Chapitre 5 - Blessé
Bon, vous pourrez voir que ce chapitre devrait vous rassurer sur le choix du couple ! ou pas d'ailleurs... N'hésitez pas à me donner votre avis ;) !!
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Blessé
Chapitre 5
Ce n'était pas qu'il n'appréciait pas ce moment. Toutefois, Oikawa n'était pas amoureux du petit libéro de Karasuno. Il aurait pu se mettre avec lui, oui, il aurait pu prétendre l'aimer. Mais jamais il n'aurait vraiment succombé à ses charmes puisque son cœur était ailleurs. Et déjà, il sentait qu'il allait lui briser le cœur, qu'il allait le blesser, lui qui l'était alors suffisamment par son meilleur ami.
Les yeux de Nishinoya brillaient : il y avait dans ses prunelles un mélange de bonheur et d'appréhension qui serra davantage la gorge d'Oikawa. Comment pouvait-il lui faire ça ? Mais de l'autre côté : comment vivre et profiter de lui avec un pareil mensonge ? Oui, Oikawa pouvait être un salaud. Il l'avait montré à plusieurs reprises avec des jeunes filles par le passé, mais ça, il n'en était pas capable. Non, il ne voulait pas lui faire de mal alors que c'était le seul à être venu le voir lorsqu'il était au fond du gouffre.
« Je...J'ai mal interprété les choses, c'est ça ? »
Sa voix n'était plus qu'un murmure, et déjà, on pouvait y entendre des sanglots. Mais Nishinoya ne pleurerait pas. Oikawa l'avait pressenti. C'était un garçon fort et il ne voudrait pas montrer qu'il s'était fait bêtement avoir. Les poings du libéro s'étaient serrés à s'en blanchir les phalanges. Alors, doucement, le passeur posa sa main sur la sienne.
« Pardonne-moi. Tu es vraiment qu'un de bien et... je suis heureux d'avoir appris à te reconnaître mais... »
« ...Mais tu l'as dans la peau. J'avais cet espoir fou que ce baiser te ferait changer d'avis...alors qu'en fait, ça n'a fait que te confirmer que tu l'aimais vraiment. Excuse-moi... »
Nishinoya se leva et partit en courant. Lui aussi. Décidément, Oikawa avait l'horrible impression que tous les hommes auxquels il pouvait être susceptible de tenir partaient toujours en courant et le laissait systématiquement seul.
Après avoir payé l'addition, le jeune homme se leva et sortit du restaurant, plus esseulé que jamais. Il n'aimait pas Nishinoya, tout du moins, il n'éprouvait pas un désir particulier envers lui et n'en était pas amoureux. Mais alors...pourquoi son cœur lui faisait-il si mal ? Pourquoi s'en voulait-il tellement de ce qu'il venait de lui faire subir ? C'était affreux de se dire que, bien malgré lui, il faisait souffrir deux jeunes hommes : Iwaizumi ne parvenait pas à prendre une décision et lui en voulait de le brusquer, et Nishinoya venait de se faire repousser bien que ce fut très poliment.
C'est complètement fourbu qu'il arriva chez lui, s'installa de nouveau sur son futon et lança le jeu vidéo que le petit libéro de Karasuno avait éteint quelques heures plus tôt. Il ne savait plus quoi penser de cette situation inextricable. Alors, quand on ne sait plus quoi penser : autant cesser de penser tout court. C'est ce qu'il fit, mettant son cerveau en pause le temps d'un week-end. De toute façon, son bel attaquant ne l'avait même pas recontacté après être parti comme un voleur. Pourquoi Oikawa prendrait-il la peine de le faire à son tour ? Au début, il avait foncièrement cru qu'il serait assez fort pour les porter tous les deux. Mais voilà, à sa faiblesse physique actuelle s'était ajoutée une fatigue morale qu'il ne s'était pas soupçonné. Il en était arrivé à un stade où voir partir son meilleur ami systématiquement après avoir eu un moment tendre avait le don de le mettre dans une rage folle.
Oikawa n'était pas une abomination. Et ce qu'ils faisaient tous les deux n'étaient pas le mal incarné. Mais comment retirer cela de la tête d'un japonais si attaché à ses valeurs et à son éducation ? Le passeur, lui, avait toujours été tourné vers les mœurs occidentales à la différence de son meilleur ami qui conservait, dans sa chair, un amour des traditions ancestrales. Néanmoins, homosexualité et traditions ancestrales n'avaient jamais fait bon ménage malheureusement.
Le week-end se déroula dans une atmosphère des plus étranges. Les parents d'Oikawa ne l'avaient pas dérangé, comprenant qu'il n'était pas dans son assiette et qu'il n'avait pas envie de parler de ses problèmes. Il avait toujours agi ainsi. Dès qu'une difficulté surgissait, il se fermait comme une huître et rompait tout contact le temps que les choses se tassent et que tout soit plus clair dans son esprit. C'était bien loin du Oikawa que ses amis connaissaient au lycée et ses parents étaient d'ailleurs toujours surpris d'entendre dire combien le jeune homme était souriant et agréable. Eux voyaient surtout quelqu'un de gentil et sérieux mais pas si souriant que cela.
Lorsque le réveil sonna six heures le lundi matin, le châtain sortit de son lit et fila se préparer pour aller au lycée. Encore une fois, il allait croiser Iwaizumi. Encore une fois, il ne savait pas si tous deux allaient se parler. Et encore une fois, il se demandait si cela ne se terminerait pas en bagarre...Encore une fois. Comment pouvait-on avoir autant d'interrogations à peine le pied posé au sol ? En entrant dans la salle de classe, il fut d'ailleurs surpris de voir que son ami était déjà assis, un livre dans les mains, trop occupé à réviser le contrôle par lequel ils débuteraient la journée.
« Salut » finit-il par dire après s'être longuement mordu la lèvre.
Pour toute réponse, il obtint un signe de tête qui ressemblait plus à une manière polie de se débarrasser de lui qu'à un salut en bon et due forme. Il ne put s'empêcher de soupirer mais il s'abstint de lui faire une remarque. Qu'est-ce qui ne tournait pas rond encore chez lui ? Après tout, c'était bien Iwaizumi qui était parti sans même le prévenir, non ? Pourquoi fallait-il que ce soit toujours la faute d'Oikawa ? Pour une fois, il n'y était pour rien. Tout du moins, c'était ce qu'il croyait.
Mis à part ce léger incident, la matinée se passa sans anicroche particulière. Le contrôle de Mathématiques avait été d'une facilité déconcertante et le cours d'anglais d'un ennui mortel. Bref, une matinée de cours ordinaire.
A la pause de midi, tout le monde sortit de la salle sauf Oikawa et Iwaizumi. L'explication pourrait enfin avoir lieu, il était temps. Pourtant, le passeur ne semblait pas pressé. Il sortit tranquillement son bentô qu'il disposa sur sa table avec l'ensemble de son repas. Il chantonnait même un air de musique et continuait de sourire. De toute façon, il souriait toujours quand il avait besoin de prendre une contenance.
« Je vois que ça te rend heureux... »
Cette phrase avait été envoyée avec une telle agressivité qu'il en fut surpris. Qu'est-ce qui pouvait bien le rendre heureux ? Le passeur tourna la tête vers son ami et put voir qu'il serrait les poings comme jamais. Son visage était devenu rouge, le sang battait à ses oreilles et la ride du lion s'était peu à peu formée au dessus de ses prunelles qui lui lançaient des éclairs.
« De quoi tu parles ? Je ne comprends pas... »
« Le fait d'avoir trouvé un copain. »
Alors là, décidément, il ne saisissait pas. Le seul « copain » qu'il aurait éventuellement pu avoir était juste devant ses yeux et à première vue, il n'avait aucune raison de se sentir en colère à cause de lui.
« Un copain ? Je ne crois pas que nous soyons ensemble Iwa-chan... ou alors je ne suis pas au courant. »
Mais l'humour sembla faire un flop sur le moment et la colère de son ami monta crescendo.
« Oui, je comprends. Tu ne me dois rien. C'est vrai après tout, qui suis-je pour t'en vouloir ? Tu as toujours joué avec tout le monde. Je le sais depuis le début pourtant que tu es un menteur né. »
Le mot heurta Oikawa comme une gifle donnée du dos de la main. Comme un ressors, il se leva de sa chaise qu'il fit d'ailleurs tomber au sol. Il pouvait tolérer beaucoup de choses, mais en aucun cas il n'acceptait qu'on le traite ainsi et encore moins sans avoir obtenu d'explication au préalable.
« C'est quoi le problème là ? »
Iwaizumi se leva à son tour. Sa colère était telle, que malgré ses quelques centimètres de moins, Oikawa se sentit oppressé par sa présence. L'attaquant était placé là, devant lui, comme un juge face à l'accusé, prêt à rendre le verdict. Jamais le châtain ne s'était senti dans un pareil état de faiblesse.
« C'est vrai, il n'y a pas de problème. Tu viens de le dire, on n'est pas ensemble. Tu peux donc rouler des pelles à qui bon te semble... Même à un de nos ennemis... »
C'est alors qu'il comprit. Ce samedi-là, Iwaizumi avait dû les voir dans le restaurant. Son visage se décomposa alors et devint bien pâle. Et bien sûr pour arranger le tout, le champion n'avait pas dû rester jusqu'à la fin de la scène. Mais comment lui expliquer alors que son visage était aussi fermé, que ses traits n'avaient jamais été aussi durs et que ses prunelles le transperçaient de part en part ?
Oikawa fit donc ce qu'il savait si bien faire. Un sourire. Sourire quand on ne sait pas comment s'y prendre. Sourire quand le regard porté sur vous vous détruit peu à peu. Sourire quand il ne reste plus que ça pour se défendre. Sourire quand on sait que tout est fichu d'avance.
« Ce n'est pas ce que tu cr.... »
« Oh pitié, épargne-moi les scènes de film à deux balles. Tu n'es qu'une traînée Oikawa, c'est bien connu. Et dire que l'espace d'un instant j'ai osé croire qu'on pourrait être ensemble. Jamais, tu m'entends ? »
Sans même attendre la réponse du plus grand, Iwaizumi sortit en trombe de la salle de cours après avoir mis un violent coup de pied dans une chaise qui avait eu le malheur d'être sur son chemin. Oikawa demeura debout, sans oser faire un geste, les mains tremblantes. Il leva un instant les yeux au plafond, ayant la sensation de recevoir une goutte d'eau. Une fuite d'eau ? Il comprit au bout de quelques secondes qu'il s'agissait en réalité de ses larmes qu'il n'avait pas pu retenir. On pouvait accuser Oikawa de beaucoup de choses. Mais se faire entendre dire, par son meilleur ami et qui plus est, l'homme que l'on aime, que l'on est une traînée, venait tout bonnement de l'anéantir.
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Merci d'avoir lu !
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