J - 5

 « Cela fait maintenant vingt-et-un jours complets que je me suis endormie pour la première fois avec le bracelet. Seul un élément aurait pu me mettre la puce à l'oreille : mes rêves. Ceux-ci me faisaient voir une vieille dame parlant d'une voix grave difficilement audible. Ses propos inquiétants inspirent la crainte et l'affolement. Tout autour d'elle, le décor se composent uniquement d'ombres profondément noires. Avec ses cheveux blancs, sa peau pâle et ses habits claires, la silhouette semble sortir du songe, donnant une dimension dangereusement réelle à l'ensemble. Ensuite, elle brûle le bracelet que je porte. Ce dernier est réduit en cendre, mais avant cela il se tortille comme sous le coup d'une intense douleur. Or, c'est un ornement, et un objet ne ressent rien. Puis je me réveille.

Le seul problème dans tout ça, c'est que je ne m'en souviens pas au réveil. Et je n'y ferais pas attention, dans le cas contraire, ce qui constitue une erreur majeure. Cette scène fantasque est un avertissement, elle prévient des dangers du bracelet, de la malédiction affligée à son porteur.

Je commence ma journée tout à fait normalement. À midi, je rentre chez moi pour manger, puis l'après-midi se déroule comme la matinée.

Nous sommes le dernier jour du mois, et une fête est organisée. Nous y remercions tous les villageois pour leur travail, ainsi que le ou les dieux de chacun. Pendant toute la soirée, un immense feu est entretenu, et il y a de la musique, des danses, des chants, de la nourriture à profusion.

Les gens revêtissent leurs plus beaux vêtements, et ma mère m'oblige à faire de même.

Ce soir, dans ma robe bleu ciel, je ne me sens pas à l'aise. Mon style, c'est plutôt pantalon et chemise, qui permettent une plus grande liberté de mouvement.

- Hé, Jasma, jolie ta tenue ! Tu devrais mettre ça plus souvent !

- Toi aussi, Haï-Haï. Costard-cravate, un peu usé mais bon...

- Tu rêves, je comptais tout brûler un peu plus tard.

- Alors comme ça on est deux.

- Trois ! M'oubliez pas !

Nous éclatons de rire. Corvée collective, c'est comme ça que nous nommons cette joie festive qui nous entoure. Bon, il est vrai que, de notre côté, nous ne travaillons pas, ce qui nous laisse beaucoup de temps libre.

Tout se déroulait le plus normalement du monde quand je réussis à tout gâché.

- Tout va bien ? Jasma ? Tu es pâle comme un linge !

- Parce que tu as déjà vu un linge pâle ?

- Euh... non, pas vraiment, mais j'en ai déjà vus des blancs !

Un certain malaise me gagne. Cela fait déjà un moment qu'il se rapproche, mais je commence tout juste à le remarquer. Et, d'un coup, je crie. C'est comme si un gong résonnait dans ma tête, une masse me frappant le crâne, un sifflement me vrillant les oreilles, et tout en même temps, sans pause, encore et encore... Puis je sombre dans l'inconscience, mon esprit ne supportant plus cette souffrance. »

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