-2-
Une fois à l'extérieur, il alluma une cigarette en faisant défiler ses derniers messages sur son portable. Son meilleur ami lui souhaitait bonne chance pour son entretien.
James savait très bien que personne ne croyait à son projet. Au début, même lui avait eu du mal à s'en convaincre. Mais ces photos...
-Alors cet entretien?
Il relèva la tête pour fixer la personne qui lui avait parlé. Une adolescente d'une quinzaine d'années se tenait devant lui et alluma une cigarette à son tour.
-Qui êtes-vous?
-Danaë Terrault, comme du terreau pour faire pousser les plantes. Je suis stagiaire ici depuis une semaine déjà, mais vous ne m'avez sûrement pas remarquée, je me contente de vous apporter votre café tous les matins. À part apporter les cafés à tous les employés du journal, je me contente de rester assise sur la chaise près du bureau du directeur. D'ailleurs vous saviez que Monsieur le directeur s'appelait Jean-Marc? Comme la marionnette du ventriloque français là vous savez...
-Doucement doucement! Je ne comprends rien à ce que vous dites! J'ai compris que vous vous appeliez Terrault comme le terreau et que vous étiez stagiaire ici mais j'ai un peu décroché après je crois. Vous êtes très bavarde!
-Oulala votre entretien vous a véritablement traumatisé! Mon prénom est Danaë, Terrault est mon nom de famille! Je suis bavarde et je le sais, je tiens cela de mon père, très bavard lui aussi.
Il la regardait en se disant qu'il était dangereux pour une fille aussi jeune de fumer, puis se dit que ça ne devait pas être plus dangereux que pour lui alors il jetta avec dégoût sa cigarette par terre et l'écrasa.
-Vous devriez arrêter avec ceci, c'est très mauvais pour votre santé et puis à force vous allez avoir les dents jaunies, lui conseilla-t-il.
-Impossible, mon père a les dents les plus blanches de l'Olympe! De toute façon mon père est parfait! Il est capable de...
Il arrêta de l'écouter pour se concentrer sur les deux prunelles dorées devant lui.
-Je n'avais jamais vu pareille couleur avant!
-Hein? Êtes-vous stupides?
Ses yeux s'agrandirent et elle leva le doigt en l'air.
-Ne me dites pas que vous n'avez pas compris?!
-Comprendre quoi? Bon, de toute façon j'ai du travail, je vais vous laisser. À demain matin alors.
Il lui souria avant de traverser la rue pour rejoindre le café où il avait l'habitude de déjeuner. Il s'installa, commanda un menu du jour puis sortit son ordinateur portable qu'il posa sur la table face à lui. Il tapa "dieux grecs" sur Google et attendit que tous les résultats s'affichent.
1 543 087 résultats.
S'il le fallait, il était prêt à visiter ces 1 543 087 sites pour trouver ne serait-ce qu'une toute petite information.
-Monsieur, on m'informe qu'il n'y a plus de plats du jour aujourd'hui, que désirez vous à la place? l'informa le serveur.
-Vous ne trouvez pas cela un peu paradoxal? s'exaspéra-t-il.
-Il prendra de l'andouillette avec des frites et un verre de rosé de Bessan puis en dessert ce sera une glace deux boules pistache-caramel avec un supplément chantilly.
Qui pouvait si bien connaître ses habitudes? Le serveur le fixa pour savoir si c'était bien cela qu'il désirait alors il acquiesça et se retourna vers la jeune fille.
-Encore toi? s'étonna-t-il en découvrant l'identité de la jeune fille.
-On se tutoie maintenant? D'accord. Oui c'est bien moi, tu ne crois pas que j'allais te laisser sans la fin de l'histoire?! dit-elle en s'asseyant en face de lui.
-Quelle histoire? Et je ne te donne pas la permission de me tutoyer.
-James voyons! C'est une expression!
Il soupira et se remit au travail, se disant que peut-être elle se lasserait.
Il cliqua sur le premier site. Une liste de tous les dieux grecs apparut dans l'ordre alphabétique, il cliqua sur le premier, Apollon.
Ses attributs étaient l'arc, la lyre...
Il descendit plus bas.
C'était le dieu de la musique et de la poésie mais aussi de tout art...
C'était aussi le dieu de la Vérité et de la médecine. ..
Il était très bavard...
Il était très beau...
Il avait les yeux dorés...
Bon. Les trois filles de son article n'étaient pas des filles d'Apollon. Elles avaient des yeux bleus.
Mais...
Il releva la tête brusquement et fixa Danaë.
-Enfin! Dis-donc vous êtes long à la compréhension! rigola-t-elle. Vous verriez votre tête!
Non, non ce n'était pas possible.
-Vous doutez encore? s'étonna-t-elle.
-Douter de quoi? répondit-il pour ne pas paraître idiot.
-Douter de qui est mon père.
-Mais je ne connais pas ton père!
-Maintenant si! Il est juste devant vous. Mais cette image est vraiment peu flatteuse!
Il regarda à nouveau son ordinateur et fît des vas-et-vients entre la photo et la jeune fille devant lui. La ressemblance était peu flagrante. En même temps ce n'était qu'une représentation. Alors...
-Je crois qu'il faut qu'on parle. Vous et moi et personne d'autres. Il y a trop de monde ici. Venez, dit-elle en attrapant sa main.
De son autre main elle jeta une balle rebondissante par terre, mais celle-ci ne rebondît pas.
Le temps de cligner des yeux, il se retrouva dans son appartement, assis sur son canapé jaune.
-Mais mais... balbutia-t-il.
-La Brume. Tenez, buvez ceci et vous verrez mieux. Je l'ai créé pour vous. J'ai mis du temps vous savez? Trois mois!
Il soupira. Il ne comprenait strictement rien à tout ce charabia mais il bût tout de même le contenu verdâtre du verre qu'elle lui tendait. À son grand désarroi, la mixture n'était pas si mauvaise! Elle avait le goût de menthe.
-Maintenant il faut que vous dormiez. Quand vous vous réveillerez vous comprendrez mieux, lui dit-elle. Morphée dieu du sommeil je te prie, endors cet homme pour qu'il accède à une partie du Savoir.
Cette fois-ci elle avait dit cela en levant les yeux au ciel et en jetant des tomates cerises dans le feu qui brûlait dans sa cheminée. Était-elle folle?
Il se leva pour appeler l'hôpital psychiatrique et...
Il tomba à terre, endormi.
Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top