Chapitre 9
Cela fait plusieurs jours que je ne suis pas sortie de la maison, après tout, je n'ai plus de travail, je n'ai plus de rendez-vous, je n'ai plus de nouvelles de mes amis. En même temps je ne leur en demande pas non plus. Le Docteur Félix interroge souvent maman sur mon attitude actuelle.
Ce n'est pas difficile, je reste calme, silencieuse, allongée sur mon lit à longueur de journée. Je n'ai plus rien à faire alors je ne fais plus rien. Mes parents ne sont pas d'accord avec ça et me le font savoir en me criant dessus parfois.
Depuis la soirée avec Adriel, je n'ai absolument plus de nouvelles de lui. Il n'a pas tenté de me contacter, je n'ai pas essayé non plus. Même moi, je sais que j'ai un problème mais on va dire que j'ai la flemme de faire quoi que ce soit, de faire un quelconque effort. Je suis fatiguée tout simplement.
Maman m'a apparemment préparé une surprise que je verrai ce soir. Au lieu d'être joyeuse, je me demande à quoi elle pense. J'ai un très mauvais pressentiment étrangement.
B.Two est encore dans ma chambre, coincé contre mon coussin et moi. Depuis la soirée il n'a pas quitté ma chambre une seule fois (à part pour aller manger et faire ses besoins bien sûr). Nous regardons ensemble les aiguilles de mon horloge de princesses Disney tourner. Cela fait combien de temps qu'elle compte mon temps perdu ? Cela fait combien de temps qu'elle me crie de faire quelque chose, de sortir ? Mais à chaque fois une heure passe avant même que je ne comprenne son message.
Le chat se lève en s'étirant, il fait un tour sur lui-même et se recouche contre mon ventre, au moins j'ai réussi à bien m'entendre avec lui, avec un chat. Avec un chat ?
Je me redresse d'un coup en me mettant à parler toute seule.
- Mais moi je ne veux pas finir comme la vieille Amanda Cooper ! [Pour ceux qui ont déjà vu La Petite Maison Dans La Prairie...] Je ne veux pas vieillir avec juste un chat dans ma maison ! C'est bête quand même ! Et puis qu'est-ce que je fous habillée comme ça !?
Je saute de mon lit pour aller m'observer d'un peu plus près devant le miroir. Je me regarde de la tête aux pieds. Mon visage ne ressemble à rien, j'ai les cheveux complètement emmêlés, des cernes sous les yeux, le teint pâle ! Je porte encore et toujours ce vieux pyjama que j'ai acheté pour mes 16 ans, comme quoi je n'ai pas beaucoup grandi depuis... Mais j'étais déjà grande à l'époque... puis mes pieds, pas très beaux comme d'habitude, bon en même temps ce sont des pieds...
- Il serait peut-être temps que je me reprenne en main moi !
Je cours vers la salle de bain dans laquelle je m'enferme à double tours de clef, j'ouvre la porte de la douche, attrape le shampoing et le savon.
J'entre à l'intérieur de la cabine de douche, fais couler l'eau, me mouille, me savonne les cheveux et le corps puis me rince.
Je sors de la douche, attrape ma serviette, m'essuie puis retourne dans ma chambre pour trouver des vêtements dans mon armoire.
Facile à dire, mais difficile à faire quand on a mille tenues dans une penderie. Niveau chaussures, c'est un peu plus rassurant. Je décide de porter un haut à bretelles noir avec quelques carreaux dont les traits sont verts kaki. J'attrape une jupe bombée noire arrivant aux genoux. Je prends des escarpins que je chausse puis je retourne dans la salle d'eau afin de me sécher les cheveux en les brossant, souhaitant les laisser longs bien lisses.
Je me maquille légèrement juste avec un crayon noir que je passe sous les yeux et sur la paupière, au ras des cils que je recourbe en dernier.
Je n'aime pas mettre de mascara, de plus mes cils sont déjà noirs, pour moi ça ne me sert à rien.
Ma mère entre dans la salle d'eau ayant entendu du bruit, elle s'arrête en me dévisageant :
- Bah Blair, qu'est-ce que tu fais enfin ?
- Bah je me prépare pour sortir maman.
- Mais et ma surprise ?
- Je sors juste quelques minutes pour me changer les idées, je suis trop restée enfermée ici. Je peux alors ?
- Oui mais ne tarde pas trop, il va bientôt arriver...
- De ?
- Ton cadeau. Bon, je vais dans la cuisine préparer le dîner avec ton père. A tout à l'heure !
- Euh... D'accord, à tout à l'heure !
Je sors de la maison accompagnée d'un rarissime sourire aux lèvres, je me dirige vers le même parc où j'ai rencontré Kate. Je m'arrête justement sur le banc où je l'ai rencontré la première fois depuis plusieurs années de "séparation". Je souris en pensant à ses souvenirs, je me demande comment elle va, comment va son père. Si ils parviennent à s'en sortir. J'aimerai tellement pouvoir les aider mais lorsque je leur envoie un message, ils ne répondent pas.
Je me lève par la suite pour continuer ma balade, mais soudainement mon corps s'arrête d'un coup, mes yeux s'écarquillent et je réalise enfin ce qu'il se passe.
Adriel est juste en face de moi, il est dans le même état que moi quand je restais enfermée dans ma chambre.
Seulement il commence à se diriger vers moi, je n'ose pas bouger, rien que faire un pas en arrière m'épuiserait en un instant. Il s'approche de plus en plus et mon coeur bat à cent à l'heure. Il n'est plus qu'à quelques mètres de moi, mes paupières se ferment fortement. Quand soudain je sens nos épaules se frôler, mes paupières s'ouvrent sous une expression d'étonnement, je me tourne vers lui furtivement.
- Hein ? Et c'est tout ce que tu trouves à faire ?
- C'est mieux comme ça, crois-moi... souffle-t-il en s'arrêtant.
- Hein ? T'es sérieux ? Arrête de parler comme dans un manga, c'est absurde.
- Tu te fiches de moi !? pouffe-t-il. Qui s'est barré la dernière fois qu'on s'est vu déjà parce qu'elle a eu les pétoches ?
- Oh, pauvre chou. Tu es vexé ?
- Non. Mais frustré ! Après tout, qui ne serait pas frustré lors d'un baiser où la fille prononce le prénom d'un autre mec !?
- Sauf que c'est toi qui est venu m'embrasser. Moi j'y suis pour rien de base.
- Sauf que t'avais l'air d'apprécier le moment !
- La surprise a fait que j'ai beugué.
- Te cherche pas d'excuses !
- Et toi alors, tu ne m'as même pas suivi pour me rattraper ! je m'égosille.
- La surprise a fait que j'ai beugué ! rétorque-t-il en colère.
- Oui bon stop ! On se calme maintenant, tenté-je de calmer le jeu même si c'est assez compliqué... Je veux juste savoir... si tu veux qu'on se revoit.
-Je ne sais pas, ça ne dépend pas que de moi.
-Sauf que c'est à toi seul que je pose la question.
-Je ne sais pas.
-Tu ne pourrais pas être un peu plus précis par hasard... ? je l'interroge une boule à la gorge derrière un air blasé.
-Mais arrête de dire qu'il faut qu'on se voit mince ! Tu aimes Gabriel ! Alors ne te sers pas de moi pour t'en rendre compte !
-Mais je ne suis pas amoureuse de ce psy !
-Alors pourquoi as-tu dit "Gabriel..." à tu sais quel moment ?
-Mais je-
La sonnerie de mon téléphone portable me coupe la parole, je l'attrape, les yeux rivés sur Adriel je décroche.
"Allô ?
-Coucou Blair ! C'est maman ! Reviens vite, ton cadeau est arrivé !
-Vraiment !? je m'exclame en me tournant, dos à Adriel.
-Oui ! Je vais même te donner un indice ! Ça vient du Japon ~ Un pays que tu adores !
-Sérieux !? Attends j'arrive !"
Je raccroche et je me tourne vers Adriel pour lui dire que je dois rentrer à la maison, mais... il a disparu.
Je rentre chez moi tête baissée en soupirant de nombreuses fois. Décidément je ne le comprends pas...
Je passe le portillon de la maison, traverse l'allée qui mène à la porte du domicile, puis ouvre celle-ci. Je relève la tête et me retrouve nez à nez avec un asiatique, je fronce les sourcils :
- Qui êtes-vous !?
- Mais tu ne me reconnais pas ?
- Pourquoi je devrais vous reconnaître !?
- Mais voyons Blair, c'est moi, Hiro ! s'exclame le jeune homme.
- Hiro ? Hiro !? Mais que fais-tu ici !?
- Je voulais te revoir, alors je suis revenu. En plus j'ai croisé ta mère dans la rue alors elle m'a invité à t'attendre ici.
- Vraiment ? Alors c'est toi la surprise japonaise ? dis-je en riant doucement. Mais dans ce cas c'est bizarre, maman me parle de cette surprise depuis ce matin. Pourtant Hiro a rencontré maman quand elle est sortie, C'est-à-dire cet après-midi...
Hiro me regarde en riant, il hoche la tête et m'attrape la main pour m'emmener au salon, mon père et ma mère sont assis sur le canapé, cette dernière m'observe un étrange sourire sur le visage. Hiro va vers mon père en m'embarquant avec lui et s'adresse à papa :
- Monsieur, j'aimerai vous demander la main de votre fille.
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