Chapitre 6 - Complications

** - Attends Eden.

Je me retourne et à ma plus grande surprise, il me tend une corona.

- Je crois qu'on a besoin de boire un coup, déclare t-il avec un petit sourire. **

Cela faisait longtemps que je n'avais pas vu Matt sourire. Aussi infime fut-il, s'en était bien un, de sourire.

Nous avions passé la soirée à parler, comme s'il ne s'était jamais rien passer. Pour moi, cela semblait naturel, mais je savais que mon frère était totalement déconcerté. Il ne pouvait s'empêcher de me fixer avec des yeux ronds, et une expression à mourrir de rire. Nos retrouvailles étaient plus que nécessaires, je m'en rendais bien compte à présent. Un frère, je n'en avais qu'un. Et la vie aurait été nettement plus facile pour tous si nous nous étions serrés les coudes face à Augustin.

J'avais tout déballé. Au sujet d'Amber, de la société, de mes troubles. Cela m'avait fait un bien fou, comme-ci je me retenais de m'exprimer depuis toujours, que je m'en souvienne ou non. Et Matt avait été très compréhensif. Lui aussi s'était confié et c'est comme ça que j'avais appris qu'il avait craqué pour une jolie rousse qui avait amener sa voiture au garage il y a quelques mois. Depuis, il l'a croisait de temps à autre mais il n'avait jamais osé lui adresser la parole plus de cinq minutes. Matt avait toujours été comme ça, timide, contrairement à moi il faut bien le dire. Quoiqu'il en soit, je venais tout juste de renouer avec mon frère et la vie me paraissait déjà plus agréable.

Je suis sur le chemin du retour, il est très tard. Deux heures et quelques du matin, pour être précis. Voyant la tournure que prenait ma discussion avec Matt, j'avais congédier le pauvre Tucker qui attendait devant l'immeuble.

- « Vous êtes sur, monsieur ? Je peux attendre, avait-il insisté.
- Ne soyez pas bête Tucker. Je rentrerais en taxis.
Il m'avait semblé qu'il s'étouffait au bout du fil. Quoi ? J'avais l'habitude de me déplacer qu'avec un chauffeur ? Plus j'en apprenais sur lui, plus ce "Eden ancienne génération" m'irritait.
- Très bien monsieur, mais je reste à votre disposition.»

Ce drôle d'homme m'inspirait confiance. La circulation était fluide, et la radio du taxis passait une chanson vraiment douce. Apaisante, serait plus judicieux. Cet air me disait quelque chose, mais impossible d'en retrouver le titre. There is a place where I feel like home. Le piano est transportant. Les lumières de la ville qui défilent à toute vitesse, si contrastant avec le calme ambiant autour de moi. C'est saisissant. To Build a Home. Voilà.

J'arrive bien trop vite à l'appartement. C'est triste, de ne pas se sentir à sa place dans sa propre maison. J'essaye tant bien que mal de me redonner courage, en me disant que ce n'est pas le lieu mais simplement la folle furieuse qui y habite qui me met mal à l'aise. Plus les jours passent, plus ma patience avec Amber atteint ses limites. Pourquoi restais-je avec elle déjà ? Ah, oui. À cause de sa stature mais surtout, parce qu'Augustin Scott en avait décidé ainsi. Finalement, je n'étais peut-être pas le frère le plus chanceux.

Une fois à l'étage, je me dirige à contre-coeur vers ma chambre. Ma fiancée y dort, enroulée dans les draps de notre lit gigantesque. Je soupire. Il n'y a que comme cela qu'elle est mignonne : endormie. Je me déshabille rapidement et la rejoint sur la pointe des pieds. Ma tête me fait souffrir et je suis exténué. Trop de pensées déferlent dans ma tête, mais une chose est sûre, du changement est à prévoir.

Les jours suivants passèrent de façon assez monotone. Métro, boulot, dodo. Scott Corporation était à son point culminant, et même si les médias ne nous lâchaient pas d'une semelle, j'étais fier de mon entreprise et du travail que j'accomplissais. Ce métier me plaisait réellement, au moins une chose qui n'avait pas changé. Tout était très calme dans les bureaux, et c'était pareil à la maison. Cette sérénité me paraissait suspecte mais je préférais profiter du calme avant la tempête.

J'appelais mon frère régulièrement, entre les FaceTime et les messages, nous avions considérablement rattrapés le temps perdu. C'était vraiment cool. Ce matin encore, mon père avait surprit un de mes éclats de rire. Et pour cause, les débilités matinales de Matt.

Matt : «T'as vu la couverture de Vogue ? Tu ne m'as pas dis que tu te recyclais, mmmh.. beau-gosse mon frangin ! 😏»

J'en avais pleuré. J'avais apparement fait une séance photo pour le magasine il y a quelques mois, mais évidement, je ne m'en souvenais pas. Et pour une fois, ça ne me dérangeait pas du tout. Mon père m'avait regardé comme-ci je n'étais pas son fils, mais une personne complètement étrangère. J'avais préféré l'ignorer. Quoi, l'ancien Eden ne riait jamais ? Quelle triste existence.

Il est bientôt onze heure. J'attrape mon iPhone dernier cri et compose un rapide message.

Eden : «Ma chérie, je pars de l'entreprise dans quelques minutes. Es-tu prête ?»

La réponse se fait aussitôt.

Amber : «Je t'attend depuis trois minutes, Eden ! Tu sais très bien que mes parents n'aiment pas attendre.»

Je soupire et verrouille mon téléphone. Non, figure toi que je n'en ai aucune idée, Amber. Elle avait été plutôt supportable en l'espace de ces quelque jours. Je supposais fortement que le fait qu'on ne parle plus trop de cette histoire de tromperie dans les journaux y était pour quelque chose. Ça, et les dizaines de cadeaux qu'elle s'était offerte avec ma carte de crédit, évidement. J'avais repoussé tant bien que mal ce fichu déjeuner avec ma belle-famille Sparks, mais il fallait bien y passer à un moment. J'atteins mon ordinateur, range mon fauteuil de bureau et récupère ma veste. L'enthousiasme est à son comble. Planté devant l'ascenseur, je vois mon père arriver.

- Tu descends ? je lui demande.

Il hoche la tête en me reluquant des pieds à la tête.

- C'est aujourd'hui que les Sparks te reçoivent ? m'interroge t-il froidement.

Il n'y a pas à dire, Augustin Scott est fidèle à lui-même. Les portes s'ouvrent et nous nous engouffrons dans l'habitacle.

- Oui.

Il hoche encore la tête. Son attitude est étrange, et cela ne me rassure guère.

- Eden, commence t-il finalement, je veux que vous fixiez la date du marriage. Profite de ce déjeuner. Il est temps pour toi d'assumer tes responsabilités mon fils.

Je suis estomaqué. Si ça ne tenait qu'à moi, je lui aurais déjà demandé d'aller se faire voir. Malheureusement, on ne dit pas ce genre de chose à mon père. J'aurais aussi pu acquiescer, sans protester, comme je l'aurais probablement fait auparavant. Mais je ne peux pas, je ne peux plus. Alors je dis la seule chose qui me hante depuis bien trop longtemps. Je décide de lui faire part de la décision que j'ai prise.

- Père.. J'ai l'intention de quitter Amber.

Voilà. C'est dit. Je ne sais pas à quel genre de réaction je m'attendais exactement, mais certainement pas à ce silence pesant. C'est pire que tout.

- Il n'en est pas question, dit-il simplement, comme-ci je venais de lui réclamer une part de gâteau au chocolat.

- Mais je ne l'aime pas enfin !

Mon éclat de voix résonne simultanément avec le tintement annonçant notre arrivée au rez-de-chaussée.

- Oh, crois moi Eden, tu t'y feras. Arrêtes tes enfantillages, ou tu peux dire adieu à cette société.

Et il me planta là. Sacré gâteau au chocolat.

Ce stupide déjeuner avait été la plus éprouvante des épreuves. Le moins que l'on puisse dire, c'est que la pomme ne tombe jamais loin de l'arbre. Je n'avais aucun souvenir des parents d'Amber, et j'aurais grandement préféré que cela reste ainsi. Ces gens sont tout simplement... une perte de temps. Son père ne faisait que parler de son fusil de chasse et de ses cigares du Cuba, quant à sa mère, et bien, j'avais désormais une vision assez claire de l'enfer qui m'attendait si jamais j'épousais cette fille. Heureusement que la bouffe était bonne.

Épouser Amber... Quel cauchemar. Augustin me faisait clairement du chantage, et cela n'avait vraiment rien d'étonnant. Mon esprit vagabondait. Étais-je vraiment prêt à perdre tout ce que j'avais, pour une prise de conscience post-traumatique ? Pourrais-je supporter cette fille, s'il le fallait ? Madame Sparks me posa une question, ce qui me sorti de mes interrogations.

- Et bien Eden, avez-vous enfin choisi un moment pour lier votre vie à celle de notre petite princesse ? me demanda t-elle avec sa voix agaçante.

Non. NON. Ma vie ne pouvait pas se résumer à un mariage forcé, il n'en était pas question. Mais d'un autre côté, cette entreprise était tout ce que me définissait. J'étais Eden Scott, le riche et beau PDG, n'en déplaise à certains. Tout se bousculait dans ma tête, et mon cœur s'accéléra. La panique était clairement entrain de me gagner, tout ça pour une question stupide de la part d'une femme stupide.

Alors que je m'apprêtais à prendre la parole, un souvenir me revient brutalement. A vrai dire, je ne savais pas si s'en était un, car rien ne m'était familier. Une mélodie s'y glissa, et tout ce que je pus distinguer furent des cheveux blonds, le temps d'une demi-seconde. La réalité s'imposa ensuite à moi aussi vite qu'elle avait été altéré. Je me levais d'un bond, sortis mon portable et prétextais un appel urgent. J'avais l'air d'un déséquilibré ; Amber me le ferait payer à tout les coups.

- Je suis terriblement désolé madame Sparks, et si déçu de devoir vous abandonner. Ne vous en faites pas pour ce marriage, nous en reparlerons, déblatérai-je à toute vitesse en m'éloignant.

Je congédiai M. Sparks d'un hochement de tête et je promis à Amber de la rappeler. Il fallait que je parte d'ici, et vite. Cette mélodie, cette satanée mélodie, je l'avais sur le bout de la langue. Contrairement aux autres éléments de mon flash, je connaissais cet air. C'était frustrant à souhait. Qu'est-ce qui m'arrive ? Suis-je entrain de perdre les pédales ? Une fois loin de la maison, je m'arrêtais pour souffler un bon coup. Ok Eden, on se concentre. Ces espèces de visons m'arrivaient de temps à autre, même si celle-ci avait été particulièrement violente. Ce ne sont que les effets secondaires du l'amnésie. Rien de plus.

Je compose le numéro de Matt en urgence. Répondeur. Merde !

Eden : «Rappel moi, Matt. »

Je passe une main sur mon visage. Je ne sais pas quoi faire, n'y où aller. Il est bien trop tôt pour échouer dans un bar et si par le passé j'avais eu un espèce d'endroit secret qui m'apaisait immédiatement, putain, je n'en avais plus le moindre souvenir.

Je décide d'appeler Tucker. J'espère qu'il est resté dans le coin, parce que si il y a bien une chose que je ne supporte mais c'est le métro New-yorkais. Invention révolutionnaire, tu parles.

- Monsieur Scott ? répondit-il au quart de tour.

- Dites moi, êtes-vous toujours dans le coin ? Je me suis... échappé.

Mon chauffeur émet un rire léger, et n'ajoute rien.

- Je suis à un croisement, en face d'un pub de fricos, continuais-je.

- Ne bougez pas monsieur, j'arrive.

Je le remercie et raccroche. J'ai hâte que mon bras se remette et que je puisses de nouveau conduire mes bolides. Tucker est quelqu'un d'extrêmement discret, mais mon indépendance me manque énormément. Je jette un coup d'œil circulaire autour de moi. J'ai déjà repéré deux photographes qui pensent être discrets cachés derrières leur poubelle. Je préfères agir comme-ci je ne les avais pas vu. Sales vautours.

Assis autour d'une table au café au bout de la rue, il y a un jeune couple qui rit aux éclats. Les regards qu'ils se jettent, ça crève les yeux. Je ressens immédiatement une pointe de jalousie. À cause de cette perte de mémoire, je ne sais aucunement si j'ai jamais eu l'occasion d'aimer quelqu'un. D'aimer vraiment. Mis à part les femmes que je baisais quand l'envie m'en prenait, je suis ce qu'on pourrait appeler un novice en matière d'amour. C'est affligeant. Décidément, je ne veux vraiment pas de ce mariage.

La berline se gare devant moi, et Tucker s'empresse de venir m'ouvrir la portière. Je m'installe sans un mot. Il faut que je parle à Matt. C'est le seul qui puisse m'éclairer sur ce sujet, la seule personne digne de confiance.

- Chez mon frère, s'il vous plaît.

J'ai un mauvais pressentiment, à mesure que la voiture avance. Suis-je prêt à assumer les réponses à mes interrogations ? Je ne tarderais pas à le savoir.

•••
Nouveau chapitre !
🌴 Qu'en pensez-vous ?

Plus qu'un chapitre avant un BIG changement, alors c'est maintenant qu'il faut adhérer ☺️

Merci à tout ceux qui me lisent, malgré les délais.

Des bisous,
Tessy

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