Chapitre 68

À son réveil, Taehyung était seul dans la chambre blanche. Il laissa courir son regard sur le lit défait de Jimin, très certainement sur la table d'opération en ce moment même. Il pensa fort à lui et, fronçant les sourcils tandis que sa mâchoire se crispait, il tira de sa commode une feuille et un stylo.

Il appuya sur le bouton qui fit courir dans ses veines une agréable décharge de morphine, puis il commença à écrire d'une main tremblante, le regard doux et le sourire de son aîné hantant son esprit tout au long de sa longue écriture. Il n'avait aucune hésitation quant aux mots qu'il employait, mais à peine les premières phrases écrites que des larmes se mirent à rouler sur ses joues et des sanglots à secouer son corps de façon convulsive.

Il se sentait complètement déchiré, son cœur tambourinait, et c'était aussi désagréable que si ces maux avaient été provoqués par sa maladie et non par sa tristesse. Son âme semblait s'émietter à mesure qu'il écrivait, et il se sentait plus détruit par ce qu'il écrivait que par la maladie qui le consumait.

Le papier, il alla le poser sur la table de chevet de Jimin tant bien que mal, s'installant seul dans son fauteuil sur lequel il resta ensuite pour envoyer un message à Yoongi. L'argenté savait que le plus âgé était en cours à cette heure, il ne verrait pas son SMS avant la mi-journée.

Puis il en envoya un à son frère, entamant avec lui une brève discussion à propos des derniers jours, de ce qu'il avait fait, etc. Taehyung ne pouvait pas s'empêcher de lui parler de Jimin, de lui répéter à quel point il était heureux avec lui, à quel point il voulait rester avec lui.

Ce n'était pas la maladie son pire ennemi, c'était le temps, ce temps qui coulait, qui le rapprochait de la fin, de la nuit, de la peur, de la douleur, de la mort.

Il ouvrit son tiroir, en tira une boîte métallique et la plaça dans sa poche.

Le cœur de l'argenté cogna contre ses côtes, il ferma le poing et retint un sanglot, car ses larmes ne s'étaient pas calmées et il ne savait plus comment les arrêter. Il avait la sensation que tout était sur le point de s'achever, qu'il allait dire adieu à la vie.




En ouvrant les yeux, Jimin découvrit autour de lui une salle inconnue. Il se sentait épuisé et son ventre le tirait douloureusement. Ses pensées se tournèrent vers son amant aussitôt, et il le chercha des yeux sans le trouver.

« Vous êtes en salle de réveil, indiqua une voix douce auprès de lui, est-ce que vous allez bien ?

- Mon ventre... »

Le blondinet avait déjà du mal à garder les yeux ouverts, alors parler, c'était bien au-dessus de ses moyens.

« Vous avez mal ? »

Il acquiesça faiblement.

« Des cachets vous ont été prescrits, votre médecin vous en dira plus. Vous sentirez sûrement des tiraillements pendant plusieurs jours, ça sera normal, il vous faudra bouger le moins possible et vous reposer. Pour lors, je vais vous injecter un antidouleur. »

La jeune femme, conformément à ce qu'elle venait d'annoncer, changea la perfusion du patient et Jimin se sentit plus détendu après quelques minutes. Assommé par l'intervention qu'il venait de subir et tout le stress qu'elle avait engendré, il se laissa glisser dans un agréable sommeil.

Et pourtant, il avait toujours en lui cet inquiétant pressentiment, cette sensation que quelque chose n'allait pas. Son cerveau brumeux tentait de reconstruire un puzzle simple mais bien trop compliqué pour ses idées embrouillées. Et pourtant, avec de la volonté, il trouva enfin la réponse à sa question.

« Enchanté Jimin, moi c'est Taehyung, j'ai vingt-trois ans et il me reste une semaine à vivre. »

Cette phrase, c'était comme si l'argenté la prononçait en boucle dans sa tête.

Car cela faisait désormais très exactement sept jours que Taehyung avait prononcé ces mots.


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