XVI


J'avance vraiment bien sur cette histoire en ce moment. J'ai pas mal de chapitres d'avances alors je peux poster souvent ! 

LOVE U



Je lui cède tout.

Allongé dans mon lit depuis maintenant une bonne heure, je n'arrive pas à trouver le sommeil. Les yeux vers le plafond, je me perds dans l'obscurité de ma chambre. Cette douce noirceur qui autrefois me faisait peur, mais qui cette nuit, me réconforte plus qu'autre chose.

Parce que je n'ai plus à avoir peur de ces ténèbres maintenant. Tout simplement parce que je les ai acceptés.

Et en ressentant le calme qui m'entoure, je me dis que j'aurais du choisir cette option plus tôt.

Légèrement, je me tourne, mais grimace aussitôt en retrouvant ma position initiale. Mon corps me lance douloureusement à chaque fois que je bouge. Ces fils de putes ne m'ont pas ratés. Je ne pense pas avoir quoi que ce soit de cassé mais clairement je vais être recouvert d'ecchymoses demain.

- Ne t'inquiète pas, la roue va tourner Jungkook. Bientôt ça sera leurs tours.

La voix de Namjoon résonne dans le coin le plus sombre de la pièce et, naturellement, je tourne mon regard vers l'origine du son. Difficilement, je peux voir sa silhouette se dessiner grossièrement, et je soupire.

- Laisse moi dormir maintenant Namjoon.

Le crâne compressé comme si un étau m'enserrait le cerveau, j'ai besoin de silence en ce moment. Autant dans la pièce que dans mon esprit. Et aussi j'ai besoin d'être seul. Entièrement seul.

Ressasser mes souvenirs, mes émotions, mes sentiments, ma dernière partie de compassion, avant de les faire disparaître. Les faire disparaître entièrement dans cette nuit noire.

Perdre tout ce que j'ai. Perdre mon humanité. Et la reclure dans un coin de mon esprit. Le coin de mon esprit où Namjoon domine en tyran.

Je vais lui laisser tout ce qui faisait de ma personne ce que j'étais pour le laisser tisser sa toile de malveillance en moi.

Ne plus être ce que j'étais.

Laisser Namjoon, laisser cette part de moi, celle que j'ai toujours refusé de voir prendre entière possession de mon être.

Alors, je laisse mes paupières se fermer doucement, sentant le sommeil me tenailler peu à peu, puis, au moment où je sombre entièrement, la voix de mon ombre résonne une dernière fois dans mon crâne.

- Bonne nuit gamin.

[...]

Il est 15 heures quand j'émerge enfin.

A croire que j'avais vraiment besoin de sommeil. Certes je ne me suis pas couché vraiment tôt mais j'ai dormi. Beaucoup. Et ça fait du bien. J'ai l'impression de renaître. De sortir la tête de l'eau et de prendre un nouveau souffle.

Seulement, ce nouveau souffle est déjà empli de colère. C'est tellement étrange, je me réveille en colère. Sans aucune raison. Mais en même temps, je me sens tellement apaisé. Une colère qui me fait du bien. Une sorte de rage profonde qui me rassure.

Et lui. Namjoon. Le précurseur de toute cette situation.

En cet instant, je ne le vois pas, mais je le sens. Je le sens, non pas comme une entité dépendante de moi, mais comme une partie de mon être, à part entière. Comme s'il avait finalement trouvé sa place attitrée dans mon esprit.

Sortant paresseusement de mon lit, je me dirige immédiatement vers la salle de bain, et observe, avec une certaine indifférence mon visage dans le miroir. Ma lèvre inférieure est gonflée et ma joue gauche a pris une légère couleur bleue. Mais heureusement, rien de vraiment grave, j'avoue que je m'attendais à pire avec la douleur qui me traversait hier soir.

Rapidement, je me prépare alors sortant en quelques minutes pour retourner dans le salon, toujours vide. Il ne semble pas être rentré depuis hier soir, et c'est tant mieux. Ne m'attardant pas plus sur des choses qui ne doivent plus m'intéresser, je prends la porte et sors de cette prison qu'est devenue mon appartement en quelques semaines seulement.

Puis je m'en vais.

Je ne sais pas ce que je fais. Je ne sais pas où je vais. J'avance sans savoir où. Contrôlant à peine mon corps. Me laissant porter par le bon vouloir de mes jambes, je marche. Encore et encore, jusqu'à ce que le soleil tombe, que le crépuscule m'annonce la fin de la journée. Je suis hors du temps, hors de l'espace, hors d'une de mes réalités.

L'arrivée pressante de la nuit ne m'arrête en rien. Je vais continuer d'avancer. Jusqu'à trouver un endroit convenable. Je n'ai pas envie de rentrer ce soir.

Je ne suis pas près. Pas près à voir le visage de Taehyung.

Alors, j'essaye de gagner quelques heures, quelques minutes, errant dans les rues de cette ville comme un être sans vie. Puis finalement, de la lumière finit par attirer mon regard. À une poignée de mètres plus loin, le bruit de la musique me parvient aux oreilles et je me dirige vers lui, presque instinctivement.

Poussant la porte, je débouche dans un bar. Relativement miteux il faut l'avouer. Mais il fera l'affaire pour ce soir. Je ne suis pas nécessairement difficile. Surtout s'il s'agit de boire.

M'asseyant au bout du comptoir, à l'endroit le plus éloigné de quelques ivrognes qui n'arrêtent pas de hausser la voix, je commande mon premier verre. Mais à peine ai je eu le temps de boire la première gorgé qu'un frisson me traverse l'échine. Puis, une ombre se forme à ma droite.

- Tu comptes te bourrer la gueule ce soir Kook ?

Je me retourne vers Namjoon qui observe fixement mon verre en souriant.

- J'ai rien de mieux à faire.

Faisant couler le liquide le long de ma gorge, je finis ma boisson rapidement avant d'en recommander une autre aussitôt. Puis deux et trois. Et je ne compte plus les verres.

Mon démon, quand à lui, ne parle pas. Se contentant de me regarder fixement. Comme s'il me jaugeait. Attendant de connaître ma limite, mes derniers retranchements.

- Tu sais que ça va sûrement mal finir si tu continues à cette allure.

Je ris jaune sans même prendre la peine de me tourner vers lui. Les pupilles, dilatées par l'alcool, rivées sur le bois ciré du vieux comptoir, je fais tourner le verre entre mes doigts.

- Et alors, c'est pas ce que tu voulais ?

- Non. Moi c'est le monde entier que je veux voir mal finir.

Finalement, je tourne mon visage vers la silhouette de Namjoon. Ses yeux sont noirs et ses sourcils sont légèrement froncés. Son expression est entièrement fermée. Il y a quelques jours, j'aurais tremblé de peur devant lui, mais ce soir, non. Je n'appréhende même pas.

Est ce du à tout ce liquide que je viens de boire ?

Ou alors est ce parce que je l'ai accepté ?

Parce que j'ai accepté cette partie de moi qu'elle ne me fait plus peur ?

Pour être honnête, je ne le sais pas. Et je n'en ai rien à faire. Je n'en ai plus rien à faire. De tout.

- Je le détruirais demain le monde si tu veux.

- Alors gamin, on est tellement bourré qu'on cause tout seul ?

Surpris par la voix inconnue qui vient d'interrompre ma conversation plus ou moins avec moi même, je sursaute en me retournant.

Devant moi, un gars, sûrement lui aussi autant rongé par l'alcool que moi, voir plus, portant des fringues miteuses et affichant un sourire amusé. Sans aucune gêne, il vient s'asseoir à côté de moi et, en faisant glisser difficilement sa main le long du comptoir, attrape mon verre et le rapproche de lui.

- Faut pas boire d'alcool à ton âge.

Sous sa remarque, trop désobligeante pour le lieu et la situation, je récupère aisément mon verre avant de le terminer rapidement.

- Est ce que je t'ai adressé la parole connard ?

À l'entente du qualificatif que je viens d'utiliser pour le nommer, son sang ne fait qu'un tour et il se lève précipitamment de son tabouret avant de venir m'attraper par le col. Son souffle moite s'écrase sur mon visage et je grimace lorsque son haleine me parvient aux narines.

- Comment est ce que tu m'as appelé ?

- Ah, c'est qu'en plus d'avoir une sale gueule t'es sourd ?

Mon impertinence est inhabituelle mais en même temps elle est tellement enivrante. Répondre à ce genre de gars. Savoir que je me mets en danger, seulement avec des mots, pour l'instant, fait battre mon cœur un peu plus vite. Je sens l'adrénaline traverser mes veines, et peu à peu, l'excitation semble prendre possession de mes muscles.

Namjoon aussi, toujours à côté de moi semble se délecter de la situation. Il observe la scène, un immense sourire peint sur son visage de démon.

En un rien de temps, je me retrouve alors hors de mon assise, mes pieds se décollant légèrement du sol. Ses mains tremblantes autour de mon col, le gars semble devenir fou de rage à chaque seconde qui coule, alors que moi, je suis toujours calme, une expression de gamin irrespectueux plaquée à la commissure de mes lèvres.

- T'es déjà amoché gamin, je vais pas te détruire encore plus le visage.

Je sens les longs doigts de Namjoon se poser sur mon épaule, et sa bouche se rapprocher de mon oreille. Puis arrivé à distance raisonnable, il murmure.

- Tu sais comment ça va finir Kook. Fais lui ravaler ses dents à ce fils de pute.

Suivant alors ses instructions à la minute, je plaque mes mains sur celle de mon agresseur.

- C'est que tu penses être assez fort pour me faire mal le vieux ?

Insistant bien sur le dernier mot, il ne lui faut finalement pas longtemps pour lancer le premier coup de poing. Prenant alors ce geste comme une invitation, je réplique.

Aussitôt, les voix, pour la plupart masculines, fusent dans l'enceinte du bar. Sûrement habitué à ce genre de situation, le barman se contente de gueuler un bon coup avant de demander à des gars de nous faire sortir pour régler ça dehors et d'éviter de foutre en l'air son commerce.

Arrivé à l'extérieur, je crispe les poings alors que le vent frais de la nuit atterrit sur mon visage. Le mec, en face de moi, titube toujours et je ne peux m'empêcher de me foutre ouvertement de sa gueule face à son attitude ridicule. Seulement, il doit être encore assez conscient pour le remarquer. Sans plus de cérémonie, il se jette de nouveau sur moi.

Les coups volent, des deux côtés, alors que, déjà, une sorte de cercle de public vient de se créer autour de nous. Les gens nous observent comme si cette simple bagarre entre deux gars bourrés était l'animation de la soirée.

- Ils veulent du spectacle, donnes leur ce qu'ils souhaitent voir Kook.

La voix de Namjoon résonne tel un écho dans mon crâne, et c'est comme si la poussée d'adrénaline de tout à l'heure s'intensifiait. Les picotements aux extrémités de mes membres deviennent de plus en plus présents, et tel un animal, je me jette sur le vieux en hurlant.

Et je le frappe.

Aussi fort que je peux.

Ne lui laissant pas une seconde de répit.

Et putain qu'est ce que ça fait du bien.

En cet instant, je déverse tout. Ma haine. Ma colère. Ma douleur. Et je souris. Je ris même.

Parce que ça fait du bien. Parce que je me sens vivant. Je me sens vivant en tenant dans le creux de mes poings la vie d'un être humain.

Je suis le seul fil entre sa vie et la mort. Je suis maître de son destin. En quelques coups, si je le veux, je peux éradiquer son existence pathétique de cette terre.

Je me sens puissant. Extrêmement puissant. Et j'adore ça. Cette sensation, je ne l'avais jamais vraiment expérimenté, mais je crois déjà que je pourrais en devenir accro.

Autour de nous, l'ambiance change peu à peu. Il n'y a plus de cris ou d'exclamations, il n'y a plus que le silence. Seulement brisé par le bruit de mes poings atterrissant sur le corps du vieux. L'expression dans leurs regards se transforment. En crainte, appréhension, en peur même.

Oui, ils ont peur.

Ils ont peur de ce que je suis en train de faire.

Ils ont peur de moi.

Ils ont peur pour l'homme contre le sol, que je roue de coups. Encore et encore. Mes phalanges pliées s'abattant sur les pommettes saignantes de son visage.

Emporté dans le feu de l'action, j'attrape son col et je le soulève aisément avant d'approcher mon visage du sien.

- Alors qui est ce qui est amoché fils de pute ?

Un autre coup de poing craque contre son nez et son crane choque contre le béton. Il doit sûrement être inconscient maintenant, pourtant rien ne m'arrête, je continue de lui hurler dessus.

- C'est qui ?!

Mon cerveau s'embrouille, la situation devient flou.

- Tu réponds plus maintenant connard ! Je t'ai bien fait fermer ta gueule !

Mais mon esprit n'a jamais été aussi libre.

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