Chapitre 9
- P'Gai ?
- Nong...
- Qu'est-ce qu'il se passe ? s'enquit Boss.
- Phi ! s'écrièrent des enfants de tous âges.
- He ! dit-il alors que les trois enfants s'accrochèrent à lui, les larmes aux yeux.
- Ils sont venu.
Le silence qui emplit la salle dut sacrement glaciale.
- Je vais rappeler les autres, dit Noeul en se dirigeant vers un système inventé par Max.
Il l'actionna, faisant sonner pleins de cloches éparpillées partout sur le terrain et dans les différents bâtiments. Ni une ni deux, tous rappliquèrent en panique.
- Noeul ! Pourquoi tu as sonné ?
- Qu'est-ce qu'il se passe ?
- P'Gai ? fit Jimmy en découvrant le vieux monsieur installé sur une chaise, appuyé sur sa canne. Tout va bien ?
- Nous allons bien, dans l'ensemble... répondit l'homme âgé.
- Ils s'en sont prit à eux, dit sombrement Fluke.
- Je vais les installer ! se proposa Sammy en aidant l'homme à se lever et guida la petite famille, accompagnés de Boss toujours entouré des trois enfants.
Après qu'ils soient tous parti, Fluke, d'ordinaire calme et posé, explosa dans un cri de rage rauque et féroce.
Personne n'osa l'approcher ou dire quoi que ce soit. Ohm, beaucoup trop choqué par ce cri, le regardait avec des yeux grands ouverts, comme s'il le découvrait pour la première fois.
Boun et les autres se contenaient de faire de même que Fluke, mais son cri les avait comme, vidé de cette émotion. Comme s'ils avaient envoyé dans ce cri, toutes leurs émotions et que Fluke avait exprimé à lui seul ce qu'ils avaient en eux.
Ohm s'approcha enfin et lui entoura les épaules d'un bras, calmant le jeune homme contre son torse et lui caressa les cheveux.
Une lumière s'alluma dans le regard de l'ancien acteur. Une lumière froide et mortelle qui s'alluma également dans les yeux de tous.
Ce village allait payer pour s'en prendre à de pauvres personnes sans défenses, mais surtout... À ces deux filles hystériques qui mettent tout le monde en danger.
S'en rendaient-elles compte ? Visiblement pas et c'était probablement l'inverse qui se produisait. Elles ignoraient tout et leur village les y encourageait.
C'était pitoyable d'oublier, à ce point, que l'humain était en voie d'extinction, mais qu'ils préféraient laisser leur filles apporter le malheur autour d'elles pour leur propre bonheur ou moment de joie.
Patte-pelu, voilà que ce village parvenait à ses fins, faire du mal sans tirer une seule balle.
Si seulement ils se rendaient compte de ce qu'ils faisaient. S'isoler des autres ne les aidera pas à survivre ! Mais, aller résonner un sourd qu'il fait une mauvaise action et de retirer les œillères qu'il porte... voilà une tâche bien compliquée.
- On va s'en charger, gronda NuNew, installé sur un des sièges de la grande salle.
- Nous ne pouvons pas encore attaquer, dit Earth.
Mix, debout légèrement en retrait de son mari, avait les mains posées sur ses épaules, lui apportant présence et soutien. Ils étaient une famille, construite par un évènement tragique, ils avaient liés une amitié s'informe, que ce groupe de vingt-six ne pouvait plus agir séparément mais en une seule entité. Il fallait donc réfléchir aux actes, mais surtout aux conséquences qui suivraient si quelque chose tournait mal. Ils ne pouvaient plus faire dans l'incertitude en solitaire. Non, maintenant c'est l'incertitude collective qu'ils devaient affronter pour leur sur le ainsi que celle de ceux avec qui ils avaient noués des alliances.
Que feraient-ils si l'un d'eux venait à périr dans un plan non étudié avec minutie ? Si Mix venait à perdre la vie ? Que ferait Earth hormis vouloir le rejoindre immédiatement ? Que feraient Max, Zee, Ja ou encore Net ?
La cohésion n'existerait plus.
Ils choisiraient tous la mort, sans aucune hésitation.
[...]
Plus tard, en début de soirée, alors que le soleil commençait à décliner doucement vers l'autre partie du monde et faire venir sa douce Reine d'argent pour régner haut sans le ciel de la nuit, la bande se rassemblait dans ma grande maison, rejoignant Gai et sa famille qui ne l'avait pas quitté. Boss, Sammy, Bosston, Nat et NuNew leur avaient tenu compagnie tandis que les autres avaient vaqués à leurs tâches quotidiennes. Le groupe de Fluke ne revint pas tout de suite, étant réparti en vadrouille, cette fois avec la ferme intention d'espionner les deux femmes et leur village afin de comprendre ce qu'il se passait pour définir un plan de défense et d'attaque. Mais voilà qu'ils tardaient à rentrer. Pourtant, ils avaient instauré une sorte d'interdiction. Ne jamais être dehors la nuit, sauf en cas d'extrême urgence.
Pourtant... Voilà qu'ils venaient d'enfreindre cette règles qu'ils s'étaient pourtant tous imposés d'un commun accord.
- Mais où est-ce qu'ils sont ?! s'exclama Boun inquiet.
- Ils ont dut tomber sur une horde ou alors ils se sont perdu, tenta un des enfants.
- Mange ta soupe, lui dit sa mère.
Des grognements se firent entendre dehors. Des grognements qui se rapprochaient de plus en plus, jusqu'à ce qu'ils entendent quelqu'un s'exclamer :
- Putain ! Je t'avais dit de faire gaffe aux piège de Ja !
- C'est bon, souffla une autre voix que Boss reconnu. Je n'ai pas marché dedans, Phi m'a rattrapé au dernier moment.
- Ça suffit tous les deux, je veux pas faire le flic, mais je rêve d'une douche.
- J'avoue, j'empeste la mort. Boss voudra même pas de moi dans le lit si c'est comme ça.
- T'es sûr qu'il veut de toi, même sans puer le cadavre ? s'amusa une autre voix que Boun rêvait d'entendre à nouveau.
- Au fait, tu as pris la tête avec toi ?
- Ouais, elle traîne par terre, regarde.
- Ah... Charmant... Bon au moins ça nous fera un cadeau sympa à leur renvoyer demain.
- J'irai la leur déposer avant l'aube, P'Ohm, tu viens avec moi ?
- Oui, je te laisse pas y aller tout seul.
- J'ai bien envie de voir la gueule qu'ils vont faire, s'amusa un des hommes du groupe.
- Moi aussi, répondit une voix qui fit réagir le corps de Ja.
Le groupe entra dans la maison et fut accueillit par leurs amis, debout devant la porte, inquiets.
- Prem !
- Noeul !
- First !
- Attends ! s'exclamèrent les deux hommes en mettant leurs mais en avant pour les arrêter. Je pue ! Je veux une douche !
Earth toisa Ohm du regard, se firent un signe de tête et leur dit :
- Allez-y. Nous parlerons plus tard.
- Le dîner est prêt, leur dit Bosston. Il vous attendra une fois lavés et changés.
- Merci mon frère !
Noeul, First et Prem détalèrent comme des lapins, tandis que Ohm et Fluke semblaient être les plus épuisés du groupe. Que c'était-il passé dehors pour qu'ils soient dans cet état ?
- P'Jimmy, l'appela Fluke. Nous aurons besoin de toi.
Le ton et l'attitude de Fluke leur firent craindre le pire.
- D'accord, répondit le médecin. Sea.
- J'y vais.
[...]
Après une douche revigorante, le groupe se réunit dans la grande salle pour y retrouver les autres, ainsi que Gai et les siens.
- Qui je dois soigner ? demanda Jimmy en ouvrant sa boite de soin.
- Moi, indiqua Fluke.
Le silence du groupe terrifia le reste des habitants de la maison. Il s'approcha du médecin et retira la serviette qui lui couvrait le torse pour leur montrer les plaies horribles qui lui parcouraient le corps. Profondes pour certaines, superficielles pour d'autres, Fluke avait les bras, la nuque et le torse traversés de marques dangereuses qui devaient lui être intolérable. Du groupe il était effectivement le seul dans cet état et l'attitude des trois autres plus jeune fit comprendre plus ou moins ce qu'il avait dû se produire.
Une attaque surprise entre zombies et humains et-
- C'était un piège, indiqua Prem. Fluke a pris les dégâts pour nous à cause de ces folles furieuses...
- Encore elles ?
- J'en ai tué une, indiqua First en tirant sur quelque chose.
- J'ai fait l'autre, dit Fluke en montrant une tête.
Le silence emplit la salle.
- On y a foutu le feu avec P'Ohm, dit Noeul. Phi était bloqué par les villageois et les zombies qu'on a fait entrer.
- Qu'est-ce qui c'est vraiment passé là -bas ? demanda Zee.
Jimmy invita Fluke a s'installer sur une chaise et entrepris de le soigner pendant que Ohm raconta :
"On est arrivé dans le début de l'après-midi pour inspecter les lieux proches du village et surtout surveiller ces derniers pour prendre des notes. Au départ, tout se passait bien jusqu'à ce qu'on passe le point le plus proche de la maison de P'Gai. En passant autour, on a vu des traces de passages de zombies, sauf que N'First a vu que les traces de pas n'y ressemblaient pas. On a voulu s'en approcher, mais j'ai remarqué que la terre et la faune environnante avaient été retournés, rendant la zone suspecte. On a décidé d'y aller prudemment et on s'est rendu compte que First avait raison. Des pièges avaient été posé un peu partout en aléatoire et les traces de pas n'étaient autres que celles des villageois qui ont tenté d'imiter la façon de se déplacer des zombies pour tromper les curieux. C'est en faisant cette découverte qu'on s'est fait surprendre par quelques morts qui avaient dû se retrouver gênés par les pièges. On a tenté de les passer sans se battre, mais c'était peine perdue. On les a tué et ça a alerté le village, car les deux nanas sont sorties en courant vers nous, criant comme des hystériques..."
Se remémorant la scène, Noeul soupira et Prem gronda. Fluke restait calme, malgré la douleur insupportable qui lui traversait le corps de part en part. Pour First, qui avait vécu sa première sortie avec l'équipe de reconnaissance. Et il s'en souviendrait longtemps ! Mais ce qui l'avait le plus choqué avait été la façon dont Fluke s'était interposé pour lui éviter une morsure qui lui aurait couté la vie.
- Ja, murmura le garçon qui sentit les larmes lui bouiller la vue.
Inquiet, ce dernier se rapprocha de son ami.
- Tout va bien, First.
- Je suis désolé, P'Fluke...
- Ne t'excuse pas, lui répondit ce dernier en souriant. Nous ne sommes pas experts dans ce domaine, on été simplement acteurs et célébrités. Tout ce qu'on connait aujourd'hui, c'était pour nos rôles, et encore. Nous avons été pris par surprise et c'était ta première sortie avec nous.
- Je...
- Nong, le coupa le blessé. Ce qui est fait et fait. Ça ne sert à rien de ressasser ce qu'il vient de ce passer.
- Doc, comment il va ? demanda Ohm.
- Je vais devoir le recoudre sur certains endroits, mais je ne détecte aucune morsure ou blessure qui pourraient le rendre malade. Je vais tout de même le garder en quarantaine pendant quelques jours, répondit Jimmy.
- P'Ohm, fini.
Le jeune homme derrière lui hocha la tête et repris son récit :
"Elles ont attiré l'attention des villageois, mais aussi d'une horde qui se trouvait pas loin et qu'on avait pas vu. On a tenté de se défaire de la horde en premier, mais on s'est fait malmener. First a faillit se faire mordre et Fluke a dû s'interposer. Une des femmes s'est jetée sur eux et Fluke l'a repoussé, mais elle a insisté. Elle s'est faite mordre tandis que Fluke subissait... Nous avons été capturé par le village et enfermé dans une prison assez glauque qui a dû en voir passer..."
- Que veux-tu dire par-là ? demanda Zee.
- Ce sont des cannibales, répondit Noeul pour lui.
Le froid que laissa l'information sur la salle, fut plus que glacial.
- Comment vous en êtes vous sortit ? demanda Gai.
- La fille qui a été mordu, dit First qui se souvenait encore de la mort qui avait faillit, de nouveau, le prendre.
- Ils l'ont lâché dans la cellule où on se trouvait, expliqua Prem. Heureusement pour nous qu'il y avait de quoi se défendre. Os, chaînes, poussière, etc... Y avait qu'à se pencher pour trouver de quoi se défendre, mais avec Fluke blessé, c'était assez complexe.
- Pourtant vous vous en êtes sorti.
- Oui, répondit Ohm.
Le ton froid et sombre qu'il venait d'emprunter, intrigua leurs amis et la famille de Gai.
- J'ai... décapité la nana avec une chaîne, dit Fluke en se raclant la gorge. Aïe !
- Désolé, Nong, mais celle-ci est profonde.
- Pas de soucis.
Fluke souffla après avoir ressentit une décharge désagréable dans son corps quand Jimmy avait appliqué de l'alcool sur la plaie en question qui lui traversait le dos. Il s'en doutait bien, il allait souffrir pendant un long moment, mais l'angoisse qu'il avait été que, même s'il avait confiance en Jimmy, il pouvait se transformer à tout moment.
Savoir qu'il pourrait s'en prendre à ses amis ou encore à...
Une main chaude se posa sur son épaule. Les doigts longs de l'homme qui l'avait accompagné durant plusieurs années et qui était resté une personne pour qui il avait un respect immense, lui apportèrent une chaleur qui le fit frissonner d'un plaisir interdit. Il sentait son soutien et il l'en remerciait pour cela. De ne pas l'avoir abandonné, de l'avoir épaulé et, même encore là, d'être près de lui pour lui montrer qu'il ne le quitterait pas.
- Qu'avez-vous fait après ? demanda NuNew.
- On s'est servit de ce qu'on avait pour ouvrir la grille et on a prit la tête pour leur montrer, expliqua Prem sans émotion.
- Ça a dû être une scène spectaculaire, fit James.
- Édifiante, confirma Ohm qui ne lâchait pas Fluke du regard.
- Qu'en est-il de la deuxième ?
- Je l'ai éventré pour me venger, répondit First. C'était à cause de ces deux timbrées qu'on a eut des soucis et que P'Fluke s'est retrouvé comme ça. J'allais pas la laisser s'en tirer. J'ai pris je sais plus quoi qui se trouvait près de moi et je l'ai planté dans son torse avant de l'éventrer comme un animal.
Ja en resta muet, tout comme les autres. Ils connaissaient bien le jeune homme pour le savoir aussi doux qu'un agneau. Un tempérament parfois piquant, mais la plus part du temps calme et posé, il n'était pas non plus décrit comme quelqu'un de violent. Alors entendre de sa bouche, autant de rancœur dans une scène ignoble comme celle-ci, était difficile à croire. Et pourtant, en jetant un coup d'œil au groupe qui l'avait accompagné, aucun ne semblait indiqué qu'il pouvait mentir. C'était même pire. Ils avaient tous la même attitude et ce regard déterminé d'envie de faire du mal pour se protéger les uns les autres. Ce qu'ils avaient vécu là-bas les avaient marqué et surtout First qui portait sur lui les marques de la culpabilité et celles de la non importance de l'être humain. Pour le jeune homme, seuls comptaient ses amis ici présent et la dette qu'il avait envers son aîné.
***
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