J - 2
On imagine difficilement les conséquences de nos actes. Encore plus lorsque celles-ci ne semblent pas devoir exister. Étrange, non, la façon qu'a toujours le destin de se moquer de nous ?
« Mes parents se sont inquiétés, ont appelé trois médecins, harcelé mes amis, et tout ça pendant que j'étais inconsciente. Ce qui a duré environ six heures.
Sujette aux migraines, ont diagnostiqué les docteurs. Soudainement, du jamais vu. Mais bon, tout peut arriver, d'après les spécialistes.
Depuis, je suis en pleine forme. Mis à part les cauchemars, mais je ne m'en rappelle pas, donc pas d'inquiétude. Ou si, justement ?
- Tu ne sais toujours pas pourquoi ?
- Non, Daï-Daï, pour la cinquante-sixième fois et demi.
- Et demi ?
- Oui, tu avais commencé ta question mais pas finie. Hier matin.
- Sérieux ? Bon, ben, si tu le dis.
- Je viens effectivement de te le dire.
Mes parents, ou mes amis ? Non, ils sont ex æquo, tous autant inquiets et exaspérants.
Je rentre chez moi. Depuis mon énigmatique crise, je vis dans une sorte d'état second, bien que je fasse tout mon possible pour le cacher. Je n'ai vraiment pas besoin d'être encore plus couvée. Si c'est possible.
- Tu veux quoi à souper ? Pain, charcuterie, fromage, pâtes, bœuf ?
- Je n'ai pas faim.
- Ce qui ne veut pas dire que tu ne dois pas manger.
Je soupire, puis gagne ma chambre, pour y découvrir ma squatteuse de sœur sur mon lit.
- T'es pas sérieuse ?
- Si. Il parait que c'est la pleine lune ce soir.
- C'est demain.
- Ah ? Bon, tu t'asseyes ?
- C'est ma chambre.
- Ben alors fais comme chez toi !
Je lève les yeux au ciel, puis nous éclatons de rire. Tellement fort et longtemps que mon frère ne peut s'empêcher de venir voir, puis de repartir en secouant avec effarement la tête. Ce qui nous fait encore plus rire. Ah, la famille...
Le calme revient lentement, nous reprenons doucement notre souffle.
Je me jette à plat ventre sur mon lit, et commence sans m'en rendre compte à gratter mon poignet gauche, celui avec le bracelet. De plus en plus fort. Jusqu'à ce que Jina saisisse mon bras et plonge son regard empli d'incompréhension dans le mien, interrogateur.
- Pourquoi tu me tiens ?
- Pourquoi tu sembles vouloir t'arracher le bras ?
- Quoi ?
Du menton, elle me le désigne. Accompagné d'un soupir, ma tête s'incline légèrement, pour constater que ma peau, au niveau de mon poignet, est toute rouge, irritée et pelée.
Je n'ai pas le temps de me demander ce qui m'a poussée à faire ça, notre mère nous intimant autoritairement de la rejoindre dans la cuisine. Le repas du soir se passe en silence, puis je quitte la pièce dès que possible.
Je me couche sur le dos, soulagée d'avoir le droit d'être seule un moment...
Le bracelet tressé flotte. Il est dans l'air, se détachant sur le bleu du ciel. Je dois être allongée, puisque j'ai un angle de vue plutôt surprenant.
Où est passé le... Il se transforme. Pas sa forme, non, juste sa couleur. Du brun qui le teintait arrive une nuance nacrée beaucoup plus claire. C'est pour ça que je commence à avoir du mal à le distinguer des nuages.
Je frissonne. Un courant d'air froid a dû passer vers moi. C'est bizarre, le temps est plutôt idéal, il pourrait se comparer à une belle et chaude journée d'été, alors d'où provient cette fraicheur soudaine ? »
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