Partie 28

Avant le dessert, avec l'approbation de ses amies, sa cousine et sa compagne, Abigail prit la parole.

-"Comme vous l'avez constaté vos filles ont des tenues de sport. Ce sont les tenues officielles des équipes principales de basket, cheerleaders, foot et hand. De plus Helia, Ilaria et Selena sont capitaines de leurs équipes et Shanley ainsi que Taïna sont vices-capitaines. Vous aurez également compris que Emily, Erin, Judy, et Sophia sont leurs coachs."

-"Ilaria... Vraiment ? Capitaine ? Vous êtes sûr ?" demanda la mère de d'Ilaria d'un air dubitatif en observant sa fille et ensuite Judy, la coach de basket.

-"Comprenez ma femme, notre fille s'est fait renvoyer de six équipes de basket à cause de son caractère et de son comportement. Pour être capitaine il faut de la discipline et..."

-"Et votre fille est parfaite pour ce poste." coupa Judy légèrement agacée. Que l'on remette en cause sa décision c'est une chose à laquelle elle s'attendait, c'est même pour cela qu'elle avait demandé son avis à l'ancien coach de basket, mais que des parents puissent douter du talent de leur propre enfant ça la mettait hors d'elle. 

-"Mais vous mettez vraiment notre Taïna pour seconder cette jeune fille? Vu les propos de monsieur et madame Visconti nos filles sont similaires. Taïna ne connaît pas la discipline et ne prend rien au sérieux."

-"Madame Vinones, croyez moi votre fille est, comme Ilaria, parfaite et elle correspond très bien à son poste. N'était-elle pas capitaine de son équipe au lycée?"

-"Oui mais au lycée c'était différent. Les enjeux étaient moins importants que le sport universitaire de plus Helia était la présidente du conseil des élèves. Ce n'est surement pas un hasard."

À l'entente de ces mots les membres de la BRU portèrent leurs regards inquiets sur la jeune haïtienne. Elle avait la tête baissée, les poings serrés et on pouvait facilement deviner qu'elle luttait pour ne pas pleurer. Devant ce tableau Helia serra sa fourchette au point de la torde et voulut se lever et parler mais fut stoppée par Selena et Alexa qui lui firent signe de laisser la parole aux adultes de la BRU. De son côté Shanley attrapa, sous la table, la main de la jeune basketteuse avant de la serrer. 

-"Ecoutez monsieur Vinones." intervint Judy en gardant les yeux sur Taïna mais également sur Helia avant de se focaliser sur les parents en cause "Je comprends que cela puisse vous surprendre. Votre fille est un sacré numéro comme Ilaria, je ne dis pas le contraire, mais ces deux jeunes femmes ont des compétences en leadership très impressionnantes. Elles ont gagné un match à trois en ne jouant pas sérieusement contre des joueuses de très bon niveau. Avez-vous déjà vu vos filles sur un terrain? Je suis extrêmement honorée et heureuse d'être leur coach."

-"Toutes ces jeunes femmes sont incroyables dans leur sport. Vous devriez tous être fières d'elles. C'est un exploit d'être dans les équipes principales en deuxième et surtout première année. Alexa, Hailey, Ilaria et Nina étaient déjà dans ces équipes l'année dernière. Ce furent les premières à accomplir cet exploit. Mais cette année le plus surprenant c'est le fait d'avoir deux premières années en capitaines et deux en vices-capitaines. Leurs postes ont également été validés par les anciens coachs de l'université qui, comme vous le savez, sont très réputés." expliqua Kathleen pendant qu'Abigail remerciait à l'aide d'un sourire Alexa et Selena en voyant Helia se détendre et lâcher sa fourchette complètement tordue. 

-"Personne n'égale ma sœur donc ce n'est pas surprenant."

-"Tom a raison! Notre grande sœur c'est la meilleure!" s'écria Daniela en donnant un high five à son jumeau.

-"Non c'est Durazno!" s'exclama Havana en appuyant ses deux mains sur la table tout en fixant les jumeaux en plissant les yeux.

-"Petit cœur, ta sœur joue au hand et Selena au foot. Elles sont juste les plus fortes chacune dans leur domaine." rigola Alexa en ébouriffant les cheveux de la petite de 7 ans.

-"C'est quoi le hand et le foot?" demanda la plus jeune de la pièce après avoir réfléchi au propos de la handballeuse.

-"Alors tu vois le foot c'est le sport où tu tapes dans un ballon avec les pieds et où tu n'as pas le droit de mettre les mains sauf quand tu es gardien de but comme Hailey." commença à expliquer Nina en se mettant à la hauteur de l'enfant "Le hand c'est l'inverse; tu joues au ballon avec les mains mais tu n'as pas le droit de toucher la balle avec les pieds."

-"Tiens voilà une vidéo de ta grande sœur sur le terrain, tu comprendras mieux avec des images." intervint Sophia en allumant l'écran géant qui était dissimulé dans le mur.

-"Il y a des images de Selena aussi comme ça tu pourras voir ce qu'est le foot." fit remarquer Erin tandis que Sophia leva les yeux au ciel.

-"Vous nous avez filmés ? À notre insu ? Bravo les coachs!" grogna Hailey.

-"C'est obligatoire pour les sélections. Il y a des détails que l'on ne peut pas voir en direct. Il faut souvent visionner plusieurs fois un match pour voir presque tous les détails qui exposent le talent et la technique d'un joueur." expliqua Judy.

Les images sélectionnées par les coachs défilèrent sur l'écran devant le regard surpris des parents. Elles n'avaient pris que les meilleurs moments et elles avaient également pris des images des années antérieures de sorte à montrer aux parents la vraie valeur de leurs filles. Elles voulaient qu'ils soient tous fières de leurs enfants, qu'ils les encouragent et les félicitent. Elles le méritaient toutes.

Durant le visionnage, Selena donna une tape derrière la tête à Esteban. Le jeune homme avait, le plus discrètement possible, incliné la tête lorsqu'à l'écran Victoria était apparue en haut d'une pyramide, soulevant légèrement sa jupe durant ses mouvements. Ça n'avait, bien évidemment, pas échappé à son aînée et les étudiantes rigolèrent sauf Victoria qui se mit à rougir. 

-"Je suis fière de toi ma chérie. Vraiment."

En voyant la personne qui avait prononcé cette phrase tout le monde fut surpris et la dévisagea.

-"Pardonne-moi de t'avoir empêché de pratiquer ce sport Helia. J'avais juste peur pour toi et peur de l'étiquette qu'on allait te coller. Je pensais que ce n'était qu'une envie, je ne te croyais pas aussi douée et passionnée."

La révélation de Carolina prit tout le monde de court mais la plus surprise restait évidemment Helia qui se trouva sans voix et dévisagea sa mère d'un air incrédule.

-"A l'époque je te l'avais dit. Tu n'as pas voulu m'écouter comme à chaque fois. Je te l'avais dit que notre fille était excellente. Quand m'écouteras-tu?" grogna Silvio avant d'aller vers sa fille "Je peux Helia ?"

La jeune femme fronça les sourcils et prit quelques secondes de réflexion. Son père était fier d'elle, il avait les larmes aux yeux. Il n'avait jamais vraiment été présent quand elle était plus jeune mais quand il s'en était aperçu il avait tout fait pour essayer de s'améliorer. Il est vrai qu'il l'avait soutenu à l'époque où sa mère lui avait interdit de pratiquer son sport mais pas au point de pousser Carolina à revoir sa décision.

Helia fut sorti de sa réflexion par une main qui lui frotta doucement le dos en signe d'encouragement. Elle n'eut pas la peine de se retourner pour savoir qui c'était. Quand la personne s'approcha la jeune cubaine discerna son parfum, une odeur qu'elle reconnaîtrait entre mille, Selena.

-"Oui." répondit répondit finalement Helia.

Silvio mit quelques secondes à réaliser que sa fille venait vraiment de l'autoriser à la prendre dans ses bras. La dernière fois qu'il avait pu la prendre dans ses bras sans cris, sans larmes, elle avait cinq ans ce qui signifiait qu'il attendait ce moment depuis douze ans. Pour un père, le fait de ne pas pouvoir prendre son enfant, son bébé, dans ses bras, l'entendre pleurer quand il la forçait ou la voir fuir quand il essayait lui brisait le cœur. Mais pouvait-il blâmer Helia pour cela? Bien sur que non. Il était pleinement conscient de sa part de responsabilité dans les agissements de son aînée. 

Une fois sa fille dans les bras il ne put retenir une larme de couler que Selena essuya rapidement en souriant ce qui surprit l'homme, les Cabrera et les membres de la BRU. En essuyant sa main Selena indiqua de son menton Helia et tout le monde comprit. Pas de tâche. Elle avait fait ça pour la plus jeune car on ne peut pas prévoir sa réaction face à la tâche que la larme aurait provoquée si elle était tombée sur elle. Elle avait passé outre sa propre phobie du contact physique pour protéger Helia de la sienne. Cette action rappela encore plus à Silvio le dernier câlin qu'il avait échangé avec sa fille douze ans auparavant. C'était Selena qui, comme aujourd'hui, avait incité Helia à aller dans les bras de son père. C'était ce fameux jour, le jour de la dispute. En fermant les yeux il revit cette scène sous forme d'un flasback qui lui déchira le cœur.

Quand Helia réciproqua l'étreinte un grand sourire pris place sur le visage de Silvio qui la souleva de terre, faisant ainsi glousser la jeune femme.

-"Tu me surprendras toujours ma fille. Je savais que tu réussirais les sélections. Je suis également très fière des progrès que tu as fait ces trois dernières semaines. Vraiment. J'imagine que l'on doit remercier Shanley et toutes tes amies ici présentes mais je pense que je dois en particulier remercier Helia je me trompe?" rigola Ernesto en étant lui aussi ému.

-"On vous remercies aussi toutes pour l'aide que vous apportez à notre fille et surtout toi Selena." intervint Carolina.

-"Vous n'avez pas à nous remercier. Si c'était une corvée ok mais c'est naturel pour nous." rigola Taïna en tirant la joue de sa meilleure amie qui venait de se séparer de son père.

-"Et elles nous aident aussi, à leur manière." déclara Nina, obtenant l'approbation des six autres étudiantes.

-"Selly ?"

-"Helz?" répondit Selena en s'approchant.

Une fois la plus âgée à sa hauteur, Helia se glissa dans ses bras pour pouvoir lui murmurer à l'oreille:

-"Je l'ai fait alors tu peux le faire toi aussi. Il en a besoin. Ça fait du bien. Ça n'efface pas tout mais ça soulage."

-"Helz..." grommela la plus âgée.

-"S'il te plaît Selly."

Selena serra un peu plus fort Helia avant de la lâcher et d'aller vers son père. Le flashback de Silvio revint également à Carolina, Ernesto et Gabriela. Ils revirent ce moment où les deux petites s'étaient serrées une dernière fois dans les bras avant d'aller, d'un même mouvement, dans les bras de leurs pères. Elles s'y étaient réfugiées pour pleurer et y étaient restées des heures jusqu'à ce que leurs petits corps tombent de fatigue. A cette époque elles pensaient ne plus jamais se revoir. Quelles étaient les chances qu'elles se retrouvent dans le même collège/lycée ? Aucune. Elles n'auraient jamais dû avoir de deuxième chance. C'était sans compter sur l'intervention de Taïna et Shanley. Les petites de dix ans à l'époque s'étaient rencontrées par hasard et à l'insu de leurs meilleures amies lors d'une compétition de basket où Shanley était une cheerleader et Taïna une joueuse. Elles s'étaient reconnue et avaient décidé de pousser les Morales et les Cabrerai à réunir leurs filles. Comment? Cette école avait les meilleures équipes de la ville dans plusieurs sports. C'était évident qu'elles allaient aller là bas. Shanley avait juste signalé à Ernesto que c'était le mieux pour Selena vu sa passion pour le foot et Taïna avait dit à Silvio qu'il allait devoir expliquer à Helia pourquoi elles n'allaient plus être ensemble s'il n'envoyait pas sa fille dans cet établissement. Ernesto ne voulant que le bien de sa fille et Silvio étant terrifié à l'idée de revoir sa fille se mettre à pleurer ils avaient acceptè sans même prendre le temps de réfléchir.

Selena hésita un peu avant de se blottir dans les bras de son père.

-"Merci Pa'. C'est important pour moi." finit-elle par marmonner.

-"Ne doute jamais de mon amour pour toi. Peu importe tes choix je serais toujours fière de ma grande fille. Tu peux me promettre quelque chose?"murmura Ernesto.

-"Oui?" répondit la jeune cubaine en restant sur ses gardes.

-"Quand vous serez ensemble, promets moi de me téléphoner pour fêter ça."

-"Papa!" couina Selena avant d'enfoncer un peu plus sa tête dans le torse de son père qui explosa de rire. Les autres n'ayant pas entendu la discussion père/fille dévisagèrent l'homme en se demandant ce qui lui prenait.

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