DEUX

« I've never fallen from
quite this high »

Après avoir confirmé mon prochain rendez-vous au Docteur Brown et échangé quelques banalités avec elle, je rejoins ma mère sur le parking où elle m'attend déjà installée dans la voiture. Elle s'applique à retoucher son maquillage dans le rétro, lorsque j'ouvre la portière. Je ne monte pas à bord, elle ne semble pas le remarquer, trop concentrée sur sa tâche. Je me racle la gorge afin d'obtenir son attention, qu'elle finit miraculeusement par m'accorder après une ultime retouche de rouge à lèvres.

- Qu'est-ce que tu fais, mon lapin ? Nous n'allons pas finir la journée sur ce parking, monte, veux-tu ? s'impatiente ma mère avec ses airs de duchesse.

- Comment as-tu réussi à me cacher que tu fréquentais quelqu'un ? je demande en croisant les bras sur ma poitrine.

Elle souffle et retire ses lunettes de soleil en tapotant nerveusement le volant. Elle a l'air moins ouverte à la conversation tout à coup sans le docteur Brown pour la materner. Comme c'est étonnant !

- Et bien tu sais quand je te disais que j'allais au studio d'enregistrement, tard le soir ?

- Oui.

Elle y va aussi souvent que son emploi du temps de mère au foyer blindée lui permet, c'est à dire très, très souvent. J'ai déjà compris qu'en fait, ça fait quatre mois qu'elle me ment ouvertement. À tord ou à raison, je m'en contre fous.

- En réalité, je partais rejoindre James. Il possède le building où se trouve le studio, m'explique-t-elle, les yeux en coeurs - ce qui fait lever les miens au ciel. Nous nous sommes rencontrés un soir où j'y allais.

- C'est sérieux entre vous ? Tu veux vraiment que je le rencontre ? Je veux dire, c'est pas encore une de tes lubies romantiques ? je l'interroge, un brin sceptique.

- Oui, je l'aime beaucoup. Je n'avais plus ressentit ça depuis... commence-t-elle avant de se reprendre et mentionner Derreck, pour sûr. Enfin bref, ça fait des semaines qu'il souhaite que nous nous rencontrions tous ensemble et...

- D'accord, j'accepte mais à une condition maman.

- Laquelle ? demande-t-elle, suspicieuse.

- J'ai envie d'aller faire un tour, là. Rentre à la maison, envoies-moi l'adresse du restaurant et je vous y rejoindrais.

Ma mère se tend, nerveuse. Peut-être même inquiète ! On est jamais à l'abris d'un fucking miracle...

Depuis que je suis sorti de cure, je n'ai quitté la maison que pour me rendre à la plage, toujours en face de chez nous à porté de vue ou en sa compagnie. Jamais seule, jamais le soir. Cloîtrée, en générale sous sa bonne garde ou de celle de la femme de ménage que je soupçonne avoir été soudoyée pour garder les yeux sur moi lorsque ma mère s'absentait quelques heures.

- Je ne sais pas Ivy... J'ai peur que... marmonne-t-elle, indécise.

Elle a peur que je fasse une connerie et que ça lui retombe dessus, la connaissant. Je ne l'en blâme pas, me connaissant.

- Maman...Je n'ai pas fait de connerie jusqu'à présent. J'ai passé quasiment tout l'été enfermé, je serais à l'heure et d'un comportement exemplaire ce soir.

- Ok ok... capitule-t-elle vite - le côté mère poule n'est absolument pas naturel chez elle -, avant de se reprendre : Mais alors, prends la robe que l'on vient d'acheter et s'il te plaît, changes-toi. Fais en sorte d'être présentable.

Je baisse les yeux sur ma tenue en soupirant discrètement afin de ne pas provoquer le dragon qui sommeille en elle. Je suis lasse de ses exigences et ses attentes, fatiguantes et souvent injustifiées. Mes vêtements qu'elle semble ne pas apprécié n'ont absolument rien d'indécent ou d'inapproprié. Un top tout simple, un short en jean et des converses à peines usées. Le look classique de beaucoup de filles de mon âge, finalement. Ok, peut-être pas celui des jeunes demoiselles de la Haute...

J'hoche la tête et ferme la portière puis me dirige vers le coffre pour récupérer le sac qui contient la fameuse robe et les escarpins qu'elle m'a obligé à prendre, au passage. Puis, m'éloigne pour heler un taxi.

***

Une vingtaine de minutes plus tard, je me retrouve devant le bungalow de Shawn. Je l'ai rencontré sur le campus. Il a laissé tomber ses études peu après notre rencontre et ses parents l'ont logé ici. Tout frais payés, bien sûr. Son père est un mégalo de la finance qui cède a tout ses caprices ainsi qu'à ceux de sa femme, qui elle, tient le rôle de potiche - of course, comme beaucoup de femme d'hommes richissimes par ici.

Son bungalow est sûrement le plus classe du quartier, il oscille entre le traditionnel et le moderne. J'avance jusque la porte d'entrée et constate qu'elle est ouverte. J'entre sans frapper, comme j'en avais l'habitude. Je parcours les quelques mètres qui me séparent du salon et y trouve Shawn, affalé sur son canapé en cuir. Vêtu d'un simple bas de jogging floqué au nom d'une grande marque sportive. Un bonnet gris recouvrant son visage.

- Salut stranger !

PUTAIN DE BORDEL DE MERDE !

Je sursaute pensant qu'il dormait. De toute évidence, non. Il retire son bonnet et me sourit, dévoilant ses belles dents parfaitement alignées. Shawn, d'origine espagnol du coté maternelle, est un très beau garçon, aucune fille ne dirait le contraire - même une nonne se laisserait charmer. Un visage d'ange avec de jolies fossettes encadré de cheveux mi-long châtain et légèrement bouclé, des yeux rieurs, charmeur, couleurs miels en formes d'amandes, une carrure d'athlète à la peau hâlé, dès tatouages plutôt cool un peu partout... Bref, le parfait package. Sauf qu'il n'a pas l'âge pour réellement me plaire. Dommage, on s'entend pourtant bien.

- Salut étranger, je lui réponds, debout à quelques mètres de lui.

- Merde Ivy, ça fait un baille, s'exclame-t-il, pour le moins surpris. Qu'est ce que tu deviens ? T'as repris les cours ?

- Un baille, ouais... non, toujours pas depuis six mois mais je suis de retour depuis trois mois.

Il hoche nonchalamment la tête, en se redressant, quelques mèches retombant sur son front. Il a un charme évident, mais ça ne prend pas avec moi. Du moins pas trop, je ne suis pas une insensible non plus.

- J'ai besoin d'une carte, Shawn.

Autant aller au droit au but quant à ma présence, même s'il se doute certainement que ce n'est pas une simple visiter de courtoisie. Bien que nous devrions tout les deux en tirer satisfaction.

- Une carte ? D'identité ? demande mon ami.

J'acquiesce et Shawn se saisit d'une boite à chaussures sous sa table basse dans laquelle il fouille frénétiquement. Entre ses doigts, une multitude de cartes, des fausses. Il en sort une du lot et la brandit sous mes yeux.

- J'en ai encore une que je t'avais fait la dernière fois, au cas où.

Toujours aussi prévoyant, on dirait. Certaine chose ne change pas.

- Génial, ça m'arrange de ne pas devoir attendre. Mon compte en banque est toujours bloqué donc... on s'arrange comme d'habitude ?

Il pose la fausse carte d'identité sur la table et s'enfonce dans le canapé en me souriant. Il a vraiment un putain de sourire aussi, ce con, mais il ne me fait pas vibrer. Mon ami à pourtant tout pour plaire. Il est beau comme un dieu, nombreuses sont celles qui se bousculent pour n'obtenir ne serait-ce qu'une nuit avec lui. Il est le futur héritier d'une fortune colossale, il a son indépendance même s'il la doit à son géniteur. Sa famille est connue et reconnue à Miami, cela fait de lui un très bon partie. Et pour ne rien gâcher, c'est un garçon profondément adorable, drôle et très charismatique, qui sait jouer de ses atouts sans pour autant en faire des caisses. La chance est contre moi. S'il avait juste vingt ans de plus... Je l'epouserais sur le champ !

- Ouais, stranger . Pas de soucis, comme d'habitude. T'as besoin d'autre chose ?

- Tu le sais bien, je lui réponds en haussant les épaules.

- T'étais en cure, c'est ça ?

Visiblement, la nouvelle s'est propagée. Je sais qu'il ne me juge pas, qu'il ne tentera pas de me dissuader. Il connaît personnellement les méfaits de la drogue mais il connaît aussi leurs bienfaits. Il sait à quel point c'est dur de s'en détacher et de ne pas y retourner, de s'y jeter à corps perdu. Contrairement à moi, lui semble avoir trouvé un certain équilibre. Shawn ne consomme que de la drogue douce depuis que je le connais, mais il m'a tout confié de ses déboires passé avec les autres substances.

Celles qui sont plus violente, plus trash. Celles dont moi j'ai désespérément besoin, même si elles m'ont deja conduites en enfer, après un arrêt trop court au paradis.

- Et si on arrêtais de parler, Shawn ?

Je laisse tomber mon sac par terre puis fait passer mon top par dessus ma tête. Je déboutonne sous ses yeux attentifs mon short en jeans et le fait glisser le long de mes hanches pour qu'il finisse par rejoindre mon haut. J'enlève ce qui me reste, lui offrant ma nudité sans aucune gêne et m'avance vers lui, mes converses toujours au pieds.

Ce n'est pas la première fois qu'on procède comme ça, vous l'aurez compris. Ma mère a cette fâcheuse tendance à me couper les vivres lorsque je dépasse les bornes, seulement je m'en tire toujours à bon compte. M'envoyer en l'air avec Shawn pour obtenir une fausse carte d'identité ou de la drogue n'est pas le pire de ce que j'ai pu faire jusque là. Utiliser une carte pour boire dans des bars ou entrée en boîte peut-être, consommer de la drogue sûrement.

Je suis une junkie accro aux substances légales et illicites. Une toxicomane héréditairement alcoolique et dépendante à toutes formes d'amour. L'alcool et la drogue, je n'y ai pas touché depuis six mois. Depuis ma dernière cure. La deuxième à mon actif. Et vous savez ce qu'on dit ? Jamais deux sans trois. Je sais que ça me pend au nez depuis que j'ai quitté l'institut dans lequel ma mère m'a fait enfermer pendant les trois plus long mois de ma vie.

Mes addictions avaient tellement pris le dessus sur moi, au cours de cette dernière année, que j'ai fini par cesser d'aller à l'université. Quelques semaines plus tard, j'étais internée. Contre mon gré, vous l'aurez deviné. Sans le docteur Brown qui me rendait régulièrement visite là bas et qui a continué de me suivre, je pense que j'aurais craqué bien plus tôt. Mais le truc c'est que je n'arrive pas à me détacher de tout ça. Encore moins avec ma mère qui se noie dans sa propre addiction et qui va me faire revivre l'enfer avec cette nouvelle relation.

Quand un homme entre dans sa vie, dans nos vies, il n'y a plus que lui qui compte. Alors vous voyez, je n'ai que ça qui m'aidera à tenir.

***

Avant de quitter le bungalow de Shawn, j'ai passé la petite robe bleu ciel que ma mère m'a acheté ce matin et j'ai tenté de me donner une apparence décente grâce à une brosse à cheveux et quelques produits de cosmétiques oubliés par des conquêtes d'une nuit de mon ami faussaire et dealeur. J'ai laissé mes affaires chez lui, nous savons pertinemment tout les deux que je repasserais dans la semaine pour faire le plein.

Ma mère m'a texté l'adresse du restaurant où je dois la retrouver d'ici une heure. Le Lobster Bar Sea Grille à Miami Beach. Fruits de mer, poisson et un large choix de plats végétariens au menu. Ma mère et moi adorons ce restaurant situé en haut d'une tour de verres, offrant un panorama incroyable sur les étendues de sable et l'océan.

Mon taxi arrivé, je monte à bord, j'aurais bien vingt minutes d'avance sur elle. L'opportunité de boire un verre d'alcool grâce à ma nouvelle fausse carte au bar s'offre à moi. Un petit remontant, voire deux ne seront pas de trop, croyez-moi. Le trajet est rapide, un peu moins d'une vingtaine de kilomètres me sépare du point de rendez-vous. Je tends quelques billets au chauffard au regard libidineux et m'engouffre dans le building. La prochaine fois, je prends un Uber, je ne sais pas pourquoi, mais les chauffeurs de taxi me semble moins fiable et plus inquiétant.

***

Enfin installée sur l'un des tabourets qui longe le bar en marbre blanc, je sirote mon premier cocktail. Une tequila Sunrise. L'alcool est mélangé à du jus d'orange et du sirop de grenadine. Ma mère approuverait sûrement ce mélange s'il était pour elle. J'imagine sans mal sa mimique appreciative en y goûtant.

Le barman, à peine plus âgé que moi, n'arrête pas de me fixer et me sourir avec un air béat. Il m'exaspère, cet imbécile. Tant bien que mal, je l'ignore en remuant le petit parasol qui orne mon verre. J'appréhende vraiment la rencontre avec ce fameux James. Ma mère a tendance à vraiment s'emballer quand il s'agit des hommes et généralement ses histoires se finissent toujours mal.

Derreck n'était qu'un échec de plus sur une longue, très longue liste. Je crois que si je n'avais pas été là pour la ramener sur terre quand il le fallait, elle en serait à bien plus de trois divorces.

Elle aussi est une junkie de l'amour, comme moi. À la différence qu'elle, elle cherche le grand amour, le prince charmant - de préférence blindé au as, ma mère est une femme un peu vénale. Les biens matériels lui importe énormément, elle qui n'est pas née dans ce milieu et qui n'a jamais rien eu jusqu'à son premier mariage.

Elle n'est cependant pas qu'à la recherche de ce confort financier, elle a besoin d'être le centre de l'univers d'un homme. Alors si par malheur - ou par bonheur, pour elle -, elle en rencontre un qui qui lui sers quelques belles paroles et la couvre de cadeaux hors de prix, s'en est fait d'elle.

- La place est prise, Mademoiselle ?

Je me tourne vers mon interlocuteur. Un bel homme d'âge mûr aux cheveux grisonnant dont la voix vibrante et rauque semble s'adresser directement à mon entrejambe. Lui, c'est sûr, il a l'âge qu'il faut pour me plaire.

Je le jauge silencieusement de haut en bas, papillonnant des cils outrageusement. Mode séduction : ON.

Un magnifique costume trois pièces bleu marine, une chemise blanche surmontée d'une cravate s'accordant parfaitement avec son costard, une montre en or rutilante au poignet droit et surtout pas d'alliance sur son annulaire gauche.

Je mets un point d'honneur à éviter les hommes mariés, même si mon opération séduction avec l'ex mari de ma mère peut laisser penser le contraire. Je m'attarde un peu dans mon observation - et en détails, s'il vous plaît !- de ce bellâtre. Je vais peut-être esquiver ce dîner après tout.

- Elle l'est à présent, dis-je d'une voix enjôleuse.

Je remonte lentement mon regard vers le sien, troublant, tandis que le charmant gentleman hésite à prendre place, visiblement. Mon dieu, je n'avais jamais vu des yeux aussi bleu et profond. J'ai l'impression de me perdre, me noyer, un court instant dans les profondeurs de l'Océan. Dans l'Atlantique que j'aime tant. Son regard me fait fondre instantanément. Il court sur moi, me détaillant avec une assurance qui contraste avec son hésitation à prendre place à mes côtés.

Notre duel de regards s'éternise, ou du moins, c'est l'impression que j'en ai, pendant qu'il semble toujours peser le pour et le contre. Un frisson me parcourt la colonne vertébrale alors qu'il me fixe en se saisissant du dossier du tabouret à mes côtés, après avoir jeté un oeil sur sa montre. Cette fois c'est sûr, au diable ma mère et son dîner. Aux oubliettes James et son fils. Ce soir mes addictions font le retour sur le devant de la scène.

- Je peux vous offrir quelque chose à boire ?

- Avec plaisir, Mademoiselle, répond-t-il d'une voix grave et chaude.

Il tire enfin le tabouret et y prend place. Lève la main pour interpellé le barman et lui commande un bourbon. Ça, c'est un homme, un vrai, si vous voulez mon avis. Ce qu'un homme boit le représente généralement bien et à mes yeux rien n'est plus virile qu'un homme avec un bourbon en main. Mes hormones sont ébullition face à ce mâle alpha. Je m'évente discrètement, il me donne déjà chaud. Ça transpire grave dans ma culotte !

- Sans glace s'il vous plaît, jeune homme. Et remettez un cocktail à cette charmante jeune femme.

L'employé de bar s'exécute aussitôt et nous sert. Au moment où nous trinquons mon regard s'accroche une nouvelle fois à ses deux billes bleues. Une sensation inédite s'empare alors de moi. Un peu comme si le temps s'arrêtait et tout autour de nous se figeaient. Les gens, leurs discussions. Je ne perçois, n'entends, ne ressens, plus rien d'autre que lui.

J'ai l'impression de flotter comme lorsque je prends de la Kétamine. J'ai une envie irrépressible de le toucher comme lorsque je suis sous MDMA. C'est comme si je venais de me prendre un shoot direct dans les veines.

Mon sang s'échauffe, mon pouls s'accélère avant de ralentir dangereusement, tout comme les battements effrénés de mon cœur qui s'estompent jusqu'à quasiment disparaître. Ma peau se couvre de chair de poules, le duvet de mes bras s'hérissent. Une chaleur incandescente s'empare de mon bas ventre.

Je veux cet homme, putain il me le faut. Je ne peux pas ignorer ce que je ressens, c'est la première fois que je suis en proie à un désir aussi ardent et instantané. Il m'a tout l'air addictif, et dieu sait à quel point je suis faible face à ce qui me rend dépendante.

Je le scrute minutieusement, hypnotisé par ce que cet homme dégage, par ce qui émane de lui, sans arriver à mettre un mot dessus. Sa bouche charnue posée sur le rebord de son verre est un appel à la tentation, mes yeux suivent sa pomme d'Adam qui monte et descend tandis qu'il finit d'une traite son bourbon. Sa langue humecte ses lèvres que j'imagine déjà se poser sur moi, j'imagine la douceur et la violence qu'elles sont capable d'engendrer dans un simple baiser. Rien que d'y penser, je me sens me décomposer.

Je serre les cuisses, incapable de ne pas laisser prendre forme les fantasme que mon élégant inconnu et partenaire de boisson suscite en moi. Je suis au bord de l'implosion. Jamais je n'ai ressenti ça, avec aucun homme, celui-ci est différent des autres. Il est pour moi, il est à moi.

Rien ne pourra détacher mes yeux de lui, et rien ne semble détacher les siens de moi. De son regard, j'ai l'impression qu'il me déshabille, me met à nue, ici dans ce restaurant, devant ce bar. Je ne le laisse pas indifférent, je le vois, mais je le sens aussi sur la retenue.

Se pourrait-il que pour une fois je tombe sur un homme bien et décent, qui ne m'entraînera pas loin de ce building, dans une ruelle discrète pour soulever ma robe et prendre ce que je lui donnerais sans objection ?

Je me surprends pour la première fois à imaginer qu'on puisse me faire la cour à l'ancienne, avant de conclure sur un baiser chaste.

Qu'on puisse me désirer dans mon entièreté et pas seulement pour une liaison insipide qui ne me satisfera jamais pleinement.

Se pourrait-il qu'un homme puisse m'être destiné, qu'un homme sois capable de retenir mon attention ?

Existe-il un homme dont je ne me lasserais pas apres quelques parties de jambe en l'air ?

Il me fait tant d'effet que j'ai envie de crier oui. Oui ! OUI ! OUI ! Qu'est-ce qu'il m'arrive ?

Je déraille complètement ! Je m'emballe comme jamais je ne l'avais fait, je me sens euphorique tout à coup. Il faut que je l'emmène avec moi loin d'ici avant que...

- James ! James chéri !

Non, non !

Cette voix. Cette voix stridente. C'est celle de ma mère. Mon dieu, non, faite qu'il ne se retourne pas.

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ocean eyes »

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