Chapitre 15
Il leur fallut plusieurs jours encore avant de pouvoir enfin finir le magasin et de mettre en place un système de sécurité et de protection pour vivants.
Les habitants de la Maison eurent des visites de villageois et survivants qu'ils avaient protégés ce jour-là. Cherchant à se rassurer que leurs protecteurs allaient tous bien, saluant également cette façon qu'ils avaient eu de travailler d'une façon très sophistiquée.
Mais ils étaient le plus souvent accueilli par des sourires fatigués et encore secoué par ce qu'il s'était passé pour eux. Même s'ils s'étaient préparés au pire, cette journée les avait mit devant un fait. Ils ne tiendraient pas longtemps comme ça. Ils devaient se renforcer, approfondir leurs pièges, s'entrainer plus dur, faire en sorte qu'ils se renforcent aussi mentalement. Mais c'était là la tâche la plus dure qu'ils avaient. C'était quasi mission impossible. Chacun était beaucoup trop impliqué émotionnellement dans la vie d'un autre, etc.
Comment s'en défaire ? Impossible. À moins de quitter la Maison et de vivre reclus, mais même ça, ils en étaient tous sûrs, même ça n'était pas possible pour eux.
Rien ne fonctionnerait pour ça et ils le savaient.
Ce nouveau monde leur démontrait tout ce qu'ils avaient tenté de cacher au sein du précédent où les scandales régissaient leurs vies de célébrités. Dans ce nouveau monde où ils devaient rester silencieux et se battre contre la mort, cette nouvelle Maîtresse détestable et inquiétante, ils ne pouvaient plus vivre sans penser à leurs amis et partenaires avec qui ils vivaient dans cette maison. Certes, ils avaient une pensée pour leurs alliés, etc. Mais refaire leur vie avec ces gens alors que l'amour et l'amitié étaient les propriétaires de ce bâtiment ainsi que de ses habitants ?
Certainement pas ! Et ils le savaient, ils n'y arriveraient pas, alors chercher à s'endurcir pour se préparer à mourir ou à subir la perte d'un être cher... C'était tout bonnement une mission suicide. C'était comme si vous vous lancez la mission d'arrêter le tabac, mais qu'au final vous finissiez par fumer la pipe comme une chicha... Autant dire que l'effet n'est pas celui recherché dans cette affaire.
Dans la Maison, ils savaient ce qui allait arriver s'ils ne s'endurcissaient pas un peu, tout de même. Pourtant c'était au-dessus de leurs moyens émotionnels.
Quand le magasin fut enfin prêt, aucun d'eux n'eut le cœur à faire la fête. Bien qu'ils aient reprit leurs routines habituelle : visiter les différents refuges ou village, s'occuper des animaux, réparer ou construire des pièges plus féroces, s'occuper de l'infirmerie, faire l'inventaire, s'entrainer au combat, etc. Pourtant, le moindre bruit les mettaient dans un état pas possible, ils étaient terrifiés et se précipitaient en groupe, bien ordonnés, pour se protéger. Plus rien avait de sens maintenant dans leurs vies. Où étaient passés les guerriers fiers qu'ils avaient été durant des mois ? Perdu dans le néant de l'Inquiétude et la Crainte. Ils devaient s'en sortir, mais aucun d'eux ne savait vraiment comment faire. Allaient-ils même essayer ? Peu sûr...
Un nouveau manège s'installa avec le magasin. Une petite équipe y allait pour protéger les lieux, tandis que des alliés ou même quelques uns d'entre eux, faisaient office de vendeurs. Sammy était la guetteuse, perchée sur le toit, passant son temps avec ses jumelles, son fusil dans son dos, une lame pendant à sa taille et un couteau plus petit de l'autre côté de son torse. Elle et son équipe gardaient les lieux, tandis que les autres patrouillaient et vaquaient à leurs occupations. La nuit, le magasin était vidé de tout ce qu'il possédait, pour plus de sécurité. Et le matin, l'équipe de Zee, Boss et Prem, s'y rendaient pour inspecter la bâtisse, vérifiant qu'il n'y avait aucun invité indésirable à l'intérieur avant d'ouvrir et de prendre position pour le reste de la journée.
Cette nouvelle routine fonctionnait assez bien, mais on pouvait sentir la fatigue mentale chez eux et les alliés ou les passants itinérants qui cherchaient refuges, ne pouvaient louper cet état avancé de dépression. Malgré les nombreuses tentatives de discussions, ils n'avaient pas changé. Qui pourrait les sauver de cette mort lente qui semblait les suivre et les dégrader, hormis eux-mêmes ?
C'est au détour d'un miroir convexe de circulation dont cette forme bombée ne vous mettez clairement pas en valeur, qu'une situation se débloqua.
Alors que Zee et ses amis vérifiaient l'état des passants, s'assurant qu'aucun d'eux n'étaient blessés ou mordus qu'un long sifflement se fit entendre.
Sammy avait repéré du mouvement aux abords de la route où ils avaient construit le magasin.
- Boss, Prem ! Faites les tous rentrer et fermez les accès ! s'exclama Zee en écoutant ce que sifflait Sammy. Il y en a une dizaine !
- Des marcheurs ? demanda Boss en poussant les passants qu'ils avaient contrôlés, à entrer dans le magasin.
Zee siffla et Sammy confirma.
- Oui !
- Ça nous laisse un peu de temps ! s'exclama Prem en soulevant une vieille femme pour se précipiter à l'intérieur avec elle dans les bras.
À l'intérieur, la panique régnait.
- Qu'est-ce qu'il ce passe ? demanda quelqu'un qui n'était visiblement pas habitué à leur façon de travailler.
- Des morts arrivent, déclara Prem. Nous devons vous mettre en sécurité dans le magasin.
- Mais !
- Tu n'es pas du coin, toi, dit la vieille femme que Prem avait fait asseoir sur un vieux tabouret.
- J'ai vécu ici toute ma vie, répondit l'itinérant. Mais depuis l'invasion, je ne suis pas sortis pour voir du pays.
- Alors tu devrais suivre les ordres d'ici, lui lança un homme qui aidait Boss à soulever des caisses pour les mettre au niveau des fenêtres pour faire de l'ombre.
- Ils sont que trois ! s'écria l'itinérant.
Un silence se fit avant que des rires ne retentissent.
- Ce que tu crois, mon petit, fit la vieille femme en souriant.
- Grand-mère, tenez, vous devez boire un peu, fit Boss en lui tendant une bouteille d'eau.
- Merci, fils. Les autres ne sont pas encore arrivés ? lui demanda-t-elle, comme si c'était habtiuel pour eux.
- Ils sont juste à côté, P'Boun arrive avec P'Ja et N'Santa.
- Oh, alors N'First doit être avec eux, sourit une fille.
Du bruit sur le toit les avertit que l'équipe venait d'arriver.
- Je crois qu'il est en place, sourit Boss avant de sortir son arme.
- Boss !
- Nong.
- P'Prem reste avec moi ici et tu dois rejoindre P'Zee dehors. Zone A.
- Entendu.
Le jeune homme enfila des gants en métal. Aidé de Prem, il put enfiler les protections sur ses avants bras et quitta les lieux, fermant la double porte.
- Il faut bloquer l'accès, déclara Prem. Santa !
Les valides, hommes ou femmes, aidèrent à hermétiser les lieux, tout en laissant Prem et Santa, armés, protéger ceux qui s'y étaient réfugiés. Santa indiqua à tous de ne faire aucun bruit, mais l'itinérant refusa de se laisser faire, prétextant devoir sortir pour retourner chez lui.
- Il va nous faire repérer, gronda une femme.
- Mais tais toi ! murmura un ado, l'index plaqué sur la bouche. S'ils nous entendent dehors on est cuit ici.
- N'importe quoi ! Laissez moi sortir !
Un sifflement se fit entendre.
- Putain, pestèrent les deux amis.
- San', tu t'en occupes.
D'un coup derrière la nuque, Santa assomma l'itinérant gueulard.
- Du silence, ça fait du bien, soupira la vieille femme.
- Grand-mère, vous allez bien ? s'enquit une dame à côté d'elle.
- J'ai les oreilles un peu... sensibles, chuchota-t-elle.
Quelques pouffements discrets se firent entendre avant qu'un coup ne parte depuis le toit.
Dehors, le combat avait prit. Malgré une approche furtive, d'autres zombies s'étaient ajoutés à la fête, grossissant légèrement les rangs des marcheurs. First, faisant équipe avec Sammy, dut user de son fusil pour tirer sur les plus rapides ou les plus dangereux afin de soulager leurs amis. Il fallut tout de même une bonne demi heure pour tous les abattre et déplacer les corps avant que deux sifflements signes la fin du combat.
Dans le magasin, ils commencèrent à libérer les lieux, réouvrant les portes ainsi que l'unique fenêtre et purent sortir.
- C'était quoi ce bordel à l'intérieur ? gronda Zee.
- Un passant qui n'est pas accoutumé avec les règles d'ici, fit la grand-mère pour apaiser l'homme visiblement très en colère.
- Il est où ?
- Là.
Deux hommes avaient ligotés l'itinérant, encore dans le coma, à une pauvre chaise bancale, s'assurant qu'il ne s'échappe pas à son réveil.
- Je l'ai assommé, il allait nous faire repérer, dit Santa en donnant son rapport aux deux chefs d'équipes. P'Prem m'en a donné l'ordre.
- Okay. First, je veux que tu retournes à la Maison et que tu préviennes le Doc' et Bosston, ordonna Boun à son guetteur.
- Tu veux faire ça ici ? demanda Zee intrigué.
- Je veux savoir pourquoi un gueulard n'écoute pas et j'ai pas non plus envie que ceux qu'on protège deviennent des cibles à cause de lui. Aujourd'hui ça c'est bien passé parce qu'on a été réactif et qu'ils n'étaient pas nombreux. Mais si ça avait été comme la dernière fois, nous aurions eu des pertes.
Le constat de Boun était si glaçant de vérité qu'il fit peur à tous. Les regards qui convergèrent vers l'itinérant n'étaient plus aussi amicaux qu'à son arrivé.
- Talan.
- Monsieur ?
- Je veux que tu retournes à ton village et que tu préviennes ton chef, ordonna Zee. Nous devons avoir une réunion avec les chefs de vos maisons. Nous ne pouvons pas faire la loi comme ça. First, préviens l'équipe de Fluke, je veux savoir d'où il vient.
Tous hochèrent la tête et par deux, les plus jeunes ou les plus rapides partirent en courant vers leurs résidences pour transmettre les mots de Zee et de Boun. First revint quelques instants plus tard, accompagné de Bosston et de Jimmy ainsi que l'équipe de Fluke, tandis que l'homme ligoté et surveillé, revenaient peu à peu à lui.
- Tu voulais nous voir ? fit Jimmy.
- Phi, dit NuNew en tirant un pan du t-shirt de Fluke. Il me dit quelque chose celui-là.
Son chef d'équipe se tourna vers l'itinérant et s'en approcha. Il pencha son corps en avant afin de mieux l'étudier avant de soupirer.
- Et merde.
- Quoi ?
- Phi, je crois qu'on va avoir un problème, souffla Fluke qui aurait tant préféré ne jamais avoir affaire à cette personne.
- J'ai convoqué les chefs, lui dit Zee. Je veux faire une réunion pour le juger.
- First m'a dit qu'il l'avait entendu hurler dans le magasin alors qu'il y avait une attaque, dit Fluke en s'adressant aux deux autres. Qu'est-ce qu'il c'est passé ?
- Fluke ! P'Fluke ! fit un jeune homme en s'approchant de lui.
Le garçon lui raconta ce qu'ils avaient vécu et Fluke se mit à souffler.
- J'aurai dû le tuer quand j'en avais l'occasion, gronda-t-il, surprenant tout le monde. Noeul, va chercher les autres, on va avoir besoin de leur avis pour savoir quoi en faire et surtout se préparer à la suite.
- Tu crois qu'il en reste ? demanda le concerné.
- Si NuNew et moi avons réussi à le reconnaître malgré le temps qui s'est passé depuis... J'ai aucun doute sur le fait qu'il doit y en avoir d'autres et on doit agir vite.
- Ok, j'y vais.
- Fluke, tu peux nous dire ce qu'il ce passe ici ?
- Quand ils seront tous là. Mais j'ai un mauvais pressentiment.
[...]
Alors qu'ils étaient tous enfin réuni devant le magasin pour juger l'homme qui s'était enfin réveillé, Fluke leur raconta à tous l'attaque que lui et son équipe avait subit à cause de deux femmes d'un village de cannibales. Ceux fameux villages qu'ils avaient réussi à mettre à feu et à sang pour s'en débarrasser. Du moins, c'est ce qu'ils avaient tous cru.
- P'Fluke a été blessé pour me protéger à ce moment-là, raconta First qui avait participé à l'attaque. S'il n'était pas intervenu je serai mort.
- Fluke, tu es sûr qu'il est de ce village ? demanda Zee.
- Je peux pas me tromper. NuNew et P'Ohm l'ont reconnu aussi.
Vrai.
Quand le reste de la Maison s'était joint à eux, Ohm avait immédiatement reconnu l'homme et ils avaient dû se mettre à quatre pour le retenir de s'en prendre à lui.
- Comment vont tes blessures, Nong ? demanda un chef de village.
Fluke retira son haut pour montrer son torse, ses bras et son dos lacérés de blessures en bonne voie de guérison, mais dont la largeur et la profondeur avaient été une torture pour lui. Les cris de terreur, les réactions choquées de certains accentua la décision fatale. Ohm l'aida à se rhabiller tandis que les chefs se concertèrent.
- Amenez-le, décida Zee.
Dans la Maison, aucun n'avait réellement le rôle de chef, cependant, Zee étant le plus âgé, avait été désigné comme leur représentant. Bien que Earth aurait été parfait pour ce rôle, les deux agissaient en binôme pour ce genre d'occasion. Assis à côté de l'aîné de la Maison, Earth étudiait l'itinérant bâillonné, afin d'éviter qu'il n'alerte toute la contrée que des vivants se trouvaient là pour un buffet à volonté.
- Quel est ton nom ? demanda un des chefs.
- Pourquoi je dois vous le dire ? cracha l'homme une fois son bâillon retiré.
- La politesse voudrait que tu te présentes, soupira Zee.
- Vous avez qu'à vous présenter !
Zee se leva et s'en approcha, il l'attrapa par la gorge et pressa son pousse sur sa pomme d'Adam, coupant la respiration à l'homme qui, ligoté, gigotait pour tenter de se libérer et se défaire de son étreinte.
- Phi, le rappela Earth. Mort il servirait à rien.
Immédiatement, et de façon très brutale, Zee le lâcha. Ils l'écoutèrent tousser pour reprendre son souffle, lançant des regards menaçants vers ce dernier qui n'en avait rien à faire.
- Ton nom.
- Gawin.
- Es-tu du village des deux tarées qui ont tentés de nous mettre la main dessus pendant des semaines ? demanda Fluke.
- ...
- Moins tu réponds, plus l'envie de te déchiqueter se fait pressente, dit un chef.
- Hmpf, comme si vous pouviez me tuer.
- Tu te sens tout puissant ? Je savais pas qu'on avait un super héro parmi nous, lança Zee. Mais vois-tu le jeune homme qui affute sa lame là-bas ?
Zee désignait Ohm qui, depuis que Fluke s'était rhabillé, affutait la grande lame qu'il gardait toujours sur lui. Son regard menaçant faisait froid dans le dos tant on pouvait en deviner les intentions mortelles. Il avait une revanche à faire et cet itinérant n'arrangeait rien à son propre cas. Si le village avait disparu, alors il allait très vite les rejoindre.
***
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