QUATORZE
« I can admit, I am not fireproof
I feel it burning me »
Trente-sept heures et cinquante-deux minutes.
Voilà le temps qui s'est écoulé depuis qu'une licorne en érection s'est affichée en pleine écran pour toute réponse à mon dernier texto. Ça m'apprendra à me frotter à, visiblement, plus fort - ou tordu, psychologiquement tordu, pas physiquement, je tiens à le préciser- que moi.
J'avoue, avec une honte non négligeable après coup, avoir voulu jouer un peu avec Dirty Baby. Le chauffer tout en le narguant... Grossière erreur ! J'ai vite retrouvé mes esprits après avoir observé sous tous les angles possibles - surtout en long et en large - son pénis... et depuis, je fais la morte.
Ce qui ne l'a apparemment pas découragé puisque mon téléphone ne cesse de biper. Je n'ouvre plus ses messages, je lutte contre les hormones de ma mini-moi diabolique qui ne pense qu'à s'amuser de la situation. Situation dans laquelle ELLE nous a mise. Je ne réponds plus de ses actes, je m'en dédouane, ce n'était pas moi. Oui, je sais, c'est lâche, et j'assume. A moitié. Pas du tout.
- Lapin, accélère s'il te plaît.
A force de me confiner dans mon esprit, de ruminer inlassablement les mêmes pensées, j'en ai presque oublié le moment présent, et surtout le lieux imposant et prestigieux qui m'entoure. A contre coeur, je suis ma mère, affublée d'un chapeau ridicule assortie à son tailleur rose pâle, parmi la foule du Hard Rock Stadium qui accueille le tournois de Tennis annuel de Miami, traînant des pieds le plus possible. J'essaie de retarder l'inévitable, en vain.
- Ivy ! s'écrit-elle sans se retourner vers moi, bousculant à tout va ceux qui sont sur son chemin. Ça va commencer, dépêche toi.
J'aimerais être Daenerys du Thyphon de la Maison Targaryen, première du nom, Reine des Andals, de Rhoynar et des Premiers Hommes, Suzeraine des Sept Couronnes et Protectrice du Royaume, Dame de Peyredragon, Reine de Mereen, Khalessi de la Grande Mer Herbeuse, l'Imbrulée, Briseuse de chaînes et Mère des dragons...et verser une pluie de feu sur mon passage, tout réduire en cendre sans culpabiliser et m'envoler à grand renfort de coups d'ailes écailleuses très loin d'ici, seulement je me sens plus comme Cersei Lanister.... à poil, entamant la marche de la honte, contrainte à suivre la voie que Mamazilla ouvre pour moi. Et ce qui se rapproche le plus d'un dragon, ici, c'est ma génitrice. Un 《dracarys》 ne me sauvera donc pas, au contraire.
- J'arrive, dis-je en accélérant le pas, et m'excusant en passant auprès des victimes piétinées par ma très chère maman .
Rapidement, nous parcourons quasiment la totalité du stade, passant devant plus d'une dizaine de practices occupés par des amateurs et des compétiteurs en sessions d'entraînement, jusqu'à Grandstand, où se joue une compétition à laquelle participe Mylan. J'ai absolument fait tout ce qui était en mon pouvoir pour éviter d'avoir à accompagner ma mère aujourd'hui, mais hélas rien n'a fonctionné.
Elle a été catégorique. Je devais venir, je n'avais pas le choix. De plus, je me dois de maintenir les apparences. Pour elle. Et pour moi. Il faut que j'arrive à tenir, si j'y arrive aujourd'hui, si je ne cède pas à mes pulsions, à mes émotions, j'arriverais à me sortir de cette...
- Victoria, Ivy ! Par ici !
Oh mon dieu... la voix de Sexy Daddy me heurte de plein fouet, sans sommation, m'atteint en plein cœur, avant même que je ne puisse l'apercevoir. Devant moi, me gâchant la vue, ma mère agite ses bras menus dans tous les sens, scandant des « James chéri » complètement hystérique - et un brin exagéré. Nous avançons ensemble jusqu'au gradin, ceux à la lisière du court de Tennis, où mon fantasme interdit nous attend. Quand je le vois enfin, j'ai le souffle coupé, les poumons atrophiés, tant je le trouve beau, c'en est douloureux. Vraiment, ma cage thoracique me fait un mal de chiens, tellement mon cœur y cogne violemment. J'ai un noeud dans la gorge et l'estomac, et mon pouls bat si fort qu'il bourdonne dans mes oreilles.
C'est la première fois depuis des heures que Dirty Baby quitte mon esprit, éradiqué par son propre géniteur. Ça fait du bien. Ça ne devrait pas. Je n'ai pas le droit de penser à Sexy Daddy de cette façon.
Derrière ma mère, j'avance, et je n'ai soudainement plus envie de repartir à reculons, attirer comme un papillon par les flammes, je suis aimantée par James, sachant pertinemment que je m'y brûlerais les ailes d'une façon ou d'une autre. C'est peut-être déjà le cas, d'ailleurs.
Silencieusement, je les laisse à leur retrouvailles, plutôt cordiales. Il la serre brièvement dans ses bras avant de poser ses yeux océans sur moi. Alors que ma mère se dirige vers les places vides que Sexy Daddy lui a désigné, celui-ci s'avance jusqu'à moi, ce mince sourire aux lèvres qui me fait fondre. Je peine comme toujours à ouvrir la bouche pour parler, intimidé par lui, par la façon dont je dois, ou plutôt dont je me dois, d'agir en sa divine et charismatique présence.
Dans ma petite tête c'est l'effervescence, tout mes neurones pètent un câble, un vrai feu d'artifice qu'aucune substance illicite n'a jamais provoqué en moi. C'est un peu le bordel dans ma tête, à cause de lui. Et j'aime ce phénomène, autant que je le déteste. Je ne peux, je n'ai pas le droit.
- Bonjour, Ivy. Tu vas bien ?
Obnubilée par ses lèvres charnues qui se meuvent, en proie au mutisme face à tant de beauté et à ce qu'elles m'inspirent instantanément, j'hoche la tête, et ça semble lui suffire. D'un geste nonchalant, ses orbes bleus toujours ancrés aux miennes, il m'invite à le suivre, à rejoindre ma mère. James s'assied entre nous, les mains croisées sur ses genoux.
Je prends à nouveau conscience du monde qui nous entoure quand je jette un œil au alentours. C'est blindé de monde, tout le monde est habillée chicos. Je parierais tout ce que j'ai que tous les participants sont des fils à papas friqués.
- Mylan ouvre la compétition, nous informe James.
Et avant même qu'il ne finisse sa phrase, Dirty Baby entre en piste, vêtu comme n'importe quel autre tennisman. Je suis obligé d'admettre que ça lui va bien, et que pour rien ne vous cacher, cette tenue met en valeur ses nombreux atouts physiques. Raquette en main, il entre sur le court, et salue la foule qui l'acclame, lui et son adversaire.
Le match ne tarde pas a commencé, et je découvre ainsi une nouvelle facette du sexy chérubin diabolique. Un Mylan sérieux, déterminé et concentré, un vainqueur dans l'âme. Entre chaque manche, qu'il mène largement, ses œillades vers la masse de spectateurs pour capter mon attention ne me passe, bien sûr, pas inaperçu. Un sourire en coin insolent s'étire sur ses lèvres à chaque fois que nos regards se croisent.
Il m'énerve, il m'énerve.
Mylan continue de me chercher, sans aucune subtilité, et je crois qu'il aime encore plus le fait que je lui résiste... plutôt que l'idée que je puisse lui céder. Dirty Baby est une mauvaise idée. Problème, j'ai tendance à prendre les mauvaises décisions. Ça me colle à la peau, les mauvais choix. Je me déteste. Je me flagelle mentalement pour avoir laissé ma conscience diabolique faire joujou avec lui, lui donnant ainsi plus de pouvoir sur moi. Inutile de continuer à le nier, il se passe un truc entre nous, c'est vrai, et ça me plaît en partie, alors que ça ne devrait pas pour plusieurs raison.
Je sais que ce désirable suppôt de Satan ne reculera devant rien pour avoir ce qu'il veut, et qu'il usera de ruse Mylanesque pour arriver à ses fins. C'est un gagnant qui ne lâche rien, j'en ai la preuve, là, devant moi sur le terrain alors qu'il remporte tout ses set.
Merde, je crois que je suis dans une logique où je pense sérieusement passer à l'acte avec lui dans l'espoir qu'après il se lassera de son petit jeu avec moi. Ou peut-être, qu'en faite, j'en ai un peu envie aussi. Je ne sais plus.
Nom d'une bite ! Ou d'une pipe, plutôt. Mon dieu, non, ni l'un ni l'autre ne me parait mieux...
- JEU, SET ET MAAAAAATCH !
À côté de moi, Sexy Daddy se lève et acclame son fils avec tellement de joie, que j'en suis malgré moi contaminé. Mes mains tapent l'une dans l'autre avec frénésie, sans même que l'ordre ne soit passé au préalable par mon cerveau. Ma mère s'en donne à cœur joie également, et crie, à elle seule, plus fort que tout le public. Le nom des Taylor est scandé dans les gradins, et Mylan s'amuse à imiter des riffs de guitare avec sa raquette, avant d'aller saluer son concurrent avec plus d'élégance.
Bien que je n'ai pas vraiment suivi le jeu, et que je n'y comprends d'ailleurs pas grand chose, je suis subjuguée par l'engouement suscité chez les spectateurs. L'euphorie, c'est l'euphorie tout autour de moi, et quand mes yeux croisent le vert ombrageux de ceux de Dirty Baby, je ne peux m'empêcher de lui sourire franchement.
***
Après ce premier match, d'autres se sont joués, dont un auquel Mylan participait puisqu'il s'était qualifié pour un second tour. Cependant, j'ai préféré faire une balade et arpenter les alentours, passant par le Groove pour boire un cocktail, plutôt que de rester auprès de James et ma mère.
Non pas que j'avais l'impression de tenir la chandelle, au contraire, ils n'échangeaient presque pas, hormis les explications de Sexy Daddy concernant les règles du Tennis. Je me sentais de plus en plus mal à l'aise à leurs côtés, les paroles de Dirty Baby n'arrêtaient pas de s'immiscer dans mon esprit. Je repensais au ton froid et au regard inexpressif de James lorsqu'il a évoqué ma mère lors de notre dernière discussion.
Plus je pensais à tout ça, plus j'avais envie de me tirer.
Entre ça, et mes hormones en folies, autant à cause du père que du fils, je ne savais plus où donner de la tête. Je sombrais, et je sombre toujours, à chaque minute qui s'écoule.
J'ai officiellement les deux pieds dans la merde !
Any way, me voilà à présent perdue, au propre comme au figuré, dans ce dédale de chemins, donnant accès à divers court, vers le stade des Miami Dolphins - notre équipe de football américain, et autres recoins qui me sont pour l'heure encore inconnus. Je finis par m'adosser au mur d'un long bâtiment en grès, et attrape mon téléphone dans ma banane.
Ne riez pas, la banane est à nouveau tendance !
Bref, je suis entrain de composer un message à l'attention de Shawn pour qu'il passe me récupérer en catimini avant que les autres ne me tombent dessus et ne m'infligent un moment gênant et pseudo-familiale, quand une main, arrivant de nulle part, m'agrippe et m'entraîne dans l'obscurité du bâtiment. Mon dos heurte violemment un mur, et rien qu'à l'odeur, je reconnais Dirty Baby.
Le savon qui sent la perversité et sexe, vous vous souvenez ? Rajoutez-y celle de la sueur et des vestiaires. A la fois excitant et écœurant.
- Ne joue pas avec un garçon qui joue mieux que toi... souffle Mylan à mon oreille, tandis que son corps se pressent contre le mien.
Tant bien que mal, j'arrive à insérer mes mains entre nous et je fais pression sur son buste, tente de le repousser, sans succès. Cet imbécile force de tout son poids contre moi, en ricanant, tandis que son corps vibre sous mes doigts. J'enfonce mes dents dans ma lèvres inférieure, me haïssant de ne pas être indifférente à cette proximité forcée. Je ressens des choses à son contact qui m'horripilent autant qu'elles m'intriguent.
- T'as raison, c'était stupide... je réponds, abandonnant l'idée de l'écarter de moi, avant de lui souffler à mon tour à l'oreille. Je suis tombé si bas, qu'à présent je suis tout juste à ta hauteur.
Les mâchoires de Mylan tressautent dans un rire muet, il laisse sa tête tomber près de la mienne, et je sens qu'il hume mon parfum. Une longue inspiration plus tard, toujours collé contre moi, il me répond :
- Arrête de faire ta coincée, Ivy.
Cette fois, je le repousse à nouveau, et plus fort, il ne résiste pas, se détache de moi, un sourire prétentieux sur le visage. Ses cheveux sont trempés et retombent légèrement sur ses yeux. Il ne porte plus sa tenue de tennis, mais un bas de survêtement noir et un t-shirt blanc. Je n'arrive pas à m'empêcher de le reluquer, encore moins de déglutir, en me rendant compte d'à quel point il séduisant.
Mais je me reprends. J'ai déjà un gros crush pour son géniteur, ce qui rend ma vie suffisamment compliqué actuellement.
- Mylan, je t'aime bien, c'est vrai.
La satisfaction se lit sur son visage même dans la pénombre du couloir, ça le rend encore plus énervant. Et adorable aussi, il a un petit air de chiot.
Bon sang, j'ai horreur des canidés.
J'avance d'un pas vers lui, renverse un peu la situation, c'est moi qui prends le dessus. Je m'approche si près que je sens son souffle s'abattre sur mon visage.
- Mais je ne suis pas coincée, tu ne m'excite pas, ne confonds pas.
- Tu sais ce que je pense ? demande-t-il d'un ton neutre en me fixant sans sourciller. Je pense que tu penses trop.
Il a raison, ce con.
- Et moi je pense que tu devrais aller te faire foutre, Mylan.
- Je n'ai pas l'impression d'être celui qui en a le plus besoin.
Sans que je ne le vois venir, ses mains s'emparent de mes hanches et, il m'attire contre lui. Des micro-décharges électriques partent de ses doigts et parcourent mon corps, me font tressaillir de la tête aux pieds. J'aimerais pouvoir affirmer que c'est parce que son touché me révulse au plus au point, mais ce serait mentir. Et je peine de plus en plus à me mentir à moi-même.
- Je sais que tu mouilles pour moi, susurre Dirty Baby, en approchant son visage bien trop près du mien. Je l'ai déjà senti, tu te souviens ?
Je déglutis, non sans peines, en fermant les yeux. Évidemment que je me souviens, c'était il y a seulement quelques jours. Comment oublier ce qu'aucun autre garçon de mon âge a su provoquer chez moi ? Peu importe à quel point il a agit de façon tordue en évoquant son père... ça venait de lui aussi, je le sais, je le sens, là, maintenant.
- Regardes moi...
J'obéis et ce que je constate me terrifie... dans ses yeux, l'enfer semble si beau. Et peut-être, qu'après tout, c'est à seulement ça que j'ai le droit, à la damnation éternelle. Quand je regarde Sexy Daddy, ça a un putain goût de paradis... mais ce n'est pas pour moi, je n'y ai pas le droit. Je navigue sur les rives du Styx depuis si longtemps, que la destination finale m'a toujours parue évidente : Pandémonium, la capitale de l'enfer.
- Tu penses trop, insiste Mylan face à mon silence, sa poigne se resserrant autour de moi.
Encore une fois, il a raison. Je divague, je pars dans tous les sens. Je n'ai jamais été aussi paumés de toute ma vie, et pourtant je reviens de loin. J'ai vécu des périodes bien plus difficiles, des moments qui auraient pu m'anéantir complètement, briser mon esprits et mes os. Mais j'en suis revenu après avoir touché le fond, et là... là, j'ai l'impression de m'être jetée dans un puits sans fin depuis que j'ai rencontré les Taylor.
Tout allait mieux, jusqu'à eux.
- Fais moi arrêter, de penser.
A l'instant où les mots quittent ma bouche, celle de Mylan s'écrasent sur mes lèvres tremblantes et hésitantes. C'est doux et chaud, puis humide quand sa langue vient me caresser. Je sens ses mains se plaquer plus haut dans ma chute de rein, me presser un peu plus contre lui. Sa chaleur corporelle m'enveloppe, et je me détends doucement. Je le goûte à mon tour, danse avec lui dans sa bouche. Ses dents mordillent ma lèvres inférieures, je la sens enfler, se gorger de sang. Tout contre elle, il murmure suavement :
- Tes lèvres sont brûlantes, petite pyromane.
Ses mots allument un feu, qui crépitait déjà en moi. C'est presque naturel et ça me déconcerte instantanément. Notre baisers prend fin aussi vite qu'il a commencé et Dirty Baby ne s'y oppose pas. Il me fixe en silence, sans sourire cette fois, et ça me trouble d'autant plus. Je dois partir ; c'est ce que je me dis alors que mes pieds tournent déjà les talons en direction de la sortie.
- Hé, Ivy !
Je me retourne, m'attends à une pique insolente et prétentieuse. A tout, sauf à ce qu'il me dit :
- T'es belle, même quand tu t'éloigne.
« I feel it burning you »
•••
Chères lectrices, pardonnez-moi pour ma longue absence mais j'ai eu un gros blocages. Impossible d'écrire quoi que ce soit... je reviens avec ce chapitre, qui en toute honnêteté ne me satisfait pas pleinement. Mais si je continue de douter, je ne publierai plus rien, alors...
Voilà !
Merci à celles qui sont toujours là, et celles qui arrivent en cours de routes ♥️
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