Chapitre 8
Je m'ennuyais au plus haut point. Je venais d'avoir une longue et éprouvante journée de cours. Ou plutôt journée d'exclusion. La salle d'étude était comme ma deuxième maison. Je grimaçai en me rendant compte que je n'avais pas vraiment de chez moi.
Ma mère m'avait appelé ce matin. Elle m'avait tenu tout un discours sur le fait que faire preuve de discernement ne me ferait pas de mal. Je m'étais endormi à la deuxième moitié de son mémorable monologue. J'avais été réveillé par l'entrée d'un deuxième appel.
Je ne connaissais pas le numéro qui s'affichait mais toute excuse pour échapper à la voix de ma mère était bonne. Je lui raccrochai au nez. La dernière chose que j'entendis venant d'elle fut un grognement rageur. Un sourire apparut au coin de mes lèvres. Puis, la voix de l'étrange numéro retentit.
«Keefe Sencen. Puis-je te parler jeune homme ?»
La voix m'était étrangement douce et familière. Malgré tout, je n'avais pas la moindre idée de l'identité de la personne se cachant derrière. Un frisson me parcourut. Non pas de peur. D'excitation. J'aimais les choses étranges. Et cet appel en était clairement une. Je m'empressai de répondre :
« Oui bien sûr. »
Un éclat de rire me parvint de l'autre côté du fil.
« Tu accordes ta confiance bien trop rapidement. J'imagine que tu dois t'imaginer être en appel avec un agent secret. Désolée de te décevoir. Je ne suis qu'une pauvre vieille femme qui s'inquiète pour son enfant.»
Je compris deux choses. Un, elle se trompait. Si sa voix me disait quelque chose, c'est que je l'avais déjà rencontrée. Or, je ne fréquentais pas d'espion. Si ça avait été le cas, j'aurais été au courant, non ? Hum...Passons ce détail. Deux, je n'étais pas l'enfant dont elle parlait.
Agacé de ne pas comprendre à qui je m'adressais, je lâchai :
« J'ai toujours eu une bonne mémoire visuelle. Quant à l'auditive... Vous allez malheureusement devoir faire tomber le masque. »
Lorsque j'entendis la réponse, ma mâchoire se décrocha. J'aurais sûrement pu y mettre un fast-food entier.
« Très bien jeune homme. J'accède bien aimablement à ta requête. Je suis Mme Foster, mère de Sophie Foster. Mais, à la manière dont tu la regardais, je doute que tu l'aies oubliée. (Je faillis m'étouffer.) Je t'appelle pour deux raisons. Premièrement, je te fais confiance pour protéger Sophie. Deuxièmement, ne l'influence pas trop quand même. Je ne voudrais pas me retrouver avec une farceuse professionnelle à la maison. »
«Votre confiance m'honore madame. Quant à mon influence... Je ne peux pas tout contrôler. Je compte bien devenir l'ami de votre fille. Or, les amis s'influencent entre eux. C'est la nature. J'aimerais juste ajouter un dernier point : un adulte inconnu qui appelle un enfant... c'est étrange. Et sûrement condamnable. »
« J'agis pour ma fille. Ma fille que tu as l'air de beaucoup apprécier... Enfin, je suis trop vieille pou ce genre d'histoire mielleuse. Je te dis au revoir et merci, Keefe Sencen. »
J'aurais voulu ajouter quelque chose mais elle avait raccroché. Je m'affalai par terre. Je fermai les yeux et tentai d'oublier toutes les insinuations de Mme Foster à propos de Sophie. Certes, je l'aimais bien. Mais de là à l'aimer de cette façon... Un coup de pied dans les côtes interrompit la course effrénée de mes pensées.
– Fitz, espèce de... sifflai-je.
Mon ami renifla.
– À ta place, je ne finirais pas cette phrase, me coupa-t-il.
Je me redressai en massant mes pauvres côtes.
– Était-ce vraiment nécessaire de me confondre avec un ballon de football ?
Un sourire étira ses lèvres.
– Tu étais par terre, les yeux fermés. Désolé d'avoir voulu m'assurer que tu étais en vie.
J'avais oublié un détail. J'étais chez Fitz. Sa famille m'hébergeait en attendant que j'aie ma chambre à la pension de l'école. Mon meilleur ami était parti chercher des chips quand ma mère avait appelé. Il ne tarda pas à y faire allusion :
– Pour te réconforter.
Un paquet de chips atterrit sur mon visage. Je regardai Fitz, les sourcils haussés.
– Suis-je devenu un punching-ball ? Si c'est le cas, j'aimerais être au courant.
Mon ami éclata de rire. Puis, reprenant tout son sérieux, il s'assit à mes côtés. Il se racla la gorge.
– Devrions-nous inviter Sophie ?
Face à sa nervosité, je ne pus m'empêcher de pouffer. Je saisis alors mon téléphone d'un geste théâtral.
– Je vais te montrer comment envoyer un message.
Je ne savais pas si je devais lui parler de mon étrange appel avec Mme Foster. Mais, alors que j'appuyais sur la touche « envoi », cela m'importait peu. Mon souffle se bloqua dans ma poitrine. J'attendais. Quoi ? Je ne saurais le dire. Sûrement une réponse.
Mon ami se pencha par-dessus mon épaule.
– Salut Foster, lut-il. Je me demandais : veux-tu passer du temps avec moi et l'autre coincé ?
Il me donna une belle accolade.
– Je ne crois pas que je suivrais tes conseils de communication. Et la prochaine fois, respecte ton vieil ami.
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Elle arriva une demi-heure après. Quand je la vis, mon cœur rata un battement. Le rire de sa mère résonna dans mon esprit, moquant mon innocence. Je serrai les dents. J'aimais vraiment bien Sophie. Ce sentiment ne fit que se confirmer quand elle me sourit.
– Désolée, dit-elle à Fitz qui était apparu derrière moi, j'ai raté le bus n°20. J'ai dû prendre le 12 et il fait un grand détour. Enfin bref.
Je souris. J'allais ouvrir la bouche pour plaisanter lorsque Biana arriva. Je la refermai net. Au regard que la sœur de Fitz lança à la nouvelle arrivante, je grimaçai.
Les choses allaient devenir... intéressantes.
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Bonjouuuuur !!! Comment allez-vous ?
Je suis vraiment contente de pouvoir continuer à publier. J'espère que vous l'êtes aussi !
Ciao !
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