Chapitre 44 - Elwin

Je commençai à peine à me faire à l’idée que j’étais vraiment de retour sur Terre avec mon frère que nous étions à nouveau séparé.

J’avais mal partout, surtout à l’estomac, j’avais l’impression qu’il était totalement à l’envers. La dernière chose dont j’avais besoin, c’était de me faire secouer. Et c’est exactement ce qu’avait fait ces types en noir qui nous tenait, Simon et moi. Mon dernier souvenir était que j’avais vomit sur les souliers de l’un d’entre eux. À mon réveil, j’étais attaché des mains et des pieds dans un lit d’hôpital, et je me sentais toujours aussi mou que la veille.

- Bleu aller bleu mieux ?

Je clignais longuement des yeux pour voir Bleu, pencher au-dessus de mon lit. Je regardais tout autour de moi la pièce qui était pratiquement identique à celle que j’avais visiter quand j’avais onze ans et que je m’étais cassé un bras, à la différence cette fois qu’il y avait un homme, près de la porte, à m’observer. Dès qu’il vit que j’étais réveillé, il se redressa, sans plus me quitter des yeux une seule seconde. Pendant un instant, je fus heureux de constater que ce n’était pas Finlah ni aucun de ses hommes à bord de se vaisseau, l’instant d’après, je réalisais que ce n’était pas mieux, car c’était certainement un policier. Du moins, il ne portait pas de blousse de médecins ni d’habit bleu d’infirmier. Seulement, il ne portait pas de costume de policier non plus.

- Tu te sens comment, petit délinquant ? me dit-il avec un petit sourire forcé.

- Mieux que la veille, dis-je en enfonçant à nouveau ma tête dans l’oreiller. Quand on va me faire sortir d’ici pour m’emmener en prison ?

- Demain, probablement. Dans la matinée. Tu m’excuses, je vais aller aviser les autres que t’es réveillé.

Sans plus de cérémonie, l’homme sortie de la pièce en fermant la porte derrière lui. Je fermai les yeux en soupirant ; sa me faisait une journée entière à relaxer, et on peut dire que j’en avait besoin.

- Bleu, va me chercher Simon, tu veux ? Rend-le invisible, aussi. Sauf à mes yeux.

- Bleu oui bleu !

J’ouvris un œil pour voir que Bleu avait disparût ; il ne lui faudra surement pas plus de dix secondes pour le retrouver. Si, moi, j’étais bien confortable dans mon lit, j’avais des doutes que ce soit le cas pour Simon, présentement. Il était certainement enfermer dans une cellule d’un poste de police, attendant d’être conduit dans une vrai prison.

- Bleu frère de Bleu est bleu là !

J’ouvris les yeux encore une fois, me rendant compte que j’étais passer à un poil de tomber endormie. Simon était là, tout juste à côté de Bleu même s’il lui était maintenant impossible de le voir ; il avait des menottes aux mains et au pieds, mais un grand sourire au visage.

- Ça va ? Comment tu te sens ? demanda-t-il en s’asseyant sur le coin de mon lit.

- Mieux. J’ai encore mal au ventre, mais mon cerveau est entier, c’est déjà ça de bon. Et il parait que j’ai toute une journée à relaxer, alors je serais encore mieux ce soir.

Le sourire de Simon disparût de moitié, il hocha la tête en détournant le regard vers ses pieds enchainés. Je profitais du blanc de la conversation pour demander à Bleu de le détacher.

- Je suis totalement pour que tu te reposes, mais ce serait pas mieux de partir mainte-nant ? demanda Simon en relevant la tête vers moi. On sait pas ce qui pourrait arriver, peut-être que des types de ce vaisseau te cherche, qu’il vont te trouver ici d’une minute à l’autre – ça a déjà fait la une de ce matin, qu’on nous avait retrouvé, et c’est surement dit aussi que tu te trouves présentement dans cette hôpital - ils vont te donner des « médicaments pour le mal », et puis oups, en fin de compte, c’était encore du poison !

Je baisai les yeux, réalisant qu’il avait surement raison. Simon avait toujours été le cerveau, entre nous deux ; ce n’était certai-nement pas pour rien qu’il avait un nom de geek. Il parait même que maman et papa lui avait choisi ce nom après sa naissance, quand ils avaient vu sa tête : « oh, ça, ce sera un geek ! Appelons-le Simon ! »

J’ouvris la bouche pour répondre, mais au même moment, le même homme que tout à l’heure entra à nouveau dans ma chambre, cette fois accompagné d’une infirmière. Elle apportait avec elle une seringue. Elle semblait belle, mais avait le visage trop crispé pour vraiment en être sûr ; je lui faisais surement peur.

- Elwin, dit Simon en se penchant un peu plus vers moi, ne la laisse pas te piquer. Si t’as besoin de médicaments, le psy saura t’en prescrire, mais ne fait confiance à personne d’autre, c’est clair ?

J’aurais bien voulu lui donner raison, mais l’infirmière ne semblait pas vouloir me demander mon avis. Et comme j’allais lui faire comprendre que je n’en avais pas de besoin, elle inséra l’aiguille dans l’un des tubes qui pendait au côté de mon lit.

- C’est juste pour t’aider à relaxer, dit-elle.

Puis elle sortit précipitamment de la chambre.

- Allez, endors-toi, maintenant, dit l’homme.

Il n’eut pas besoin de me le dire deux fois.

Quand je me réveillai un peu plus tard, il faisait un peu plus sombre dans la chambre, la journée était bien avancée. L’homme de tout à l’heure n’était plus là, il y en avait un autre, un remplaçant, surement, pour me surveiller, mais lui aussi dormait dans la chaise près de mon lit. Simon s’était étendu au pied de mon lit, sur le dos, fixant le plafond. Heureusement, même si je m’étais endormie, Bleu était toujours là pour le garder invisible.

- Sim ! murmurais-je.

Simon se releva d’un bon sur les coudes et me regarda avec des yeux ronds, puis laissa aller un long soupir de soulagement quand il me vit enfin réveillé. Il lança un regard vers l’homme, s’assurant qu’il dormait toujours, puis sauta en bas du lit pour s’approcher un peu plus de moi.

- Il était temps, ça doit faire des heures que tu dors ! Je commençai à croire qu’elle t’avait vraiment empoisonné à nouveau !

Je secouai la tête et lui montrait un petit sourire. J’avais peur de parler et de réveiller l’homme, mais Simon pouvait parler autant qu’il voulait puisque, étant le seul qui pouvait le voir, j’étais aussi le seul qui pouvait l’entendre.

Malgré tout, ce que cette infirmière m’avait injecté m’avait fait du bien. J’avais toujours un peu mal au ventre, mais à peine, j’avais plutôt l’impression d’avoir mangé du poulet qu’il aurait mieux valu laisser là et attendre que Simon en mange une partie pour m’assurer qu’il était sécuritaire.

Il valait mieux ne pas pousser ma chance et partir maintenant.

Sans demander ma permission, Simon me détacha une main, Bleu l’autre.

- Tu te sens assez fort pour tenir debout ? demanda Simon.

Je hochai la tête ; tenir debout, pas de problème. Mais s’il fallait qu’on court, je ne garantissait pas que je saurais me rendre loin. De toute façon, Bleu était là, et avec lui, je n’avais aucune crainte à avoir.

- On essaie de s’échapper ?

Simon se figea comme une statue, les yeux écarquillés, et je tournais lentement la tête vers l’homme qui était chargé de me surveillé. Je ne m’étais pas rendu compte qu’il s’était réveillé.

- Ton frère s’est échapper du poste de police, ce matin, dit-il. On essaie encore de com-prendre comment il a fait, mais j’ai cette impression que c’est comme ça.

Il pointa du doigt mon bras, autrefois attaché au lit. Il avait surement vu les menottes se décrocher d’elles-mêmes. L’homme se leva de sa chaise et réinstalla les menottes qui tenait ma main gauche sur le lit.

- El, rend-moi visible, dit Simon en se penchant un peu plus vers moi.

- T’es fou ? murmurais-je.

- Allez, s’te plait !

Je lançai un regard vers l’homme, qui me regardait avec un petit sourire ; il était certainement convaincu, comme tout le reste de l’humanité, que j’étais cinglé, et que je venais tout juste de le lui prouver en parlant dans le vide.

- Fait-le, Bleu, finis-je pas dire.

L’homme sourit encore une fois, mais ses yeux s’écarquillèrent quand Simon lui sauta à la gorge et le plaqua contre le mur. J’envoyais Bleu garder la porte avant que quelqu’un ne soit alerté par le bruit, et entrepris de me détacher moi-même avec ma main droite, qui était resté détaché.

- Qui êtes-vous ? demanda Simon de sa voix la plus menaçante. Vous êtes un policier ? Ou autre ?

- Que veux-tu que je sois d’autre ? s’étonna l’homme.

Il essaya de se dégager, mais Simon lui envoya un coup de genoux dans les parties et l’homme tomba à quatre pattes.

- Simon, il t’a rien fait, soupirais-je.

- Pas encore. Qui êtes-vous ? demanda-t-il en attrapant le type par les épaules et le secouant sans ménagement. Vous aviez pas l’air étonné de voir des menottes qui bouge tout seuls !

- Comment voudrais-tu que je le sois, j’ai vu une vidéo de toi tuant des policiers sans même bouger le petit doigt !

Simon figea une seconde. Je me demandais bien de quoi il parlait, car j’osais espérer que, si Bleu avait encore tué des gens, il me l’aurait dit.

- Tu as tué des policiers ? demandais-je.

- Bien sûr que non, c’est Bleu ! s’écria Simon en m’envoyant un regard noir.

Profitant des trois secondes d’inattention de Simon, l’homme lui envoya un coup de poing en pleine gueule et Simon s’affala au sol. Il se remit lentement à quatre pattes en grognant, mais l’homme s’était précipiter vers moi et, ayant toujours les mains attachées, je fus incapable de me débarra-sser de ses mains qui m’étranglaient. Bleu s’occupait de la porte, et il n’aura jamais l’idée de venir m’aider sans que je lui demande, et Simon ne s’est probablement aperçu de rien, encore trop sonné.

- Je sais ce que vous êtes, toi et ton frère, dit l’homme en chuchotant, comme s’il craignait que Simon l’entende. Vous êtes pas que des meurtriers. Vous êtes de vrais monstres.

J’étais fichu, il allait me tuer. À peine revenu sur Terre que j’allais remonter au ciel. J’étais incapable de respirer, encore moins de parler. J’étais incapable du moindre mouvement. Ce n’était plus qu’une question de secondes avant que je perde connaissance, et ensuite que je meurs.

- Lâchez-le !

Je crois que c’était la voix de Simon. J’avais fermé les yeux depuis un petit moment, mais quand je les ouvris à nouveaux, j’eu tout juste le temps de le voir se faire assommer une deuxième fois et l’homme revenir à moi comme si rien ne venait de se passer.

- Toi, t’es le plus important. Je tuerais le petit à lunette après.

J’allais pour appeler Bleu, mais j’eu à peine le temps de dire « Bl... » qu’il me cachait déjà la bouche de sa main.

- Juste avant, j’aimerais au moins que tu comprennes, si c’est pas déjà fait. Tu sais, ces type dans le vaisseau ? Y’en a beaucoup plus ici, dans ce bas monde, que dans le vaisseau. Un petit nombre s’occupe des bébés, mais un autre groupe, beaucoup plus grand, cherche à tuer les plus vieux. On va bien le dire, t’es pas très vieux, mais il faut quand même que tu meurs. T’en est rendu là.

L’homme remit ses mains autour de mon cou, serrant encore plus fort qu’avant. Et au moment où je crus que j’allais perdre connaissance, Bleu apparût de nulle part derrière lui et lui arracha littéralement la tête de ses épaules, m’éclaboussant le visage de sang. Arrivant enfin à respirer, je me tournais de côté autant que je le pouvais et toussait. J’avais la gorge et les poumons en feu.

- Merci, Bleu ! dis-je quand je fus enfin capable de faire autre chose que tousser. Il était temps que t’arrive !

- Pas de bleu quoi.

- Va surveiller la porte, maintenant...

Je lançai un regard vers Simon, espérant qu’il allait bien ; il était à quatre pattes devant le corps de ce type qui avait essayé de me tuer, un œil au beurre noir et la lèvre fendue, se massant derrière la tête en grimaçant. Il était légèrement éclaboussé de sang.

- Ça va ? lui demandais-je nerveusement.

- Ça va... j’ai rêvé, où t’as dit merci ?

- Bah, ouais, c’est de la politesse, répondis-je sans trop comprendre. Il a essayé de me tuer. Sans Bleu, je serais déjà mort.

- Sans Bleu, on serait tous les deux à l’école, à l’heure qu’il est. Non mais, t’es sérieux ? Merci pour avoir tué un type ?!

Je ne répondis rien, sans plus comprendre. Il aurait préféré que je le laisse me tuer, peut-être ? Peut-être que le Simon de ma vision, celle où il me disait que ce serait beaucoup mieux pour tout le monde que je sois mort, était plus qu’une hallucination ; c’était la vérité. Peut-être qu’il faisait semblant d’être à terre et qu’il aurait préféré que ce type vienne à bout de moi. Même qu’il semblait bien en forme pour m’égueuler.

Sans insister, Simon se releva et détacha mes menottes une nouvelle fois, sans rien dire. Je fermais les yeux, faisant de mon mieux pour ne pas pleurer.

- Bon, relève-toi et... non, El, pleure pas, dit-il quand il s’en rendit enfin compte. Regarde, je suis on ne peut plus heureux de t’avoir retrouvé, et je suis on ne peut plus heureux que ce type n’ai pas réussi à te tuer... mais, ne dit pas merci pour un meurtre! Aucune excuse n’est bonne pour laisser mourir quelqu’un, c’est clair ? Tu peux... tu peux blesser, si tu y tiens, parce même si je voudrais le contraire, venant de moi, ce serait pas crédible. Mais ne tue pas ! Toi ou Bleu, peu importe, ne tuez pas.

- Oui, marmonnais-je en essuyant une larme. Je suis désolé.

- Tu nous sors d’ici, maintenant ?

Je hochai la tête, évitant toujours son regard.

- Où tu veux aller ? Aux limites de cette planète entière.

Simon esquissa un sourire, et je me risquai à planter mes yeux dans les siens. Je remarquai du coup qu’il n’avait plus les mêmes lunettes ; c’était les vieilles de l’époque où j’avais à peine dix ans. Des lunettes bleues.

- On va commencer par retrouver les autres. Ensuite, eh bien... on fera le tour du monde, dit Simon en souriant un peu plus.

- Et les parents ?

Le sourire de Simon disparût d’un coup. Il baissa les yeux et secoua mollement la tête.

- Commençons par retrouver les autres, répéta-t-il.

J’avais un mauvais présentiment sur le sujet, mais je fis de mon mieux pour l’ignorer et j’appelai Bleu pour qu’il nous ramène au près des autres. À la seconde où il lâcha la porte, une horde de policier s’engouffrèrent dans la pièce en se jetant sur nous. Mais Bleu arriva en premier et nous disparûmes juste à temps.

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