces sur ses entraves au point de s'ouvrir les poignets.
Les cris de la handballeuse ne firent que rigoler les hommes tandis que l'un tenait Nina et l'autre la frappait. Ils arrêtèrent de rire au moment où un violent crochet du droit s'abattit sur celui qui donnait les coups. Tous ébahis, ils se tournèrent vers Helia qui était à quatre pattes, devant Nina, et essayait de se relever de nouveau. Elle finit par abandonner l'idée et se contenta de se rapprocher, toujours dans la même position, de Nina. Le visage de cette dernière ne semblait pas trop touché, si ce n'est une lèvre fendue, mais la petite Cubaine savait très bien que dans les minutes qui allaient suivre, les premiers bleus allaient apparaître. Elle palpa, le plus doucement possible, l'abdomen de son amie qui grimaça et si Helia n'était pas surprise de constater que des côtes étaient cassées, elle s'inquiétait de la possibilité d'une hémorragie interne.
-"Vous avez promis de ne pas la toucher. Vous êtes des hommes de parole et d'honneur non?" intervint Selena ce qui figea Helia sur place. Quand elle se retourna elle constata que Javier et Andres s'étaient approchés d'elle.
-"Tu avais promis qu'elle ne bougerait pas." fit remarquer Andres.
-"Oui. Si elle n'avait pas de raison de bouger hors elle avait une raison parfaitement valable d'intervenir."
-"Futées." ricana Javier en secouant la tête quand il se rendit compte qu'ils s'étaient fait avoir.
Les deux Cubains permirent finalement à Selena d'être détachée le temps qu'elle s'occupe d'aider Helia et Nina à retourner à leur place initiale. De leur côté Shanley et Taïna essayaient tant bien que mal de calmer Alexa pour lui éviter le pire. Malheureusement la handballeuse était comme sourde à leurs suppliques. Elle était debout et tirait de toutes ses forces pour essayer d'arracher ses entraves tout en marmonnant en espagnol à travers sa mâchoire serrée.
-"Tu es sûre de vouloir continuer?" lui demanda l'un des hommes.
Pour seule réponse Alexa le fixa du regard, se fichant pas mal des flammes tatouées qui recouvraient le corps du membre de "Los Condenados". Ils se jaugèrent ainsi un moment avant que les yeux du gangster descendent sur les bras ensanglantés de la jeune femme. Quand il s'approcha d'elle, Alexa s'arrêta pour l'observer avant de ricaner. Il voulait la tester et elle venait de le comprendre. Quand il la détacha, elle ignora totalement les cris de ses amies et se jeta sur celui qui avait donné les coups. Surpris et déjà légèrement sonné par le coup d'Helia, l'homme fut déséquilibré et n'eut pas le temps de se relever que la jeune femme était de nouveau sur lui. Pris de panique, il sortit un pistolet et le bruit de détonation qui suivit calma tout le monde. Les cris des étudiantes se stoppèrent tout comme les hurlements d'acclamation des hommes autour qui semblaient se réjouir du spectacle.
Les corps d'Alexa et de l'homme tombèrent au sol, l'un entraîné par l'autre. Durant un petit laps de temps qui leur sembla interminable, les autres étudiantes essayèrent de voir la scène. Quand elles ne constatèrent qu'une étendue grandissante de sang elles paniquèrent un peu plus.
-"Pourquoi?" demanda finalement Alexa en se dégageant, se relevant et se tournant vers l'homme aux flammes tout en essuyant son visage pour enlever le sang qui lui couvrait tout le haut du corps.
-"Tu as voulu l'affronter. C'était un duel et tu étais sans armes. Les règles sont simples: lors d'un duel à mains nues pas d'armes à feu." répondit le concerné en rangeant son arme.
-"Et Nina hein? Il était où votre règlement pour ma femme?!"
-"C'était une leçon. On allait pas la tuer."
Alexa dévisagea l'homme un moment avant de lancer un dernier regard au cadavre à la cervelle explosée et d'aller s'asseoir près de Nina qui, malgré la douleur, la fixa. Comprenant le regards surpris de son ex, Alexa rougit légèrement avant de faire comme si de rien était.
-"Naaah mon gars tu veux pas faire ça. Tu vas te calmer et la laisser se calmer car sérieusement si tu me lâches tu n'auras pas besoin de sortir ton arme pour calmer tes clebs." prévint Taïna en voyant l'homme s'approcher d'Alexa pour la remettre à sa place.
Il échangea un coup d'œil avec les deux autres représentants des gangs ainsi qu'avec Javier et Andres avant d'hausser les épaules et d'obéir.
-"C'est bon, j'ai reçu un message. Comme convenu on les bouge cette nuit." intervint le dernier dirigeant des trois gangs à n'avoir jamais pris la parole. Il était un peu à l'écart, en costume, avec une cravate dorée et les cheveux coiffés en arrière. Sans le crâne recouvrant une empreinte de main dorée sur la pochette de sa veste et ses tatouages, on aurait facilement pu le prendre pour un homme d'affaires.
-"C'est tellement dommage pour vous." intervint un homme avec une canne en entrant dans le hangar "Vous n'aurez pas le temps de voir la nuit devenir reine ce soir."
Derrière lui se trouvait un homme, le visage couvert de cicatrices et un autre à qui il manquait un bras.
Les trois représentants des gangs voulurent sortir leurs armes mais Javier et Andres leur firent signe de ne rien faire. Très vite la lumière fut coupée et le hangar se retrouva bombardé de bruits de coups de feu, de flash, de cris, d'os brisés et de chairs déchiquetées. Les échos étaient tels que les étudiantes eurent l'impression que leurs corps entiers vibraient au son de cette macabre symphonie. Quand Helia se redressa elle tenta un coup d'œil vers Selena pour être certaine de bien voir. Elle avait l'impression d'assister à l'ouverture des portes des enfers, tellement les cris d'agonies et la lumière anxiogène semblaient bien trop horribles pour être réels. S'en suit un silence pesant, contrastant totalement avec le cauchemar éveillé d'il y a quelques minutes.
-"Pourquoi dès que nous tournons le dos vous en profitez pour vous foutre dans des trucs pas possibles?" se fit finalement entendre la voix de Kathleen tandis que les silhouettes des adultes de la BRU entrèrent dans le hangar. Elles ne semblaient accorder aucune importance aux hommes masqués qui tenaient encore leurs armes et qui venaient d'abattre tous les hommes qui, il y a encore cinq minutes, montaient la garde.
-"C'est juste pour vous garder en forme. Faudrait pas vous rouiller de trop avec l'âge." répondit Taïna en essayant de cacher ses larmes.
Elles n'eurent pas le temps d'en rajouter car à peine les étudiantes détachées que d'autres hommes armés arrivèrent et le manège infernal reprit.
Rapidement, les adultes de la BRU s'occupèrent de faire sortir leurs étudiantes quand la situation commença à se calmer de nouveau. Au moment de sortir du hangar, un homme les braqua. Sans réfléchir Taïna ramassa une pelle qui se trouvait au sol et donna un violent coup au gangster qui s'effondra. Les adultes firent monter leurs petites protégées dans divers voitures quand ces dernières arrivèrent et elles quittèrent ce chaos. Une fois assez éloignées, elles descendirent toutes, au milieu des marais et prirent le temps de souffler.
Au bout d'un moment d'autres voitures s'arrêtèrent à leur hauteur et plusieurs personnes en sortirent. De l'une d'elles, ce fut un homme et deux femmes en costumes et à l'air sérieux, dans une autre ce fut l'homme aux cicatrices, celui à la béquille et l'autre avec un bras en moins accompagnés de deux individus tatoués. Finalement, une fourgonnette s'arrêta et Javier ainsi qu'Andres en furent tirés et positionnés à genoux face aux groupes avec leurs trois "amis" de gang.
-"Je me nomme Salvador Ruiz et voici mon cousin Diego." se présenta l'un des deux nouveaux tatoués.
-"Vu vos foulards verts brodés d'une colombe vous êtes membres de "l'Expiacion" je me trompe?" demanda Alexa "Un groupements d'anciens gangs mexicains qui, pour divers raisons, se sont associés et luttent activement contre les autres gangs et leurs activités."
-"En effet." répondit l'homme "Nous travaillons avec vos parents depuis quelques années. Ils nous financent en partis dans vos États d'origines. D'autres familles nous soutiennent ailleurs comme à New York par exemple."
-"En parlant de New-York, je suis l'agent Smith du bureau de New-York et voici mes deux coéquipières." se présenta l'homme en costume.
-"New-York? Qu'est ce que vous faites à Miami?" demanda Shanley.
-"On a reçu un signalement de la part de plusieurs familles concernant leurs héritiers. Ils se trouvent que deux des cibles se trouvaient ici, en vacances, et que personne n'avait de nouvelles. Mes deux coéquipières se sont portées volontaires mais devant le sérieux des menaces, et leur manque d'expérience, un agent plus expérimenté devait les accompagner. Il se trouve que mademoiselle Kelly et mademoiselle Davis n'avaient simplement pas chargé leurs téléphones, rien de bien grave. On a par la suite été prévenu de la situation ici et on a essayé de se rendre utiles jusqu'à ce que l'une de mes deux collègues reçoive un message de sa cousine, qui est journaliste en Californie, pour nous prévenir que vos amies ici présentes voudraient rentrer en contact avec nous. Quoi qu'il en soit je vous conseille de ne pas traîner dans le coin. Nous allons retourner au hangar et prévenir nos collègues."
Dans un silence total, le groupe regarda les trois agents remonter dans leur voiture et faire demi-tour. Helia et Selena échangèrent un regard complice plein de sous-entendus.
-"Qu'est ce que vous allez faire d'eux?" demanda finalement Shanley en montrant les cinq criminels.
-"Ça dépendra de vous et vos parents. Ce ne sont que des représentants, pas les chefs. Ils n'ont fait qu'exécuter." répondit l'homme aux cicatrices.
-"En ce qui vous concerne mesdemoiselles Hernandez et Rodriguez, les ordres de vos parents sont assez clairs. Est-ce que l'un d'entre eux est responsable de vos blessures Mariana?" demanda Salvador.
Aucune des étudiantes ne répondit. Elles connaissaient la règle. Certes, elles semblaient tirer d'affaire mais aucun individu sain d'esprit ne chercherait à s'attirer les foudres des gangs en jouant la balance. Surtout quand les gangs en question étaient déjà après vous. Malheureusement, la prudence semblait avoir quitté Alexa.
-"Le gars de la Muerte Roja." finit par lâcher la handballeuse tandis que ses amies et les adultes de la BRU écarquillèrent les yeux et la dévisagèrent.
Sans un mot, les deux cousins se saisir de l'homme et regardèrent Alexa.
-"Il n'a pas prononcé de mot mais à l'aide sa main il a ordonné à ses gars de la tabasser. L'un la tenait et l'autre la frappait. De cette même main il l'a traîné par les cheveux et jeté à ses chiens. Sans lui elle ne serait pas blessée."
Toujours en silence, les deux hommes acquiescèrent et ils firent signe à d'autres hommes plus en retrait d'avancer. Le membre au crâne rouge fut saisi et maintenu à genou tandis qu'ils lui placèrent la main coupable sur un objet en métal. Rapidement, et sous le regard choqué et dégoûté des jeunes femmes, un coup de machette lui sectionna la main qui par la suite fut lancée aux crocodiles du coin. Après cela, les cinq hommes furent remis dans le véhicule.
-"Nous, nous sommes trompés sur vous." déclara Javier avant qu'il soit chargé à nouveau dans la camionnette. "Vous savez l'importance des liens familiaux. Même ceux qui ne sont pas sanguins. Ne tournez jamais le dos à ceux qui pourraient mourir pour vous au profit de ceux qui n'hésiteraient pas à appuyer sur la gâchette. Le jeu du pouvoir n'en vaut pas la peine."
Quand le véhicule disparu au loin les étudiantes soufflèrent en se disant que ces deux jours de cauchemars étaient finis. Les adultes de la BRU examinèrent leurs blessures et leur prodiguèrent les premiers soins.
-"Il y en a certains, quand ils veulent voir leurs nièces, ils n'attendent pas qu'elles soient kidnappées. Ils viennent simplement pour les anniversaires, les repas de famille, ce genre de choses." marmonna Helia en regardant les trois hommes encore 'inconnus'.
-"Il est vrai." rigola l'homme à la béquille. Il dévisagea la Cubaine de ses yeux noisettes avant de lui tendre la main. "Elio Ortega."
-"Sebastian et Celio Delgado." déclara l'homme aux cicatrices en présentant également celui à qui il ne restait plus qu'un bras.
-"Qu'est ce qui vont arriver à Javier et Andres?" demanda Selena en saluant ses oncles.
-"Honnêtement? Ça dépend des vieux. Ils restent leurs fils malgré tout mais cette fois ils ont été trop loin." répondit Celio.
-"Il y a eu assez de sang." commenta Helia en s'appuyant sur sa copine.
-"Nous sommes d'accord. Ces tordus vous gardaient sous vidéosurveillance et on a récupéré les copies. Peut-être que voir deux de leurs petits-enfants se défendre comme des chefs dans une situation désespérée leur fera assez plaisir pour qu'ils fassent preuve de clémence." tenta Elio avant d'ébouriffer les cheveux de sa nièce qui fronça le nez.
-"On va devoir vous laisser maintenant que tout est sous contrôle." intervint Sebastian.
-"Avant de partir, vous pouvez nous promettre que nous allons nous revoir et pour faire connaissance, pas simplement en cas de kidnapping?" demanda Helia en baissant les yeux et retenant sur sa tête la main de son oncle qui s'apprêtait à partir.
-"Si vous en avez envie." répondit l'homme avant de relever la tête de sa nièce et de lui embrasser le haut du crâne.
Durant l'action, Helia ferma les yeux et un flash de leur premier kidnapping lui revint. C'était Elio, la prenant dans ses bras et la sortant du hangar en boitant, abandonnant sa canne pour porter la fillette. Il lui avait embrassé le crâne de la même manière pour la calmer, lui disant que c'était fini et en face d'elle, Helia avait pu apercevoir Selena, portée par Celio.
-"Nous devons tout de même rester prudents. Si quelqu'un nous voit ensemble nos activités pourraient entacher votre réputation." déclara Celio.
-"On trouvera bien un moyen." répondit Selena en souriant aux trois hommes avant de prendre sa copine dans ses bras et de rejoindre Sophia et Erin qui les attendaient pour partir. Après un dernier regard à leurs oncles, elles montèrent dans le véhicule qui pris la direction de l'hôpital.
-"Elles vont s'en sortir?" demanda Sebastian en croisant les bras.
-"Vous oubliez quels noms elles portent." répondit Abigail en souriant.
-"Elles vont perdre un frère dans les prochains jours voir prochaines heures. Elles doivent déjà gérer le contrecoup de ces deux derniers jours. Ça fait beaucoup pour des gamines."
-"Ça va être difficile mais elles vont s'en sortir. Certes elles sont jeunes mais ce ne sont pas des enfants. Elles sont fortes de plus leur plus grande force c'est la puissance de leurs émotions. Elles vont être totalement submergées, elles ne vont pas pouvoir les contenir." intervint Kathleen.
-"Et en quoi c'est positif?" demanda Elio, un peu dubitatif.
-"Car on pourra voir qu'elles souffrent et on pourra les aider comme il faut. Pleurer, avoir mal, être traumatisé c'est un processus normal qui ne montre pas une faiblesse mais une force quand, malgré tout ça, on est capable de se lever le matin et de continuer à vivre. Elles vont y arriver. Elles en sont plus que capables. Ça va simplement leur demander du temps. Quoi qu'il en soit nous serons là pour elles, comme leurs coachs, leurs amies et leurs parents." expliqua Abigail.
-"En parlant de leurs parents, avoir un peu de soutien ne leur ferait pas de mal de plus nous allons protéger les filles à la BRU mais il faut protéger Havana et Daniela." précisa Kathleen en fixant les trois hommes.
-"Alors nous avons un pacte. Vous vous occupés de leur sécurité en Californie et nous de la leur à Miami." déclara Sebastian en tendant la main.
Sans aucune hésitation Abigail accepta la poignée de main avant de partir avec sa compagne en direction de l'hôpital.
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Voici (vite fait) les logs des gangs pour vous donner une idée.
La Muerte Roja:
Los Condenados:
Los Vendedores:
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