XIII


HUHUHU je reprends goût à l'écriture et je remets des gifs. 




- La peur ne te servira à rien. Plutôt, laisse moi te donner le courage dont tu as besoin pour rendre la monnaie de sa pièce à ce monde de merde.

Les gouttes s'écrasent en un tempo régulier dans le fond de la douche. Comme absorbé par le moment, j'observe avec un étrange intérêt le moment, où finalement, l'eau explose contre le sol. Cet instant, où une parfaite symbiose se retrouve complètement détruite et désordonné, confronté à la dure loi de la gravité.

L'air se refroidit peu à peu dans la salle de bain et je frissonne légèrement en sentant un bref courant d'air effleurer ma peau encore humide. Je ne sais pas depuis combien de temps je suis dans cette position, à regarder fixement le fond de la baignoire. Quelques minutes peut être, ou alors plusieurs heures.

Comme la notion de réalité, je n'ai plus non plus la notion du temps ces derniers temps. Mon esprit s'échappe, et me glisse entre les doigts. Jour après jour, je crois perdre pied. Parce qu'il n'est plus à mes côtés.

Parce que Taehyung n'est plus là.

Soupirant une énième fois, je finis par finalement me relever, enfilant en vitesse une serviette autour de mes hanches. Les marques. Naturellement, mes yeux se posent sur mes poignets. Certaines de mes marques commencent lentement à s'estomper. Mais je sais bien que bientôt, elles s'ouvriront de nouveau.

C'est inévitable.

Aussi inévitable que la Terre continuera inlassablement de tourner sur elle même jusqu'à ce qu'elle meurt finalement. Moi aussi, je continuerai à ouvrir ces marques, inlassablement, jusqu'à ce que mon dernier souffle me parvienne.

Et je sais pertinemment, que malgré tous mes efforts, je ne surpasserais jamais tout ça. Je ne surpasserais jamais cette douleur. Parce qu'elle fait parti de moi. Elle est en moi, et d'une certaine manière, elle me permet de rester en vie.

C'est étrange comme tout ça est parfaitement contradictoire, mais pourtant, parfaitement logique dans le même temps. Mon esprit, malgré sa complexité s'emboîte de manière rationnelle, comme les pièces d'un puzzle.

Traînant des pieds, je quitte la salle de bain, mon téléphone à la main, pour venir m'asseoir dans la pièce principale, où le silence règne en maître. Seul le bruit lourd de ma respiration vient perturber ce calme presque trop lourd.

Il n'y a aucun bruit. Ni dans l'appartement. Ni dans ma tête. Et je me sens vide. Tellement vide. Comme si une part de moi venait de s'enfuir.

Baissant le regard une énième fois vers mes poignets, je soupire en fronçant les sourcils. Comment est ce que je vais pouvoir me sortir de cette chose.

À part la mort, je ne vois aucun échappatoire. Aucun salut.

Exactement comme Namjoon l'a dit.

La fin de ma vie est mon unique porte de sortie.

À côté de moi, soudainement, mon portable se met à vibrer frénétiquement, me sortant aussitôt de mes divagations. Un espoir stupide germe aussitôt dans ma tête. Un espoir me disant que c'est peut être Taehyung qui m'appelle, pour savoir comment est ce que je vais.

Mais c'est complètement ridicule je le sais bien.

Pourquoi ferait il ça ?

C'est alors sans même prendre la peine de regarder le numéro que je décroche, faisant part ce fait, stopper les vibrations incessantes de mon cellulaire.

- Allô ?

- Jungkook, ça va ? C'est...

Seulement avant de laisser le temps à mon interlocuteur de terminer sa phrase, je la finis à sa place.

- Yoongi ?

Oui, Yoongi. Yoongi est à l'autre bout de la ligne et je ne comprends pas pourquoi, ni même comment.

- Lui même.

- Comment est ce que tu as eu mon numéro ?

C'est la première question qui m'a immédiatement traversé l'esprit. Je ne me souviens pas lui avoir donné. Du moins, je ne crois pas.

Non, j'en suis sûr même.

- Qui sait.

Qui sait. Deux mots. Deux simples mots jetés dans le flou de mon esprit qui s'embrume de nouveau un peu plus.

Deux mots qui ne m'expliquent rien. Qui ne m'indiquent rien. Mais deux mots qui m'embrouillent encore un peu plus.

- T'es étrange Yoongi.

C'est tout ce que je trouve à dire à cette réponse. Je n'ai pas envie d'insister, de peur de le froisser. Même si c'est complètement bête quand on y pense. Pourquoi est ce que je le froisserais en demandant des explications ? En demandant comment est ce qu'il a bien pu avoir mon numéro ?

C'est une justification naturelle quand on y pense.

Mais pourtant non. Une part de mon esprit semble me hurler de ne pas demander. De ne pas insister. De ne pas m'aventurer sur un terrain qui pourrait risquer de se dérober sous mes pieds.

Mais, je n'ai pas le temps de réfléchir plus de temps qu'il me répond immédiatement. D'un timbre complètement neutre et sûr de lui. J'aimerais avoir la force et le courage de parler de cette manière, sans me laisser envahir par ce qui se trouve en moi.

- Est ce que c'est mal de l'être ? D'être différent.

- Je sais pas.

Pourtant si je le sais. Je le sais que c'est mal. Être vu comme un problème de la société. Se dissocier du reste d'un groupe uni. C'est mal. Tellement mal.

Ma différence me bouffe moi. J'aimerais être comme tout le monde.

J'aimerais ne pas avoir de voix dans ma tête.

J'aimerais ne pas avoir ce besoin irrépressible de me faire du mal.

J'aimerais ne pas être tomber amoureux de la seule personne sur laquelle je pouvais encore compter dans ce monde.

J'aurais aimé être tout ce qu'il y a de plus banal.

- Non ce n'est pas mal de l'être. Au contraire.

Un silence, comme il est rare d'en vivre souvent, vient alors de s'instaurer entre nous. Sa réponse butant violemment dans mon crane. C'est comme s'il avait lu dans mes pensées. Comme s'il avait su ce que j'étais en train de me dire et qu'il tentait de me faire changer d'avis. De me rassurer.

C'est comme s'il avait comprit. Tout simplement.

Ma respiration se saccade et s'accélère alors que des larmes commencent à embuer mes yeux. J'aimerais lui répondre, seulement je n'y arrive pas. C'est comme si une boule venait de se former dans le fond de ma gorge et m'empêchait de prononcer un seul mot.

Tétanisé et rendu muet par cette sorte de déclaration, qui semblait être plus un encouragement qu'une simple réponse à mon silence, je déglutis difficilement. Mes pensées s'embrouillent alors que mon esprit s'attelle à pouvoir trouver une réponse.

Ou du moins lui donner une réponse, qu'elle ai un rapport ou non avec ce qu'il vient de me dire.

Mais je n'y arrive pas.

C'est alors qu'une nouvelle fois, il reprend la parole. Ne me laissant pas le temps de répondre. Et au vu de ce qu'il me dit, je suppose immédiatement qu'il a du ressentir ma détresse à l'autre bout de la ligne.

- Tu veux qu'on se voit Jungkook ? Je pense que tu en as besoin non ?

- Pourquoi ?

Oui, pourquoi. C'est le seul mot, la seule chose qui me vient à l'esprit que je pouvais prononcer. Deux pauvres syllabes, dénuées de sens, marquant mon incompréhension.

- Pourquoi quoi ?

Je crois que je n'arrive pas à saisir. À saisir le fait que quelqu'un puisse ressentir un véritable intérêt à mon égard. Le fait qu'on puisse s'inquiéter pour moi.

- Pourquoi tu fais ça pour moi ? On se connaît pas. Je...

- Tu sais, je ne pense pas qu'il faut nécessairement de raisons valables pour vouloir aider quelqu'un.

Ses mots me touchent encore et encore. Chaque parole qu'il prononce m'atteins en plein cœur. Comme s'il savait parfaitement ce que j'avais besoin d'entendre. Comme s'il appréhendait parfaitement mes réactions et mes ressentis.

Comme s'il me connaissait. Depuis longtemps déjà.

- Rejoins moi au banc de la dernière fois. Je suis sur la route.

Une nouvelle et dernière fois, il prend la parole. Cette conversation est un monologue que lui seul mène. Je reste accroché à sa voix à l'autre bout de la ligne. Ne sachant pas quoi répondre. Ne sachant même pas approuver ou non.

Puis, plus rien. Seulement la sonnerie incessante désignant la fin de l'appel. Il vient de raccrocher. M'obligeant alors à ne faire qu'accepter sa proposition. Ou du moins, c'est ce que j'essaye de me persuader.

C'est alors que, sans me poser plus de questions qu'il ne m'en faut, je me lève du canapé après avoir précautionneusement enregistré le numéro de Yoongi dans mes contacts. Me précipitant vers la porte, je l'ouvre à la volée, avant de déboucher à l'extérieur.

Mes pas deviennent de plus en plus pressant. C'est même dire si je ne cours pas. Mais c'est plus fort que moi. Il faut que le vois, au plus vite. Comme un besoin viscéral qui semble grandir dans ma poitrine. C'est tellement pesant que ça en ferait presque mal.

Une nécessité.

Voilà ce que c'est.

Une nécessité sans que je ne comprenne pourquoi ça en est une. Mais je sais que ça l'est. Je crois que dans ce genre de situation, il n'y pas besoin de se poser de questions. Du moins, moi, je ne veux pas m'en poser.

Je ne veux plus regretter de ne pas être capable de faire des choses dont j'ai envie ou besoin.

Alors, une nouvelle fois, j'accélère encore. Jusqu'à ce que mon souffle devienne ardent et me brûle la trachée, jusqu'à ce que mes poumons suffoquent, jusqu'à ce que mes jambes me fassent mal.

Mais tout ça n'est rien à côté de ce que je ressentirai si je n'allais pas à ce point de chute immédiatement.

Le vent froid fouette mon visage, et ma respiration peine de plus en plus. La route défile sous mes jambes, de plus en plus vite. Je sais que le banc est bientôt là. Dans le coin de la prochaine rue. Et Yoongi sera là. À m'attendre.

C'est ce qu'il m'a dit.

Plus que quelques mètres à atteindre. Le sol semble même semble même se dérober sous mes pieds tellement je vais vite. Et finalement, j'arrive dans cette rue, et immédiatement je le vois.

Je le vois planté au milieu du trottoir. Tourné vers moi. Un léger sourire accroché à ses lèvres fines. Ses yeux sombres et profonds posés sur moi.

Et il m'observe. Il ne me lâche pas du regard.

Il me fixe comme s'il tenait à moi.

Comme s'il tenait vraiment à moi.

Aussitôt, je me stoppe. À plusieurs enjambés de lui. Tétanisé je reste là, immobile et interdit.

Et je ne peux rien faire.

Rien faire à part laisser mes larmes dévaler mes joues.

Je ne sais pas pourquoi je pleure, mais bon dieu ce que ça fait du bien. Alors je ne m'arrête pas. Je continue, jusqu'à ce que ma vision se floute.

La silhouette de Yoongi semble maintenant s'approcher de moi, de plus en plus vite. D'un coup sec je me sens attiré vers l'avant, et mon torse se plaque contre quelque chose.

Quelque chose de chaud.

Quelque chose de rassurant.

Quelque de foncièrement réel, sans l'être pour autant.

Sans vraiment de délicatesse les bras de Yoongi viennent enserrer ma nuque pour me tirer encore un peu plus vers lui, alors que son visage se cale dans mon épaule.

- Je suis là Kook. Maintenant, je suis avec toi.

Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top