T/P ne s'attendait à rien venant des Mukami. Elle se contentait d'apprécier ce qu'ils pouvaient lui offrir, pas de promesses avec eux, rien, elle ne voulait plus avoir de l'espoir qui finirait brisé. Alors elle se contentait de l'amitié de Kou. La jeune humaine n'était pas spécialement proche de Yuma, d'Azusa et encore moins de Ruki. Même si ce dernier semblait être celui qui se préoccupait le plus de sa santé, et ça, elle ne saurait dire pourquoi. Parfois, elle entendait Kou et Yuma se disputer sur l'avenir de la C/C, l'un disait que c'était un cas désespéré, et l'autre affirmait qu'elle avait le droit à une meilleure vie. Tout comme eux, les humains s'était joué d'elle, le pire venait du fait que c'était ses propres parents qui lui avaient affligé la pire des tortures. Quant à Azusa, il s'asseyait souvent près de T/P et se contentait de regarder ses bras, installant un malaise chez T/P qui ne disait rien.

Les jours étaient passés sans que T/P ne retourne au lycée nocturne, il lui arrivait parfois de sortir du manoir et d'aller marcher dehors sous les rayons du Soleil. Elle ne se rappelait plus de la dernière fois qu'elle avait vu cette étoile enflammée. Bien qu'elle était fatigué de restée jours et nuits éveillée, le Soleil lui faisait reprendre vie.

Petit à petit, la C/C redevenait un être vivant.

Mais il lui manquait quelque chose, parfois, elle repensait à eux, bien que la jeune fille tentait de faire une croix sur son passé, elle repensait à eux. Encore et encore, aurait-elle pu avoir une fin heureuse au près de ces six autres vampires si tout s'était passée comme prévu ?

Ça, elle ne le savait pas.

-"Qu'est-ce que tu veux ?, fit Ruki.

Ce dernier était dans la cuisine, préparant pour la énième fois, des plats que ses frères affectionnaient particulièrement. La jeune fille avait pénétré dans la cuisine sans dire un mot, puis timidement, elle s'était approché du vampire.

-Eh bien.. j'ai.. une envie de manger des Takoyakis, précisa-t-elle.

Ruki qui était en train de faire sauter sa viande dans une poêle, se retourna intrigué vers la C/C. Les sourcils froncés, il la regarda d'haut en bas avant de souffler.

-Va-t-en, dit-il.

Bien qu'elle était désolée pour l'avoir dérangé, T/P en avait vraiment envie. Elle pourrait bien les faire seule puisqu'Ayato lui avait répété la recette mainte et mainte fois.

-Je vais les faire, maintenant va-t-en."

Elle ne le fit pas attendre et s'en alla directement après les mots secs de Ruki. En retournant au salon, T/P entendit une nouvelle fois, Yuma et Kou se disputer.

-"On ne peut même pas boir son sang alors pourquoi la garder ?, lâcha Yuma dans un rire amer.

-On en a déjà parlé Yuma !, répondit Kou.

-En plus.., rajouta Azusa, Depuis.. qu'elle.. est.. là.., Ruki-kun..., il marqua une longue pause, sans jamais terminer sa phrase."

Grimaçant, T/P recula d'un pas et alla se réfugier dans sa chambre. S'étalant comme une étoile de mer sur son matelas, elle regarda le plafond. Elle ne se sentait pas à sa place ici, bien que Kou ne lui dise le contraire. Elle se sentait rejetée, certes elle souriait parfois lorsque Kou et elle passaient des soirées ensemble, mais dès que le blond n'était plus là, la jeune fille pouvait sentir les regards jugeurs de ses frères. Elle ne demandait pas à ce qu'ils l'acceptent, elle s'en fichait même si elle n'était pas proche d'eux, seulement, ce sentiment de rejet l'angoissait. Et elle aura beau tout faire pour qu'ils l'apprécient un minimum, la C/C savait que cela était inutile.

-"T/P-chan ?

Des coups se firent retentir sur sa porte avant que celle-ci ne s'ouvre, laissant apparaître Kou. T/P se redressa et se mit en position assise tandis que le blond prenait place sur le bord du matelas.

-Oui ?, répondit T/P.

-Tu nous as entendu pas vrai ?, demanda Kou en prenant une moue abattue.

-C'est ça, confirma la C/C.

Ramenant ses genoux à son torse, elle les encercla de ses bras.

-Tu ne devrais pas écouter Yuma, tu sais au fond il est pas si désagréable que ça, tenta de rassurer le blond.

-Oui j'imagine.., c'est juste que je ne me sens pas à ma place ici, et même, j'ai peur que notre amitié ne soit fausse..

-Comment ça ?, questionna Kou en penchant sa tête, l'air de ne pas comprendre.

-J'ai peur de ne pas être une bonne amie, j'ai peur que tu ne te sers uniquement de moi, ou même l'inverse et que ce soit moi, affirma-t-elle en se recroquevillant d'avantage, J'ai peur qu'à nouveau..

Elle ne dit rien de plus et tourna simplement sa tête en direction de Kou qui avait un sourire triste. Il caressa doucement la joue de T/P et recula rapidement suite à ça.

-Tu doutes de notre amitié ?, demanda Kou.

-Non, s'affola-t-elle, Je.. je sais pas en réalité.."

Kou n'ajouta rien de plus et finit par changer de sujet. Il attrapa un objet bien précis qui avait toujours été sur la table de chevet de T/P. C'était une dague en argent.

-"Pourquoi tu ne t'en débarrasses pas ?, demanda Kou en un sourire enjoué.

-Je devrais ?, reprit-elle.

-Ils te rappellent les six autres, si tu veux faire une croix sur eux, c'est peut-être la bonne idée non ?

T/P ne répondit pas et détourna son regard avant de resserrer sa prise sur ses jambes pour finalement lâcher prise. Ce geste non discret intrigua Kou qui fronça ses sourcils.

-Tu penses toujours à eux n'est-ce pas ?, fit-il.

-Parfois, je rêve d'eux, ils me hantent, souffle-t-elle.

-Jusqu'à la fin, ajouta-t-il, Te séparer de cette dague t'apportera que du bien T/P.

T/P sourit tristement, consciente de la vérité.

-Tu l'avais dans ta main quand je t'ai trouvé, tu as blessé un homme, reprit Kou en devenant sérieux, mais bon je m'en fiche je ne le connaissais pas, fit-il en haussant des épaules.

Revoyant cette scène immonde, T/P fut prise par une remontée et un étranglement. Elle se retint de vomir le peu de chose qu'elle avait dans le ventre, en revoyant cette scène. Cela la dégoutait. Intrigué, le blond posa une de ses mains sur l'épaule de T/P et la regarda inquiet. Mais la C/C le rassura.

Kou lui fit un signe, lui disant que si elle voulait manger, elle pouvait venir, affirmant que Ruki lui avait fait ses Takoyakis, mais désormais, elle n'en avait plus envie, cette discussion lui avait retiré toute envie de manger. De toute façon, Ruki la forcera à manger les Takoyakis qu'elle avait quémandé.

Prenant la dague, elle la serra contre son cœur.

"Toi aussi ? Toi aussi tu étais comme eux ? Alors toutes ses belles paroles n'étaient que du vent ?.. Étais-tu vraiment comme eux ? Toi qui a toujours su trouver les bons mots pour me redonner envie de vivre. Dis-moi Subaru.., étais-tu réellement comme tes frères ?"

Elle se relaissa tomber en arrière, lassée de réfléchir.

~

T/P regarda les quatre Mukami en face de la porte, ils devaient retourner au lycée nocturne, laissant une nouvelle fois T/P seule au manoir. Kou lui indiqua qu'il ne rentrerait pas, occupé par son statut d'Idole. La jeune humaine hocha simplement de la tête et les regarda partir, lançant un signe de la main au blond. Quant aux autres, et bien, ils partirent sans un regard. C'était ainsi tout les jours où ils avaient cours, elle aussi voulait retourner au lycée, cependant elle avait peur de revoir les six autres. Elle voulait sortir du manoir, mais elle ne savait pas ce qu'elle ferait une fois dehors. T/P était coincé comme un animal en cage. Sa seule issue au final, c'était Kou. Il était bien la seule personne à se préoccuper réellement de son cas, mais T/P ne voulait pas être un poids.

La ciel était tout noir en cette nuit, la Lune était absente et le Soleil était parti depuis fort longtemps prenant ses rayons avec lui. Sur la terrasse du balcon de sa chambre, T/P fixait le sol sous elle. Son regard perdu et fixant un point au loin, le silence règnait. Même le vent n'était pas de sortie. C'était comme un rituel, de sortir prendre l'air seule et fixer un point au loin.

Tout se mélangeait dans sa tête. Elle revoyait le sourire de Kou, son tendre ami, mais dès qu'elle pensait à du positif, tout se tâchait de sang et T/P voyait les images défiler. L'homme, ses parents, ses péchés, elle visionnait ses horreurs. Elle ne pensait plus aux Sakamaki une fois éveillée, ces derniers venant l'embêter dans ses rêves formés de ses souvenirs. Elle pensait devenir folle, à l'extérieur elle paressait nettement plus heureuse qu'avant, mais elle était détruite intérieurement. Parfois, elle avait envie de commettre l'irréparable et se donner des ailes. D'être libre.

Elle avait dit avoir peur de mourir et se retrouver seule là haut (ou en bas hein), maintenant elle n'avait plus ces craintes.

Pour avoir commis l'irréparable, pour avoir cru vivre, T/P monta sur le rebord du balcon. Pour avoir causé du tord à Kou, parce qu'elle n'était qu'un poid, c'était bien la dernière et l'unique fois qu'elle s'accordait le droit d'avoir un ami. Pour avoir aimé le diable, T/P soupira un long soupir. Elle n'avait pas de regrets, la vie était faite ainsi, si elle avait pu être heureuse un court instant, alors cela lui suffisait. Pour avoir été égoïste, T/P promis que c'était la dernière fois.

Alors si on pouvait lui pardonner ses péchés, T/P était prête à sauter.

Un sanglot s'échappa de ses lèvres, elle pensait au mal qu'elle causerait à Kou, si ce dernier était vraiment son amie, T/P serait heureuse qu'au moins une personne pleurerait sa mort.

Malgré tout, un sourire prit place sur son visage rayonnant amèrement. Son cœur était lourd, mais elle était prête a emporter son passé avec elle et qui sait ? Revivre dans un autre monde.

Elle se laissa tomber en avant.

"Je me rappelle un jour, avoir vu Kanato se jetter dans le vide ainsi. Je n'espère pas qu'une personne saute avec moi, de peur de me perdre. Je suis incapable d'avancer, je suis incapable de regarder Kou en face sans fuir son regard. Je ne veux pas qu'il lise en moi, les oublier, c'est si facil à dire, mais dur à faire. J'ai vécu de longues années avec eux, années que j'aimerais effacer, mais garder les maigres souvenirs de bonheur. Au fond, Kou n'a jamais su voir la détresse en moi, il m'a sauvé certe et je te remercie mon cher ami. J'étais mal sous ses sourires, mais je te remercie de m'avoir considéré comme ton amie. C'était sûrement la plus belle chose qu'on ait pu me dire. Mais à présent, tout ce que je souhaite, c'est mourir."

La vie est faite ainsi, parfois le mal peut s'abattre sur nous, d'autre s'accrochent à un faible espoir, et d'autre quittent ce monde. Il est dur de trouver les bons mots, dur d'essayer d'imaginer ce que les autres ressentent. T/P elle, avait cessé d'espérer, elle avait attendu longtemps. Mais alors qu'elle se laissait emporter par la mort, les bras de l'enfer l'emportant dans sa chute, une main se dressa devant elle, la sortant de cette étreinte mortelle.

Une main attrapa son bras. Une main l'empêcha de tomber. Quelqu'un lui permettait de vivre, quelqu'un lui disait de vivre, à cet instant précis.

Badaboum.

Ahem. Alors, oui vous ne rêvez pas, elle a bien voulu se suicider. Parfois, un sourire cache un tas de sentiments, parfois alors qu'on pense aller bien, notre intérieur est détruit.

Qui l'a attrapé ? Oh bah ça dans le prochain chapitre :)

Lorsque T/P n'est plus avec les Sakamaki j'ai l'impression de découvrir une autre personne. Elle parait si innocente, si faible, on dirait même une enfant.