Chapitre 7 - Dénouement
https://youtu.be/XyAjvpV_qdE
Bande son : Tu es mon autre, Lara Fabian et Maurane.
Iwaizumi
Lorsque Matsukawa quitta le toit, le pointu demeura un long moment sans bouger. Il devait absolument réparer ce qu'il avait fait. Mais comment ? Comment Oikawa pourrait-il lui pardonner après les mots si durs qu'il avait eus pour lui ? Traînée... Menteur...
Iwaizumi connaissait parfaitement l'impact que les mots pouvaient avoir sur lui. Le passeur tachait de faire croire que tout glissait sur lui, qu'il pouvait encaisser et que rien ne lui faisait le moindre mal. Mais il savait que c'était faux. Son meilleur ami était bien plus fragile qu'il ne le laissait voir. Son regard. Il se souvenait de son regard, de cet effroi puis de cette douleur qui avait illuminé ses prunelles d'une triste lueur.
Cette histoire d'amour venait sans doute d'être tuée dans l'œuf à cause de sa peur incontrôlable des apparences. Pourtant, Matsukawa avait raison. Il fallait vivre avec son temps. Iwaizumi aimait Oikawa. Il pouvait essayer de le formuler de toutes les manières possibles, de parler d'amitié autant qu'il le souhaitait. La réalité, elle, ne changeait pas. Il était amoureux de lui : il désirait son corps, ses caresses, ses mille et un petits baisers qu'il avait déposés dans sa nuque quelques jours auparavant. Tout cela, il le désirait au plus profond de lui pour ne pas dire que cela finissait par l'obséder.
Il était bien six heures lorsqu'il partit du toit. Tout le monde avait quitté le lycée car on était lundi et il n'y avait jamais d'entraînement le lundi dans leur lycée. Espérant pouvoir le joindre, il avait composé son numéro, à plusieurs reprises, mais il retombait sans cesse sur sa boîte vocale.
" Oikawa réponds-moi s'il te plaît. On doit parler tous les deux. On ne peut pas rester dans cette situation, réponds s'il te plaît..."
Et il laissa de nombreux messages se ressemblant tous et dans lesquels il devenait de plus en plus suppliant. C'était de sa faute, depuis le début, Oikawa lui avait tendu la main et avait tout fait pour lui redonner confiance en lui. Sa seule réaction avait été de le traiter comme la pire des ordures... Jamais jusqu'à présent, il ne l'avait insulté, jamais. Tous deux avaient toujours eu un infini respect l'un pour l'autre. Même quand Iwaizumi le frappait derrière la tête ou lui disait qu'il était égocentrique et immature, jamais il n'avait été insultant à son encontre, loin de là.
Oikawa
Il resta un long moment interdit après avoir entendu les paroles de ce qu'il croyait être son meilleur ami. Les larmes coulaient le long de ses joues sans discontinuer. Pourquoi n'avait-il pas eu le courage de lui dire la vérité ? Pourquoi ne s'était-il pas défendu, lui qui d'habitude avait la langue bien pendue? Mais voilà, c'était Iwaizumi. Et face à lui, il se sentait toujours faible. Quand il n'était pas capable de faire face à ses responsabilités, il souriait. Car il était toujours plus facile de sourire quand les mots ne voulaient pas venir, car il était plus facile de passer pour un salaud que de dire ce que l'on ressentait tout au fond de soi. Iwaizumi n'avait vu qu'une partie de la scène alors comment lui expliquer?
Il avait l'impression que peu à peu le sol se dérobait sous ses pieds, que toutes ses certitudes, tous ses sourires, n'étaient plus que du baratin et n'avaient aucune valeur. Les cours reprirent cet après-midi-là mais le pointu ne revint pas. Il fallait faire bonne figure et comme toujours, il souriait. Sourire quand notre seule envie est de pleurer, sourire quand tout s'écroule sous nos pieds, sourire encore et toujours inlassablement au point que cela en perde tout son sens.
Le soir, le jeune homme rentra immédiatement chez lui et n'adressa la parole à personne. Il vit seulement le message de Tobio qui l'insultait à son tour de tous les noms.
Dans la soirée, il reçut même un message de Nishinoya: " Oikawa san, je tenais à te présenter mes excuses pour le baiser échangé, je n'aurais pas dû te forcer la main et profiter de la situation délicate dans laquelle tu te trouves actuellement. Pardonne-moi, j'espère que l'on pourra rester ami malgré tout "
Le libero bien entendu ne se doutait aucunement de la situation dans laquelle était son aîné. Ce simplement baiser avait eu bien plus de répercussions qu'escomptées pour le plus jeune. Oikawa aurait pu être un salaud. Il aurait pu se venger en rappelant Nishinoya. Il aurait pu sortir avec lui et commencer une jolie petite histoire.
Mais pour quoi faire ? Il avait Iwaizumi dans la peau. Il le désirait comme il n'avait jamais désiré aucun homme : sa peau, son parfum, lui, chaque centimètre de son corps collé contre le sien, éveillait tant de sensations. Il le désirait plus que de raison et à tel point que cela en devenait douloureux et lui retournait l'estomac. Le passeur se leva et, après avoir saisi ses béquilles, alla vomir le peu d'aliments qu'il était parvenu à ingurgiter dans la journée. Son pointu et cette histoire d'amour tuée dans l'œuf le rendaient littéralement malade. Au sens propre comme au figuré.
Sa mère l'avait entendu se rendre jusqu'aux toilettes pour y vomir mais elle n'avait rien dit. Elle ne disait jamais rien sa mère ; elle se contentait de lui sourire tendrement et de le laisser vivre sa vie. C'était une qualité qu'il appréciait chez elle à bien y réfléchir. Elle lui avait toujours fait confiance, il aimait cela.
On toqua chez eux vers vingt heures. Le jeune homme ne descendit pas mais il ouvrit la porte afin d'écouter.
« Je suis désolé Iwaizumi kun, Tooru ne se sent pas bien ce soir. Il vaut mieux qu'il se repose. Et puis... je ne sais pas si tu devrais repasser pour le moment. Laisse-lui quelques jours de repos, tu veux bien ? »
Ses parents, bien sûr, avaient compris que quelque chose n'allait pas depuis quelques temps. Ils ne disaient jamais rien à Oikawa tant qu'il était capable de régler lui-même ses problèmes. Mais depuis sa blessure, tout semblait s'effondrer comme un château de cartes. Sans le savoir réellement, sa mère le protégeait malgré tout et l'aidait. Oui, il avait besoin de calme, il avait besoin qu'on le laisse un peu seul afin qu'il se remette. Mais se remettre de quoi ? D'un chagrin d'amour ?
Il soupira. S'il avait su qu'un jour, il pourrait souffrir d'un bête chagrin d'amour... D'ailleurs ce mot « chagrin », il était bien mal choisi. Cela donnait l'impression de quelque chose qui faisait un peu mal mais qui passait assez rapidement comme une grippe. Cela ne traduisait aucunement cette douleur lancinante qui lui retournait les entrailles et le brûlait de l'intérieur. Plus qu'un chagrin, c'était une mise à mort, sa mise à mort. Iwaizumi avait eu sa vie entre ses mains : il avait pris le parti de la briser en mille morceaux. Et il ne pouvait s'en vouloir qu'à lui-même d'avoir voulu tout lui donner, tout lui offrir, y compris son cœur. Son cœur, qui jusqu'à présent, était toujours enfermé dans un coffre fort dont il était le seul à détenir la clé. Parce qu'il savait que c'était dangereux, parce qu'il savait l'impact que cela pouvait avoir sur lui, et parce qu'il savait aussi qu'il ne le réservait qu'à une personne. Mais comment faire quand cette fameuse personne, arrive, le prend et le brise sans ménagement avant de partir comme elle est venue ?
Qu'il pouvait être bête. Tout était si bien avant qu'il ne se blesse, avant qu'il y ait ce baiser, avant que leurs corps ne soient si proches, avant que leurs lèvres ne se frôlent. Maintenant, il en était devenu accro. Il cherchait son odeur, sa peau, ses caresses, ses baisers. Il les cherchait de jour comme de nuit : c'était à en devenir fou. Combien de rêves avait-il fait où tous deux étaient plus proches que jamais et profitait seulement du bonheur d'être l'un avec l'autre ? Combien de fois s'était-il réveillé, un léger sourire en lèvres, le corps en sueur de tout ce désir inavoué et inassouvi ? Trop de fois. Beaucoup trop. Et cette frustration, cette douleur qui en découlait, il la détestait plus que tout.
Iwaizumi
Iwaizumi avait bien essayé de passer chez lui le soir-même afin d'avoir une véritable discussion avec lui. Mais la mère du jeune homme l'avait envoyé sur les roses. Le capitaine avait-il donné des instructions ? Ce n'était pas son genre. Etait-il si mal que cela ? Le pointu sentit son estomac se retourner en y pensant. Comment cette situation avait-elle pu dégénérer de la sorte ? Comment avait-il pu être aussi bête ? Maintenant, il refusait de lui parler. Peut-être que la seule solution était d'attendre après tout.
Alors le pointu attendit. Cela dura quelques jours durant lesquels Iwaizumi ne dormait que difficilement. Le passeur demeurait injoignable et, en classe, il s'était arrangé pour changer de place afin de rester loin de ce qui était son meilleur ami. Toute communication avait été officiellement rompue.
Ce que le numéro quatre avait remarqué toutefois, c'était que son capitaine était bien pâle comme s'il couvait une mauvaise grippe. A bien y réfléchir, lui non plus ne devait pas avoir l'air en bonne forme. Aux entraînements, il se faisait régulièrement houspiller par le coach car il n'était pas concentré et ses attaques perdaient en précision. Il se retrouvait donc à faire plus de tours de terrain que les autres.
C'était un fait : il fallait qu'Oikawa revienne. Parce que sans lui, plus rien n'était pareil. Le volley avait de l'importance quand il était là. C'est parce qu'il sentait ce regard bienveillant, cette douceur dans ses yeux, ce soutien et cette protection, qu'il avait envie de jouer, qu'il avait envie de lui prouver qu'il était capable de le faire et que, pour lui, il aurait décroché la lune.
Ce soir-là, plus qu'un autre soir, il avait eu une longue discussion avec l'entraîneur qui l'avait mis en garde. Soit il faisait des efforts, soit il pouvait être certain que sa place de titulaire serait sérieusement remise en question. Les poings serrés, la tête baissée, il avait écouté sans rien dire, les larmes embuant ses yeux. Arrivé chez lui, il posa son sac, s'enferma dans sa chambre et s'allongea dans son lit où, un ballon de volley dans les mains, il fit des passes hautes, comme il le faisait autrefois.
Dans l'entrée, il entendait sa mère en grande discussion au téléphone. Elle semblait préoccupée mais il n'y prêta pas tout à fait attention. Ce n'est qu'une heure plus tard qu'elle vint toquer à sa porte. Le jeune homme se leva alors, déverrouilla la porte et la laissa entrer avant de se rallonger dans son lit.
« J'ai eu ton coach au téléphone. Tout de suite après ça, j'ai eu la mère de Tooru... Qu'est-ce qui ne va pas ? Ton coach m'a dit que tu risquais de perdre ta place de titulaire et...et la maman de Tooru, elle, semblait très inquiète. »
Silence. Que pouvait-il lui dire ? Comment lui dire qu'il avait tellement Oikawa dans la peau que cela le rendait malade et que sa vie sans lui équivalait à ne pas vivre du tout ? Il fixait son ballon et avait repris ses passes. Sa mère finit par l'attraper et le prit entre ses mains.
« Ecoute mon chéri, je ne suis pas idiote. Je... J'ai bien vu que tu n'as jamais eu de petite amie et que tu ne regardes même pas les filles. J'ai aussi remarqué qu'Oikawa et toi, vous passiez du temps ensemble et que...qu'il compte énormément pour toi. Depuis qu'il s'est blessé... »
« Maman, je n'ai pas envie d'avoir cette conversation. » coupa le pointu, plus pâle que jamais.
« Pourtant Hajime Iwaizumi, on va l'avoir cette conversation. »
C'était extrêmement rare qu'elle prenne une voix aussi autoritaire. Doucement, elle avait saisi les mains de son fils et les caressait doucement.
« Hajime...Ce que j'essaie de te dire, c'est que j'ai bien compris depuis longtemps que tu n'aimais pas les femmes. Et que Tooru n'était pas seulement ton meilleur ami. Sa mère m'a appelée car il est dans le même état que toi et... et si je t'en parle c'est parce qu'il faut que cela cesse. Vous devez vous parler, vous devez avoir une discussion. Même si elle ne finit pas de la manière dont tu le souhaites, elle est nécessaire. Tooru se rend malade, il ne mange plus beaucoup. Toi, tu fais des bêtises aux entraînements et tu vis comme un mort-vivant. Chéri, ta sexualité importe peu du moment que tu es heureux, tu comprends ? »
Ces mots. S'il avait pu espérer entendre ces mots venant de sa mère auparavant, il n'y aurait pas cru. Lui qui pensait que ses parents espéraient pour lui un chemin tout tracé avec une femme et des enfants... Malgré lui, un flot de larmes se mit à ruisseler sur ses joues. Sa mère ne le savait pas mais c'était la plus belle preuve d'amour qu'elle pouvait lui faire. D'un geste tendre, elle prit son fils dans ses bras et caressa son dos.
« Même à dix-huit ans, tu demeures mon grand bébé... Je veux que tu sois heureux, tu entends ? Alors trouve une manière de lui parler et de régler cela. Je te soutiendrais toujours mon ange, quelle que soit ta décision. »
Il hocha doucement la tête étant dans l'incapacité à dire quoi que ce soit. Sa mère resta un long moment avec lui jusqu'à ce qu'il se calme. Elle descendit ensuite, le laissant endormi dans son lit. Bien sûr, elle savait que la situation n'allait pas être facile à expliquer à son mari. Mais c'était la vie de leur fils et son bien-être était tout ce qui comptait pour elle.
Dans la maisonnée Oikawa, la même discussion avait eu lieu entre mère et fils.
Le lendemain, Iwaizumi se leva tôt pour se rendre au lycée, bien décidé à parler à son meilleur ami, qu'il le veuille ou non. Sa mère avait raison, il ne pouvait pas continuer ainsi. Il fallait que d'une manière ou d'une autre, cette situation trouve sa solution. L'attaquant avait donc décidé d'attendre son capitaine sous un des cerisiers en fleur bordant le chemin du lycée. Oikawa adorait les cerisiers en fleurs. Il avait toujours voulu déclarer sa flamme sous un de ces arbres.
Le passeur ne tarda pas à arriver avec ses béquilles. Son ami se mit alors devant lui et le tira par le bras pour l'amener un peu plus loin. Oui, Iwaizumi profitait de sa faiblesse physique, mais, en même temps, il n'avait trouvé que cette solution pour attraper son anguille.
« On doit parler. »
Et pour la première fois depuis qu'il se connaissait, Iwaizumi s'inclina le plus bas qu'il le pouvait, dévoilant sa nuque offerte à son meilleur ami. D'elles-mêmes, des larmes s'étaient mises à perler au coin de ses yeux.
« Je te demande pardon. Je n'aurais jamais dû avoir ces mots... La vérité, c'est que je me suis rendu compte que je ne supporte pas de te voir dans les bras d'un autre parce que... parce que je t'aime. »
Les larmes tombaient au sol, se brisant en mille éclats de tristesse. Oikawa, doucement, s'approcha et posa sa main contre son visage, l'incitant à se relever. Ses yeux à lui aussi brillaient de cette lueur douloureuse qui l'accompagnait depuis quelques jours. Alors, prenant ce geste comme une autorisation, Iwaizumi le saisit lentement par la taille et captura ses lèvres. Combien de temps avait-il attendu pour goûter à nouveau à cette douceur ?
C'était comme si le temps venait de s'arrêter. Les deux jeunes hommes demeuraient enlacés, s'embrassant comme si leur vie en dépendait. Ils étaient dehors et on risquait de les voir mais ça, le pointu avait fini par comprendre qu'il s'en fichait éperdument. Tout ce qui lui importait était d'être avec celui qu'il aimait.
Il avait rencontré le véritable amour depuis bien longtemps mais sa peur du regard des autres l'avait empêchée de le vivre pleinement. Plus jamais il ne ferait une telle erreur.
Dehors, les premières fleurs des cerisiers tombaient tranquillement créant un tourbillon de pétales roses qui volaient au vent.
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Il s'agit techniquement de la fin de la trame principale. Toutefois, je pense faire encore un ou deux chapitres un peu plus légers pour conclure !
J'ai essayé de faire une sorte d'effet miroir entre les deux points de vue des personnages. Je ne sais pas si cela se voyait très bien !
N'hésitez pas à me donner votre avis, merci de me suivre !
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