Deuil
Le reste des événements après le décès de son partenaire et meilleur ami, jusqu'au retour chez elle ne furent qu'un brouillard pour Marinette.
Toujours étroitement serrée dans l'embrace d'Alya,
elle entendit vaguement les sirènes d'une ambulance approcher, suivi de la mélodie distinctive d'une voiture de Police. Du coin de l'œil elle observa la victime du jour être emportée sans débat dans une voiture bleu et blanche sans qu'elle ne tente de lever un petit doigts pour l'en empêcher. La brune se trouvait dans un étrange état d'indifférence, où plus rien n'importait ou ne parvenait à l'affecter, comme spectatrice à l'intérieur d'un corps qu'elle n'avait plus la force de contrôler.
En temps normal, la jeune femme aurait été outrée à la vue d'une victime d'un akuma être emmenée par la police. Après tout, la seule personne à blâmer pour cette tragédie était Papillon. Mais cette fois-ci, Marinette ne trouva pas la volonté d'esprit de protester, ses yeux épuisés et brouillés de larmes ne prirent même pas la peine de traquer le départ du véhicule au loin.
La Marinette habituelle aurait également eu honte d'elle même pour avoir éprouvé un infime sentiment de satisfaction à l'instant où le véhicule fut hors de portée d'entente. Cet homme n'était pas à blâmer pour avoir eu un moment de faiblesse dans la journée, mais pouvait-on réellement en vouloir à la jeune femme pour tenter de trouver un coupable à son malheur ?
La cruauté du pouvoir du Papillon frappa une nouvelle fois la jeune adulte de plein fouet, là où elle ne pouvait déverser sa haine contre le véritable responsable de son désespoir, elle en était réduite à haïr un innocent.
Envoyer des akumas aux quatre coins de paris à la recherche de pauvres personnes dans un moment de tristesse pour en faire ses Champion et éviter de se salir les mains, était-ce là ce qu'étaient les capacités du plus grand vilain qu'ai connu la ville ?
Un pouvoir de lâche, voilà ce qu'était la broche du papillon.
Comment l'homme le plus cher au cœur de Marinette avait-il puit lui être arraché simplement parce qu'un pauvre commerçant avait ressenti des émotions négatives ?
Tandis que Marinette continuait à remuer ses pensés et à planifier la futur démise de son plus grand ennemi qu'elle espérait pouvoir faire souffrir autant qu'elle soufrait, des ambulanciers avaient commencés à transférer le corps devenu froid d'Adrien dans un brancard après l'avoir recouvert d'une bâche noire.
A cet instant seulement, la brune émergea de son étrange état de léthargie pour se débattre avec toute la volonté qu'il lui restait contre l'emprise solide d'Alya et empêcher ces inconnus d'emporter celui qu'elle aimait là où jamais elle ne pourrait le suivre.
Suppliques et cris déchirants atteignirent ses oreilles et c'est après un instant que Marinette réalisa qu'elle en était l'émettrice. Jamais elle ne s'était cru capable d'atteindre de telles décibels, et elle était certaine qu'elle perdrait la capacité d'utiliser sa voix durant quelques jours après cela. Pas qu'elle ne ressente la moindre envie de parler à nouveau dans les prochains jours.
Les mots d'apaisement désespérés de son amie blogueuse parvinrent étonnamment à atteindre les oreilles de l'héroïne par dessus ses propres hurlements, mais cela ne suffit pas à la calmer. Elle continua de se débattre, de pleurer, de supplier et de tenter d'atteindre la figure de plus en plus lointaine d'Adrien d'une main tremblante.
C'est à ce moment, tout en étant évacuée par sa meilleure amie, que Marinette se promis de détruire quiconque se trouvait derrière le ridicule masque du Papillon.
Lorsque les deux jeunes femmes eurent atteint l'ancien appartement de Marinette, -qu'elle avait quitté il y a peu pour devenir plus autonome - ses parents se précipitèrent immédiatement vers elle, épouvantés à la vue de leur fille adorée en pleurs et couverte de sang. Évidemment ils avaient assisté à l'entière scène depuis les informations et en avait été retournés, mais la vérité exposée sous leurs yeux était encore plus frappante que les images fournies par un écran.
Les premiers mots qu'ils adressèrent à la styliste en herbe furent « Oh mon dieu ma chérie es-tu blessée, comment te sens-tu ? » et en réponse, Marinette secoua simplement la tête, les larmes continuant de dévaler ses joues. Mais cela suffit aux deux boulanger pour la retirer de la douce embrace d'Alya et l'envelopper dans leur propre puissante étreinte.
Évidemment, il n'était pas difficile de voir que la jeune femme se sentait tout sauf bien. Elle n'était peut être pas sérieusement blessée physiquement - grâce à Chat Noir - mais son cœur était encore sanglant à cause de ce même héros.
Ce qui sembla une éternité plus tard, Marinette s'était retrouvée dans la salle de bain de ses parents, escortée par Alya, qui lui demanda avec infinie douceur de se doucher, lui fournissant vêtements et serviette propre, avant de sortir à son tour de la pièce. Elle prit soin de laisser la porte entrouverte en lui garantissant de rester tout près en cas du moindre besoin.
Et c'est seulement en entendant ces mots que Marinette réalisa qu'elle était encore recouverte du sang désormais froid de l'amour de sa vie.
Tout à coup elle se trouva bien trop consciente de la substance poisseuse qu'elle pouvait sentir absolument partout sur son corps. Son visage, ses cheveux, ses mains en passant par son tee-shirt et son pantalon, elle ne pouvait voir que du rouge. Rouge, rouge, rouge.
Dans des gestes brutaux et désespérés, la brune se débarrassa de tout ses vêtements et se précipita dans la douche si rapidement qu'elle manqua de glisser au sol. Allumant l'eau sans même se soucier de la température, elle se rinça de la tête au pied, se saisissant de l'éponge trônant sur le côté de la cabine. Puis elle frotta et frotta et frotta, essayant tant bien que mal de se débarrasser de tout ce sang, de laver sa mémoire en même temps que son corps, mais il n'y avait rien à faire. Quoi qu'elle fasse, quoi qu'elle espère, elle continuait à ne voir que du rouge.
Marinette
Deux mains se posèrent alors fermement sur ces épaules tandis que le visage inquiet d'Alya se matérialisa devant ses yeux.
« Marinette stop ! » s'écria t-elle, tout en saisissant l'éponge d'un mouvement ferme mais doux pour jeter l'objet au loin.
La brune baissa à nouveau les yeux sur ses bras, remarquant les rougeurs et griffures qu'elle venait elle même de s'infliger. Il n'y avait plus de sang, plus de couleur écarlate recouvrant sa peau, mis à part ces nouvelles rougeurs, et malgré la douleur certifiant ce fait, Marinette continuait de se sentir poisseuse.
À nouveau la Franco-chinoise s'effondra en sanglot dans les bras impuissants de son amie.
***
Au cœur de la merveilleuse ville de Paris, à quelques mètres à peine de la fameuse cathédrale de Notre Dame, trônait la boulangerie la plus prisée de tout le secteur. Un arôme de pain chaud et de vanille flottait continuellement dans les rues à des kilomètres à la ronde, et comme si la réputation déjà flamboyante de l'endroit ne suffisait pas à la rendre si prisée, c'etait l'odeur alléchante qui finissait d'appâter touristes comme habitants à des lieux.
Il n'arrivait pas un jour durant lequel la charmante pâtisserie ne se trouvait pas littéralement assaillie par des citoyens à la recherche des douceurs tant reconnues. Et le goût divin des produits y étant vendus n'avaient d'égal que l'amabilité des propriétaires.
La famille Dupain-Cheng rayonnait de passion et de bienveillance, chose flagrante pour tout clients réguliers ou non. En entrant dans la petite boutique, il était facile de se laisser aller à l'atmosphère chaleureuse et de se surprendre à discuter tout à coup avec les pâtissiers des dernières nouvelles comme l'auraient fait de bons et vieux amis. Il n'était jamais difficile de tenir une conversation avec Sabine et Tom. Et même la maladresse dont pouvait parfois faire preuve leur fille unique, aidant dans la boulangerie à temps partiel, ne suffisait à désappointer les clients, bien au contraire.
Dans le magasin raisonnait quasi perpétuellement un joyeux bourdonnement de vie.
Pourtant, aujourd'hui, et pour la première fois depuis aussi longtemps que les citoyens habitués puissent s'en rappeler, la boutique était restée fermée en semaine. Stores et volets clos, aucune odeur ne venait chatouiller les narines des rares passants, et le silence pesant régnant entre les murs jusque l'extérieur pourrait faire se dresser les poils sur la nuque d'un imberbe.
Cet endroit mort et froid n'avait rien à voir avec le lieu tant réputé et grouillant de vie auquel les parisiens étaient accoutumés.
Dans la pénombre de la chambre supérieure de l'appartement, au milieu d'une atmosphère terriblement glaciale, une silhouette immobile restait enfouie sous sa lourde couette rose. Seuls les mouvements imperceptibles de sa poitrine se soulevant et s'abaissant au rythme de sa respiration, et les fréquents soubresaut secouant son corps, permettaient de trahir la présence d'un être vivant.
Marinette Dupain-Cheng, aussi désormais publiquement connu sous le pseudonyme Ladybug, refréna du mieux que possible le nouveau sanglot menaçant de passer la barrière de ses lèvres. Elle avait passé les dernières heures, ou peut être les derniers jours - elle n'aurait honnêtement su le dire - à pleurer sans interruption, repassant encore et encore les récents événements dans le film de sa mémoire, se posant sans arrêt la même question.
Comment son monde entier avait-il pu basculer aussi rapidement et subitement ?
Il avait suffit d'un seul d'akuma, d'un seul et cours moment d'inattention, pour que son univers se brise autour de la franco-chinoise, sans que son miraculeux pouvoir ne puisse faire quoi que ce soit pour y remédier.
Et désormais son partenaire était parti, celui en qui elle avait une confiance absolue, celui qu'elle chérissait plus que la vie elle-même, l'avait quitté à tout jamais.
Lorsqu'un énième flash a en glacer le sang apparu devant ses paupières fermées, la styliste en herbe ouvrit les yeux en un sursaut, laissant échapper du même coup un profond halètement de terreur.
Son esprit encore bien trop chamboulé pour prêter réellement attention à son entourage, Marinette senti vaguement son fidèle Kwami et amie, Tikki, se lover affectueusement contre sa joue et lui murmurer des mots de réconforts. Les mots de la déité parvenait aux oreilles de sa porteuse en un bourdonnement incompréhensible, et même la voix familière de la petite coccinelle ne réussit pour une fois pas à apaiser la peine de l'adolescente.
Des nombreuses paroles inquiètent relâchées par Tikki, la brune ne réussit à déchiffrer que quelques mots.
Rien mangé, dangereux, trois jours...
Une vague de choc et de détresse d'autant plus puissante vint s'écraser sur la vulnérable jeune femme qui referma les yeux de tristesse.
Trois jours.
Cela faisait déjà trois longues et douloureuses journées que Adrien Agreste, mannequin de renom internationale, précieux amis, héros de paris et accessoirement, amour de sa vie, était décédé des suites de ses blessures.
La pauvre héroïne avait l'impression d'avoir perdu le jeune homme il y avait quelques heures à peines, tant la douleur était restée vive. Elle entendait encore parfaitement la voix de son coéquipier bien-aimé raisonner au creux de ses oreilles percées, lui ronronnant suavement flatteries et jeux de mots. Et, aussi étrange que cela puisse paraître, l'étudiante avait encore du mal à réaliser que plus jamais, elle ne l'entendrait...
« Marinette. »
La concernée ne prit pas la peine de réagir à l'appel, ses parents s'étaient résolus à ne plus tenter de l'approcher pour le moment, et quiconque venait d'entrer sa chambre finirait bien par partir après un certain temps à être ignoré.
Mais ce ne fut pas le cas, et Marinette cru s'étouffer avec sa propre salive en entendant les prochains mots de la personne.
« Marinette, princesse, regarde moi. »
Tout à coup, toute trace de fatigue quitta le corps de la brune et elle ouvrit ses grandes prunelles en un temps record. Des larmes se formèrent instantanément dans les yeux de la jeune femme à la vue s'offrant à elle.
Elle ne pouvait pas y croire, elle refusait de se faire avoir par le piège s'exposant à elle, cela ne pouvait pas être vrai.
Et pourtant, pourtant... il était là.
C'était bien lui, se dressant de toute sa grace féline à quelques mètres à peine de son lit.
Une grande figure, couverte de cuir noir de la tête au pieds, une touffe indomptable de cheveux blonds encadrant un visage harmonieux, un immense regard vert pénétrant, et ce sourire si doux, aimant et chaleureux.
Oh... comme ce sourire lui avait manqué.
Marinette n'eut même pas le temps de réaliser avoir bouger, qu'elle se trouvait déjà en face de la silhouette et l'enveloppait dans l'embrasse la plus forte qu'elle n'ai jamais offerte. Elle fondit en sanglots incontrôlables aussitôt qu'une paire de bras puissant l'encerclèrent à leurs tours.
Cette étreinte douce, chaleureuse et réconfortante, l'héroïne avait cru ne jamais pouvoir la ressentir à nouveau, et jamais plus, elle ne souhaitait la quitter.
Marinette voulait sincèrement pouvoir exprimer tout son soulagement, à quel point il lui avait manqué, qu'elle s'était sentie dépérir sans sa présence rassurante à ses côtés, et le prier de ne jamais plus la quitter.
Mais sa gorge était tellement serrée par l'émotion qu'elle ressentait, que la brune ne pût réunir la force de parler.
Alors elle se contenta de serrer davantage le nouveau venu dans ses bras, enfouissant son visage recouvert de larmes dans son torse musclé, tout en se laissant berser par ses murmures rassurants. Tout va bien se passer, je suis là, tout ira bien...
Après un moment à rester ainsi, immobile dans le confort de ces bras puissants, Marinette rassembla assez de force pour s'écarter légèrement, juste assez pour pouvoir lever les yeux et inspecter ce visage qu'elle avait cru ne jamais revoir.
Le visage de Chat Noir s'offrait à elle.
Il était là, en chair et en os, respirant, vivant.
Et son corps - Marinette avait pris soins de s'en assurer avant de le serrer contre elle - n'était pas criblé de trous abondamment sanguinolents.
Chat Noir la tenait fermement dans ses bras, il était ici dans sa chambre, et il lui rendait un regard empli d'une affection égale, yeux débordants de tendresse et d'émerveillement. Ses magnifiques pupilles vertes n'étaient pas voilés par une infinie douleur, et son sourire d'adoration ne dévoilait que des dents d'un blanc immaculé, non pas teinté de rouge écarlate.
Marinette ne pouvait croire sa chance. Il est vrai, elle détenait le Miraculous de la coccinelle, animal représentant chance et renouveau, et on l'appelait par moment Lady Luck. Mais elle ne pouvait comprendre par quel miracle Chat noir, qu'elle avait vu mourir il y a peu, avait pu lui être retourné. Et elle ne voulait pas comprendre !
Appelez la déraisonnable, naïve, stupide.
Marinette Dupain Cheng se contenterait de cette embrace si c'était la dernière chose qui lui était donné de faire.
« Oh Chaton, tu m'as tellement manqué. » souffla t-elle avec tendresse et soulagement. « Je pensais ne jamais te revoir. »
Chat Noir ne répondit pas immédiatement, et hélas, à l'entende de ces mots, ses yeux brillants se métamorphosèrent tout à coup en une expression de tristesse absolue. Ses sourcils s'abaissèrent et son large sourire laissa place à la résignation.
Marinette ne comprenait pas, pourquoi une telle réaction de désespoir ? N'était-il pas heureux de la retrouver lui aussi ?
« Princesse, tu dois... » commença t-il, et Marinette savait qu'elle n'aimerait pas la suite de cette phrase à l'instant où elle entendit son ton accablé.
Dans un énième espoir de déni envers la situation, Marinette pressa un doigt contre ses lèvres tout en secouant la tête vigoureusement. Elle était déterminée à ne pas le laisser finir.
Si possible, l'expression de son partenaire héroïque se brisa encore d'avantage.
Et ne supportant pas la vision d'un tel spectacle par son entière faute, la brune se décida à formuler la crainte qui l'avait consumer tout au long de ce moment béni, et qu'elle avait obstinément refusé d'écouter.
« Tu... tu n'es pas réel n'est-ce pas ? » Chacun des mots sortis lui coûtait plus que le plus rude des coups reçu en tant que Ladybug. « Tu n'es pas v-vraiment ici... tout ceci, ce n'est qu'un rêve.»
Chat Noir ferma ses yeux dans une expression de souffrance inimaginable, et cela suffit pour répondre à la question de Marinette avant même qu'il ne s'exprime réellement.
« Tu as raison Ma Lady, je ne suis pas vraiment là...» Il s'arrêta un instant, comme si lui révéler la vérité lui infligeait une douleur physique. « Ce n'est qu'une image crée par ton cerveau pour t'aider à gérer la perte.... ».
Le blond fut coupé une nouvelle fois par la plainte de la jeune femme, dont les larmes avaient recommencés à couler le long de ses joues pâles. Honnêtement, elle même ignorait comment il pouvait lui rester la moindre larme à verser après avoir pleurer sans interruption ces quelques jours suivant la mort du héros.
« Alors c'est ça ? Je suis devenue folle pour de bon ? »
« Bien sûr que non, tu es confuse et triste, c'est une réaction normale. Mais tu as besoin de te reprendre, tu ne peux pas continuer ainsi. Rester enfermée dans ta chambre, refuser de manger, ce n'est pas bon pour ta santé. »
Marinette renifla de dédain.
« Ma santé ? Quelle importance, il n'y a plus rien en moi qui mérite de l'attention... »
Une main ganté caressa doucement la joue couverte de tâches de rousseur de la jeune femme, et Marinette releva les yeux pour les plonger dans ceux chagrinés de Chat Noir.
« Tu te trompes. La douleur est encore récente, alors aujourd'hui tu as l'impression que plus rien ne vaut la peine d'être vécu. Mais un jour, la peine s'atténuera et tu recommencera à voir les choses comme autrefois... »
« Quand ça ! » Marinette s'écria. « Comment une douleur aussi terrible pourra t-elle un jour fader ? »
« Je sais que ça doit paraître lointain, voir impossible. Et c'est vrai, ça prendra du temps, peut être même très longtemps, mais ça viendra. »
La voix douce et prudente de Chat Noir ne fit que l'impatienter davantage.
« Et qu'est ce que tu en sais ! » s'agaça t-elle. « Tu n'existes même pas réellement, tu n'es qu'une partie de mon inconscient ! Comment peux-tu ne serait-ce qu'imaginer un dixième de ce que je ressens ? »
Et pourtant, alors qu'elle repensait à l'attitude de Chat Noir envers elle jusqu'ici, ses gestes doux et attentionnés, ses paroles encourageantes et sincère, sa voix inquiète et profonde, son sourire éperdu et son regard peiné mais incroyablement aimant, elle ne pouvait voir en cette création de son cerveau qu'une représentation parfaite de son idiot de partenaire, nonchalant et attentionné.
Et cela faisait tellement mal ! Il semblait si tragiquement réel et tout agacement à son égard s'évapora comme neige au soleil...
« Mais pourtant... » exprima t-elle à voix haute. « Tu lui ressembles tant. » Sa précédente perte de patience se changea à nouveau en accablement. « Bon sang... je t'aime tellement... Pourquoi es-tu parti ? Pourquoi a t-il fallut que tu me quittes ? »
Les bras du héros de la destruction se fermèrent une nouvelle fois autour de sa silhouette tremblante.
« Je n'ai pas eu d'autre choix. Je t'aime aussi Ma Lady, et être séparé de toi est plus dur que la mort elle même, mais il n'y avait pas d'autre moyen. »
Marinette fut tenter de s'offusquer à nouveau, de s'écrier qu'il devait y avoir une autre solution, que se jeter au devant du danger pour la protéger n'était pas le seul moyen, mais cela n'avait aucun intérêt, aucun sens, il était trop tard maintenant. Et elle n'avait plus la force de protester.
« Tu me manques tellement, pitié reviens. Je ne peux rien faire sans toi. »
« Ne dis pas de bêtises, tout le monde sait que c'est un mensonge. Tu crois ne pas pouvoir t'en sortir sans un partenaire, mais c'est faux. Tu as toujours été capable de t'en sortir seule, tu es Ladybug, tu es Marinette ! Tu n'as besoin de personne pour être la personne la plus incroyable que Paris ai connu. Tu surmonteras cette épreuve comme tu as surmonté toutes les autres auparavant. »
« Je t'avais à mes côtés dans ces moments difficiles... et même si je devait un jour me révéler capable de m'en sortir seule, cela ne voudra pas dire que j'en aurait envie.»
Relâchant un soupire face a l'obstination de sa partenaire, Chat Noir appela en quelques mots sa dé-transformation. Et en un flash aveuglant de vert, le héros tout en noir céda sa place à Adrien Agreste dans toute sa pure innocence.
Il fut un temps où Marinette aurait tourné écarlate face à lui et aurait perdu tout ses moyens, mais la brune cligna à peine des yeux face aux changement. Elle avait passé tant de temps à s'habituer au fait que les deux hommes n'étaient en fait qu'un, que le seul résultat de ce retour à son apparence civile fut davantage de peine.
Elle avait bien perdu les deux hommes les plus importants de sa vie en un coup déloyal.
« Écoute Marinette, j'ai perdu ma mère avant toi, je sais ce qu'on expérience à la perte d'un proche, on a l'impression de sombrer dans un abîme de souffrance si profond, que l'on se pense alors incapable de remonter. Mais souviens toi ce que je t'ai dis tout à l'heure, tu en ressortira forcément. Tes proches seront tous là pour t'aider pendant les moments difficiles, et ils seront ceux qui te tendront la main pour remonter ce faussé. Mais dans le long terme, tu devras toi aussi faire des efforts pour y parvenir. Même si cela te semble probablement horrible à premier abord, le monde autour de toi continue de bouger, et tu dois continuer d'avancer avec lui. »
Adrien posa un instant son discours, comme pour lui laisser le temps de bien enregistrer ses mots.
« Continue de vivre une vie heureuse Princesse, continue d'être la Marinette enjouée et forte que mon cœur connaît. Ne te retiens pas simplement pour ma mémoire, et saches que quoi qu'il arrive, je serais à jamais de ton côté et que je continuerai toujours, toujours, de t'aimer. »
Ces mots, bien que sage, sonnèrent un peu trop comme des adieux pour les oreilles de Marinette.
Mais avant qu'elle ne puisse protester et dans un geste d'une infinie tendresse, Adrien ferma la légère distance les séparant pour seller leurs lèvres dans un doux baiser. Marinette répondit avec toute la ferveur qu'elle possédait, mais ce baiser ne fut aucunement proche d'un feu d'artifice comme ceux décrit dans les fictions. Il était chargé de douleur, de remords et par dessus tout d'un amour insatiable qui jamais plus ne pourrait être partagé.
Lorsque la pression des lèvres d'Adrien contre les siennes commença a s'atténuer, bien trop tôt au goût de la styliste, la panique s'emparât d'elle. Et elle approfondit le baiser, comme pour le forcer à rester attaché à elle.
Mais cela ne suffit pas, le blond s'écarta avec réluctance mais fermeté.
La brune tenta de l'atteindre à nouveau, simplement pour avoir sa vision se brouiller de noir sans qu'elle ne s'y attende, et elle ne put que regarder l'homme qu'elle aimait, impuissante, se faire de moins en moins précis.
« NON ! » cria t-elle. « Non je t'en prie Adrien, ne me quitte pas, pas encore ! »
Mais il n'y avait rien à faire, sa vison continua à fader, jusqu'à ce qu'elle ne puisse voire que l'obscurité.
Marinette se réveilla alors en sursaut, pantelante. Ses cheveux étaient collés à son frond ainsi que ses vêtements, attachés à sa peau. Sa respiration était erratique et la brune du prendre un instant pour la calmer avant de pouvoir comprendre où elle se trouvait.
Elle était à l'endroit exact de son rêve, à l'exception que la chambre était plongé dans le noir, et qu'Adrien n'était nul part en vue.
***
« Marinette ! »
Avec hésitation et inconfort, la jeune femme en question retira la couette du haut de sa tête pour révéler un visage aux joues rouges et irritées et aux yeux gonflés par les larmes.
Alya se tenait devant la porte de son ancienne chambre qu'elle avait été forcée de réintégrer, ses parents ayant refusés de la laisser livrée à elle même par ces temps difficiles.
La rousse était entièrement vêtue d'une sobre robe courte et de talons, tous ceci dans une teinte uniformément noire. Ce qui ne ressemblait pas à sa meilleure amie aux goûts extravagants.
« Tu es prête ? » demanda t-elle immédiatement.
« Prête ? Prête pour quoi ? Alya, qu'est ce que tu fais ici ? » demanda Marinette d'une voix enrouée après tant de temps sans ouvrir la bouche.
La métisse lui jeta un regard débordant de compassion et de peine.
« Marinette... » commença t-elle doucement. « Nous y sommes, c'est le moment. »
Le moment ? De quoi était-elle entrain de parler, la brune n'avait pas le temps pour les devinettes, elle n'avait qu'une seule envie, demander à Alya de s'en aller pour replonger dans un sommeil mouvementé et inondé de souvenirs douloureux.
Ayant probablement lu le visage confus de son amie, la blogueuse clarifia.
« L'enterrement d'Adrien, c'est aujourd'hui. »
L'enterrement.
Quel terrible mot, qui rappela à Marinette la véracité de la situation. Adrien était mort, et bientôt, il serait enterré six pieds sous terre, là où jamais plus elle ne pourrait lui parler, jamais plus elle ne pourrait entendre sa voix !
Ses yeux commencèrent de nouveau à se remplir de larmes. Elle ne voulait pas y aller, s'y rendre reviendrait à affronter la vérité et à l'accepter. Accepter de ne jamais plus côtoyer Adrien ou Chat Noir.
Elle secoua la tête et ferma les yeux
Elle entendit des bruits de pas avancer doucement dans sa direction, puis le bord de son matelas s'affaisser au contact d'un poids. En ouvrant les paupières à nouveau, elle vit Alya assise au rebord de son lit, lui offrir un sourire triste.
« Oh Marinette, je sais que c'est dur, mais tu dois lui dire au revoir. »
Encore une fois, la brune secoua la tête. Jamais elle ne pourrait faire ses adieux à celui qui avait représenté tant pour elle.
« S'il te plaît Marinette, pour Adrien. Il voudrait que tu viennes l'honorer une dernière fois.»
Pour Adrien...
Vu sous cet angle les choses étaient différentes, pour rien au monde la brune ne voulait faire ses adieux, mais il y a bien longtemps, elle avait fait une promesse.
Cet accord n'avait pas été scellé dans le cadre le plus romantique qui soit - en effet les égouts de Paris avaient toujours sembler être la source de leur jolis discours - mais il était des plus important.
Chat Noir et Ladybug étaient partenaires, ensemble face à toute les épreuves, jusqu'au bout du monde, jusque la fin.
Et elle se tiendrait à ses côtés une dernière fois.
***
La jeune asiatique n'avait pas mis un pied dehors depuis la mort de son partenaire, c'est pourquoi en ce doux moi de juin, elle fut surprise de rencontrer un ciel couvert de nuages qui déferlaient une pluie bâtante sur les rues de Paris
La pluie était considérée comme un temps convenable pour un enterrement, reflétant la peine ressentie par les proches, comme si le ciel lui même pleurait le départ du défunt.
Marinette quant à elle, trouvait cela terriblement ironique. Elle avait toujours aimé les jours de pluie, contrairement à la plupart des personnes, ce genre de climat ne la plongeait pas dans un état de mélancolie, mais plutôt dans une douce nostalgie. Le cliquetis des goûtes d'eau frappant sur la petite fenêtre de son balcon et la fraîcheur humide apportée par la pluie la remplissait d'un sentiment d'euphorie.
Car cela la renvoyait à un temps lointain, le jour où elle avait appris à connaître Adrien en temps que jeune garçon timide, naïf et pourtant empli de bonnes intentions juste avant qu'elle ne tombe sous son charme au milieu d'une pluie battante. Elle se souvenait encore de la foudre ayant frappé, aussi bien dans son cœur qu'en réalité, derrière la silhouette d'Adrien, illuminant son doux sourire avant qu'il ne lui tende son parapluie.
Parapluie qu'elle possédait toujours et utilisait en ce moment même pour se couvrir alors qu'elle se tenait à quelques mètres du cercueil prêt à être descendu sous terre.
Aujourd'hui elle avait l'impression que le temps se moquait d'elle et de sa peine, le ciel avait décider de lui rappeler combien le jeune homme qu'elle avait rencontré ce jour là était merveilleux, et qu'il s'apprêtait à lui être arraché à tout jamais, enterré six pieds sous terre. La brune avait bien compris qu'elle ne verrait jamais plus Adrien, excepté peut être dans ses rares fantaisies imaginaires, mais le fait de le réaliser et de se tenir à quelques mètres à peine du corps désormais froid de l'amour de sa vie, sur la point de disparaître sous terre étaient deux choses différentes.
Marinette se sentait vide, dénuée de toute émotion, car elle savait que si elle se permettait à nouveau de ressentir quelque chose, elle fonderait en larmes sur le champ et ne se relèverai pas. Or elle en avait assez de pleurer, ses joues étaient encore sensibles après les nombreuses goutes salés les ayant dévalés, et avant tout, elle ne voulait pas causer une scène lors de l'enterrement d'Adrien.
Elle avait à peine prêté attention aux dernières heures qui s'étaient écoulés, elle s'était habillé, avait assisté à la cérémonie sans pour autant entendre un seul mot du prêtre avant de finalement se retrouver ici au côté d'Alya, dans un cimetière, un endroit qu'elle aurait aimé n'avoir à rencontrer que dans de très nombreuses années.
Elle possédait toutefois assez de conscience sur son entourage pour réaliser plusieurs détails fondamentaux. Premièrement l'enterrement était réalisé en petit comité, parmi les rares invités, seul le peu de famille restant à Adrien, sa tante et son cousin Félix, son garde du corps et bien évidemment ses amis les plus proches, étaient présents.
Marinette était reconnaissante que l'événement soit resté privé, elle avait bien remarqué la foule s'étant amassé aux alentours du cimetière, retenue par de nombreux gardes armés. Les parisiens étaient probablement venu rendre un dernier hommage à leur héros pour la plupart, tandis que d'autres moins honorables souhaitent seulement obtenir quelques mots de la jeune femme désormais publiquement connue comme étant Ladybug.
Mais ce qui déchirait le plus le cœur de Ladybug était l'absence suffocante de Nathalie Sancœur et Gabriel Agreste. Un père qu'Adrien avait passé la majorité de sa vie a tenté de rendre fière dans le but d'obtenir son amour, et qui aujourd'hui n'était même pas présent à l'enterrement de sa propre chair.
Bien sûr il était celui qui avait tout organisé, qui avait fait en sorte que cela reste un enterrement calme respectueux et privé, mais cela n'avait aucune valeur s'il ne prenait pas la peine de venir en personne. Marinette comprenait la douleur que devait certainement ressentir le styliste, elle ressentait quelque chose de similaire, pourtant elle avait fait l'effort de venir, pour honorer le départ de celui qu'elle aimait.
Même Nino qui, elle le savait grâce aux dires d'Alya, faisait toujours face à une forte phase de dépression se tenait non loin d'elle. Toutefois Marinette n'avait pas osé lui adresser la parole, ni même diriger son regard dans sa direction. Elle ne pouvait faire face a la déception et la peine dans son regard. Cela ne l'empêchait hélas pas d'entendre ses sanglots étouffés déchirants.
Les derniers êtres présents relativement remarquables dans le petit rassemblement, se tenaient tout deux sur les épaules de Marinette. Plagg et Tikki avaient insisté pour l'accompagner et assister à la cérémonie.
Après la mort de Chat Noir, la brune avait mis un temps fou avant de se décider à enfiler à nouveau la bague de la destruction que lui avait apporté sa fidèle meilleure amie, et qui lui rappelait tant son cher compagnon, et quand elle l'avait enfin glisser sur son doigts, un Plagg métamorphosé était réapparu.
Lui d'ordinaire si éloquent et sarcastique n'avait pas pipé mot depuis la mort de son porteur. Il était resté encore plus silencieux que Marinette, car contrairement à elle, personne ne l'obligeait à s'exprimer.
Dès son retour il s'était posté au bord de la fenêtre, et passait ses journées à observer l'extérieur, ignorant toute tentative de confort et de communication lancé par sa moitié Tikki. Même les camemberts que Marinette avait toujours la sagesse d'esprit de mettre à sa disposition avait tendance à rester intact. Excepté lorsque le kwami ne pouvait plus ignorer la douleur causée par la faim.
C'est seulement alors Marinette s'apprêtait à partir qu'il lui demanda l'autorisation de l'accompagner. Par solidarité pour sa porteuse ainsi que sa moitié, Tikki avait également insisté pour venir.
Perchés sur ses épaules les Kwamis ne prenaient même plus la peine de se cacher, après tout, l'identité de Ladybug avait été découverte, à quoi bon tenter de faire profil bas ?
La cérémonie dura de longues et douloureuses heures durant lesquelles l'héroïne du refouler plus d'une fois son envie grandissante de s'effondrer. Seule la présence calmante de ses parents, de sa meilleure amie et des Kwamis lui permirent de rester ancrer dans la réalité. Le moment le plus difficile fut celui des discours.
Nino la gorge noué et son speech entrecoupé par des soubresauts incontrôlables, évoqua son amitié fusionnelle avec Adrien qu'il qualifia de relation fraternelle, il avait été le « bro » avec lequel il partageait ses meilleurs souvenirs. Il exprima combien, tout comme ce fut le cas pour Marinette, l'arrivée d'Adrien dans sa classe avait changé sa vie des années auparavant. Se remémora la promesse qu'il s'était faite de sortir ce pauvre garçon innocent de sa coquille, sa colère envers son père qui le gardait isolé du monde, et combien il aurait rêvé pouvoir continuer de grandir à ses côtés et continuer de lui faire découvrir de nouvelles choses. Il termina sur sa fierté d'avoir eu un véritable héros comme Adrien en tant que meilleur ami, et le remercia d'avoir sauvé paris d'innombrables fois.
Puis les éloges s'enchaînèrent, Alya partagea un discours tout aussi bouleversant a l'assemblée, évidemment il n'y eu pas un mot partagé par Gabriel Agreste ou son assistante, puis après ce qui parait comme une éternité, le tour se termina sur Marinette.
Mais contre toute attente la jeune femme décida de faire cours, non seulement elle ne se sentait pas suffisamment stable pour entamer un long discours sans fondre en larme au beaux milieu de ses paroles, elle savait également que la ville tiendrait bientôt un mémorial en l'honneur de Chat noir et d'Adrien. Et elle souhaitait y réciter un discours en l'honneur de son partenaire digne de ce nom. Un discours long et puissant qui resterait dans les esprits de tous afin que la capitale entière se souvienne pendants des générations de la bravoure de celui qui avait donné sa vie pour les protéger.
Quand le cercueil fermé d'Adrien fut finalement descendu sous terre, Marinette ne pu retenir des larmes silencieuses de dévaler ses joues d'albâtre.
L'amour de sa l'avait officiellement quitté.
***
Hey I'm back !
Après de longs mois sans écrire un seul mot, j'ai reçu un commentaire particulièrement sympathique qui m'a encouragé à continuer cette histoire. Je m'ennuyais alors j'ai eu le temps de finir un chapitre entier !
Je viens de sortir d'un cas de « writer block » alors je ne trouve pas ce chapitre parfait, mais j'en suis satisfaite et il fera l'affaire, car je ne veux pas faire attendre plus longtemps.
Cela doit vous paraître bizarre que Marinette n'ai pas encore fait de discours pour Adrien mais j'ai pensé qu'on avait eu assez de ses échanges à l'eau de rose avec lui pour ce chapitre. On verra son véritable speech dans le prochain chapitre qui devrai clore l'histoire.
Je précise également que je n'ai heureusement jusqu'ici jamais eu à assister à un enterrement, alors je n'ai pas la moindre idée du déroulement. C'était de la pure impro à partir de recherches Wikipedia...
Et pas de panique nous auront bientôt des nouvelles de notre cher Gabriel, alors restez connectés ;)
N'hésitez pas à voter et laisser des commentaires si le chapitre vous a plu, cela me ferait énormément plaisir, et à très bientôt <3
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