L'affaire Papin.
Dans cette première partie de Bloody Bouquet ; Diversity Of Criminals, je vais laisser l'honneur - si je puis dire - aux femmes d'inaugurer ce nouveau roman avec les portraits de Christine et Léa Papin.
Christine Papin et Léa du même nom, souvent désignées par simplicité et par reflet de leur lien fort comme "les sœurs Papin", sont tristement connues pour le double homicide qu'elles ont commis dans les années 30. Mais avant de développer ce sujet, il nous faut d'abord savoir qui sont donc ces deux sœurs meurtrières ?
1 - Leur histoire :
Christine, l'aînée, est née le 8 mars 1905 et morte le 18 mai 1937, ainsi que Léa, la cadette, est née 15 septembre 1911et est décédée le 24 juillet 2001.
Fruits de l'union de Clémence Derré, femme infidèle infidèle n'étant pas vraiment maternelle, ayant toujours méprisé son mari Gustave Papin, faible et buveur ; les deux sœurs ont toujours vécu dans un contexte familial compliqué. Ce qui aurait provoqué la descente aux enfers de la famille, ce serait le viol de leur fille aînée, Emilia - alors âgée de 10 ans - par son père, causant le départ de Clémence et le placement d'Emilia en maison de correction. Les relations conjugales ont donc toujours été assez désastreuses, mais il en est de même pour les relations entre la femme et ses filles ; Entre mère et filles ; un ravage. Une mère dévorante et toute-puissante, ayant de fortes tendances paranoïaques, refusant que leur père interfère dans leurs rapports, créant peu à peu un manque affectif chez ses deux filles ainsi qu'un lien haineux avec ces dernières.
Ce passé délicat a bien sûr influencé et marqué la vie de Christine et Léa Papin, ces dernières devenant de plus en plus taciturnes et repliées sur elles-mêmes – l'aînée entraînant la benjamine -, et ce en parie à cause d'une psychose paranoïaque soupçonnée chez elles, venant probablement elle-même de leur mère. Les deux sœurs vivent toutes deux avec un sentiment de solitude constant, évidemment lié à leur histoire et leur vécu, mais mais accentué à cause de leur vie d'ado et d'adulte, ce qui les poussait à être très soudées.
Christine et Léa n'ont pas été élevées par leur mère, qui se contentait de les placer et déplacer à son gré tout au long de leur enfance et de leur adolescence, soit dans des maisons religieuses, soit dans des maisons en tant que bonnes. Les deux sœurs se retrouvent finalement ensembles suite à la demande de Christine d'être assistée par Léa, peu après qu'elle se soit faite engager, alors âgées de la vingtaine, par la famille Lancelin en 1927.
Dans la famille Lancelin, les règles étaient alors posées et très strictes ; elles n'avaient de rapports qu'avec Madame Lancelin qui leur donnait des ordres, le plus souvent via des billets.Dans leur manque affectif constant et probablement à cause de leur psychose paranoïaque, Christine et Léa ont peu à peu transféré sur madame Lancelin ce lien haineux qui les unissait à leur mère dans le passé. Les deux sœurs sont considérées comme des bonnes modèles, sérieuses et bonne travailleuses par leurs anciens employeurs et par leur employeur actuel.
Christine et Léa Papin ont travaillé près de 7 ans pour la famille Lancelin, "deux perles" que toute la bourgeoisie leur enviait, jusqu'au 2 février 1933 ; sombre jour où les deux sœurs - âgées respectivement de 28 et 21 ans cette année-là - devinrent les auteures d'un double meurtre. Que s'est-il passé ?
2 - Le crime
Le 2 février 1933, les deux sœurs s'adonnent à leurs tâches quotidiennes tandis que Léonie Lancelin et sa fille Geneviève se sont absentées une partie de l'après-midi. Christine doit repasser le linge tandis que Léa fait le ménage. Durant leurs travaux, le fer à repasser tombe en panne et cause une coupure de courant.
La maîtresse de maison et sa fille rentrèrent plus tôt que prévu, vers 18 heures, Christine décida donc d'informer "madame" du causé par le fer à repasser. Madame Lancelin réprimande cette dernière de manière excédée ; manifestation de colère que la jeune femme, en éternelle persécutée, prend pour une agression à son encontre.Une dispute éclate en premier lieu entre Madame et Christine, débouchant ensuite sur une bagarre entre l'aînée, "madame" et "mademoiselle". "Je vais les massacrer", hurle la jeune femme, en transe, exigeant de sa sœur Léa qu'elle entre en scène, lui ordonnant d'arracher un œil à Madame Lancelin. La cadette, comme à son habitude, s'exécute : Christine est plus qu'une aînée, elle est le chef, la "patronne".La scène tourne très vite au massacre : Christine arrache un œil de la fille et le jette dans l'escalier ; Léa fait de même, arrachant les deux yeux de la mère avec ses doigts. Christine va chercher un couteau et un marteau dans la cuisine. C'est avec ces deux armes, ainsi qu'un pot en étain qu'elle mutilent, tailladent et martèlent leurs deux victimes, s'acharnant sur elles jusqu'à ce que mort s'en suive. Dans son rapport, le docteur Chartier, médecin légiste, parle de « bouillie sanglante ».
Une fois cet interlude sanglant terminé, les deux sœurs se lavent, se mettent en peignoir et vont se coucher dans leur chambre. Christine et Léa projetaient d'avouer leurs actes et de dire qu'elles s'étaient défendues d'une attaque de leurs patronnes.
René Lancelin décide de rejoindre sa femme et sa fille, 19 heures, mais trouve la maison close. Inquiet, il appelle le commissaire Dupuy, qui envoie deux gardiens de la paix et le greffier Bouttier. Les hommes découvrent les deux cadavres de femmes énucléées, frappées à coups de marteau et de couteau, et ciselées comme du gibier.On peut noter que les sœurs Papin ont traité leurs victimes comme il était conseillé de faire dans manuels de cuisine de 1900 pour préparer des lapins ; en les assommant, les saignant, les dépouillant, leur enlevant les yeux, et pratiquant des ciselures sur les grosses pièces, avant de tout nettoyer quand tout est terminé. Christine et Léa, dans leur passage à l'acte, ont produit les deux cadavres comme des plats "prêts à cuire", laissant transparaître leur savoir-faire de cuisinières. Les hommes ont ensuite trouvé les deux sœurs, enfermées dans leur chambre de bonne à l'étage, l'une contre l'autre dans le même lit. Elles avouent sans la moindre hésitation avoir commis le double meurtre de leurs patronnes, sans motif ni préméditation.
4 - Procès & Condamnation
L'instruction dure 25 semaines.En juillet 1933, Christine Papin change de version devant le juge d'instruction, prétendant être la seule responsable des deux meurtres. Le juge modifie donc l'acte d'accusation suite à cette information, Léa fût simplement considérée comme co-accusée du meurtre de Madame Lancelin.
Sept mois à peine s'écoulent entre la date du crime et l'ouverture du procès, le 28 septembre 1933, devant la cour d'Assises au tribunal de Mans. Un procès très médiatisé, causant un envahissement de la cour d'assises par une foule immense au point que, pour la première fois, un arrêté du maire réglemente l'accès du palais de justice.
Lors du procès Papin, l'instruction et l'étude psychiatrique expriment peu d'empressement vis à vis du recueil d'informations précises, et les antécédents familiaux des deux femmes ne sont pas pris en compte (père alcoolique, violences conjugales, inceste sur la sœur aînée, un cousin aliéné, un oncle pendu, basculement possible des deux sœurs dans une relation incestueuse bien que leur comportement marque plus une intimité fusionnelle.
Le 29 septembre 1933, suite à 40 minutes de délibération, le verdict est prononcé : Christine Papin est condamnée à mort pour double meurtre ; Léa Papin à 10 ans de travaux forcée ainsi que 20 ans d'interdiction de séjour pour meurtre avec collaboration. Cependant, la sœur aînée est graciée par le président Albert Lebrun le 22 janvier 1934, la condamnant alors aux travaux forés à perpétuité.
Un procès considéré comme bâclé par certains, il ne durera qu'une seule journée et les délibérations du jury à peine quarante minutes. Fait rarissime pour un double homicide commis par deux accusées. Un chroniqueur de L'Œuvre, montrera son désaccord avec le déroulement du procès et le dénoncera même à travers cette annonce : "On ne devrait pas rendre la justice dans la fièvre des après-dîners et des digestions difficiles".
3 - Suite au crime, dans la France
Dès le lendemain du crime, le double homicide a rapidement été relayé à travers les journaux locaux (La Sarthe), régionaux et même de France, laissant place à un demi-siècle d'interprétations aussi diverses que florissantes.
En 1933, la France entière s'est prise de passion pour cet évènement, souvent considéré comme "doublet-redoublé" (deux criminelles - deux victimes), et s'est scindée en deux : Une grande partie de la population réclamait vengeance ; Tandis que l'autre - plus minoritaire -, voyaient les auteures de ce crime comme des victimes d'une certaine hiérarchie sociale. La presse qualifiée comme "de gauche", comme L'Humanité, s'est également emparée du phénomène pour faire des soeurs Papin les victimes et des représentantes parfaites de l'inégalité des classes.
En effet, dans les années 30, la France était dans une situation particulière marquée par l'entre-deux-guerres : Le pays a été fortement meurtri par la première guerre mondiale, vivant une crise économique dans le début des années 30, mais s'est rapidement relevée et reconstruite à la fin des années 20 en regagnant sa place de puissance mondiale. Néanmoins, le relèvement du pays n'a pas été synonyme d'une fin des inégalités, et pour cause ; Les inégalités sociales restent très importantes et, alors que la bourgeoisie - le plus souvent enrichie par la guerre - fait contraste avec les classes sociales plus pauvres voire démunies, deux extrêmes s'opposent et accentuent une certaine hiérarchie souvent teintée d'injustice dans la population française.
Certaines personnes voient donc Christine et Léa Papin, comme expliqué précédemment, comme représentantes de ce que peut causer un contexte tel que celui de la France dans les années 30. Certes, cela n'excuse en aucun cas ces acres cruels et inacceptables, mais le contexte global peut tout de même être pris en compte.
Aujourd'hui encore, l'affaire Papin suscite encore les questions et l'attention de nombreuses personnes. Coup de folie ? Vengeance ? Épisode tragique de la lutte des classes ? Le motif de ce double meurtre demeurera à jamais obscur...
SOURCES & BASES DE CETTE PARTIE :
Wiki (el famoso)
GreffierNoir
13emerue.fr
http://mapage.noos.fr/moulinhg01/Histoire/france.19.39/france.1930.html
http://www.rtl.fr/actu/societe-faits-divers/l-affaire-des-soeurs-papin-7781173489
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