Chapitre 1
Lorsque j'entre chez moi ce jour là je jubile d'un bonheur qu'il m'est impossible de dissimuler. Enfin mon rêve se réalise, enfin je vais pouvoir tenter d'entrer au conservatoire ! Depuis mon enfance je le suis découvert une fascination pour le violon. J'ai souvent vu mon père en jouer étant enfant et j'ai toujours beaucoup aimé le son de cet instrument que par ailleurs je trouve magnifique.
A l'âge de cinq ans j'ai demandé à mon père de m'apprendre à en jouer, et depuis ma passion n'a cessé de se renforcer de jour en jour. Puis quand j'ai eu dix ans mes parents m'ont offert mon premier violon, que je chéris comme la prunelle de mes yeux et avec lequel je joue toujours a l'heure actuelle.
Lorsque j'entre avec fracas dans la petite maison où je vis avec mes parents, ceux-ci occupés à préparer le repas tout en se câlinant et en dansant au rythme d'une musique douce, sursautent et se tournent vers moi avec des regards éberlués.
— Peut-on savoir ce qui te met dans une pareille joie Hatiku? Demande mon père en appuyant sa hanche contre le plan de travail avec un haussement de sourcil amusé.
— Je l'ai! J'ai ma convocation pour le concours d'entrée au conservatoire ! M'écrié-je en sautillant sur place comme un enfant le matin de Noël.
— Félicitations Sweetheart ! Je suis tellement fier de toi! S'exclame mon père en venant me prendre dans ses bras pour m'offrir un doux câlin.
Je me love dans les bras de mon père, un sourire fendant mon visage tandis que mon second père nous couve du regard avec tendresse. Car oui je vis dans un foyer relativement atypique. Je suis né de l'union de mon père Asmodée Bane avec Mei-Lynn, son premier amour. Ma mère est décédée quand j'avais cinq ans d'un cancer foudroyant, et suite à ça, Ayah a décidé d'écouter son meilleur ami, Ragnor Fell et de quitter l'Indonésie où nous vivions tous pour rejoindre les Etats Unis. D'origine anglaise, Ragnor s'est expatrié en Indonésie à ses vingt ans pour visiter ce pays qui l'a toujours fait rêver. Il y a rencontré mon géniteur et ils sont rapidement devenus les meilleurs amis du monde. Il est même devenu mon parrain le jour où je suis né, et a toujours veillé sur moi comme un second père.
Quand Ayah a voulu quitter l'Indonésie, c'est tout naturellement que Dad l'a suivi et petit à petit leur relation est devenue de plus en plus fusionnelle. Mon père avait besoin de la présence de son ami au point d'éprouver le besoin de dormir avec lui et c'est comme ça qu'un jour ils m'ont annoncé leur amour quand je les ai surpris en train de s'embrasser sur le canapé alors que je rentrais de l'école. Je n'ai pas été choqué ou dérangé de cette relation, après tout je les ai toujours connus très proches et pour moi leur amour était l'évidence même, je suis même leur premier fan.
— Le concours est dans un mois, d'ici là je dois trouver un moyen de payer les frais d'inscription. Dis-je en me détachant de Dad, déjà complètement absorbé par ma réflexion.
— A combien s'élèvent les frais? Demande Ayah en tendant la main vers moi pour que je lui donne le document que je tiens toujours pressé dans mes doigts tremblants d'émotion.
— Cinq mille dollars... Marmonné-je en baissant les yeux sachant d'avance qu'il me serait compliqué de réunir la somme demandée.
Je vois mes pères échanger un regard, puis mon géniteur de tourne vers moi et m'offre un sourire tendre.
— Je suis désolé Hatiku, on ne pourra pas financer l'intégralité de ton inscription... Souffle t'il avec un regard contrit.
Je connais la situation financière de mes parents. En effet entre le travail de bibliothécaire de Dad et les quelques cours d'Indonésien donnés par Ayah, les fins de mois peuvent parfois se révéler difficiles mais je ne me suis jamais plaint de rien. Après tout mes pères de sont toujours pliés en quatre pour m'offrir une belle vie. D'ailleurs pour cette histoire d'inscription je ne comptais absolument pas sur leur aide, j'espérais juste qu'en cumulant plusieurs emplois il me serait possible de gagner suffisamment en un mois.
— Je te propose qu'on finance la moitié de tes frais d'inscription, d'accord? Et pour le reste tu pourras trouver un travail. D'ailleurs j'ai vu une annonce aujourd'hui, ça semble bien payé et pas très loin d'ici, tu devrais tenter ta chance. Reprend mon paternel avec un sourire encourageant.
J'observe mes parents avec des yeux ronds. Je ne reviens pas de la proposition que vient de me faire Ayah. C'est tout simplement bien trop, mais je ne m'aviserais pas de refuser, je ne veux pas le blesser. Je me jette donc dans ses bras, les larmes aux yeux en lui disant mille morts d'amour. Ayah me réceptionne avec un rire ému et Dad ne tarde pas à nous enlacer tout les deux en nous murmurant tout son amour. Il n'y a pas à dire nous sommes tout les trois profondément unis et même si l'argent ne coule pas à flot, je ne changerais de famille pour rien au monde.
Ayah me montre l'annonce dont il m'a parlé et quelques minutes plus tard à peine, je contacte le numéro indiqué. Une femme me répond et me propose un rendez-vous pour un entretien à peine une heure plus tard puis raccroche. Elle n'a pas précisé quels étaient les modalités du poste à pourvoir, j'imagine qu'elle m'en dira plus lorsque je la verrais. Je décide de ne pas me prendre la tête avec des questions inutiles pour lesquelles je n'aurais de toute façon pas de réponse dans l'immédiat et je vais me préparer afin de présenter au mieux pour l'entretien.
C'est ainsi que trois quarts d'heure plus tard je me présente devant un énorme manoir, adresse à laquelle je dois passer mon entretien. Vêtu relativement simplement d'une chemise bordeau et d'un pantalon sombre, je me sens presque déplacé dans cet environnement luxueux qui appelle aux costumes, smoking, et autres robes de bal. Je frappe a la porte et je ne tarde pas à entendre claquer des talons sur le sol. Quelques instants plus tard la porte s'ouvre sur une grande femme brune vêtue d'une robe crayon qui met en valeur sa silhouette. Ses longs cheveux noirs sont tirés en arrière sur son crâne et retenus en une queue de cheval qui tombe sur ses reins. Elle arbore un visage sévère mais des traits pourtant assez doux et harmonieux. C'est une belle femme, mais quelque chose dans son attitude dénote d'un éducation stricte et de soucis qui altèrent quelque peu la douceur de son beau regard noir.
— Monsieur Bane-Fell je présume ?
— Ou...Oui. Dis-je légèrement intimidé.
— Maryse Lightwood, c'est moi qui ai passé l'annonce à laquelle vous avez répondu. Suivez moi je vous prie, nous allons passer dans mon bureau afin que je vous présente le travail pour lequel vous vous présentez.
Je hoche doucement la tête et la suit dans un dédale de couloirs à travers la vaste demeure. Tout ici respire le luxe et l'argent, et paradoxalement tout semble froid comme si aucune vie n'aimait cette maison. Une fois arrivés dans le bureau, Maryse m'invite à m'asseoir face à elle avant de prendre place dans son grand fauteuil de bureau à haut dossier.
— Bien, Monsieur Bane-Fell, je suis à la recherche d'un auxiliaire de vie pour mon fils Alexander. Le poste consistera à l'assister au quotidien dans toutes les choses que son handicap ne lui permet plus de faire: courses, ménage, cuisine, achats divers. Bref vous l'assisterez quand il en aura besoin.
Je hoche la tête tout en me demandant de quel genre de handicap est atteint son fils.
— A t'il besoin d'aide pour la toilette? Demandé-je d'une voix relativement assurée compte tenu du sujet abordé.
— Non absolument pas. Mon fils n'est pas invalide physiquement. Il a perdu la vue il y a quelques mois, voilà pourquoi il a besoin d'aide. Il ne peut malheureusement plus faire certaines choses aussi simples que cuisiner sans risquer de se blesser.
Je hoche doucement la tête tout en ressentant une pointe de tristesse pour ce jeune homme qui a perdu l'un de sens les plus importants et qui de ce fait ne sera plus en mesure d'apprécier certaines belles choses de la vie. Malgré tout, et ce même si je ne le connais pas encore, je le promets de lui faire découvrir une autre façon de se délecter de la beauté du monde notamment par l'ouïe et la musique.
— Les horaires seront flexibles, mais en général il aura besoin de vous du réveil le matin aux environs de 8h jusqu'après le repas du soir vers 21h. Parfois vous pourrez vous libérer plus tôt si le repas est déjà au prêt ou bien s'il reçoit la visite de sa soeur ou d'amis pour la soirée. Comptez environs une fois par semaine. Pour ce qui est du salaire, vous serez payé 3000 $ par mois, et vous partagerez les repas de mon fils à nos frais. Est-ce que cela vous convient?
Mes yeux s'agrandissent quand j'entends le montant du salaire proposé, non seulement celui ci me permettrait de moins demander à mes parents mais également de leur rembourser rapidement leur avance. Je me demande s'il n'y a pas un loup a quelque part. Car après tout aider un non voyant et partager son quotidien ne semble pas si compliqué. Alors pourquoi un salaire si élevé ? Peut-être que Maryse Lightwood veut seulement que son fils soit le mieux possible et qu'elle est prête à y mettre le prix.
Je hoche maladroitement la tête avec un sourire poli, puis elle me propose d'aller rencontrer son fils qui vit actuellement ici. Elle me guide dans la vaste maison jusqu'à une porte fermée que je devine être celle de la chambre d'Alexander. De la musique sourde ressemblant à du métal s'en échappe et je grimace face au volume qui me paraît bien trop élevé.
Maryse frappe à la porte pour la forme, puis entre sans attendre de réponse puisque de toute façon le son de la musique est bien trop haut pour entendre quoi que ce soit d'autre. Dans la pièce, je découvre un jeune homme aux cheveux ébène et a la peau pâle tatouée, assis sur un fauteuil, le regard dans le vide. Son beau visage est crispé en un masque blasé, et il ne bouge pas d'un col quand sa mère va éteindre la musique ramenant ainsi un silence bienvenu dans la pièce.
— Alexander, voici Mr Bane-Fell. C'est lui qui sera ton auxiliaire de vie et qui t'aidera au quotidien. Me présente Maryse en me faisant signe d'approcher.
Je me place face à mon futur compagnon du quotidien, ce qui me permet de le détailler plus précisément. Ses cheveux sombres semblent miroiter de beaux reflets bleu, son visage possède des traits fins mais pourtant extrêmement masculins, et enfin, ses yeux d'un bleu cobalt envoûtant qui fixent le vide devant lui sont à couper le souffle. Je ne crois pas avoir déjà vu de pareilles prunelles, ni d'avoir aussi rapidement flashé sur quelqu'un. Car oui il fait bien l'avouer Alexander Lightwood est extrêmement beau et tout a fait mon genre. La combinaison cheveux noir et yeux bleus a toujours été ma favorite.
— Vous savez que c'est extrêmement impoli de dévisager ainsi une personne non voyante?
La voix a claqué dans l'air sans que je ne m'y attende et me fait sursauter. Les sourcils du jeune homme sont froncés et une expression de colère habille ses traits.
— Pa... Pardon... Bafouillé-je en me grattant la tête penaudement.
— Je sais que je ressemble à une bête curieuse pour vous, mais ce n'est pas une raison pour m'obsever comme tel. Je reste un être humain alors je vous prierais d'agir en conséquence à l'avenir, puisque je n'ai pas le choix que de vous avoir dans les pattes si je veux que me chère mère me laisse retourner chez moi. Lance t'il durement.
Sidéré je suis incapable de dire quoi que ce soit pour me défendre et lui expliquer que si je le regardais avec tant d'insistance ce n'était pas par curiosité malsaine, bien au contraire mais parce que je le trouve magnifique. Alexander fait un geste dédaigneux de la main, nous congédiant fermement, et je n'ai d'autre choix que de suivre Maryse hors de la pièce. Elle me guide jusqu'à l'entrée dans un silence lourd, puis alors que je sors sur le seuil, elle m'offre un sourire maladroit.
— Ne lui tenez pas rigueur de sa froideur, cet accident a été un vrai coup du pour lui, et il doit apprendre à faire le deuil de sa vue. Avant tout ça, il était très doux, agréable à vivre, et très souriant...
Accrochez vous Mr Bane-Fell, je suis sûre que votre présence à ses côtés lui sera très bénéfique vous semblez être un jeune homme très agréable. Vous saurez le dérider. Dit-elle en posant une main douce sur mon épaule.
— Appelez moi Magnus, je vous en prie.
— Seulement si vous m'appelez Maryse en retour. Plaisante t'elle. Demain 8h chez Alexander en ville c'est bon pour vous?
— Oui bien-sûr. Dois-je prévoir quoi que ce soit pour la journée ?
— Seulement votre motivation et votre imagination je ne doute pas que vous saurez trouver comment occuper votre temps. A bientôt Magnus. Prenez soin de mon fils.
Je hoche la tête et la salue a mon tour avant de quitter la demeure pour retourner chez moi, l'esprit occupé par cette rencontre étrange. Je me demande vraiment a quoi va ressembler ma cohabitation avec Alexander et comment je vais bien pouvoir l'amener à être au minimum cordial avec moi. J'ai la sensation que nous sommes partis sur un mauvais pied, mais j'ai envie de découvrir le Alexander joyeux et souriant que Maryse m'a décrit a demi mot, alors je compte bien faire mon maximum pour le faire revenir et faire sa connaissance.
*****
Coucou tout le monde!
Je sais que j'avais dit publication d'ici une quinzaine de jours mais avais trop hâte d'avoir vos premiers retours sur cette histoire, alors .. cadô🥰🥰🥰
Comment pensez vous que ça se passer entre Magnus et Alec?😘😘😘
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