Au revoir

Ladybug pressa ses lèvres sur celles de Chat Noir, en espérant pouvoir par ce simple geste lui transmettre tout son amour. Elle voulait qu'il sente qu'il n'était pas seul, qu'elle serait à ses côtés pour toujours.
Qu'il comprenne qu'elle l'aimait aussi, et qu'elle était désolée de ne pas l'avoir compris plus tôt.

Inconsciemment, bien qu'elle refuse de l'admettre, elle savait qu'elle n'aurait plus jamais l'occasion de lui parler, d'entendre sa voix taquine lançant d'affreux jeux de mots dans l'air sans la moindre honte, comme s'il s'agissait d'une vocation.
Et même si cette dure vérité la terrifiait plus qu'elle ne l'avait jamais été, elle se devait d'agir en partenaire et de lui montrer sa présence à ses côtés lors de ce dernier voyage.

Où qu'il aille, elle l'accompagnerait, elle refusait de lui laisser ressentir la peur, ou le moindre sentiment de solitude. Après cela elle pourrait se laisser aller à la tristesse jusqu'a n'en plus pouvoir.

Le baiser échangé fut aussi tendre que bref.

Alors qu'une autre part d'elle même continuait de supplier intérieurement son partenaire de ne pas s'en aller, malgré ses belles résolutions de le soutenir, la super héroïne cessa de sentir la chaude respiration de Chat Noir sur leurs bouches liées.

Elle se décrocha de lui dans un sursaut, comme si le contact venait de la brûler, puis ouvrir ses paupières fermées jusqu'alors.

Sur ses genoux, le héros était aussi immobile qu'une souche. Seuls ses cheveux d'or étaient encore agités par le souffle du vent tandis que les commissures de ses lèvres étaient levés en un doux sourire.

Ce n'était pas normal.

Chat Noir ne savait pas rester immobile une seule seconde. Il ne pouvait s'empêcher de faire le mariole, notamment devant les victimes du papillon.
Alors pourquoi ne bougeait t-il pas ?

La jeune femme posa une main sur son épaule en le secouant doucement, espérant le sortir de son sommeil, sans réaliser que celui ci serait éternel.

« Chat ? » Appela t-elle, sentant l'anéantissement la gagner petit à petit.

Aucune réponse ne fut accordée à son appel désespéré. Et à ce constat, elle eut la nette impression d'entendre son cœur se briser dans sa poitrine.

C'est à cet instant qu'elle comprit.

La réalité, l'inconcevable réalité, venait de la frapper avec encore plus de violence que n'importe quel coup de point qu'elle aurait reçu lors de sa longue et périlleuse carrière d'héroïne.

Et à dire vrai, elle aurait mille fois préféré recevoir un coup de poignard, que de ressentir cette déchirure dans son cœur face à sa prise de conscience.
La souffrance aurait été bien moindre

Elle ne parvenait même pas à assembler les fait dans son esprit.

Son fantastique, adorable coéquipier ne pouvait pas être mort.

Et pourtant, la parfaite immobilité de sa poitrine, lui indiquait le contraire.

Chat noir avait quitté ce monde et il l'avait quitté elle.

La coccinelle passa à toute vitesse ses bras derrière le cou du héros, plongeant ses mains dans sa douce chevelure pour le serrer de toute ses forces contre elle.
Nul doute que si le matou avait encore été en vie, il se serait débattu pour pouvoir prendre une goulée d'air. C'était un fait d'autant plus bouleversant pour l'héroïne, qui savait qu'il n'en prendrait plus jamais de nouvelle.

Une tristesse sans pareille lui enserra le cœur telle les griffes acérées d'un rapace, et le seul moyen qu'elle trouva pour tenter de l'apaiser fut de hurler à s'en briser les cordes vocales :

« CHAT NOIR ! »

L'exclamation lugubre résonna dans toute la ville de Paris, atteignant les oreilles de chaque habitants, et ne laissa que peu de doutes sur ce qui venait de se produire.
La capitale qui avait été si animée quelques heures plus tôt, était désormais plongée dans un silence horrifié.
Plus personne n'osait parler de peur de troubler le repos de celui qui avait donné sa vie en les protégeant.

Et de toute façon, personne n'avait quoi que ce soit a dire.

Dans l'air, seuls perduraient les sanglots déchirants de l'héroïne au costume rouge à pois noirs.

Les larmes dévalant ses joues comme deux rivières intarissables, trempaient la chevelure soyeuse du héros dont elle pressait fermement la tête contre sa joue alors qu'elle se laissait aller en hurlant sa douleur au ciel, le corps secoué de convulsions.

Tout à coup, comme pour venir ajouter du piment à la situation déjà désespérée, les bips irritants de la bague du héros se firent plus soutenus, de façon de plus en plus rapide et insistants, hors Ladybug était trop secoué pour seulement y prêter attention.

Et dans un éclair d'un vert électrique, le moment fatidique arriva et la transformation du jeune homme se fana.
Aussitôt fait, de faibles geignements parvinrent aux oreilles de Ladybug.

Il n'était pas difficile d'en identifier la cause :

Les pleurs de Plagg, la divinité destructrice, qui était allée se blottir sans attendre contre la joue de son porteur sans même prêter attention à son entourage, ses grands yeux émeraudes luisants d'humidité.

Puis le tour de l'héroïne vint également.
Un flash rose plus tard, la courageuse et forte Ladybug, laissa sa place à la maladroite et généreuse Marinette.

Tout ceci sous les yeux ébahis des quelques journalistes présents, qui dans leur soif d'audience et malgré la situation, n'avaient pas cessé de filmer la scène pour la retranscrire en direct à la télévision.

Affligée de chagrin, la jeune adulte réalisa à peine ce qui venait de se passer, et n'avait pas eu la présence d'esprit de se cacher.
De toute façon à l'heure actuelle, préserver son identité était devenu le cadet de ses soucis.
Plus rien n'avait d'importance.

Seulement, quand elle sentit le cuir du costume de son cher acolyte être remplacé par de l'étoffe, une toute nouvelle émotion la poussa à augmenter son étreinte :

Cette bonne vieille culpabilité, lui répétant en boucle une seule et même consigne :

Ne pas regarder.

Elle ne pouvait pas voir le visage de celui avec qui elle avait combattu tant d'années et avait refusé d'aimer pendant si longtemps.

Marinette refusait de savoir quel jeune homme extraordinaire elle avait arraché à sa famille, et venait de trouver la mort, sur ses genoux, loin de ses proches.

Pour la sauver, elle.

(Bien qu'ironiquement, Chat Noir n'aurait rêvé meilleur endroit pour pousser son dernier souffle que sur les genoux de sa Lady )

Mais hélas pour la brunette, la curiosité qui la rongeait l'emporta, et elle baissa les yeux, pour voir les traits dépourvus de masque de son héroïque coéquipier.
Decision qu'elle regretta amèrement a l'instant où elle avisa les traits en question.

Celui qui était étendu sur ses jambes, les yeux fermés, dans une imitation parfaite d'une poupée de chiffon ne lui était pas inconnu.

Bien au contraire.

Ce garçon aux traits doux plus qu'harmonieux, à la mâchoire carré, et aux magnifiques cheveux de blé, était celui qui avait hanté les pensés de la jeune styliste pendant des années, et qu'elle avait aimé de façon obsessionnelle depuis la sixième.

Le jeune adolescent qui, un jour de pluie, l'avait ébloui par sa bienveillance, sa franchise et son innocence.

Et la raison pour laquelle elle avait toujours repoussé les avances de Chat Noir :

Adrien.

Une sensation abominable lui vrilla les entrailles, et la Franco-Chinoise dû résister de toute ses forces contre l'urgent besoin de rejeter son déjeuner sur le sol. Et pour ne rien arranger, sa tête, d'où pulsait une douleur lancinante, tournait désormais aussi rapidement que ces toupies qui avaient un jour été à la mode.

Le choc était trop dur à supporter pour elle.

Ses pleurs redoublèrent d'abondance, tant et si bien, qu'elle eu peur de s'y noyer. Ses hoquets de chagrin étaient si violents, qu'elle ne parvenait pas à reprendre sa respiration entre deux d'entres eux.

Comment avait-elle pu être aussi aveugle ?

L'arrogant, l'enthousiaste et fanfaron Chat Noir, était aussi le timide, calme et réservé Adrien.
L'ensemble parfait dont elle avait toujours rêvé.

Plongée dans la contemplation du visage de son aimé, Marinette comprit quelle avait été sa pire erreur.

Sa faute avait été de croire avoir aimé deux garçons distincts, alors que, depuis le début, son cœur ne battait que pour un seul et unique jeune homme à l'âme aussi éblouissante que son sourire éclatant.

Pendant ces cinq dernières années, son cœur avait été écartelé entre deux garçons qui n'en formaient en réalité qu'un seul.

Et elle avait perdu d'un seul coup, les deux garçons les plus chers à ses yeux.

La styliste en herbe eu la soudaine envie de s'arracher le moindre cheveux recouvrant son crâne face à l'absurdité de la situation.

Idiote, idiote, idiote ! Se fustigeait t-elle mentalement.

Comment avait t-elle seulement pu ne pas s'en apercevoir plus tôt ?

Car malgré les costumes magiques, c'était tout bonnement flagrant.
En plus des apparences plus que similaires, son incroyable partenaire et son coup de foudre, étaient exactement les mêmes.
Leurs attitudes de prime abord bien différentes, se rejoignaient dans leurs bonté et bienveillance sans borne.

Ils étaient aussi attachants et dévoués l'un que l'autre.

Peut être qu'au fond, le subconscient de la fille aux cheveux couleur de jais avait toujours su.

Après être tombée sous le charme du réservé Adrien, qui l'avait éblouie par sa franchise, le jour où il s'était confié à elle en lui offrant son parapluie.
Elle avait également fini par ressentir des sentiments bien trop profond à l'égard de son partenaire.

Parce qu'une partie d'elle même devait avoir compris.

Pourquoi avait il fallut qu'elle attende la mort du félin pour le réaliser, Marinette n'en savait rien.
Toutefois, elle savait une autre chose, qui lui glaça le sang.

Depuis tout ce temps, Chat Noir n'avait pas cessé de l'aimer, il l'avait affirmé de lui même à tellement de reprises qu'elle en avait perdu le compte, et elle n'avait eu de cesse de rejeter ses sentiments.

Ce qui, en d'autres termes, signifiait qu'elle s'était évertuée sans relâche, à repousser les avances d'Adrien, qui souffrait depuis son enfance d'un rude manque d'attention.

Adrien, aveuglé par son amour pour elle, avait refusé de s'intéresser complètement à la jeune fille dont il lui avait parlé.
Autrement dit, elle avait privé un garçon absolument fantastique, de toute l'affection qu'il méritait.

Parce qu'elle avait été incapable de faire les bons choix.

Comme elle aurait aimé avoir la capacité de remonter dans le temps pour effacer ses torts.
Elle aurait tant voulu retourner dans le passé, pour pouvoir emprisonner son Chaton dans une étreinte interminable, en lui soufflant à l'oreille qu'elle l'aimait. Que jamais personne au monde n'avait ressenti plus d'affection pour qui que ce soit.

Tout ce qu'elle souhaitait, c'était lui prouver encore et encore que ses sentiments étaient très largement partagés.

Mais il était trop tard pour les remords.
Le héros était parti à jamais, en même temps qu'Adrien Agreste, sans avoir jamais reçu assez d'amour, et elle ne pourrait plus rien y changer.

Encore une fois, elle avait fait souffrir l'élu de son cœur, à cause de son indécision.

L'adolescente était si chamboulée, qu'elle ne fit même pas le lien entre la jeune fille face à laquelle Chat Noir n'avait pas été indifférent, et elle même, Marinette Dupain Cheing.
Son esprit était tellement affairé à la faire culpabiliser en l'accablant de toutes les horreurs du monde, que l'asiatique ne réalisa pas qu'aux yeux de son compagnon, l'avoir côtoyée sous ses deux formes avait amplement suffit à combler le trou laissé dans son cœur après le décès de sa mère.

Elle était trop aveuglée par la douleur de sa perte pour réfléchir à quoi que ce soit.
Ses seules capacités s'était restreinte à se casser la voix dans de lourdes plaintes accablantes, à tenir son coéquipier adoré contre son cœur, et enfin à déverser comme jamais auparavant tout son chagrin sous forme liquide.

Oh ça pour pleurer, elle pleurait.

La fille de boulanger avait versé tant de larmes, que ses joues en étaient devenues douloureuses, les perles salées ayant irrités sa peau par leur passage.
Mais elle s'en moquait, elle ne ressentait plus rien si ce n'était un désespoir insondable .

Elle pouvait bien rester ici à pleurer jusqu'à pas d'heure, à assécher son corps de toute trace d'humidité, que l'étendue de sa peine n'aurait pas diminué.

Même la présence rassurante de son Kwami, pelotonnée au creux de son cou depuis la fin de sa dé-transformation, ne parvint pas à la ramener sur terre.

La vision de l'eurasienne était brouillée - par les larmes ou par la peine, elle n'aurait su le dire - et elle avait l'impression d'être plongée dans l'obscurité, l'obscurité d'un cauchemar.
Ses poumons la brûlaient également, jusqu'ici, elle ne l'avait pas remarqué, et c'est avec une certaine surprise qu'elle comprit qu'elle était entrain de suffoquer.

Elle pleurait avec tellement de force, qu'elle n'avait eu aucun moyen de récupérer sa respiration entre deux plaintes, et elle commençait à manquer cruellement d'oxygène.

Une voix traîtresse en elle lui souffla que mourrir étouffée par sa tristesse après que Chat Noir ai sacrifié sa vie pour la sienne, était bien ironique.

Mais c'est alors que, comme ayant entendu ses pensés, deux bras fins et familier, vinrent l'entourer pour l'amener dans une étreinte forte et réconfortante. Et dans le brouillard de chagrin qu'était devenu son esprit, elle entendit une voix familière brisée répéter son nom avec affection.

Cette embrassade inopinée, eu le don de la ramener sur terre, et de la calmer suffisamment pour qu'elle réussisse à reprendre son souffle.
Perdu dans les méandres de son affliction, Marinette n'eu même pas la présence d'esprit de vérifier à qui elle avait affaire.

Cela aussi, importait peu.

Elle se contenta de s'accrocher à la chemise de la personne en question, comme à une bouée de sauvetage l'empêchant de sombrer dans les abîmes du désespoir.

Parmi toutes les ténèbres dans lesquelles elle s'était retrouvée plongé depuis que son coéquipier avait quitté ce monde, elle entrevis l'once d'un sentiment positif.

La reconnaissance.

Une profonde gratitude envers la personne qui avait eu la bonté de lui offrir une épaule à inonder de sa détresse.
Pour cette présence rassurante, qui ne semblait pas le moins du monde incommodée par les pleurs aussi bruyants que ceux d'un enfant de celle qu'elle avait accueilli dans ses bras.

Alors que Marinette ouvrait ses paupières bouffies par les manifestations de sa tristesse, elle cru voir à travers le rideau de larmes troublant toujours sa vue, une chevelure rousse.

***

Comme elle en avait pris l'habitude depuis maintenant cinq ans, Alya Césaire, s'était précipité en direction de l'attaque pour se tenir informé la première, de nouveautés croustillantes à l'attention de son Ladyblog.

Mais si jusqu'ici, chaque fois qu'elle se trouvait sur les lieux d'un affrontement, la jeune journaliste avait été transportée par une absolue euphorie, ce jour là, son instinct lui avait soufflé que les choses ne se passaient pas comme prévu.

Son idole aux couleurs de la coccinelle avait eu recours à son pouvoir depuis bien longtemps, et pourtant, depuis son point d'observation, la rousse n'apercevait toujours pas l'éclair d'inspiration qui peignait les traits de l'héroïne lorsqu'elle avait un plan...
La situation se faisait de plus en plus désespérée et les choses semblaient aller en empirant.

Les soupçons de la journaliste ne mirent pas longtemps à se vérifier, lorsqu'elle vit son héroïne favorite déraper avant son saut pour basculer maladroitement dans le vide, tandis que le super vilain braquait victorieusement son arme améliorée dans sa direction.
Paré à tirer.

Le temps sembla se figer pour la jeune blogueuse, et elle sentit ses genoux devenus aussi mous que de la gelée céder sous son poids, lorsqu'elle vit l'un des deux protecteurs de Paris qui lui avait servi de modèle, se jeter en avant pour pousser sa partenaire hors de la trajectoire des projectiles mortels.

Et prendre le coup fatal qui aurait du lui être destiné.

Elle observa le fantasque héros de Paris s'écrouler en arrière, le cœur battant à tout rompre, avant que celle qu'il aimait appeler sa Lady, ne le réceptionne entre ses bras tremblants.

Alya était friante de nouveautés.
Elle adorait tenir informée sa communauté des dernières actualités, mais pour rien au monde, elle n'aurait voulu filmer la scène bouleversante à laquelle elle était entrain d'assister de loin.

Et à la seule vision périphérique des quelques caméras encore allumés de ses confrères journalistes sur les lieux, elle senti sa gorge se serrer de colère.
Elle aurait voulu détruire tous ces appareils un à un, qu'importe l'amour qu'elle leur portait en temps général.

Ils n'avaient pas le droit de filmer cela.

Cet instant tragique aurait dû leur appartenir, et ne pas être utilisé comme un outil à buzz.
Après tout ce que les deux super héros avaient fait pour Paris, voilà tout ce qu'ils récoltaient ? Une ingratitude renforcée par une inhumanité à en vomir ?

Comment ces gens pouvaient ils faire cela ?

Même Nadia Chamak, qui avait un jour été akumatisée en Audimatrix et qui était donc connue pour sa soif d'audience, avait ordonné à ses cameramans de cesser de tourner à l'instant où la situation avait pris un tournant trop dramatique.

Prise d'un soudain élan de rage, l'apprentie journaliste s'approcha d'un des appareils braqué sur la scène, et fracassa son poing sur l'objectif sans une seconde d'hésitation. Elle ignora l'élancement qui s'y produisit en se concentrant sur la sensation de satisfaction malsaine qui la saisie devant le désarroi de son propriétaire.

Sans porter d'avantage d'attention aux beuglements outrés de sa victime, la jeune femme redonna son entier interêt au héros masqué de noir.

La métisse se sentait si impuissante ici, posté en retrait, comme un second rôle à une histoire qui n'était pas la sienne. Elle aurait tant aimé pouvoir courir dans leur direction, et se mettre à lui promulguer les soins nécessaires.
Mais ce n'était ni son métier, ni son rôle.

Pourtant, lorsqu'elle vit le torse de Chat Noir se soulever faiblement, lui faisant réaliser à quel point prendre une simple respiration était une tâche difficile pour lui, ainsi que la douleur peignant les traits de sa coéquipière, Alya ne pouvait que se sentir bouleversée.

Les deux héros avaient été ses idoles depuis sa tendre enfance, et elle n'en revenait pas de penser, qu'elle était entrain d'assister à la fin de l'un d'entre eux.
Voir probablement à la fin du duo.

À bien y réfléchir, la rousse aurait préféré rester sagement chez elle et ne jamais avoir à supporter cela. Quitte à ne pas être la première sur les lieux, elle se serait volontiers passée de cette information précise.

Elle se sentait d'autant plus impliquée, en songeant au fait qu'elle avait combattu aux côtés du chat facétieux par le biais de Rena Rouge.

En le côtoyant personnellement, bien que rarement, elle avait appris à passer outre ses allures de fanfaron, et à le considérer comme un ami, un ami mystérieux et spécial, mais un ami tout de même.

Il était drôle, prévenant et attachant, et elle aurait sans doute rejoins les rangs des nombreuses filles de la capitale sous son charme si elle n'avait pas déjà Nino.

Nino.

Rien qu'à l'idée de le perdre, la métisse se sentit défaillir.
Perdre la personne que l'on aimait devait être une épreuve quasiment insurmontable.

Si à cet instant précis, elle se sentait prête à craquer pour la perte d'un idole/ami, elle ne pouvait même pas imaginer la souffrance que devait ressentir la coccinelle.
Et quand le baiser chargé de regrets et de tristesse que les deux jeunes gens échangèrent, parvint aux yeux de la basané, Alya ne ressentit aucune joie. Seulement une peine au fond de sa poitrine, devant le malheur des élus.

La vie était injuste.
Après des années de bons et loyaux services, était-ce là leur récompense ?

Ladybug stoppa finalement le triste baiser, et quand sa silhouette penche sur le héros cessa de lui obstruer la vue, la rouquine comprit que c'était fini.

Le héros joyeux et pleins de vie que la capitale avait connu n'était plus. Il avait rendu l'âme, en protégeant comme il l'avait toujours fait, non seulement la ville, mais aussi sa précieuse âme sœur.

Les hurlements déchirants de Ladybug redoublèrent de force, et Alya la rejoignit rapidement dans sa tristesse, sincèrement bouleversée par cette affreuse perte.
Et son organe vital se contracta d'autant plus quand elle eu une pensée pour le garçon au grand cœur qui se cachait derrière le masque, et qui avait cessé de vivre en prouvant une énième et dernière fois, la bonté sans borne dont il était capable.

C'est alors qu'un bruit irritant - dont la sonorité familière recouvrait presque les pleurs de la coccinelle - retentit dans l'air, sortant Alya de sa torpeur.
Avec affolement, la journaliste en herbe comprit que les deux héros étaient sur le point de se dé-transformer.

La rousse eu envie de se mettre une baffe magistrale en sentant une infime curiosité poindre au fond d'elle.

D'accord, elle avait rêvé du jour où elle apprendrait l'identité de ses modèles depuis leur apparition.
Imaginant des scénarios dans lesquels les parisiens avaient droit à une déclaration d'identité en fanfare après leur victoire sur le Papillon, révélation qu'elle aurait pu filmer avec une joie non feinte.

Mais la réalité et les songes étaient deux choses différentes, et la situation était bien loin de celle qu'elle s'était figurée.

Ce n'était absolument pas le moment de se réjouir.

L'instinct héroïque de Rena Rouge prit le dessus sur sa curiosité malsaine et la rousse fit un pas précipité en avant dans le but d'alerter la coccinelle - voir avec un peu de chance, amener les deux jeunes adultes en sûreté avant qu'il ne soit trop tard - mais elle ne fut pas assez réactive.

Elle s'arrêta à quelques pas à peine d'eux, lorsqu'une puissante lumière jaillit des silhouettes entrelacés sur le sol, la forçant à fermer les yeux.
Après quelques instants, elle sentit à travers ses fines paupières la luminosité faner et les rouvrit instinctivement.

Et Alya crut s'étrangler en avisant les deux personnes effondrés devant elle.

Elle devait faire erreur.
Oui, c'était sûrement ça !
Elle nageait en plein cauchemar, et elle allait bientôt se réveiller.

Tout cela ne pouvait pas être réel.

Adrien, l'adorable garçon qu'elle considérait comme un frère depuis le collège, ne pouvait pas être étendu dans une gigantesque marre de son propre sang, tandis que sa meilleure amie Marinette pleurait toutes les larmes de son corps en le serrant dans ses bras.

C'était encore son imagination bien trop fertile qui lui jouait un mauvais tour.

Ladybug et Chat noir. Ne pouvaient pas être Marinette et Adrien.

Impossible.

Non pas que la métissée remette en question leurs capacités de héros, loin de là, c'était même plutôt cohérent. Elle ne connaissait de personnes plus dévoués et attentives que ces deux là.

Mais elle n'arrivait pas à admettre qu'en quelques minutes seulement :

Elle avait assisté au dernier souffle du félin, avant de réaliser que le félin en question n'était autre que son ami le plus proche.
Pour ensuite comprendre que son idole de toujours était depuis le début, sa meilleure amie.

Cette situation entière devait être un canular.

Mais un fait alarmant la força à accepter la vérité, et à revenir sur Terre :

Sa très chère Marinette, était sur le point de sombrer dans la détresse, et sans quelqu'un pour l'épauler, elle risquait de continuer à couler trop profond.

Alya aussi voulait s'effondrer de tristesse.

Elle n'aimait peut être pas Adrien de la même façon que son amie d'enfance, mais son affection à son égard n'en restait pas moins énorme. Et perdre ce garçon extraordinaire et naïf avec lequel elle avait fait les quatre-cents coups, revenait à perdre celui qu'elle avait considéré comme un petit frère idiot mais indispensable.

Toutefois elle se devait de se contrôler, et d'épauler sa meilleure amie dans ce moment tragique. C'est pourquoi - repoussant le maelström d'émotion tourbillonnant en elle face à cet enchaînement d'évènement - la métisse s'accroupi, détournant délibérément le regard du spectacle affreux qu'offrait le corps sans vie de son ami, pour prendre la jeune adulte dans ses bras et l'entraîner dans une étreinte qu'elle espérait réconfortante.

Elle sentit la brune tressaillir contre elle, puis sa respiration se calmer petit à petit, avant qu'elle ne se jète à son cou comme à si sa vie dépendait de sa prise.

Alya exécuta de léger cercle sur le dos de sa meilleure amie, en lui murmurant que tout allait bien se passer, qu'elle était là à ses côtés, et qu'elle pouvait pleurer sur son épaule autant qu'elle le souhaitait.

Au fond la blogueuse avait mal, mais elle attendrait son tour pour déverser elle aussi sa peine.

***

Pendant ce temps, et aussi étrange que cela puisse paraître aux yeux des journalistes alentours, le super vilain n'avait plus bougé depuis le début de la scène.

Il n'avait pas profité de la situation chaotique, ni de la détresse de l'héroïne, pour lui subtiliser les deux bijoux.

Il ne s'était pas non plus retiré pour continuer de commettre des dégâts sur la ville lumière.

Et il n'avait toujours pas repris ses esprits.

Non, il était simplement resté là, immobile, à fixer la scène, un masque violet autour de ses yeux, rivés sur le visage de l'ancien mannequin.
Enfin, ce n'était pas tout à fait Gunsmith qui observait, mais plutôt le Papillon qui, par l'intermédiaire de sa victime, avait assisté à la chute de celui qu'il avait considéré durant des années comme son pire ennemi, mais qu'il aimait plus que tout au monde - sans réellement le montrer - dans la vie quotidienne.

A cet instant, il comprit qu'il venait de commettre un crime irréparable aussi bien envers lui-même qu'envers sa femme bien aimé.

Sur place l'akumatisé fut engouffré dans une substance violette, remplaçant l'accoutrement de militaire, en de simples vêtements d'armurier, alors qu'un papillon a l'apparence de nouveau immaculée s'envolait vers le ciel couvert.

Le civil désorienté, observa son entourage, se demandant à haute voix ce qu'il pouvait bien faire au milieu de la rue alors qu'il s'occupait de son armurerie quelques minutes auparavant, sans que pour une fois, personne ne viennent à sa rencontre pour le rassurer.

Et au loin, Paris tout entier pu entendre le hurlement de lamentation provenant du manoir Agreste.

***

Bonjour à tous !

Voilà un chapitre extrêmement long, que j'ai mis un bon moment à écrire et qui fait environ 4300 mots !
Un jolis morceaux !
Mais je n'ai pas pu me résoudre à le diviser en plusieurs parties, en effet, je compte faire une histoire ne comptant que peu de chapitres, et si je n'avais pas écrit tout ce qui était nécessaire ici, cela aurait ruiné mes prévisions.
Alors nous y voilà.

(Je tiens d'ailleurs à préciser que j'ai écrit cette histoire avant de connaître les limites du pouvoir de Ladybug, et ai donc déduis qu'il ne pouvait pas guérir les blessures mortelles, facilité scénaristique assumée ;)

Je me demande bien qui a eu le courage de tout lire, en tout cas je remercie ceux qui se sont accrochés et sont arrivés jusqu'ici.
Je vous aime car sans lecteurs, une histoire ne vit pas, et j'espère que cette suite vous aura plu !

Je pense qu'il y aura encore un ou deux chapitres après celui ci !

Maintenant je vous dit à plus tard pour la suite !

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