ONZE
« I run away when thing are good,
And never really understood... »
Ah non ! Pas encore. Pas deux fois d'affilée ! À peine ai-je ouvert les paupières, je reconnais les lieux. Les murs trop blancs, la rangée de baies vitrées, les airs de cinq étoiles. Putain, ça gigote dans le lit. Terrifiée, que dis-je horrifiée, par ce que je sais déjà que je vais découvrir, je tourne la tête vers Dirty Baby qui émerge de son sommeil. Je crois que je lâche une flopée de juron, je suis tellement perdue que je n'en suis pas certaine.
Je remonte le draps sur moi, j'ignore si je porte des vêtements ou si je suis nue. Je refuse de le savoir pour l'instant. Bordel, qu'est-ce qui s'est encore passé cette nuit ? Je me rappelle qu'on a été au Lux, une autre boîte de nuit branchée de la côte, en compagnie de mes amis mais je n'arrive plus à me souvenir d'autres choses.
- On fait bonne usage de cette gaule matinale ?
La voix éraillée de Mylan me sort de la torpeur. Il agite lascivement son bassin sous la couverture. Nom d'une bite en plastique ! Je suis presque sûr que là-dessous, il est à poil.
- Une petite culbute dominicale ? insiste-t-il pendant que je me risque à finalement jeter un œil sous le tissus qui nous recouvre.
On est samedi, asshole !
Petite victoire. J'ai toujours mes sous-vêtements. Je ne suis pas encore soulagée pour autant.
- Du sexe buccale ?
- Mais tu vas la fermer, merde ? j'aboie en le fusillant du regard et frappant du plat de la main sur le lit.
Dirty Baby garde le sourire, passe une main dans ses cheveux noir de jais et s'extirpe du lit en baillant. Il entraîne le drap avec lui, me découvre par la même occasion. Je me redresse, m'élance à quatre pattes et lui arrache la couverture dans laquelle il s'enroulait pour m'en envelopper moi-même. Il m'a déjà vu dans mon plus simple appareil, mais quand même, ne l'encourageons pas plus.
- Hé ! Si tu voulais voir ma queue, suffisait de demander ! s'exclame Mylan en se tournant vers moi, un rictus carnassier sur les lèvres.
Voilà qu'il se dandine sur place, balançant son bassin de droite à gauche, sa demi-molle qui s'agite en rythme. Mister Tennisman s'amuse du petit show qu'il inflige à mes rétines.
Je fais attention pour la première fois à ce fameux tatouage que j'avais vu dépasser de son col de chemise au restaurant. Je me demande comment j'ai pu ne pas y faire attention hier matin, en me réveillant dans ce même lit, tant il est imposant.
Mon état de panique devait être au summum pour louper un truc de cet envergure, pourtant je me rappelle m'être attardée sur la pilosité de son torse... Je dois vraiment revoir mes priorités ! Et mater Mylan, quelque soit la partie de son anatomie et quelques qu'en soient les détails qui m'intriguent, doit passer tout en bas de la liste.
Allez quoi, juste un tout petit coup d'œil, supplie l'Ivy cornue, à genoux et les mains en signe de prière.
Ok, je capitule, diablesse...
Le dessin à l'encre noir démarre de son bas-ventre pour remonter jusqu'à son cou, des flammes sombres qui envahissent toute la partie droite de son corps, lèchent une part de son torse et s'enroulent autour de son épaule et son avant bras.
Je contemple un instant le travail d'artiste, avant de revenir à notre petite joute verbale.
- Va jouer à l'hélicoptère ailleurs, s'il te plaît !
- Comme ça ?
Mais crevez moi les yeux ! Il joint ses gestes à mes paroles et agrippe d'une main son pénis pour le faire tournoyer. Même s'il a un corps agréable au-delà des mots à reluquer et un atout de taille entre les jambes, je ne peux pas juste... juste quoi déjà ? Je perds le fil de mes pensées à mesure ou son membre se met à gonfler.
- J'ai une érection, juge bon de m'informer le chérubin diabolique.
Ok. STOP ! Je me flagelle mentalement, ravale la bave qui menace de couler hors de ma bouche, tempère le climat tropical dans ma culotte tant bien que mal. C'est chaud et humide là-dedans. Pourquoi il provoque ça chez moi ?
- Mon majeur en a aussi une, je le nargue en lui adressant mon doigts, pas peu fière de ma répartie. Il ne te suffit pas de bander pour être à la hauteur.
- Je suis à la hauteur, crois-moi.
Clin d'œil et il se dirige vers sa commode pour en tirer un boxer, avant de l'enfiler. Pendant ce temps, je me triture les méninges. En vain, putain. Est-ce que cette fois on a couché ensemble ?
Si tu ne t'en souviens pas, ce n'est pas arrivé. Si tu ne t'en souviens pas, ce n'est pas arrivé. Si tu ne t'en souviens pas...
- Tu te demande si tu m'as rebondi dessus toute la nuit, pas vrai ? demande Dirty Baby en regagnant le lit.
- Et ?
Vert clair contre vert ombrageux, son regard me défie de trouver la réponse toute seule.
- Je me tâte entre tout te dire et tout garder pour moi, répond-t-il en bien appuyant sur le « tout », bien trop à mon goût.
- Réponds-moi, fourre-tout !
Je balance mon poing sur son épaule. Ça aussi, ça devient une habitude, apparemment. Et comme à chaque fois, son rire fait écho à mon irritations à son égard.
- Si tu me connaissais, tu ne poserais même pas la question.
- On se connaît depuis cinq minutes !
- Tu veux vraiment le savoir ? demande Mylan d'une voix trop rauque, trop suave.
J'hoche la tête, suspendue à ses lèvres. Pas seulement parce qu'il me tarde d'avoir la réponse, pour être tout à fait honnête. Putain, je me déteste autant que je le déteste lui.
- J'espère pouvoir te fourrer un de ces jours, m'informe-t-il, d'une voix assurée.
Je recommence à respirer, parce oui, j'ai apparemment cessé de le faire à un moment donné. Et perds mon souffle aussitôt que Mylan se penche vers moi, ses doigts glissant sur le matelas, à quelques centimètres de moi.
- Si je t'avais baisé tu t'en souviendrai, même avec tout ce que t'as avaler. Et avec tout mon respect, je te baiserais.
- Écoute-moi bien, Mylan Taylor, dis-je en me redressant, me donnant l'air menaçant alors qu'à l'intérieur je n'en mène pas large. Si à l'heure où je te parle, tu es encore en vie, c'est parce que je ne veux pas finir en prison. D'accord ? Maintenant, tu vas me dire ce qu'on a fait hier soir, avec mes amis, et dans les moindres détails. Tu m'as comprise ?
Dirty Baby, allongé sur le ventre, s'appuie sur ses coudes et repose sa tête sur ses poings. Le tout en me narguant de son sourire de trou du cul provocateur et de son regard rieur. Je me retiens pour ne pas lui sauter dessus et... et l'étrangler !
Des yeux, je le fusille, lui sommant de me répondre sur le champ et alors qu'il s'apprête à ouvrir la bouche...
- COPINE ! T'as loupé une soirée DE MALADE !
Confuse, je scrute tout autour de moi.
- Pourquoi j'ai la voix de Jily dans la tête ?
- Peut-être parce qu'elle est dans ma salle de bain, pouffe Mylan en haussant outrageusement ses sourcils.
La porte de la dites pièce à ma droite s'ouvre brusquement et la petite tête de ma meilleure amie apparaît dans la chambre. Elle me gratifie d'un grand sourire et d'un petit coucou de la main auquel je réponds par un regard effaré. Qu'est-ce qu'on a fabriqué pour se retrouver ici ?
- Et... et Shawn ? je bégaie, encore sur le coup de la surprise.
- Sa licorne est partie brouter dans de plus vertu pâturages, hier soir, quand on était au Lux, m'apprend Jily, toujours à moitié planquée derrière la porte.
J'assimile cette info pendant que Dirty Baby se lève et s'en va, de son habituelle démarche assurée, vers son dressing pour en ressortir aussitôt avec des vêtements sur lui et un sac de sport sur l'épaule.
- J'ai un entraînement, ce matin, nous indique-t-il, j'ai prévenu Hubert, il vous déposera où vous voulez. En attendant faites comme chez vous, mon père n'est pas là, prenez un petit déjeuner et descendez au parking quand vous serez prête.
Ma copine remercie Mylan en gloussant, ce dernier lui offre un clin d'œil dont il a le secret avant de m'adresser un dernier sourire de prédateur. Il quitte sa chambre sous le regard énamouré de Jily, et le mien, encore déstabilisé.
- Viens, copine. Une petite douche te fera le plus grand bien, tu nous as tapé un sacré black-out, hier soir.
Je me lève, le pas traînant pour rejoindre la salle de bain où mon amie se rhabille. Enfin, se rhabiller, c'est vite dit puisque tout ce qu'elle portait la veille c'était sa robe mauve.
J'ouvre le robinet, enlève mes sous-vêtements et m'engouffre dans la douche italienne. L'eau chaude me fait un bien fou et j'en oublie presque le trou noir de cette nuit... c'était sans compter sur ma meilleure amie.
- On s'est vraiment É-CLA-TÉ ! s'extasie ma copine en redonnant forme à sa tignasse emmêlée.
- Je ne me souviens de plus rien après notre arrivée au Lux, dis-je en me savonnant avec le gel douche de notre hôte.
Même son savon sent la perversion et le sexe, en bref, ça sent étrangement bon.
- Mylan nous a rincé toute la soirée ! Je n'avais plus autant bu depuis... je suis incapable de m'en souvenir, en fait.
Je coupe l'eau quelques minutes après que le savon se soit entièrement dissipé, Jily me tend une épaisse serviette que j'enroule autour de moi. Mes cheveux dégoulinent dans mon dos, alors elle m'en tend une seconde. Contrairement à moi, cette dernière ne semble pas un poil désorienté d'être ici. L'adaptation, c'est aussi un de ces points forts.
- Pourquoi vous ne m'avez pas déposé chez moi ? je demande en frictionnant ma chevelure.
- Parce que tu nous a tapé un coma dans la berline, chérie, dit-elle, mi soucieuse, mi inquiète. Je ne savais pas si Vicky était chez vous, et là ou pas, je ne crois pas que ç'aurait été une bonne idée de te lâcher sur le perron dans un état pareil.
Putain de bordel de merde, ma mère. Retour à la case désintox pour moi. Et sans toucher les deux cents dollars !
- Et pour être tout à fait honnête...
- Um ?
- Mylan et moi, étions...
- OH BORDEL ! Ne me dis pas que vous avez baisé dans la pièce où je comatais ?
Mes yeux sont entrain de quitter leur orbite, pendant que ma mâchoire du bas pend péniblement vers le bas. Les doigts de ma copine m'aident à refermer la bouche, avant qu'une partie ne s'en détache littéralement du reste de mon crâne.
- Non mais... commence-t-elle en se léchant la lèvre inférieure, il m'a offert le meilleur cunni de ma vie ! Sérieusement, j'en suis venue à me demander s'il ne passait pas la journée à en faire tant sa technique est... jouissive. Crois-moi, j'ai du avoir au moins trois ou quatre orgasmes ! La seule fois où j'ai connu ça, c'était avec mon géant Londonien ! Évidemment, je lui ai retourné l'ascenseur, continue Jily, une lueur salace dans le regard. Et je peux te dire que mon petit poney a tout d'un étalon pure sang arabe ! Je t'ai dit qu'il embrassait trop bien ? Même ses baisers sont de véritables préliminaires à eux tout seul et...
- Je t'en prie, arrête le massacre, j'en ai déjà trop entendu ! je m'exclame quand enfin, mon cerveau semble redémarrer et me permettre de retrouver un minimum l'usage de la parole.
Jily glousse allègrement avant de ramasser mes sous-vêtements et de me les tendre.
- Fais pas ta rabat-joie, Ivy ! On s'est arrêté là, dit-elle, presque qu'avec un certain regret. J'ai moi-même sombré dans un profond coma après avoir joué avec sa licorne pas farouche ! Mais ce n'est que partie remise, je crois que j'ai marqué des points avec lui, cette nuit.
- Tu m'étonne...
Je suis tout bonnement incapable de lui répondre quoi que ce soit d'autre. Mes capacités semble encore limitées et mes cordes vocales engourdies.
- Si tu veux un conseil, s'il te le propose, laisse lui te bouffer le mi...
- Pitié, Jily, stop. Je crois que j'ai compris...
Je plaque mes mains sur mes oreilles en secouant la tête pour chasser les images que j'ai dans la tête après tout ce que je viens d'entendre. Je n'ai plus assez de vodka dans le sang pour supporter ça et je pense sérieusement à m'en faire une perfusion.
- Ok, ok, capitule ma copine en agitant ses petites mains en l'air, enfile tes vêtements qu'on puisse déjeuner et décoller d'ici.
***
Dans la cuisine des Taylor, Jily et moi déjeunons tranquillement dans un silence apaisant. J'en ai besoin après la soirée qu'on vient de passé et dont je ne me rappelle qu'à moitié, encore une fois. Le flot de mes pensées s'est interrompu et je savoure cet instant de sérénité, bien mérité selon moi. Seule la mastication bruyante de ma copine dévorant ses céréales trouble cette quiétude.
Enfin... jusqu'à ce que je sois victime d'une hallucination divine. Sorti de nulle part, James apparaît devant nous, à l'autre bout de l'îlot centrale de la cuisine, vêtu d'une tenue décontractée. Un t-shirt à manches longues blanc col en v et un jean délavé, qui me permettent d'admirer sa carrure. Mais je dois être entrain de rêver, il n'est pas censé être là. C'est ce que Dirty Baby a dit.
- Ivy ?
Le mirage s'adresse à moi. Oui, Sexy Daddy ? Aïe ! Un coup de coude s'abat dans mes côtes. Je jette un regard en coin furieux à ma copine, tout aussi bouche bée que moi. Ok, donc, je ne rêve pas, ou alors elle est aussi sujette à une apparition céleste. Non, James est bien là, en chair, en os et tout en sexytude.
Son regard océanique, abyssal et profond, s'accroche au mien. Je risque une œillades un peu plus bas, ses lèvres forment un mince sourire et sont toujours un appel à la tentation. Un début de repousse d'un blond grisonnant l'encadre, je peux presque sentir sa barbe râper mon entrecuisse. Je me liquéfie sur place.
Quand il se racle la gorge et nous gratifie d'un « bonjour mesdemoiselles », je reprends contenance, tant bien que mal, et me force à dériver mon attention de sa bouche. Je vous jure, que lorsqu'il me regarde, que lorsque ses deux prunelles bleues croisent les miennes, mon cœur perd la tête.
Sexy Daddy sourit, et la seule chose plus incroyable que son sourire, c'est quand il me sourit à moi.
- Bonjour Monsieur Taylor, je suis Jily, se présente ma copine pendant que je suis toujours figé sur place.
- Enchanté, Jily. Je suis le père de Mylan, comme tu t'en doutes déjà. Qu'est-ce qui vous amène ici, si tôt ? demande mon fantasme interdit en me fixant avec attention.
Gloups, je déglutis. Vous voulez un conseil ? Évitez de manger une banane pendant un contact visuel.
- Eh bien... nous étions de sortie avec lui, justement, hier soir, Monsieur...
- James.
- Monsieur James... continue ma copine, à côté de la plaque avant de se faire encore couper la parole par Sexy Daddy.
- James suffira, dit-il à l'intention de ma meilleure amie qui s'agite drôlement sur son tabouret à côté de moi, tandis que je ne parviens toujours pas à dire quoi que ce soit.
Je repose ma banane sur le zinc, sans cesser d'observer mon Sexy Daddy, qui me parait encore plus beau que la veille.
- James... minaude Jily à côté de moi, Mylan nous a gentiment proposé de passer la nuit ici, et de disposer de votre chauffeur pour nous ramener... d'ailleurs, je... je vais descendre de ce pas le prévenir que nous partons.
Ma meilleure amie se lève brusquement, je lui jette discrètement un regard noir. Elle m'abandonne après un petit sourire coquin en direction de la porte d'entrée, saluant James en chemin. Je me retrouve alors seul avec mon fantasme interdit qui plisse les yeux à mon attention.
- Euh... est-ce que... je balbutie, est-ce que ma mère est là ?
- Je viens de la déposer chez vous, dit-il en contournant l'îlot pour se planter devant moi.
Je suffoque tellement Sexy Daddy est prêt de moi. Il me suffirait de lever le bras, d'avancer la main dans sa direction, pour le toucher du bout des doigts. Bon Dieu, je crève d'envie de le frôler, juste le frôler. Ce serait tellement bon...
- Donc... euh, elle n'était pas à la maison cette nuit ?
- Si tu t'inquiète de savoir si ta mère est au courant que tu as fait le mur toute la nuit, elle ne se doute de rien, me dit-il de sa voix douce et rocailleuse, Mylan m'a prévenu hier soir que vous étiez avec des amis à toi et que la soirée se prolongerait. Nous avons décidé d'un commun accord de la laissée en dehors de ça, tu es rassurée ?
C'est donc pour ça que Dirty Baby avait constamment son portable en main, il échangeait des messages avec son père.
J'hoche la tête, muette. Je ne sais pas ce que j'ai fait pour James et son fils se préoccupe de m'éviter des ennuis avec ma mère. Je commence à me demander si Mylan n'a pas vendu la mèche à son géniteur sur ma désintox... ou si James n'a pas tout deviné tout seul.
- Je... merci, finis-je par dire, je... vous avez passez une bonne soirée ?
Je me sens horriblement redevable, et merde, ça m'écorche la bouche de faire semblant de m'intéresser à sa soirée en compagnie de ma génitrice. Un rictus ironique soulève les lèvres de mon fantasme interdit avant qu'il ne me réponde.
- C'était une soirée pour des affaires. Nous avons dîner au restaurant avec un ami à moi qui souhaite se décharger de l'un de ses immeubles car il demande des coûts financiers plus expansif que prévu, m'explique mon bellâtre pendant que je me noie dans l'océan de ses yeux. Nous avons été le visiter puis prendre un verre chez lui. Son épouse a aimablement proposé une chambre à ta mère pour la nuit pendant que je déterminais les clauses de la vente avec son mari. Ça nous à pris la nuit.
Je jubile intérieurement, ma mère a du royalement se faire chier ! Enfin, une bonne nouvelle. Je sais, je ne devrais pas m'en réjouir, mais c'est plus fort que moi. Je ne suis plus que joie, à l'intérieur. Je m'oblige à réprimer le sourire qui menace de s'étirer jusque derrière mes oreilles.
- Je ne m'attendais pas à te trouver ici, ce matin, en revanche.
Bordel ! Il doit s'imaginer que je fricote avec la chair de sa chair.
- Et bien, euh... je me... suis endormie dans la voiture ?
Pourquoi ma réponse a l'air d'une foutue question ?
- Et... bien, Mylan est si... enfin, avec Jily... je continue, m'enfonçant un peu plus à chaque mot dans des explications qui ne viennent pas. On a eu le droit à une chambre d'amis, cette fois !
Bon sang, ça devient du n'importe quoi. Mon cœur menace de défoncer ma cage thoracique à tout instant et mon pouls s'emballent. Je crois que je suis en hypertension et que de la fumée s'échappe de mes oreilles. Je ne veux pas que James s'imagine que je couche avec son fils, ni que je sois une dévergondée, une ivrogne ou une droguée. Je veux qu'il me voit, mais pas de cette façon là...
- Bien... laisse échapper Sexy Daddy après un silence gênant pour moi, tu vas la finir ?
Je lève un sourcil, suit la direction de son regard sur le comptoir et y découvre mon fruit à l'abandon. Il veut manger ma banane ? Piètre offrande pour mon Dieu mais si c'est ce qu'il veut, elle est tout à lui.
- Non.
Sa main s'empare de ma banane, que je désigne officiellement comme étant le nouveau fruit défendu, et y croque à pleine dent.
- Vous ne travaillez pas, aujourd'hui ? je reprends, incapable de ne pas prolonger la discussion avec lui.
C'est la deuxième fois que je peux vraiment discuter avec lui, et j'ai envie d'en savourer chaque seconde même si ça me gêne. Oui, je suis affreusement gêné quand je suis près de lui. Je perds tout mes moyens et je me sens ridicule à chaque fois mais là encore, c'est plus fort que moi. J'ai envie de partager un moment avec lui, aussi futile et sans intérêt soit-il.
- J'ai pris ma journée, j'ai des... affaires personnelles à régler.
- D'accord... je réponds timidement avant de reprendre à contre coeur. Je devrais y aller, mon amie m'attend. Est-ce que vous pourriez...
- Prévenir ta mère que tu as dormi, ici ? Bien sûr, je le ferais.
Encore une fois, je secoue la tête à l'affirmative. Qu'est-ce qui me vaut autant d'attention de sa part ? Il ne me connaît que depuis deux jours après tout... un sentiment de reconnaissance m'envahit.
- Merci beaucoup, James, pour votre... hospitalité et votre compréhension.
- Aucun problème, Ivy. À bientôt.
Je quitte mon tabouret, un peu mal à l'aise, et m'éloigne à grand regret de Sexy Daddy vers la sortie pour rejoindre ma copine. Arrivé à la porte d'entré, mon corps se fige. Il sent la présence du sien, reconnaît son aura. Je me retourne, une dernière fois, j'ai besoin d'un dernier regard de sa par. Ses yeux, ses putain d'yeux...
« The way you laid your eyes on me,
In ways that no one ever could. »
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