Chapitre 4 - For real
Perdre la mémoire n'est pas aussi cool qu'il n'y paraît. Dans la réalité, loin des clichés hollywoodiens, personne ne s'acharne à tenter de vous remémorer de bons moments. Vous n'êtes pas le centre du monde, et c'est encore plus vrai chez les Scott. Mon père s'obstinait à associer mon amnésie à un état grippal des plus normal, et je ne pouvais pas prétendre être étonné. Augustin Scott restait fidèle à lui-même, et ce à travers les années. Matt, lui, avait pleinement conscience de la gravité de mon état, mais il ne faisait pas plus d'efforts. J'avais bien compris que nous n'étions pas particulièrement proches, mais dans mon souvenir défaillant, mon frère était ce qui s'approchait le plus d'un meilleur ami. Quand à Amber, et bien, je dirais qu'elle s'en fichais royalement. Il ne fallait pas être pourvu d'une intelligence remarquable pour comprendre que sa dose de sexe et d'argent suffisait à la combler.
C'est donc ainsi que je repris le cours de ma vie, à peine quelques jours après mon accident, aussi naturellement que possible, comme s'il ne me manquait pas cinq ans dans la tête. J'avais également de nombreuses contusions et le bras droit cassé, mais après tout, à quoi bon se reposer. "Pendant que tu te remets de tes petites émotions, d'autres nous devancent, Eden". Il n'y a pas à dire, mon père était un homme extrêmement compatissant.
Au début, le plus difficile fut de reprendre mes marques. Étais-je proche de mon père ? de mon frère ? Étais-je amoureux d'Amber ? Les réponses à toutes ces questions ne tardèrent pas à se faire d'elle-même, mais l'espace de quelques instants, j'avais oser imaginer une vie où ma famille avait évoluée, bien évoluée. Une vie où Augustin Scott n'était pas un homme égoïste. Malheureusement, il y a des choses qui ne changent pas.
Le pire fut sans doute d'être catapulté dans cette routine de strass et de paillette qu'on appelait la "célébrité". Je n'en avais absolument aucune notion, ou du moins, je n'en avais plus. A peine sorti de l'hôpital, je fus percuté de plein fouet. "Eden Scott, le PDG sexy et infidèle". Je pouvais entendre cette phrase dans toutes les bouches, dans toutes les rues et tous les couloirs. Il avait fallut beaucoup de larmes, mais surtout un présent coûteux à Amber pour la faire passer à autre chose. Dire que je ne me souvenais même pas de cette fameuse tromperie, satanés journaux. Ce furent d'ailleurs les médias qui me firent découvrir l'homme que j'étais devenu. Riche et célèbre, il n'y avait aucuns doutes, mais également "mégalomane", "connard", et, ah oui, "séducteur".
Pour l'instant, je ne parvenais pas à décider si c'était une bonne ou une mauvaise chose, mais j'avais bien compris que je portais le poids de Scott Corporation sur les épaules, et que je devais faire ce que l'on attendait de moi ; être Eden Scott. Et c'est exactement ce que je m'évertue à faire. Augustin avait prit grand soin d'étouffer cette histoire d'accident, et d'amnésie, et selon moi, c'était une bonne chose.
- M. Scott ?
Une voix me sort de la réflexion. Je suis dans mon bureau, à l'entreprise, dos à mon interlocuteur. Je me suis perdu dans la contemplation de New-York depuis mon étage. Je me retourne brusquement, de retour à la réalité.
- Oui ? Vous êtes de la comptabilité, c'est bien cela ? l'interrogeais-je d'une voix neutre.
J'avais encore du mal avec les noms, et les services de chacun de mes employés, mais cela semblait plutôt normal.
- Non, de la communication, monsieur. Je vous apporte les derniers sondages, à propos du projet Sultan, lâche t-il sérieusement.
Il a l'air jeune, plus que moi. Un stagiaire ? Avions-nous des stagiaires ? Il pose néanmoins un dossier épais sur le bord de mon bureau, et part sans un mot. Il est clair que je n'ai jamais dû prétendre au patron de l'année, mais je m'en fichais. Aussi surprenant que cela puisse paraître, j'aime ce boulot. J'aime ce pouvoir et cette autorité. Après tout, c'est véritablement ma vie, je ne vois pas pourquoi elle ne me plaira pas. Je commence à comprendre pourquoi Matt et moi, nous nous sommes éloignés, même si on mon avis, il n'y avait pas que cela.
Je secoue la tête, et attrape le dossier de la com. J'ai beaucoup de mal à rester concentré, à cause de mon accident, mais je fais des efforts. Les chiffres sont plutôt prometteurs, le projet semble intéresser. Cela n'a rien d'étonnant. Les New-yorkais sont toujours à la recherche de nouveautés, et ces émirs arabes sont prêts à faire n'importe quoi avec leurs argent. Je passai les heures suivantes à éplucher le dossier, ainsi qu'à peaufiner le projet. C'était vraiment un contrat en or pour Scott Corporation, mon père n'oubliait jamais de me le rappeler.
Il était presque dix-huit heures quand je quittais les locaux. C'était devenu, ou redevenue, une routine qui m'allait bien, je l'avouais. Une voiture m'attendait au pied de l'entreprise, une mesure de sécurité prise par Amber, pour mon bien, disait-elle. Pour ma part, je trouvais cela un peu exagéré, mais je n'avais pas d'autre choix à cause de mon bras. De plus, je n'avais pas envie de contrarier cette femme. J'avais bien vite enregistré que ce n'était qu'une façon de créer des histoires qui me rempliraient la tête inutilement.
J'adorais mon appartement. Il était situé non loin de Scott Corporation, mais surtout, il avait une vue tout simplement incroyable sur l'Upper East Side. Ma chambre était devenue ma pièce préférée, et je me plaisais à penser que ça avait toujours été le cas.
Je reprenais peu à peu ma vie en main, sous le regard de mes proches. C'était ça, le plus délicat. Je me sentais bien, mais je ne pouvais pas dire avec certitude que tout était comme avant. Je n'avais aucune idée de qui j'étais sensé être, puisque tout le monde ici semblait faire comme-ci rien ne s'était passé. Toujours dans ma contemplation de Manhattan, on frappa à la porte de mon refuge.
- Qu'est-ce qu'il y a, chérie ? dis-je avec une certaine lassitude.
Ma fiancée, depuis seulement quelques jours à ma connaissance, était une femme magnifique. Littéralement. Elle possédait un corps de rêve et des atouts auxquels un homme ne pouvait résister, certes. Mais elle avait tout d'une blonde, vraiment tout. De la couleur.. au reste. Mon frère m'avait dit que cela faisait deux ans que nous étions ensembles, et rien que d'y penser, j'en avais la chair de poule. Je ne me voyais pas passer une année de plus avec cette femme. J'avais fini par comprendre que notre relation était plus basée sur un investissement à long terme qu'autre chose, mais maintenant, je n'étais plus sur que le jeu en valait la chandelle.
A ma surprise, ce ne fut pas Amber qui entra dans la pièce mais Kate, notre gouvernante.
- Veuillez m'excuser monsieur Scott, mais le dîner est prêt, articula t-elle.
Je crois que c'était la première fois dont je puisse me souvenir où elle s'adressait directement à moi. Kate avait une voix étonnement douce. Elle était si discrète, on pourrait croire qu'elle nous fuyait autant que possible.
- Merci, je descend de suite, lui répondis-je avec un sourire.
Elle ouvrit grand les yeux, et semblait vouloir ajouter quelque chose, mais se ravisa et tourna les talons. Les qualificatifs de la presse à scandale me revinrent immédiatement, mais je m'empressait de les chasser.
C'était une chose de passer pour un connard mégalomane et séducteur après du public, mais j'espérais être quelqu'un d'autre avec mon entourage. Je me rappelle encore ma mère me faire la leçon, parce que j'avais pris de haut des camarades de l'école.
"Eden Scott, tu vas au toilette comme tout le monde. Le respect, mon grand, n'oublie jamais."
Ça semblait être hier. Je fermais les yeux un instant. Elle me manquait bien plus que je ne souhaitais l'avouer. Le choc passé, des brides de souvenirs avant commencé à me revenir, dont son enterrement. Je secoue la tête énergiquement et pars au salon.
- Ah mon amour ! Tu ne devineras jamais ce qui m'est arrivé aujourd'hui, commence à piailler Amber.
Je plaque un sourire fatigué sur mon visage, prêt à entendre sa fabuleuse histoire.
- J'étais sur la 5e Avenue avec Cara, quand une gamine m'a agressé !
J'hausse un sourcil.
- Agressé ?
- Oui, Eden ! Elle s'est jeté sur moi, avec ses mains sales et elle a tâché ma jupe Channel. J'étais au bord des larmes, non mais quel drame, rechigne t-elle.
Je me retiens de hurler de rire. Je détourne le regard et tombe sur une Kate qui semble également s'amuser de la mésaventure de ma fiancée.
- Ma chérie, je t'en rachèterai une. Mais cette pauvre enfant, tu as dû l'effrayer, dis-je en haussant les épaules.
J'aurais mieux fait de ne rien dire, vu le coup d'œil qu'Amber venait de me lancer.
- Tu prends sa défense ? J'aurais pu être traumatisé, enfin.
Cette fois c'est trop, j'éclate de rire. La colère se repend sur son visage et Kate semble avoir vu un fantôme. Quoi ? Elle n'était pas sérieuse, si ?
- Eden ! s'exclame t-elle, furieuse.
Je me calme de suite. Alors que je cherche un moyen de m'en sortir, mon iPhone sonne. Sauvé par le gong. Je m'empresse de répondre, en voyant le nom de mon père sur l'écran.
- Père ?
- Ces satanés journalistes sont au courant. Ne réponds à aucunes questions, n'accepte aucunes interviews sans mon accord. Je n'ai pas besoin que tu salisses encore notre entreprise, grogne t-il.
Je suis perdu. Je lui demande des explications, en ignorant volontairement sa dernière remarque.
- De quoi parles-tu ?
- Allume la télé Eden, bon sang !
Et il raccroche. Je me lève de table sous le regard des deux femmes, et m'exécute.
Nom de dieu. C'est sur toute les chaînes, partout.
"Eden Scott a perdu la mémoire suite à un accident, coup dur pour Scott Corporation"
"Le jeune PDG amnésique, son état ne s'arrange pas"
"Eden Scott est-il capable de diriger son entreprise ?"
Merde. Les médias sont vraiment un fléau. Comment savent-ils ? Qui a vendu la mèche ? Je pense tout de suite aux gens du bureau. C'est forcément quelqu'un de là-bas. Ou de l'hôpital. Oui c'est ça, l'hôpital.
- C'est la cerise sur le gâteau ! Tu gâches tout, Eden, râle Amber derrière moi avant de s'en aller comme un furie.
Bien sûr, c'est encore de ma faute. Je vais tuer cette femme, et très bientôt. Je soupire et me tombe dans la canapé du salon, le visage entre les mains. Quel bordel.
J'entends Kate débarrasser derrière moi. Une question me taraude.
- Kate ? l'appelai-je doucement.
Elle me rejoint de suite.
- Oui, monsieur ?
Je la fixe, à la limite de l'impolitesse. Elle est très mal à l'aise, alors j'arrête. Et je lui demande.
- Étais-je un connard avec vous ?
Elle est surprise par la question et ça se voit. Après un moment d'hésitation, elle hoche la tête.
- Un vrai de vrai, ajoute t-elle.
•••
Oh, une revenante ! Je m'excuse simplement. J'espère que le chapitre vous aura plus. Je ne sais pas quand le prochain sortira, mais voilà, j'avais envie/besoin d'écrire et c'est avant tout pour cela que je suis sur wattpad.
🎁 Qu'en pensez-vous ?
🎉 Joyeuses fêtes à vous.
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