Chapitre 8 ➸ Hôpital
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Bonne lecture !
Lorsque j'ouvre les yeux, la lumière m'éblouit. Mon premier réflexe est de refermer les yeux et passer mon avant-bras devant mes paupières afin de m'en protéger tandis que je pousse un grognement disgracieux. Après quelques secondes à émerger, je parviens à dégager mon bras et à cligner des paupières frénétiquement afin que mes pupilles s'ajustent à la luminosité. Je suis allongée sur un lit une place au matelas dur, dans une pièce entièrement blanche avec très peu de mobilier, juste quelques machines, et une désagréable odeur médicamenteuse mêlée à du désinfectant remonte jusqu'à mes narines. Je plisse le nez et baisse les yeux sur moi-même, prenant conscience que je porte une blouse blanche très fine avec ce motif bleu étrange. Je suis à l'hôpital. Dans le coaltar, il me faut quelques instants pour que mes souvenirs reviennent... Mon regard se détourne sur mon bras parfaitement bandé et étrangement, je ne ressens aucune douleur, signe que les antidouleurs (ou la morphine) agissent encore, mais je sais que je sentirai ma douleur quand les effets s'estomperont.
Je me redresse immédiatement, jette la couverture qui recouvre mon corps et bondis hors du lit. Au même moment, ma cheville se tord et je m'écrase au sol, la joue se heurtant au sol froid. Je gémis de douleur et me relève avant tant bien que mal, frottant ma joue pour faire partir la douleur alors qu'elle commencera à enfler d'ici cinq minutes. Je n'ai pas pu m'appuyer sur mon avant-bras blessé, c'était bien trop douloureux ; je peux encore sentir le couteau d'Ada s'enfoncer dans ma chair. Le goût de la bile remonte dans ma trachée et aussitôt, la porte s'ouvre sur une infirmière qui vient m'inspecter et me poser diverses questions, alors que c'est moi qui devrais l'assaillir de questions.
Où est ma famille ?
Depuis combien de temps suis-je ici ?
Quand vais-je repartir ?
Leur est-il arrivé quelque chose ?
Je prie pour que ce ne soit pas le cas, la culpabilité me ronge à cette idée et mon estomac fait des flip back. Mes mains sont prises de tremblements que je dissimule en serrant les poings, accompagné d'un faux sourire à l'écart de la quinquagénaire qui est venue me porter secours... Enfin, c'est un bien grand mot... Généralement, le personnel hospitalier a du mal à se déplacer lorsqu'ils sont appelés par les patients ; elle était sûrement dans le coin et le vacarme que j'ai fait en tombant a attiré son attention.
— Votre tension est élevée, constate-t-elle avant de reprendre. Êtes-vous stressée ?
— Nous sommes quel jour et quelle heure est-il ? la coupé-je brusquement.
À cet instant, je me fiche éperdument de savoir si je fais de l'hypertension ou non, il est même logique que je sois en stress ! Je viens de me réveiller dans un lieu que je connais pas, sans savoir ce qu'il est de mes proches, et ce qui s'est passé quand j'ai perdu connaissance. La brune semble le comprendre puisqu'elle soupire et zyeute sa montre deux secondes avant de plonger son regard dans le mien.
— Vous avez dormi exactement 18 h. Cela n'a rien d'étonnant avec cette perte de sang et la morphine qui vous a été administrée, n'ayez crainte.
Je manque de m'étouffer avec ma salive et tourne immédiatement la tête vers la fenêtre. Les heures dorées... Il doit être pas loin de 19h et l'idée que je sois restée inconsciente aussi longtemps me fait tressaillir, c'est une sensation étrange sur laquelle il m'est impossible de mettre des mots. J'aimerais parler davantage, mais ma bouche est si pâteuse que je lui demande d'une voix faible si elle peut m'emmener quelque chose à boire et contacter ma famille. Elle revient quelques instants plus tard avec un plateau de nourriture et mon verre d'eau, je la remercie et de ma main valide, je joue avec la pâtée pour chiens qui m'a été servie en guise de nourriture. Les pommes de terre bien rondes, lisses et brillantes, certainement sans goût, sont clairement industrielles tandis que le filet de poisson ne me paraît pas plus appétissant. Pourquoi essayer de faire ingurgiter ce genre de chose à des gens malades ou blessés ? Pas sûr que ça les entraînera sur le chemin de la convalescence...
— Je vous souhaite un bon appétit...
Je me retiens de lever les yeux au ciel, mais sa politesse me fait sourire légèrement.
— Votre famille ne saurait tarder, ils sont à la cafétéria de l'hôpital, ajoute-t-elle avant de quitter la chambre.
Un soupir de soulagement s'échappe de mes lèvres. Au moins, rien de fou ne leur est arrivé et c'est une bonne chose, ils n'ont pas besoin de ça dans leurs vies. Je suis déjà suffisamment traumatisée, il ne manquerait plus qu'un autre membre de sa famille finisse par dérailler. J'avale quelques morceaux de poisson et de pommes de terre que je fais passer avec des gorgées d'eau, ce n'est pas horrible, mais c'est très loin d'en faire de la grande gastronomie. De toute façon, je n'ai pas le choix si je veux faire taire mon estomac qui grogne et la douleur familière de la faim.
— Oh chérie ! s'exclame une voix familière.
Je sursaute et lâche ma fourchette qui tombe en plein milieu de mon assiette, ce qui provoque quelques éclaboussures ; encore une chance que mon plat était à l'eau et non bourré de sauce. Ma mère accourt pour me serrer dans ses bras et de mon bras valide, je resserre l'étreinte avant qu'elle ne se détache de moi. Mon père la suit de près pour embrasser mon front.
— Comment te sens-tu, Maple ? me questionne-t-il.
— Fatiguée, mais je crois que ça va.
Les deux quadragénaires se regardent avant de reporter leur attention sur moi, je n'aime pas ça car, généralement, ils font ça quand ils prennent une décision commune...
— Qu'est-ce que vous me cachez ? demandé-je sans passer par quatre chemins.
Ma mère soupire avant de prendre la parole, devançant mon père :
— Tu peux nous raconter ce qui s'est produit ? Holly nous a raconté une histoire improbable et bien sûr, ta meilleure a approuvé ses mensonges.
Mon cœur se stoppe net. Elles n'auraient pas dû leur dire ce qu'elles ont vu, il est évident qu'ils réagiraient de leur sorte. Typique d'eux. J'avale difficilement ma salive et inspire profondément avant de me lancer dans mon explication. Autant passer pour des dérangés à trois...
— Elles ont bien dit vrai. Une femme m'a attaqué. La même femme, Ada, a tenté de tuer Caspian.
— Mon Dieu... Te rends-tu compte des sottises que tu racontes ? peste ma mère en secouant la tête avant de reprendre. Cette femme est née de l'imagination de ton petit frère de sept ans !
— Je sais que c'est difficile à digérer, mais Littlewood Residence est hantée, affirmé-je en serrant les draps entre mes doigts.
Il y a quelques secondes de silence. Ma mère détourne les yeux sur la fenêtre tandis que mon père le nez baissé sur ses baskets.
— Nous allons te trouver un psychologue, rétorque-t-il d'un grand calme.
— Pardon ?! m'écrié-je. Je ne suis pas folle !
— Seul un spécialiste pourra nous l'affirmer... murmure ma mère.
J'ai l'impression de recevoir un coup de poignard en plein cœur. Comment peuvent-ils se permettre de telles choses ? À 23 ans, j'ai toujours été droite, jamais d'excès dans tout ce que j'entreprends et voilà qu'ils me traitent de détraquée mentale ? Je me sens trahie tandis que la déception s'empare de moi...
*
— C'est notre deuxième séance et je dois avouer que je n'ai rien descellé en vous qui montreront le besoin d'un suivi psychologique.
J'envoie un sourire victorieux au psychologue, ravie de savoir que je m'en débarrasserai bientôt en suivant cette voie. Bien sûr que je n'ai aucun problème et il est évident que je lui fais comprendre que je ne crois pas en une quelconque identité et que je n'en ai pas vu... La fatigue fait beaucoup de choses. Du moins, c'est mon excuse pour sortir de ce trou à rat. Deux jours que je suis faite prisonnière dans l'hôpital et je n'ai qu'une hâte : retrouver ma liberté.
— Cependant, nous avons encore deux séances programmées qui me permettront de rendre un bilan, ajoute-t-il en reposant son carnet sur ses genoux.
J'observe l'homme face à moi, c'est un grand blond aux yeux bleus avec un sourire séduisant. Il doit avoir dix ans de plus que moi tout au plus et j'avouerais que dans d'autres circonstances, j'aurais sûrement craqué sur lui, mais la chance n'est pas avec moi. D'autant plus qu'il ne sait pas encore comment j'ai fini avec un couteau planté dans le bras. Je n'ai toujours pas trouvé de bon mensonge...
— Dites-moi, Maple... Vous droguez-vous ?
Surprise, j'arque un sourcil qui veut dire « tu me prends pour qui, au juste ? », mais très vite, je saisis l'opportunité de me tirer d'affaire. Je prends un air embarrassé, baisse les yeux sur mes mains que je triture avant de répondre d'une voix légèrement tremblante :
— Oui, docteur Lights... mentis-je. Il m'arrive de fumer des joints le soir pour me détendre, histoire d'évacuer le stress, comme plein de gens...
Le blond acquiesce et tapote la pointe de son stylo sur son carnet, sans pour autant prendre de notes. Est-ce mauvais ou bon ? Je n'en ai pas la moindre idée. Il se lève de son siège, lisse sa chemise sur son torse, se dirige vers la porte et une fois la main sur la poignée, il se retourne.
— Vous devriez considérer à changer de fournisseur, lance-t-il avec un clin d'œil.
Je rêve ou il me drague ? Le monde est fou...
Un sourire manque d'étirer mes lèvres, mais je me ravise. J'attends qu'il disparaisse de mon champ de vision pour me laisser tomber en arrière, ma tête chutant sur l'oreiller moelleux et mes cheveux éparpillés sur le tissu. Mon repos mental est de courte durée car quelques minutes plus tard, trois coups frappent à la porte avant qu'une jeune femme s'engouffre dans la pièce. Naomi se tient devant moi, un large sac à main sur l'épaule avec un petit sourire. Elle me rejoint en s'asseyant au bord du lit.
— Pas trop emmerdant, cette séance ? Je ne sais pas comment tu fais pour ne pas péter un câble.
— Je dois tenir bon. C'est ce qui me motive.
Elle opine de la tête avant de fouiller dans son sac et en sortir plusieurs feuilles de papier, les potentielles réponses à mes questions, je l'espère...
— J'ai apporté ce que j'ai trouvé aux archives. Avec un peu de chance, tu auras la confirmation de ta théorie.
— Merci, t'es la meilleure Nao ! m'exclamé-je avec un sourire sincère.
— Je t'en prie. Je suis certaine que tu ferais la même chose si les rôles étaient inversés.
Touché. Je supporterais avec du mal qu'on tente de la faire passer pour une cinglée si elle détenait la vérité... Pourtant, nous ne pouvons pas faire autrement et je dois conserver un comportement irréprochable afin que ne les choses ne tournent pas au vinaigre, bien qu'une chose soit certaine : j'en veux à mes parents. Je ne sais pas sur combien de temps cet épisode bouleversant s'étendra et s'il le faut, je ne me laisserai pas marcher sur les pieds. Mon objectif est d'empêcher les êtres que j'aime de plonger dans la gueule du loup. En restant à Littlewood Residence, j'ai la mauvaise impression que nous avons tous déjà un pied dans la tombe.
J'attrape les feuilles qu'elle me tend et les balaye très vite du regard. Toutes les informations sont croustillantes et même si elles ne sont pas suffisamment explicites, après ce que j'ai vécu, il est facile de faire un schéma...
Comment ne pas considérer que ce manoir est hanté quand tous ses habitants ont fini six pieds sous terre suite à des morts accidentelles ?
« Accidentelles »... Bien sûr... La vérité est tellement plus difficile à reconnaître, mais les mensonges passent comme une lettre à la poste.
Incendie ;
Noyade ;
Tornade ;
Empoisonnement ;
Régurgitation ;
Démembrement ;
Inexpliquée ;
Torturé par X.
À mes yeux, ce ne sont que des conneries. Le problème avec cet État, c'est que les propriétaires ne sont pas dans l'obligation de signaler les homicides et morts qu'ont connus les demeures et appartement dans une quelconque clause de contrat. Seules les rumeurs courent encore après de nombreuses décennies... Ce ne sont pas des preuves solides bien qu'elles me suffisent, elles me rassurent car je ne suis pas ma folle et pourtant, elles me glacent le sang. Il est clair que quelque chose d'horrible se trame dans ce foutu manoir et que cette fameuse Ada y est pour quelque chose... Un esprit en quête de vengeance ? Les questions continuent de se bousculer dans ma tête sans qu'une seule réponse soit apportée.
J'inspire profondément. J'expire lentement. Je ferme les yeux.
— Maple, ça ne va pas ? s'inquiète la métisse.
Elle pose sa main sur mon genou, je lui réponds avec un sourire, mais mon cœur n'y est pas réellement...
— Tant que je ne suis pas rentrée et quand je ne serai pas avec ma famille, je veux que tu en prennes soin pour moi. Est-ce que tu peux faire ça, s'il te plaît ?
J'ouvre à nouveau les yeux pour plonger mon regard dans ses iris caramel qui tournent au noisette. Elle retient son souffle quelques secondes puis acquiesce avant de se lever du lit, reprenant les feuilles pour les fourrer dans son sac.
— Je reviendrai demain, promis.
— Merci beaucoup, Naomi.
J'attends qu'elle quitte la pièce pour glisser une main dans mes longs cheveux roux, tirant quelques mèches en arrière. C'est alors que mes pensées se focalisent sur Gabriel, ce fameux ange qui m'a promis de me protéger, mais qui n'a rien fait. Je ne comprends pas ce qu'il veut, ni même quel est son but. S'il voulait vraiment me protéger, il serait revenu. Or, s'il s'en fiche, quel est l'intérêt de me rendre visite un jour, comme ça, sans raison ? Voilà un mystère que je ne peux élucider seule, il me doit des réponses et je compte bien le faire venir.
Sans attendre, j'attrape mon portable et pianote sur mon téléphone à la recherche de foutues prières ou incantations qui le forcerait à se ramener ; aucun résultat n'est concluant. Mes recherches d'une demi-heure n'ont pas porté leur fruit, je devrais sûrement insister sauf que mes nerfs sont sur le point de lâcher. J'aimerais que l'on m'explique ce qui se passe autour de moi et retrouver ma vie. Celle que j'avais encore quelques semaines plus tôt. Une vie, certes pas des plus palpitantes, même d'une grande tranquillité.
— Je ne vais même pas prier parce que j'en ai plein le cul, Gabriel. Je veux juste que tu ramènes ta p'tite gueule d'ange et que tu m'expliques ce que tu fiches. Pourquoi avoir parlé de m'aider et de me protéger si tu en es absolument incapable ? grogné-je. S'il y a bien une chose que je déteste chez les gens, c'est leur facilité à ouvrir leur bouche, promettre des tas de conneries sans jamais les réaliser. Je n'aime pas les gens qui n'ont pas de parole. Soit tu en as et c'est bien, soit t'en as pas mais tu la fermes. C'est plutôt simple comme règle, n'est-ce pas ?
— Oh, je sais.
Je sursaute brusquement et pose une main sur mon cœur qui palpite. L'ange vient tout juste de faire son apparition dans un coin de la pièce et d'un œil curieux, il m'observe comme un rat de laboratoire. Je hais cette sensation au point que j'aimerais qu'il soit à ma place ne serait-ce que le temps de vingt-quatre longues et terribles heures. Qu'il ressente la même peur que moi. Qu'il ressente mon inquiétude. Qu'il ressente les frissons qui parcourent mon échine au moindre bruit suspect. Qu'il ressente les soubresauts qui rythment mon corps à la moindre ombre douteuse. Je veux qu'il ressente ce que je vis, l'horreur dans laquelle je baigne.
— Tu sais ? TU SAIS ?! Non, tu ne sais rien ! craché-je en serrant les draps entre mes doigts. Ce n'est pas tes petits cours de théorie sur les sentiments humains que tu as reçu au Paradis qui te feront vraiment deviner ce que je ressens.
— Et je suis d'accord avec cette règle, ajoute-t-il en m'ignorant avant de se planter devant la fenêtre.
Je fulmine et je suis incapable de savoir s'il en a conscience ou non, j'en viens à me demander s'il ne joue pas avec moi. Je pousse un soupir bruyant pour manifester mon mécontentement et au lieu de répondre, il se racle la gorge pour ajouter autre chose :
— Le temps est très capricieux dans le coin. J'ai déjà vu de meilleurs étés, commente-t-il en regardant la pluie crépiter tristement contre les vitres.
La luminosité faiblit alors que les nuages s'assombrissent au fil des minutes. Bientôt, la pièce sera plongée dans l'obscurité. C'est un plutôt bon reflet de ce que je ressens, étrangement.
— J'ai déjà vu moins con que toi.
— J'ai déjà vu moins gamine que toi, rétorque-t-il du tac au tac.
Il tourne la tête vers moi, s'avance lentement et s'assied au bord du lit alors que je recule. Ses yeux clairs se plongent dans les miens, cherchant à lire en moi tandis qu'un sourire étire mes lèvres.
— Tu crois me séduire avec tes beaux yeux bleu-vert ? Casanova !
Je roule les yeux à ce comportement avec une impression de déjà-vu et pour cause, de plus en plus de mecs pensent que leurs regards ont quelque chose de si spécial qu'ils peuvent faire fondre une femme sur place. Quelle erreur. A ma réponse, il fronce les sourcils et une lueur d'incompréhension perce son air charmeur.
— Tu vois les couleurs ? demande-t-il, surpris.
— On dirait que tu as loupé un épisode.
Je hausse un sourcil. Moi qui pensais qu'il le savait... Après tout, il aurait pu faire ça volontairement, qui sait ?
— Depuis quand... ?
— Le soir où je t'ai vu pour la première fois, dans mon rêve.
Hello ! ♡
Encore une fois, je n'ai pas réussi à publier dans la semaine et je m'en excuse. J'ai encore des excuses et je sais que c'est lourd pour vous, alors je vais tâcher de ne pas vous promettre de poster dans la semaine haha
Que pensez-vous de ce chapitre ?
Que va-t-il se passer pour Maple ?
Que pensez-vous de Naomi ? Gabriel ? De la famille de Maple ?
Pourriez-vous me faire un peu de pub autour de vous, please ? 🙏
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Caroline
Mon insta d'auteure : CauseImHappinesss
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