IV


Je suis un monstre, je crois.... Sorry ahaha ! 



Je viens de perdre ma raison de vivre.

Toujours contre le sol, je respire bruyamment, grimaçant encore à cause de la douleur qui me lance dans la joue. La porte d'entrée vient de se refermer dans un claquement sourd et sec qui semble toujours résonner dans la pièce.

Je suis seul maintenant. Seul avec mes démons qui vont sûrement réapparaître d'une minute à l'autre. Ma tête me fait affreusement mal et mes yeux sont encore larmoyants. Les perles salées continuent de rouler sur mes joues avant de s'écraser par terre, se mêlant aux quelques gouttes de sang s'étant frayé un chemin le long de mon menton. Un goût de fer s'est répandu dans ma bouche, alors que le liquide rouge semble ne pas vouloir s'arrêter de couler.

Mes yeux restent fixés sur le pan de bois me séparant de l'extérieur. Je le fixe, un faible espoir persistant dans mon esprit, je me dis que, peut être, Taehyung regrettera ses mots et son geste, et repassera le palier pour venir voir comment je vais.

Seulement ce moment n'arrivera pas, car je sais bien que quoi qu'il fasse, que ce soit bien ou mauvais, mon ami ne reviendra jamais en arrière. Assumant ses choix même si au fond de lui il sait pertinemment qu'ils ne sont pas nécessairement justes.

Pourtant, j'espère encore. C'est plus fort que moi. J'espère autrement me réveiller dans mon lit, constatant alors que tout ça n'est qu'un mauvais rêve. Que je ne me suis jamais confessé. Que je n'ai pas été sous l'emprise de Namjoon à ce moment là.

Cependant, la réalité est la dure et froide vérité qui s'impose à moi actuellement. Moi, écrasé contre le carrelage froid de la pièce principale, seul et humilié, mon esprit se perdant déjà dans des méandres que j'avais souhaités oublier pour de bon.

Mais rien n'y fait, je sais que je suis en train de m'engouffrer à l'intérieur de cette noirceur, et que maintenant plus rien ne pourra m'en sortir. Le bourdonnement dans ma tête s'intensifie peu à peu et ma vision commence à se brouiller. C'est les répercutions qu'ont la solitude sur moi. Elle me fait changer. Elle me fait me transformer en véritable fou sans âme. Se faisant du mal par pure incompréhension.

Les échos dans mon esprit commencent à apparaître finalement, et malgré le paquet de pilules dans ma poche arrière, je reste immobile, prostré contre le carrelage. Je ne fais rien, attendant que les murmures m'envahissent pour me dicter ma future conduite.

Les voix se font de plus en plus fortes et intenses. Elles résonnent comme d'horrible sifflements dans mon crâne, cherchant à me rendre toujours plus faible à chaque parole. Me traitant comme le dégénéré et l'insignifiant que je suis. Me poussant aveuglement à me faire du mal parce que je le mérite.

Mes mains s'accrochent immédiatement à mes cheveux alors que je me réfugie dans un coin de la pièce. Plus les ombres commencent à apparaître devant moi plus je regrette de ne pas avoir pris de cachets pour stopper cela finalement. Mes pupilles teintées de crainte regardent partout dans la pièce, anticipant l'endroit où la première ombre va se créer.

Et quand finalement, une douce obscurité commence à apparaître dans mon champ de vision, je me mets aussitôt à pleurer de plus belle, en tremblant comme une feuille. Aussitôt, j'attrape mes médicaments et commence à décapsuler le bouchon. Seulement, je ne suis déjà presque plus maître de mon corps.

Pris d'une colère soudaine, et en hurlant une insulte contre moi même, l'étui vole contre le mur, s'explosant quelques mètres plus loin alors que je me serre contre le pan de béton, suppliant les ombres de me laisser tranquilles, les suppliant pour cette fois de m'épargner un peu.

Mais, elles n'en font rien. Elles ne m'écoutent pas, se contentant de se rapprocher toujours un peu plus de moi. M'effrayant de plus en plus, jusqu'à ce que j'explose. Fermant les yeux, je tente de les faire disparaître, mais à chaque fois, c'est comme si une force invisible me poussait à les rouvrir de nouveau et à observer le terrifiant spectacle se déroulant devant moi.

J'ai peur.

J'ai tellement peur.

Je ne veux pas les voir. Je ne veux pas avoir mal. Pas encore.

- Tae... Reviens.

Je pleure, soufflant le nom de mon ami. Le suppliant de revenir me sortir de cette horreur.

- Je veux pas les voir.

Les ombres font maintenant un cercle autour de moi, s'accroupissant à ma hauteur et ne s'arrêtant pas de répéter de nombreuses paroles et insultes à mon égard. Leurs mains s'approchent de moi et me secouent violemment. Les bourdonnements dans ma tête sont trop forts. Je n'entends plus aucun bruit extérieur. Seulement ceux que mon esprit est en train de créer.

- J'ai peur.

Mes membres se crispent et l'effroi me paralyse entièrement.

- Pourquoi je suis tout seul ? Pourquoi je suis toujours tout seul ?

Les larmes sur mes joues ne veulent pas s'arrêter de tomber, et les ombres ne veulent pas disparaître. Mais le pire n'est pas encore arrivé. Un dernier nuage d'obscurité commence à se créer jusqu'à côté de moi. À quelques centimètres seulement de mon épaule.

Il arrive.

Namjoon arrive.

Namjoon et son horrible haine.

Namjoon et sa force de persuasion m'obligeant à me faire du mal.

J'entends déjà sa voix résonner dans le creux de mon oreille. J'entends son rire et je sens ses mauvaises intentions.

- Je te l'avais dit Jungkook.

Je frissonne immédiatement à l'entente de sa première phrase, mes mains se plaquant maintenant fortement contre mes oreilles. Mais, ça ne sert à rien. Tout ça ne vient pas de l'extérieur, mais de l'intérieur. Du plus profond de mon être.

Et plus je lutte contre ça, plus il devient fort.

Ma peur le fait survivre.

- Tu aurais du le tuer quand tu en avais l'occasion.

Il parle de Taehyung, je le sais. Il parle de cet instant, dans la bibliothèque. Quand, ma main serrée fermement dans la lame de rasoir, j'aurais pu lui trancher la gorge avec une facilité déconcertante.

Namjoon m'en veut pour ce moment où je ne lui ai pas obéis. Il m'en voudra indéfiniment et me le fera payer jusqu'à la fin.

- Et tu aurais du te tuer aussi en même temps.

Et puis, finalement, c'est sa haine sur moi qui sort à son tour. C'est ma propre haine. Celle que je me voue intensément. Celle qui me pousse à ressentir toujours plus de souffrance.

Une souffrance qui m'effraie et qui me rassure en même.

Qui me rassure parce que, quand elle arrive, elle annonce aussi le départ des ombres au moins pour quelques heures. Le temps que mon esprit oublie partiellement mon dérangement mental.

- Tu mérites de souffrir Jungkook

Ma bouche s'ouvre et je hurle, vidant tout l'air dans mes poumons. Mes pleurs s'intensifient encore et encore et ma voix se brise finalement alors que je m'écroule complètement contre le sol.

Je tremble, j'ai froid, j'ai peur. Je voudrais que tout s'arrête. Avoir un peu de répit. Pouvoir respirer sans étouffer à chaque fois. Être seul dans mon esprit. Ne pas avoir mal. Ne plus souffrir l'espace de quelques secondes au moins seulement.

- S'il te plaît. Pas aujourd'hui.

Mes plaintes sont presque inaudibles mais pourtant, il les comprend parfaitement. Mais il s'en fiche. Il s'en fiche toujours. Sa seule envie est de me voir souffrir. Jamais une seule fois il ne m'épargnera, jamais une seule fois il sera fatigué de ça.

Son seul but est de me détruire.

De me ronger de l'intérieur et de faire de moi tout ce qu'il veut pour son propre plaisir.

- Fais le !

Non, je ne veux pas. Je ne veux pas avoir mal. Je ne veux plus. Je n'arrive plus à supporter tout ça.

- Je t'en supplie. J'ai déjà mal.

- Pas assez. Tu ne souffres jamais assez !

Je n'en peux déjà plus. Le mal être que je ressens chaque jour devrait lui suffire. Le satisfaire. Mais ce n'est jamais assez.

Pourquoi ce n'est jamais assez ?

Pourquoi est ce que ce genre de choses m'arrive à moi ?

Qu'est ce que j'ai fait pour mériter ça ?

- Aidez moi... Maman. Papa. Tae. Quelqu'un.

Ma voix brisée, le supplie inlassablement de m'épargner. D'avoir pitié pour une fois.

Mais la pitié et l'empathie sont des notions dont il n'a pas connaissance.

- Personne ne t'aidera. Tu es seul Jungkook. Seul avec nous.

Tremblotant encore contre le sol, le visage mouillé de larmes, les yeux dans le vide, la bouche ouverte dont un filet de sang s'écoule encore, je sens déjà mes poignets me brûler affreusement.

Les cicatrices de la dernière fois sont à peine refermées qu'elles vont de nouveau être ré ouvertes. Faisant couler le liquide rouge et chaud que les ombres apprécient tant. Qu'elles semblent regarder avec tant d'émerveillement.

Pendant que moi, je souffre le martyr intérieurement. Tentant de me dire, que finalement, la douleur physique n'est pas si horrible que ça comparé à tout le reste.

Difficilement, et toujours sous le coup des murmures que m'assènent les ténèbres de mon esprit, je me lève, pour tituber jusque dans la salle de bain. Ouvrant le tiroir que je connais si bien, je saisis la lame de rasoir avant de la poser sur mon poignet en pleurant de plus belle.

En relevant mon visage vers le miroir, je les aperçois derrière moi, m'observant impatiemment et m'incitant à m'ouvrir les veines dans les plus brefs délais. Chose que je fais.

Appuyant la lame tranchante contre ma peau claire, je la déchire en deux parties en grimaçant et un premier filet de sang s'écoule déjà sur le carrelage blanc.

Et puis, je continue.

Encore et encore.

Jusqu'à ce que mes avants bras soit entièrement recouverts de cette couleur écarlate que je déteste tant.

À chaque coupure, je gémis de douleur en pleurant de plus belle alors que Namjoon se tient, le visage juste à quelques centimètres de mes poignets. Se délectant de ma douleur. En appréciant chaque seconde. Le faisant se sentir plus puissant à chacune de mes plaintes.

Puis, il se relève finalement avant de poster son visage à côté du mien. J'ai l'impression de sentir son souffle nauséabond s'écraser contre ma tempe alors qu'il me menace encore.

- Maintenant dis le Jungkook. Dis le !

Lâchant la lame de rasoir qui s'écrase au sol au milieu de la mare de sang, je prononce les mots qu'il veut entendre une première fois, sans vraiment de conviction. Comme si j'étais juste une enveloppe vide.

- Je mérite de souffrir.

Puis, je m'écroule, les genoux dans le liquide collant et les poignets légèrement relevé. Les gouttes contre mes bras éclatent dans la flaque dans de nombreux et longs cliquetis retentissants.

Mon ombre se met alors à ma hauteur, repostant sa bouche près de mon oreille, et me crache encore une fois, les yeux noirs d'excitation et de haine.

- Encore.

- Je... Je mérite de souffrir.

Encore une fois, plus rien n'est compréhensible dans mes paroles alors que je me fais du mal mentalement maintenant. Mes poignets me brûlent horriblement et tout ce que je souhaite en cet instant, c'est que tout s'arrête immédiatement.

C'est alors que je m'assène finalement moi même le coup de grâce, signifiant la fin de la torture dans le même temps.

- Parce que je ne vaux rien du tout.

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