Chapitre 19

Sophie

– Sophie ?

Lorsque je le vis, j'eus tout de suite envie de me jeter à son cou. Nous ne nous connaissons pas depuis bien longtemps, ça serait étrange, me disait ma conscience. Mais, pour une fois, je ne l'écoutais pas. Alors que je me jetais littéralement sur lui, Keefe n'eut aucune réaction. Ce n'est qu'une fois les bras autours de lui que je sentis ses larmes couler dans mon cou. Je me rappelai alors pourquoi il était parti si précipitamment. Sa mère était une criminelle de longue date. Une des plus recherchées qui plus est. Je reculai doucement pour ne pas brusquer mon ami. Il me regarda, une drôle de lueur dans les yeux.

– Sophie.

Un peu perdue, je lui répondis :

– Oui ?

– Ça te dirait un resto demain ?

J'étais abasourdie. Je crois même que mon cerveau avait cessé de fonctionner. Allez, on attend ta réponse, crus-je entendre. Alors, je me raclai la gorge avant de lâcher, d'un ton un peu surjoué :

– Oui, bien sûr !

Un tonnerre d'applaudissements retentit dans mes oreilles. Je tournai la tête pour me retrouver nez à nez avec Marella. Cette dernière semblait plus qu'extatique. Je dus me retenir de sauter au plafond. Son expression était légèrement terrifiante. Dex, le garçon que j'avais rencontré au Centre des Soins, se tenait derrière elle, un sourire aux lèvres. On aurait dit deux amis regardant une comédie romantique au cinéma.

– Il nous manque juste le pop-corn, déclara nonchalamment Dex.

Je lui jetai un regard suspicieux.

– Quoi ? s'exclama-t-il, faussement offusqué.

Je ne pus lui répondre à la vue de Fitz qui...s'effuyait.

– Qu'arrive-t-il au fils Vacker ? demanda Dex

Son ton dédaigneux ne m'échappa pas. Mon ventre se noua de culpabilité et je ne pus résister à la tentation de m'arracher un cil.

Keefe me prit par la main, déclenchant mon mode «tomate écarlate». Il me sourit pour me rassurer mais il ne put cacher sa gêne.

– Il est jaloux.

– Jaloux, mais pourquoi ?

Je me doutais de la réponse. Marella ne se fit pas prier pour l'exprimer à haute voix.

– Il avait légèrement flashé sur toi, si tu vois ce que je veux dire.

Dex claqua sa langue contre son palais.

– Peut-on arrêter de mettre Vacker au centre de toutes les conversations ? Je le déteste, lui et sa famille.

– Pourquoi les détestes-tu autant ? ne pus-je m'empêcher de demander.

Le visage de mon ami s'étira en une moue de pur dégoût.

– Ils n'ont jamais eu à fournir le moindre effort.

C'est alors qu'il se prit un livre sur la tête. D'abord complètement perdu, il posa une main sur sa nuque avant de tourner lentement son regard. Il fit face à Biana, la sœur de Fitz, à l'air hagard. Comme si elle ne croyait pas en ce qu'elle venait de faire. À la vue de nos mâchoires touchant presque le sol, elle se reprit avec un mouvement de tête hautain. Puis, elle tourna les talons et s'éloigna.

Entendant Keefe pouffer, je lui fis les gros yeux. Il fit mine de se les essuyer.

– Je suis désolé Foster mais cette scène...

Je ne pus retenir Dex qui s'éloigna avec un dernier râle.

Linh et Tam, qui avaient tout suivi, se manifestèrent. Enfin, et à ma grande surprise, Tam se manifesta :

– Je suis d'accord avec le garçon à fossettes. Ce gars ne sait clairement pas ce qu'est le dur labeur. Il n'est pas habitué à l'échec. Il paraît colérique, peu stable. Il est habitué à la lumière. Alors, se retrouver dans l'ombre...

Je fus ébahie face à son flux de parole. Je ne pensais pas voir autant de mots sortir de sa bouche un jour. Ce fut Keefe qui, après l'avoir jaugé du regard, intervint :

– Et nous avons affaire au docteur... ? demanda-t-il.

Tam se cacha derrière sa frange.

– Je ne suis pas docteur. Juste fort pour analyser les gens. Contrairement à toi.

– Je sais très bien ce que les gens ressentent, figure-toi.

Un sourire moqueur étira les lèvres du jeune homme ténébreux.

– Ah oui ? Et comment est-ce possible ? Tu es une sorte d'Empathe ? le railla-t-il.

Keefe ne put s'empêcher de saisir l'invitation.

– Et toi ? Une sorte de jeune homme mystérieux qui sait lire dans l'âme des gens ?

Tam prit un air penseur.

– Je ne dirais pas l'âme...

Keefe ouvrit la bouche pour répliquer mais je foudroyai les deux lycéens du regard. À ma grande satisfaction et, cela faisait plus mal, exaspération, ils eurent l'air terrifiés. Marella et Linh se croisèrent du regard et ne purent s'empêcher de pouffer. Je remuai la tête de gauche à droite, épuisée par cette joute verbale que je n'avais fait que regarder. Mais, alors que mes cheveux camouflaient mes traits, un sourire étira mes lèvres.

---

À la fin de cette interminable journée, je me rendis au jardin de l'école. L'herbe fraîchement coupée me chatouillait les chevilles et le vent soulevait mes cheveux. Je me sentais... légère. La journée avait été pleine de rebondissements. Tellement que j'avais cru y être depuis plusieurs jours ! Mais le bilan était plutôt positif : nouveaux amis, personnes retrouvées (M. Forkle), professeurs atypiques pour certains et, surtout, un rendez-vous avec Keefe. J'étais à la fois impatiente et inquiète. Inquiète car c'était mon premier rendez-vous mais aussi parce-que mon ami venait de vivre un moment compliqué. Comment pouvais-je me réjouir autant alors qu'il souffrait sûrement intérieurement ?

– Défronce-moi ces sourcils ! s'exclama une voix mélodieuse.

Je sursautai. Je n'avais même pas remarqué que j'étais arrivée. À la vue du sourire contagieux de Calla, je me détendis.

– Vous...Tu as raison, Calla.

Elle était adossée à un arbre. Elle tapota l'herbe à côté d'elle. Je la rejoignis et m'installai à son côté. Elle ferma les yeux et me demanda de l'imiter. Ce que je fis sans hésiter.

– La nature est magnifique. Pas seulement esthétiquement. Sa mélodie est unique.

– Sa mélodie ?

– Hum hum. Ne l'entends-tu donc pas ?

– Je dois bien avouer que non, constatai-je, déçue.

Je pus presque voir le sourire de la jardinière à travers mes paupières closes.

– Sornettes, ma petite. Le bruissement des feuilles, le vent se faufilant entre les branches d'un arbre, les animaux et leur doux chuchotis... Tout cela constitue la mélodie de la nature. Nous faisons aussi partis de cette mélodie, nous les humains. Même si, on s'exclue souvent.

Je poussai un petit soupir.

– Nous devons produire des notes peu agréables à l'oreille.

– Hummmm. Je vois ce que tu veux dire. Le bruit d'une bombe, les cris de douleur et de folie ou encore le silence assourdissant de la mort. Ce sont des sons dont nous ne raffolons pas. Mais pense autrement. Pense aux notes harmonieuses que nous avons tendance à oublier.

– Quelles notes ?

– Pense à un son que tu aimes entendre.

– Le rire d'un ami.

– C'est un bon début, déclara Calla.

– Quel est ton son préféré ?

– Mon son préféré.... Les battements effrénés d'un cœur amoureux, souffla la jardinière.

À cette remarque, je ne pus m'empêcher d'ouvrir les yeux.

– Et je crois bien l'entendre en ce moment-même, termina Calla.

Elle ouvrit les yeux à son tour, me fixant avec tendresse. Lorsque je compris ce qu'elle voulait dire, je rougis.

– Que me vaut ta visite, petit colibri ?

Je ne réagis pas face au surnom. J'étais concentrée sur ce que j'allais dire. J'inspirai un bon coup avant de déclarer :

– Je voudrais m'inscrire au club de jardinage.

Nullement surprise, Calla me tendit un formulaire.

———

Ma régularité fait sûrement de moi une légende. Mais bon, c'est les vacances (une bonne excuse dont on peut de servir 😂) !

Plus sérieusement, j'espère que vous allez bien et que vous profitez un max.

La dernière fois, Astria_Black (que je remercie, comme vous tous, de ses votes et de ses commentaires) a proposé la FAQ partagée pour la "surprise" de l'été.

C'est donc ce que nous ferons !

⚠️⚠️⚠️ ALERTE FAQ (je le mets en gros pour que tout le monde puisse le voir) ⚠️⚠️⚠️

Donc :

- Posez un max de questions auxquelles vous répondrez aussi. Vous pouvez aussi répondre à celles des autres (pour peu qu'on en ait assez 😅😅)

– Pas de questions gênantes et très personnelles bien sûr.

– Bonne humeur

– À vos claviers !

Vous pouvez bien sûr questionner par commentaire, ou en message privé si vous préférez.

J'espère que le chapitre vous a plu et à très bientôt !

RaylaSelene

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