Chapitre 8

Cela faisait quelques semaines que Yuria avait emménagé, à présent. Elle était plutôt chanceuse, puisqu'elle s'entendait relativement bien avec ses nouveaux frères. Toutes les expériences étranges, les yeux rouges, leur comportement troublant... Tout ça, elle n'y pensait plus trop, c'est un peu comme si elle avait rêvé.
Elle découvrait leurs personnalités en profondeur, leurs goûts, leurs passions. Parce qu'ils en avaient, évidemment.

Kyuu était le plus jeune, le petit et le mignon qui ne faisait pas vraiment ses seize ans. Il riait souvent pour un rien, parlait sur un ton candide, traînait toujours sa peluche derrière lui... En revanche, il avait toujours l'air si fatigué, et un peu malade.... Son teint pâle renforçait ses cernes violacées.

Ensuite venaient Kanato et Hiro, les frères jumeaux. Ils avaient tous deux dix-sept ans, tout comme elle. Ils se ressemblaient de façon troublante, mais on les reconnaissait facilement, puisqu'ils n'arboraient ni le même style vestimentaire, ni la même coupe de cheveux.
Kanato était du genre élégant, populaire évidemment, sûr de lui, certain de plaire à tout le monde, même aux garçons.
Hiro semblait vivre la popularité au lycée de manière subie, comme s'il aurait préféré autre chose. Il était boudeur et impulsif, s'énervant facilement, soupirant régulièrement. Il restait gentil et serviable pour autant, l'air de rien.

Enfin, il y avait Kaname. Lui, il ne parlait pas trop. De ce qu'elle avait pu remarquer, il était doux et toujours calme. D'un calme glacé, parfois. Il ne criait jamais, avait une voix mielleuse, un regard bleu inoffensif, des gestes gracieux.

En réalité, ils étaient tous gracieux. Et tous extraordinairement beaux. Trop beaux, en fait. Yuria s'était habituée. Elle ne se rendait pas vraiment compte. Elle les aimait bien, vraiment.

Ils étaient adorables, chacun à leur façon.

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"Onee-chan !" (grande sœur en japonais.)

La jeune fille sursauta et lâcha son téléphone portable. Pourquoi est-ce que Kyuu était toujours obligé d'arriver sans faire de bruit ?

"Oui ?"

Le jeune garçon semblait ravi, son petit sourire en disait long. Il venait d'apprendre une bonne nouvelle, apparemment.

"Ce soir, il y a un diner de famille, Yuria ! Toute la famille Seiko réunie au plus grand complet !"

Elle ouvrit grand les yeux. Vraiment....? Elle tenta de s'imaginer, une grande table dans une des innombrables pièces du manoirs, éclairée aux chandelles, entourée par des dizaines de jeunes hommes et femmes qui faisaient tous aussi jeunes que ses "frères" et Madame Seiko, qui étaient tous aussi pâles, tous aussi bizarrement beaux.
Ça attisait sa curiosité mais faisait quelque chose d'étrange.

"C'est génial....
- Bah oui c'est génial ! Et maintenant tu fais partie de la famille, alors tu seras là, évidemment ! Il faut que tu rencontres mes oncles et mes cousins."

Yuria sourit. Oui, ça semblait bien. Elle lui ébouriffa les cheveux, affectueusement.

"Tu es adorable Kyuu-kun. Je devrais peut-être aller me préparer..."

Il hocha la tête. Elle lui sourit une dernière fois, et marcha vers son armoire. Il fallait qu'elle choisisse quelque chose de joli, quelque chose qui la rende présentable devant tous ces gens, qui auraient sûrement la même classe et élégance innée que ses "frères", sans faire d'effort.
Quand elle se retourna, évidemment, Kyuu n'était plus là. Par contre, ce qui la surprit, ce fut de voir Kaname. Il lui sourit et s'approcha en quelques pas, s'appuyant finalement contre un des murs de sa chambre.

"Tu as besoin d'aide...?"

Demander de l'aide à un garçon pour ce genre de chose ? Oula, ça ne lui était pas venu à l'esprit. En revanche, c'était vrai, elle avait des questions à poser, tout de même.

"Et bien... Je me demande... Comment se passe un diner de famille ici ? Vous vous habillez bien, j'imagine...? Et comme j'ai remarqué que Madame Seiko ne portait que du noir.. Est-ce que vous portez tous du noir ou...?"

Le blond rit un peu. Ce rire doux et feutré, qui le caractérisait bien.

"Tu t'embêtes trop. Habille-toi de la couleur que tu veux, comme tu veux. Mais bon, après il est vrai qu'une de mes tantes est particulièrement stricte... Fais attention ou bien elle va t'embêter pendant tout le repas."

Il lui sourit gentiment et tourna le dos, pour finalement quitter la chambre.

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