52 - Suivie...
Je jetai un œil rapide derrière moi pour voir que la pleine lune venait tout juste d'apparaître à l'horizon.
Mince. J'étais restée bien trop longtemps à la Fac, à cause de ce devoir !
Elya devait se demander où j'étais passée. Je lui avais promis d'être à ses côtés pendant ces moments particuliers, elle allait m'en vouloir à mort ! La dernière quinzaine avait beau s'être passée sans souci, on pouvait encore s'attendre à quelques désagréments à cause de la lune.
Comme la fois passée, le regard gris de l'inconnu me vint à l'esprit sans crier gare. Je grognai intérieurement en réalisant que la pleine lune devait quand même avoir de l'effet sur moi. Et que la seule personne du sexe opposé avec qui j'avais eu quelques conversations (étranges, certes, mais quand même) qui avait à peu près mon âge, à part Rémy, était ce garçon bizarre...
J'accélérai le pas pour rentrer plus vite, en faisant tout pour chasser l'envie de le voir qui me prenait par traitrise.
Mais soudain, je fus surprise par un mal de tête aigu, violent.
Le souffle coupé, les jambes chancelantes, je dus m'arrêter pour ne pas tomber à la renverse. Les pieds fermement encrés dans le sol et les mains sur les genoux afin ne pas perdre l'équilibre, j'essayai de reprendre une respiration normale en fermant les yeux.
Depuis plusieurs jours, j'avais un fond de migraine qui restait supportable, mais jamais je n'avais eu aussi mal... La douleur était telle que les larmes coulaient sans que je puisse les arrêter.
Il me fallut encore quelques secondes pour reprendre mes esprits. Je clignai plusieurs fois des yeux avec soulagement en sentant la douleur aiguë s'estomper, et passai un coup sur mon visage et mes yeux pour sécher mes larmes.
Vu comme c'était parti, je n'allais sûrement pas être d'une grande aide pour mon amie métamorphe...
Je me redressai lentement, de peur de faire revenir la douleur avec des gestes trop brusques, quand je remarquai en sursautant que je n'étais pas seule sur le chemin.
Oh non... Ce n'était vraiment pas le moment. Pas lui, et pas maintenant !
Son regard argenté inquiet m'exaspéra, alors que mon corps manifestait d'étranges sensations jusque-là inconnues au niveau de mon ventre. Je poussai un gros soupire :
― Qu'est-ce que tu fais là ?
― Est-ce que ça va ? me demanda-t-il sans répondre à ma question. Tu n'as pas l'air bien...
― Je vais très bien ! répondis-je, agacée. Et j'irai encore mieux quand tu auras quitté mon champ de vision !
― Sarah...
Je fermai de nouveau les yeux un instant, les doigts pinçant l'arrête de mon nez, dans un geste que je voulus apaisant. Mais le mal de crâne, redevenu supportable cependant, ne voulait pas partir.
Et il connaissait mon prénom, maintenant ?
Le voyant encore là, devant moi, un soupçon me vint à l'esprit et, tout en reprenant la marche vers mon appartement, je lui demandai d'un ton sec :
― Tu me suis, ou quoi ?
Il marcha à mes côtés en répondant très calmement :
― En fait... Oui.
― Hein ? Et je peux en connaître la raison ?
― J'ai réfléchi longuement à nos discussions précédentes que je trouvais vraiment étranges...
Tiens, il s'en était rendu compte également ? Un point positif pour lui.
― J'en ai conclu que tu étais un électron libre...continua-t-il alors que je venais de lever les yeux au ciel.
― Un quoi ?
― Un électron libre, répéta-t-il avant d'enchainer, pour être plus clair : que tu ne faisais pas partie du Système. Et je me suis renseigné : ce n'est pas normal. Tu étudies bien à la faculté de biologie humaine, non ?
J'allais répondre par l'affirmative sans comprendre où il voulait en venir (je commençais à être habituée...), quand mon cerveau bloqua sur le mot en trop dans sa question.
« Faculté humaine ? »
Attends... Quoi ? S'il en parlait comme ça, ça voulait dire que lui... ?
Comme j'avais soudain arrêté ma marche et que je restais la bouche ouverte sans articuler un son, il continua :
― T'es au courant, oui ou non, qu'il existe des écoles spéciales pour les personnes comme toi ?
Des écoles pour les sirènes, ici, à la surface ? Certainement pas, non !
Ce garçon était en train de se moquer de moi sans savoir de quoi il parlait, et je ne comprenais rien à ce qu'il me disait – encore une fois.
Mes oreilles bourdonnaient. J'avais sûrement mal compris sa question, et même entendre le mot « humaine » sans qu'il l'ait prononcé.
Mes sens étaient troublés et je luttais avec rage contre l'envie de m'approcher de lui pour le toucher, à cause de la lune.
Je repris de plus belle ma marche rapide en serrant les dents.
Sentant mon mal de crâne s'amplifier de nouveau, je n'avais qu'une seule envie : stopper cette nouvelle discussion sans queue ni tête et enfouir ma tête sous mon oreiller pour ne plus sentir cette douleur lancinante !
Ne plus l'avoir à côté de moi. L'oublier. Ne plus sentir ces pulsions incontrôlables dues à la pleine lune qui commençaient à me rendre folle.
Je voyais bien qu'il n'en avait pas fini avec moi (pour changer) et qu'il allait continuer, mais je coupai court en tournant dans la petite ruelle qui menait à mon appartement.
― Attends, essaya-t-il encore.
― J'ai autre chose à faire ! lui lançai-je sans me retourner.
Mais il me rattrapa et me tira en arrière par le bras assez violemment pour que je me retourne sous l'élan.
― Tu ne peux pas partir comme ça, continua-t-il. Pas encore une fois !
Là, je vis rouge.
😡😡😡😡😡😡😡😡😡😡😡😡😡😡😡😡😡
Ouuuups !
Qu'est-ce qui va se passer maintenant ? Elle va le gifler ?
Ou bien... ?
Réponse dans le chapitre suivant ! 😁
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